Caricature de la taxe du tsar Pierre le Grand; Gravure sur bois fin XVIIeLe tsar Pierre le Grand taxe les barbusPour financer ses travaux de prestige et la modernisation de la Russie qu'il entend occidentaliser, Pierre le Grand met sur pied de nouvelles taxes: des impôts sont prélevés sur les moulins, les bains, les ruches d'abeilles, les fours mais aussi les barbes dont Pierre le Grand interdira le port.
La barbe avait également pour les Russes une fonction pratique: lors des grands hivers, elle protégeait le visage des morsures du froid.
L’
impôt sur la barbe est un ancien impôt, levé en Angleterre et Russie, et destiné à réguler l'apparence des hommes.
En Russie
L'impôt russe sur la barbe a été créé par le tsar de Russie Pierre le Grand en 1704
Déjà, par oukase du 09 août 1699, Pierre le Grand avait strictement interdit le port de la barbe; devant la fronde que souleva sa décision, il consentit à revenir partiellement sur son interdiction, moyennant paiement d'une taxe par ceux qui souhaitaient conserver leur barbe.
(Augustin Cabanès, Fous couronnés, Albin Michel, 1914, 436 p., p. 103)Seuls les récalcitrants souhaitant « conserver une ressemblance avec le Créateur » devaient s'acquitter d'une taxe annuelle proportionnelle à leur rang social:
(Aloïse Prümm (2002), L'impôt sur la barbe)
- 100 roubles pour les nobles et les hauts fonctionnaires
- 60 roubles pour les courtisans et commerçants
- 30 roubles pour laquais et cochers
- 1/2 kopeck à l'entrée et à la sortie de chaque ville pour les paysans.
En guise de quittance, ceux-ci recevaient un jeton de bronze
(qui servit également de monnaie d'échange), sur lequel l'inscription annonçait: « La taxe a été perçue » (
Dengi vziaty), et l'image représentait une barbe
(Augustin Cabanès, Fous couronnés, Albin Michel, 1914, 436 p., p. 104)
Jeton portant l´inscription Dengi vziaty (« La taxe a été perçue »)Parfois apparaissait la devise:
« La barbe est un fardeau inutile »Les résistants au barbier étaient tenus de porter sur eux les jetons et de les présenter à chaque réquisition.
Le jeton était à renouveler chaque année.
Mais par la suite, beaucoup de nobles et de commerçants, trouvant la charge trop lourde, finissaient par se raser.
Les plus récalcitrants étaient les gens du peuple.
Ils payaient leur écot et demeuraient persuadés qu'ainsi ils étaient de « vrais mâles et de vrais chrétiens »
Cette taxe se révéla très vite impopulaire. Les opposants les plus virulents étaient les membres de l'Église orthodoxe.
Pierre publia un rectificatif, dispensant les religieux de l'oukase et donc de la taxe.
Une bonne partie de la société russe accepta petit à petit cette contrainte, alors que l'hostilité du petit peuple restait manifeste.
Pierre I
er réagit alors en éditant quelques oukases supplémentaires plus dissuasifs:
- Si un barbu se présentait dans un bureau:
- refuser systématiquement sa requête
- ou l'obliger à verser 50 roubles supplémentaires
- en cas de non solvabilité, faire régler son amende par des travaux utilitaires.
Celui qui croisait un barbu vêtu de façon non réglementaire (ne portant pas de vêtements « à la mode occidentale ») pouvait amener celui-ci de force aux autorités. Il percevait la moitié du montant de l'amende infligée au contrevenant, tant sur sa barbe que sur sa tenue non appropriée.