Jour de la Saint-Louis
L’Assemblée nationale a résolu, la veille, de faire une députation pour aller féliciter le Roi.
Elle se compose de 48 membres, avec à sa tête le comte Stanislas de Clermont-Tonnerre, son président.
Le Grand Maître des Cérémonies et l’Aide des Cérémonies mènent la délégation chez le Roi.
Le comte Stanislas de Clermont-Tonnerre prononce le compliment:
« Sire, le Monarque, dont Votre Majesté porte le nom révéré, et dont la Religion célèbre aujourd’hui les vertus, était, comme vous, l’Ami du peuple. Comme Vous, Sire, il voulait la liberté française : il la protégea des lois, qui honorent nos annales ; mais il ne put en être le Restaurateur. Cette gloire, réservée à Votre Majesté, lui donne un droit immortel à la reconnaissance et à la tendre vénération des Français. Ainsi seront à jamais réunis les noms de deux Rois, qui, dans la distance des Siècles, se rapprochent par les actes de justice les plus signalés en faveur de leur peuple.Sire, l’Assemblée nationale a suspendu quelques instants ses travaux, pour satisfaire à un devoir, qui lui est cher, ou plutôt elle ne s’écarte point de sa mission. Parler à son Roi de l’amour et de la fidélité des Français, s’est s’occuper d’un intérêt vraiment National; c’est remplir le plus pressant de leurs vœux »Le marquis de La Fayette et M. Bailly ont été, à la tête d’un détachement de la milice bourgeoise de Paris, présenter leurs respects au Roi.
Ces deux messieurs, feignant d’ignorer les règles de la Cour, ont voulu entrer dans la cour royale en voiture
(ainsi que cela se pratique pour les personnes qui ont les honneurs du Louvre), mais qu’on ne leur a pas laissé usurper cette distinction, et qu’après quelques pourparlers, ils ont trouvé bon de passer par la cour des princes.
M. Bailly prête serment pour la charge de maire de Paris entre les mains du Roi:
« je jure à Dieu, en présence de Votre Majesté, de respecter et faire respecter son Autorité légitime; je jure de maintenir et de protéger les droits des citoyens et de rendre la justice à tous »Les deux réceptions se sont déroulées dans le Cabinet du Roi.
En sortant de chez le Roi, ils se rendent, avec le même cérémonial, chez la Reine, M. le Dauphin, Monsieur et les princesses de la famille Royale.
Après quoi, ils sont rentrés dans la salle des Ambassadeurs, où, conformément aux ordres du Roi, on leur a servi à dîner.
Après ce dîner, les deux gardes nationales de Paris et de Versailles se rendent dans la cour royale; et par des cris répétés de « Vive le Roi », elles font entendre les vœux de leur amour et de l’expression de leur fidélité.
Louis XVI se montre au balcon, et reçoit avec sensibilité cet hommage, auquel s’est réuni celui du peuple.
Louis XVI, en se rendant à la Grand’ Messe, est précédé du duc d’Orléans, des Grands Croix et commandeurs de l’Ordre de Saint-Louis, marchant suivant leurs grades et leur ancienneté dans le service.
Marie Antoinette, accompagnée de Monsieur, Madame et Mme Elisabeth, y assiste depuis la tribune.
Un souper au Grand Couvert termine la journée. Le repas est assez triste avec l’absence de la moitié de la Famille Royale et des princes du sang.