Dans le département des Objets d'Art du Louvre ce trouve une partie du mobilier du cabinet turc du comte d'Artois au Temple. (illustration de la présentation actuelle :
En aout 1776, à la mort du prince de Conti, le duc d'Angoulème est fait Grand Prieur de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, dont le prieuré parisien n'est autre que le Temple. Son père en obtient l'usufruit, et en fait sa résidence parisienne.
A l'époque règne un engoument pour les "turqueries" et la sensualité de l'art de vivre oriental plaît au comte d'Artois. Cette même année il commence les travaux d'aménagement du palais prieural menés par l'architecte Louis Boullée, son Intendant des Batiments.
Ce cabinet turc dispose de deux croisées et pans coupés. Dans cette idéalisation de l'art de vivre proche-oriental, la décoration est imaginée à l'imitation d'une tente luxueuse, digne des Mille et une Nuit. Les murs sont recouverts de lampas jaunes et blancs "festonné à la Romaine", suspendus par 23 croissants de fer.
La cheminée de marbre blanc est entourée de "deux grandes sultanes" (équivalents de lits banquettes) de forme cintrée sans dossier. Sur leur matelas étaient posés 6 "carreaux à oreillers". Le cabinet comptait aussi 4 chaises et 2 "fauteuils turcs".
voici l'un d'eux :
Ce mobilier fut probablement dessiné par Boullée, l'architecte, et fut réalisé Georges Jacob et sculpté par Rode.
Ils étaient alors peint en "blanc de roi", garnis d'un lampas jaune et blanc. L'ensemble des fauteuils et chaises couta 1343 livres, sans compter le tissus.
Je cite l'article ;
Le tout, participant du goût de paraître du comte d'Artois, fut bien sûr règlé par l'administration royale ad hoc, les Menus Plaisirs.Depuis quand les Menus se chargent de payer le mobilier, à la place du Garde Meuble ?
La dorure de qualité que l'on voit aujourd'hui semble avoir étée ajoutée au tout début du XIXe, lors du passage du mobilier au Luxembourg. Après cela il disparut avant d'être lègué au Louvre en 1965. Les deux sultanes restent actuellement introuvables.
En même temps que la dorure fut réalisé un canapé "dans le goût".
La garniture fut retissé d'après un tissus d'époque contemporaine de l'original, la garniture originale avait étée changée. Par contre les glands, festons et franges furent reproduits à l'identique.
Remarquons la symbolique turque, présente dans le décors sculpté ;
croissants de lune, [guirlande] de perles, abondance de drapés, épis de blé turc, feuille de lotus égyptien, corne d'abondance des oasis (citation).
Malgré les tranformations dues à l'histoire de ce mobilier exceptionnel, il n'en reste pas moins magnifique.