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 Le mythe Napoléon tient à ses échecs autant qu’à ses gloires

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gedekrogrodwa

gedekrogrodwa


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Date d'inscription : 24/08/2018

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MessageSujet: Le mythe Napoléon tient à ses échecs autant qu’à ses gloires   Le mythe Napoléon tient à ses échecs autant qu’à ses gloires Icon_minitimeDim 18 Aoû - 19:13

J'ai bien envie de vous faire lire ça Le mythe Napoléon tient à ses échecs autant qu’à ses gloires 537188

  • La France commémorait, le 15 août, le 250e anniversaire de la naissance de Napoléon. Le journaliste Laurent Ottavi souligne la grandeur de l’empereur aussi bien que les désastres qu’il a provoqués et qui ont aussi contribué à forger sa légende.


Laurent Ottavi est journaliste à la Revue des Deux Mondes et à Polony TV.

  • La roche tarpéienne est toujours près du capitole. Napoléon, pétri d’histoire antique comme la plupart des hommes instruits de sa génération, et pour qui «vivre sans gloire c’est mourir tous les jours», en fit la constante expérience. Sa vie, à l’image de la France de la Révolution à la Restauration dont il eut en partie la conduite, oscilla presque continuellement entre les deux pôles de la gloire et du désastre, qu’ils aient chez lui le visage de la défaite, de l’exil ou du suicide. Si la balance pencha longtemps en la faveur de Napoléon, à bien des reprises d’une extrême justesse, et sans que bien des difficultés fussent réglées, l’étoile en laquelle il croyait, qu’il voyait seul au milieu des hommes, finit par l’abandonner. Encore tout n’était-il pas terminé pour cet homme qui n’avait cessé de forger sa propre légende depuis la campagne d’Italie, par le verbe et par les arts. Car, au fond du gouffre, Napoléon avait une mystérieuse et prodigieuse faculté à faire éclore la grandeur.

    Le fils opportuniste de la Révolution

    La fortune lui fit d’emblée de bonnes grâces. Elle le fit naître sujet du roi de France, le 15 août 1769, un an seulement après que l’île fut rattachée au pays dont il conduirait plus tard les destinées. Quand bien même la Révolution française décrèterait que tout habitant de la Corse aurait la nationalité quelle que soit sa date de naissance, cette naissance in extremis fut comme l’annonce d’une vie qui, en bien des occasions, pourrait prendre des directions complètement inattendues sous l’empire des circonstances.

    Le mythe Napoléon tient à ses échecs autant qu’à ses gloires Bonapa10
    Bonaparte par David. Musée du Louvre


    La Révolution française lui ouvrit un vaste champ des possibles, en lui permettant de montrer son génie militaire et de gravir les échelons. Il en devint le fils sans l’avoir vraiment planifié. Son destin météorique s’y trouva inextricablement lié, alors qu’il était un homme d’ordre, condamnant l’anarchie et méprisant la «populace», et bien loin de condamner sans réserve l’Ancien Régime. Mais Napoléon était d’abord et avant tout un homme d’action, toujours prêt à s’accommoder des circonstances, à en tirer le meilleur parti. Il saisissait ce qui promettait de l’élever, avec un incomparable talent pour le saisir.

    Ce fut d’abord la reprise de Toulon aux fédéralistes et aux Anglais, moment où, selon l’historien Patrice Gueniffey, Napoléon connait comme une seconde naissance. Ce fut aussi la répression des royalistes le 13 vendémiaire an IV ((5 octobre 1795). Ce fut, encore, la campagne d’Italie qui révéla, comme l’écrivit Stendhal, qu’Alexandre et César avaient un successeur. Napoléon s’y illustra par son art de la guerre, par sa capacité à gouverner ses conquêtes et par son extraordinaire talent de communication. Enfin, de retour d’Égypte, il allait cueillir la poire mûre du pouvoir à seulement 30 ans.

    • Alors que son avenir s’inscrivait en Corse, il eut la chance de se brouiller avec Paoli, le chef indépendantiste, ce qui l’obligea à quitter l’île


    Napoléon, pourtant, avait été à deux doigts de tout perdre, de manquer la ligne de son destin, de n’être qu’un nom perdu au milieu des biographies sur les grands acteurs de l’époque: alors que son avenir s’inscrivait en Corse, il eut la chance de se brouiller avec Paoli, le chef indépendantiste, ce qui l’obligea à quitter l’île avec sa famille ; suspecté de jacobinisme après la chute de Robespierre, il ne subit que neuf jours d’arrêts puis fut libéré ; il connut ensuite une fortune inouïe en échappant aux navires anglais en Méditerranée à son retour d‘Égypte, trois semaines seulement avant un coup d’État dont il n’était pas le concepteur (chance d’autant plus insolente qu’il récidiverait quinze ans plus tard, de l’île d’Elbe à Golfe Juan, pour ensuite aller regagner les Tuileries) ; Brumaire, enfin, manqua d’échouer lamentablement à cause de son impatience.

    Les fondations fragiles d’un immense empire

    C’était déjà beaucoup en si peu de temps. Et ce n’était qu’un commencement.

    Avec le Consulat, la Révolution était finie, au sens où elle était bornée, institutionnalisée. Jamais on ne réforma autant dans l’histoire de France. L’égalité était gravée dans le marbre du Code civil. Napoléon, entouré d’hommes de grands talents dont il sut tirer le meilleur, acheva la centralisation entamée par les rois capétiens et redonnait, selon l’expression de Royer-Collard, «une tête à la France». Les «masses de granit» alors posées ont traversé les siècles et demeurent, sur le plan matériel, le premier héritage de Napoléon.

    L’ordre était rétabli, les finances également. L’art de la synthèse entre les nouvelles idées et l’Ancien Régime éteignait progressivement les feux de la guerre civile. L’unité nationale était restaurée bien que les complots jacobins et royalistes menaçaient la vie du Premier Consul. La nation soutenait majoritairement la dictature de salut public à la romaine de Bonaparte pour faire face aux périls intérieurs et extérieurs. Le Concordat faisait du catholicisme la «religion de la majorité des Français». Il n’était plus ni la religion d’État ni la cible à abattre.

    Le mythe Napoléon tient à ses échecs autant qu’à ses gloires La_pai10
    La Paix d'Amiens. Jules-Claude Ziegler


    Bonaparte était à la tête de la nation qui possédait la meilleure démographie, disposait d’un puissant appareil militaire, et dont la langue dominait depuis un siècle en Europe. Il avait en apparence toutes les cartes en mains. Bonaparte apporta même la paix à la France, par le traité d’Amiens signé avec l’Angleterre en 1802. Elle ne dura qu’un court moment, car les Anglais refusaient de quitter Malte contrairement à leurs engagements. Il n’empêche: tout réussissait à Bonaparte, tout réussirait (ou presque) encore quelques années à Napoléon et tout réussissait à la France.

    Et, pourtant, qu’il était limité par les circonstances qui l’avaient porté au pouvoir! De la Révolution, il était le fils gâté mais aussi le fils contraint. Il héritait de ses guerres. L’Angleterre contestait la possession par la France de la rive gauche du Rhin. Bonaparte jura de ne pas l’abandonner. Cet affrontement entre la puissance maritime anglaise et la puissance terrestre française s’inscrivait dans le temps long. C’était une nouvelle guerre de Cent ans pour l’hégémonie, ainsi que l’a montré Pierre Gaxotte, qui commença en 1688 par la guerre de la ligue d’Augsbourg et ne s’acheva qu’en 1815 à Waterloo.

    L’équilibre, même au moment où Bonaparte puis Napoléon semblait être au faîte de sa gloire, était toujours fragile. Il ne tenait que par ses victoires militaires. Tout faillit s’effondrer, déjà, à Marengo. Ce fut Desaix qui heureusement parut, comme ce serait Blücher pour notre malheur à Waterloo. Bonaparte créa ensuite l’Empire pour asseoir sa légitimité sur une autre base que celle de ses victoires militaires et le rendre acceptable aux autres souverains. Il n’y parvint pas. Un an à peine après que Napoléon posa la couronne sur sa tête, la flotte française fut détruite à Trafalgar alors que Napoléon avait un besoin impérieux d’une marine pour vaincre l’Angleterre. Austerlitz effaça la défaite mais à demi seulement car Austerlitz devait sans cesse être reproduite pour que la France ne perdit pas la guerre face aux Anglais, intouchables sur leur île, et à ceux qu’elle finançait.

    • Les batailles s’enchaînèrent pour obtenir la paix, encore magnifiées par les bulletins de la grande armée et les peintres


    Les batailles s’enchaînèrent pour obtenir la paix, encore magnifiées par les bulletins de la grande armée et les peintres, et Napoléon en vint à posséder plus de la moitié de l’Europe qu’il contribua à unifier par les routes et le Code civil. De 83 départements en 1790, la France passa à 102 après la paix de Campoformio puis à 134. En 1812, des villes aussi différentes que Bruxelles, Barcelone et Coblence étaient françaises. Napoléon était «empereur d’Occident». Il était l’héritier de Charlemagne. Le Grand Empire remplaçait la Grande nation. Les royaumes vassaux remplaçaient les Républiques sœurs de la Révolution. Napoléon était roi d’Italie, médiateur de la confédération helvétique et protecteur de la confédération du Rhin. En apparence, donc, le soleil était à son zénith.

    Le mythe Napoléon tient à ses échecs autant qu’à ses gloires Ingres10
    Napoléon Ier sur le trône impérial par Jean-Dominique Ingres. Musée de l'Armée


    Napoléon s’adaptait sans avoir pu anticiper tout ce qui arriva. Mais vint un moment où l’édifice commença à craquer: défaite en Espagne qui en annonçait d’autres, arrestation du pape et excommunication de Napoléon, crise économique, mécontentement populaire ... Le général Mallet, un homme «presque seul», comme l’écrit Thierry Lentz, manqua de faire tomber l’Empire en répandant la fausse information que Napoléon était mort. Il s’en fallut de peu que David ne vainquit Goliath. Cet épisode révélait crûment combien tout ce qui avait été construit depuis une grosse décennie ne tenait debout que parce que Napoléon en était la tête indispensable.

    Rien ne fut suffisant pour obtenir la paix: ni la fondation d’une nouvelle dynastie par la création de l’Empire, ni le blocus continental par lequel Napoléon répondit au blocus anglais pour porter «la puissance de la terre» contre la mer ; ni le mariage avec Marie-Louise pour obtenir l’alliance autrichienne faute de mariage russe, ni la naissance d’un héritier. Les sentiments nationaux, de l’Espagne qui fut un cancer pour l’Empire français jusqu’à la Russie dans laquelle s’enfonça l’armée des «vingt nations» pour en ressortir en piteux état, les échecs diplomatiques de Napoléon comme son illusion d’une amitié avec le tsar Alexandre ou sa magnanimité excessive à bien des moments avec les vaincus, la formidable ténacité anglaise ou encore la démesure de Napoléon qui l’amena à ne plus écouter personne furent autant de facteurs qui expliquent la chute de l’Empire. En 1814 comme depuis le début, une défaite militaire et tout était fini. La tâche bien sûr, était excessivement difficile. Il faut reconnaître, avec Thierry Lentz, que Napoléon n’eut pas de temps et que, par conséquent, il n’eut aucun droit à l’erreur.

    La «couronne d’épines» après la couronne d’Empereur

    La France perdait son duel pour l’hégémonie contre l’Angleterre. Le XIXème siècle serait anglais, et donc libéral. La France ne pourrait plus agir sans le soutien de son ancienne rivale pour ses grandes actions diplomatiques pendant plus d’un siècle. La longue paix britannique en Europe se ferait au détriment de la France, devenue «puissance moyenne». Les États-Unis prendraient ensuite la relève de leur ancien maître.

    1814 puis 1815 furent comme une même défaite en deux actes, séparées par un retour, le «Vol de l’Aigle» de Golfe Juan jusqu’aux Tuileries, aussi inutile qu’il était glorieux. La scène fameuse de la «prairie de la rencontre», quand Napoléon s’avança seul face aux soldats de l’armée royale censée le stopper pour finalement les rallier à sa cause, illustrait à nouveau la capacité de Napoléon à trouver la grandeur quand tout semblait perdu. Peut-être même n’était-il jamais aussi bon que dans ces moments-là, de même que sur le champ de bataille il fit ses plus grands prodiges à la tête d’armées en infériorité numérique.

    Avec le retour de 1815, la gloire s’intercalait au milieu du désastre, venant s’ajouter aux plus belles épopées de l’Histoire universelle. Il y a quelques mois à peine, Napoléon avait vécu ce qui avait peut-être été pour lui le pire moment de sa vie en traversant la Provence royaliste. Un peu avant, il avait tenté, à Fontainebleau, de mettre fin à ses jours. Et le voilà déjà revenu aux Tuileries!

    Le mythe Napoléon tient à ses échecs autant qu’à ses gloires 48774710
    Napoléon à Sainte Hélène. Lady Lever Museum of Liverpool


    1815. Là encore, la gloire et le désastre se côtoyaient plus que l’un ne chassait l’autre. Napoléon sut faire de Sainte-Hélène une pièce de son œuvre. Dès le 6 août 1815, Napoléon racontait le roman de sa vie.

    • De sa défaite, il trouvait les moyens de tirer des victoires.


    Dans le mémorial dicté à Las Cases, il se fit le champion des conquêtes sociales de la Révolution, quitte à se faire passer pour le libéral qu’il n’était pas mais il fallait bien reconnaître qu’il avait été le rempart à un retour des Bourbons. La monarchie rétablie n’était pas celle de Louis XVI, et Charles X paya de son trône sa politique qui allait à rebours de l’Histoire.

    Napoléon s’y posait aussi, et surtout, comme un nouveau Prométhée enchainé à son rocher de Sainte -élène par le déshonneur des Anglais alors qu’il s’était rendu à eux. «Si le Christ n’était pas mort en croix, il ne serait pas Dieu», dit Napoléon. La «couronne d’épines» après la couronne d’Empereur ; le soleil noir après le soleil doré d’Austerlitz. De sa défaite, il trouvait les moyens de tirer des victoires.

    C’est cette conjonction permanente dans sa vie, jusqu’à la toute fin, entre la gloire et l’échec, qui fait de Napoléon le mythe universel qu’il fut dès son vivant. Il n’aurait pas été d’une telle force si Napoléon avait été simplement le grand consul qui aurait obtenu une paix durable avec l’Angleterre.

    Voilà pourquoi on le trouve partout, comme aime à le rappeler Jean Tulard: dans le théâtre comme les romans policiers ou le cinéma. Et, partout, il est synonyme de grandeur, quand bien même on voudrait le rabaisser. On ne saura jamais à quoi aurait ressemblé le Napoléon de Stanley Kubrick mais il ne pouvait être à ses yeux que le «plus grand film» de l’histoire du cinéma. Et le général de Gaulle, si l’on en croit Malraux, avait tout dit quand il disait à propos du tombeau des Invalides: «où avons-nous vu la foule sentir davantage le frisson de la grandeur?».

    Le XIXe siècle ne fut pas seulement la victoire matérielle de l’Angleterre et du libéralisme. Il fut aussi la victoire posthume, immatérielle, du Vaincu qui écrivit l’Histoire pour ne pas laisser la plume aux vainqueurs et dont les romantiques, pour combler leur ennui, chantèrent la gloire. Chateaubriand, qui l’avait combattu après l’avoir soutenu, était bien obligé de le reconnaître: «vivant Napoléon a manqué le monde, mort il le possède».


Texte http://www.lefigaro.fr/vox/
Illustrations choisies par votre serviteur


Je plussoie des deux mains et vigoureusement à la lecture de cette analyse.

_________________
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