4ème duc de Guise (1588-1640)
prince de Joinville (1571-1612)
1er duc de Chevreuse
Chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit (1619)
Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel (1619)
Pair de France,
Gouverneur de Provence,
Grand Maître de France,
Gouverneur de la Bastille
Grand Maître de France
Né le 20 août 1571
Baptisé
Décédé le 30 septembre 1640 à l'âge de 69 ans
Inhumé en 1641
Parents
Henri Ier le Balafré de Lorraine, duc de Guise 1550-1588
Catherine de Clèves, comtesse d'Eu 1548-1633
Marié le 6 janvier 1611 avec Henriette-Catherine, duchesse de Joyeuse 1585-1656,
dont
François 1612-1639
Nn 1613-1613
Nn 1613-1613
Henri II 1614-1664
Marie 1615-1688
Ne 1617-1618
Charles-Louis 1618-1637
Françoise-Renée 1621-1682
Louis 1622-1654
Roger 1624-1653
Relation avec Marseille Altoviti 1577-1606
Filleul : Charles du Périer 1597
Chevalier du Saint-Esprit (reçu le 31 décembre 1619)
- Citation :
- Il est d'abord chevalier de Guise et prince de Joinville, du vivant de son père.
portraits par François Clouet vers 1581
Après l'assassinat de ce dernier le 23 décembre 1588, au château de Blois, sur l'ordre du roi de France Henri III, il est arrêté avec le reste de la famille, mais s'évade de sa prison de Tours et se rend à Paris où il est reconnu chef de la Ligue. Il combat Henri de Navarre, qui devient roi de France en 1589, et ne fait sa soumission qu'à l’automne 1594, et échange le gouvernement de Champagne, qu'il détenait, contre celui de Provence.
Il est également grand maître de France et amiral du Levant. En 1610, il se brouille avec son oncle Charles de Mayenne. Pendant la régence et le gouvernement de Marie de Médicis et de Concino Concini, Charles de Guise demeure fidèle à la royauté, prenant la tête de troupes contre les princes révoltés qu'il bat à plusieurs reprises en 1616-1617. L'arrestation du prince de Condé, revenu à la cour sur l'assurance du duc de Guise de ne pas être inquiété, amène ce dernier à se retirer un temps sur ses terres.
Partisan d'une monarchie très modérée qui aurait laissé une large place aux Grands, le duc de Guise fait preuve d'une fidélité moindre après la prise du pouvoir par Louis XIII et l'assassinat de Concini (24 avril 1617). Il cautionne ainsi l'évasion de Marie de Médicis alors exilée à Blois (1618), mais participe aux guerres contre les huguenots en commandant une armée royale en Provence en 1622 puis commande un temps la flotte lors du siège de La Rochelle (1627-1628). Il en abandonne cependant le commandement, ne lui trouvant pas assez d'importance.
La politique navale de Louis XIII et de Richelieu le contraint à abandonner sa charge d'Amiral du Levant, ce qui le fait lentement basculer dans l'opposition au cardinal contre lequel il complote. Au lendemain de la Journée des dupes, il est digracié: il demande la permission de partir en pèlerinage à Notre-Dame-de-Lorette pour n'en jamais revenir
Portrait par Daniel Dumonstier en 1607Selon Tallemant des Réaux (historiettes"):
...
Quand M. de Guise eut le gouvernement de Provence, après la mort du Grand Prieur, bâtard de Henri II, il trouva à Marseille une fille dont il devint amoureux. C'étoit la fille de cette belle Châteauneuf de Rieux, qui avoit été aimée par Charles IX. On lui donna le nom de Marcelle, une de leurs saintes, et aussi peut-être parce que ce nom approchoit de celui de la ville. Insensiblement, quand cette fille, n'ayant plus ni père ni mère, vint demeurer à Marseille avec une de ses tantes, le peuple l'appela mademoiselle de Marseille, au lieu de mademoiselle Marcelle. C'était une personne de la meilleure grâce du monde, de belle taille, blanche, les cheveux châtains, qui dansoit bien, qui chantoit, qui savoit la musique jusqu'à composer, qui faisoit des vers, et dont l'esprit étoit extrêmement adroit, fière, mais civile; c'étoit l'amour de tout le pays. Le Grand prieur en avoit été épris; plusieurs, personnes de qualité l'eussent épousée; elle quitta tout cela pour M. de Guise. Pour le temps, je ne crois pas qu'on en pût trouver de meilleurs, et même aujourd'hui on ne voit guère rien de plus achevé. Voyant qu'il ne revenoit point, le chagrin la prit, elle tomba malade, et cette maladie dura un an. Elle vendit, car elle n'avoit point de bien, tout ce qu'elle avoit de bijoux; M. de Guise en fut averti, et qu'elle cachoit sa nécessité à tout le monde; il lui envoya offrir dix mille écus. Elle dit au gentilhomme qui disoit les avoir tout prêts, qu'elle remercioit M. de Guise, qu'elle ne vouloit rien prendre de personne, et encore moins de lui que d'un autre; qu'elle n'avoit guère à vivre, et qu'en cet état-là elle se pouvoit passer de tout le monde. Il y a apparence que cela augmenta son mal; elle mourut la nuit suivante, et on ne lui trouva qu'un sou de reste. La ville la fit enterrer à ses dépens dans l'abbaye de Saint-Victor. Vingt-cinq ou trente ans après, comme on regarda dans le tombeau où on l'avoit mise, on y trouva son corps tout entier; le peuple vouloit que ce fût une sainte, quand un vieux religieux alla regarder le registre, et trouva que c'étoit la maîtresse de M. de Guise.
Au combat contre les Rochellois, le feu se prit au vaisseau de M. de Guise. Feu M. de La Rochefoucauld lui vint dire: «Ah! monsieur, tout est perdu.—Tourne, tourne, dit-il au pilote, autant vaut rôti que bouilli.»
On conte des choses assez plaisantes de ses amourettes. Il étoit couché avec la femme d'un conseiller du parlement, quand le mari arriva de grand matin à l'improviste. Le galant se sauve dans un cabinet, mais il oublie ses habits. La femme ôte vite le collet du pourpoint et ce qu'il y avoit dans les pochettes. Le mari demande à qui étoient ces habits. «Une revendeuse, lui dit-elle, les a apportés, elle dit qu'on les aura à bon marché; regardez s'ils vous sont bons; ils vous serviront à la campagne.» Il met l'habit, et étant pressé d'aller au palais, il prend sa soutane par-dessus et s'en va. Le galant prend ceux du mari et s'en va au Louvre. Henri IV le regarde, et M. de Guise lui conte l'histoire. Le Roi envoie un exempt ordonner au conseiller de le venir trouver. Le conseiller, bien étonné, vient; le Roi le tire à part, lui parle de cent choses, et en causant lui déboutonnoit sa soutane sans faire semblant de rien. L'autre n'osoit rien dire; enfin tout d'un coup le Roi s'écrie: «Ventre saint-gris! voilà l'habit de mon cousin de Guise.»
Une autre fois il dit à feu M. de Gramont qu'il avoit eu les dernières faveurs d'une dame qu'il lui nomma (le fils lui ressemble bien). M. de Gramont, quoique grand causeur, n'en dit rien. Quelques jours après M. de Guise l'ayant rencontré, lui dit: «Monsieur, il me semble que vous ne m'aimez plus tant; je ne vous avois dit que j'avois eu tout ce que je voulois d'une telle, qu'afin que vous l'allassiez dire, et vous n'en avez pas dit un mot.»
Une autre fois il fit bien pis, car ayant recherché une dame fort long-temps, et enfin étant couché avec elle, le matin de bonne heure il avoit de l'inquiétude et ne faisoit que se tourner de côté et d'autre; elle lui demanda ce qu'il avoit: «C'est, dit-il, que je voudrois déjà être levé pour l'aller dire.»
Il contoit qu'un soir M. de Créqui lui donna une haquenée pour se retirer, et que cette haquenée, qui avoit accoutumé de porter son maître chez une dame, ne manqua pas d'y aller; que là on le prit pour M. de Créqui, et que, sans trop de lumière, on le mena, son manteau sur le nez, par un escalier dérobé, dans une chambre où on le laissa; puis que la dame y vint et qu'il profita de l'occasion. Il en donnoit un peu à garder.
Il avoit épousé la fille de M. Du Bouchage, frère de M. de Joyeuse, le favori. Elle étoit veuve de M. de Montpensier, dont elle n'avoit eu que feue Madame. Cette madame de Guise étoit une fort honnête femme et fort dévote. Or le feu comte de Fiesque étoit un grand dévot et l'ami de madame de Guise. On demandoit un jour à M. de Guise: «Que feriez-vous si vous les trouviez couchés ensemble?—Je ferois sonner, dit-il, toutes les cloches des environs de l'hôtel de Guise, comme si les pardons étoient chez nous.»
De Florence, où il s'étoit retiré du temps du cardinal de Richelieu, il écrivoit au maréchal de Bassompierre dans la Bastille: «Je suis ici pour n'être pas là.»
Le comte de Fiesque d'aujourd'hui passant à Florence, M. de Guise lui dit: «Comte, dis un peu à M. le Grand-Duc (c'était en sa présence) combien il y a de lapins dans la garenne de Saint-Germain, car il ne me veut pas croire.—Mais, monsieur, dit le comte, le moyen de dire cela?—Eh! reprit M. de Guise, à cinq ou six près, cela n'importe.»
Il étoit grand rêveur et grand menteur. Boisrobert soutient pourtant qu'il y avoit de l'affectation, et qu'il l'y avoit surpris: en voici un exemple qui pourroit bien être de ce nombre, mais qui ne laisse pas d'être fort joli et fort obligeant. Le Fouilloux avoit dit à M. de Guise une épigramme de Gombauld qui lui avoit plu extrêmement. Le duc se promène quelque temps, et puis tout-à-coup appelant le gentilhomme: «N'y
auroit-il point moyen, lui dit-il, de faire en sorte que j'eusse fait cette épigramme?»
Il avoit pourtant de qui tenir pour être rêveur, car sa mère l'étoit honnêtement. Un jour elle entendit fort louer les ouvrages de Malherbe, qui étoit nouvellement arrivé à la cour. Quelque temps après, elle vit un homme en quelque lieu qu'elle prit pour Malherbe, et le pria extrêmement de la venir voir. C'étoit un orfèvre qui crut qu'elle vouloit quelques pierreries, et lui dit qu'il lui apporteroit donc de ses ouvrages. «Monsieur, je vous en prie,» ajouta-t-elle, et lui fit bien des civilités. Cet homme va le lendemain à l'hôtel de Guise, mais il ne fut pas plus tôt dans la chambre qu'elle reconnut sa bévue.
M. de Guise dit un jour à son cocher: «Mène-moi partout où tu voudras, pourvu que j'aille chez M. le Nonce et chez M. de Lomenie.» Il alla d'abord chez le dernier, qu'il prit toujours pour M. le Nonce, et il ne vouloit pas souffrir que M. de Lomenie le conduisît.
Il mentoit, et souvent à force de dire un mensonge, il croyoit ce qu'il disoit. Un jour lui, M. d'Angoulême et M. de Bassompierre jouoient à qui diroit la plus grande menterie. M. de Guise dit: «J'avois une levrette qui, courant après un lièvre, se jeta dans des ronces; une ronce coupa le corps de la levrette par le milieu, et la partie de devant alla happer le lièvre.» M. d'Angoulême dit qu'il avoit un chien courant qui arrêtoit les hérons, puis qu'on les terrassoit, et que des masses il avoit fait bâtir Gros-Bois. «Pour moi, dit M. de Bassompierre, je me donne au diable si ces messieurs ne disent vrai.»
M. de Guise étoit libéral. Le président de Chevry lui envoya par Corbinelli, son commis, cinquante mille livres qu'il lui avoit gagnées. Il y avoit dix mille livres en écus d'or. Quand tout fut compté, il voulut donner quelque chose à Corbinelli, et il lui donna le plus petit sac, sans songer que c'étoit l'or. Corbinelli, sur-le-champ, n'y fait pas non plus de réflexion; mais, arrivé chez lui, il fut surpris en voyant ces écus d'or. Il retourne auprès de M. de Guise, et lui dit qu'il s'est trompé. M. de Guise lui répondit: «Je voudrois qu'il y en eût davantage; il ne sera pas dit que le duc de Guise vous a ôté ce que la fortune vous avoit donné...