Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon EV6.5 : où trouver le ...
Voir le deal

 

 28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons

Aller en bas 
AuteurMessage
yann sinclair

yann sinclair


Nombre de messages : 26304
Age : 66
Localisation : Versailles
Date d'inscription : 10/01/2016

28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Empty
MessageSujet: 28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons   28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Icon_minitimeSam 12 Oct - 9:46

Le nouvel évêque à Carcassonne

28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Ca216


28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Ca215
Armand Bazin de Bezons


Évêque de Carcassonne (1730-1778), sacré en 1731
63ème Abbé commendataire de Lagrasse ( abbé,1721-1778)


C’est le 28 mars suivant que le syndic du chapitre apprenait la nomination du nouvel évêque.



Communiquée le 29 au chapitre elle est aussitôt rendue publique.



Messieurs les chanoines écrivaient aussitôt à l’élu qui répondait le 18 avril et, le 13 mai le chapitre ordonnait une messe d’action de grâce à la cathédrale où était convoquée la paroisse de Saint-Sernin et les communautés religieuses de la ville
(VIGUERIE, op. cit., p. 226)

Le nouvel évêque n’était pas complètement un inconnu et ne débarquait pas en pays tout à fait étranger.


à Paris le 30 mars 1701

Et il est né bien pourvu.


Décédé le 11 mai 1778 à Carcassonne à l'âge de 77 ans
Inhumé en 1778 au vieux cimetière de la Cité de Carcassonne (Aude)
28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Ca312
28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Za9610
Parents

Son père, Jacques (1646-1733), est le cadet des enfants de Claude.

Il fait un très riche mariage (200 000 livres de dot).

Militaire engagé sur tous les champs de bataille, de GRECE en ITALIE, d’ALLEMAGNE (il est blessé au passage du RHIN) en ESPAGNE.

Il a été gouverneur de CARCASSONNE[url=#sdfootnote1sym][/url] en 1677.


(M. MAHUL, Cartulaire et archives des communes de l’ancien diocèse de Carcassonne, 1875, t. 5, p. 511

SAINT-SIMON, Mémoires, t. III, 345)


Maréchal de France en 1709, il entre au conseil de Régence en 1715.

[url=#sdfootnote2sym][/url]
[url=#sdfootnote1anc][/url]
28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Ca311 Jacques Bazin, seigneur de Bezons. Ordre de Saint-Louis. Chevalier de l'Ordre de la Toison d'or. Chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit (1724), chevalier de l'Ordre de Saint-Michel (1724), maréchal de camp (1693) Maréchal de France. Brigadier (1688). Membre du Conseil de régence
Gouverneur de Cambrai. Caballero de la Orden del Toisón de Oro (1710) - brevet n°0653. Né le 14 novembre 1646 à Paris 1646 - Décédé le 22 mai 1733 à Paris à l'âge de 87 ans. Inhumé en 1733 à Saint Cosme Saint Damien (Paris)
Chevalier des Ordres du roi, gouverneur de la ville et citadelle de Cambray, grand'croix de l'Ordre de Saint-Louis, commença à servir en Portugal sous le comte de Schomberg en 1667; après la paix de Portugal il servit en Catalogne comme aide de camp de Monsieur du Passage qui commandait l'armée; il passa en Candie avec le duc de la Feuillade en 1668; capitaine de cavalerie dans le régiment des cuirassiers en 1671 il se trouva au passage du Rhin et à toutes les actions de ce régiment jusqu'en 1674; colonel de cavalerie il servit dans l'armée de Flandres jusqu'à la paix de Nimège en 1678. Il servit au siège de Philisbourg en 1688 comme brigadier, prit part au combat de Walcourt en 1689 et à la bataille de Steinkerque en 1690. Il fut fait maréchal de camp en 1693; puis directeur général de la cavalerie; à la bataille de Nerwinde il commandait un corps de réserve et continua de servir jusqu'à la paix de Riswick en 1697. Gouverneur de Gravelines; il reprit la place de Ath occupé par les Hollandais en 1700. Attaché au corps d'armée du maréchal de Villeroy il le suivit en Allemagne puis en Italie et se trouva au combat de Chiary. Lieutenant-général en 1702, il servit sous le duc de Vendôme dans la campagne d'Italie et fut nommé commandant de la place de Mantoue. Il prit part à toutes les actions de cette guerre, au passage du Pô, aux siège de Verceil, d'Yvrée et de Verrüe et fut fait grand'croix de l'Ordre de Saint-Louis en 1704. Il eut le commandement de l'armée qui gardait la frontière depuis Genève jusqu'à l'embouchure du Rhône pour s'opposer, avec le maréchal de Tessé, à l'entrée des ennemis en France. Il se trouva avec lui à l'action de Saint-Catherine et à la levée du siège de Toulon. Il resta en Provence jusqu'en 1708. Il fut nommé la même année gouverneur de la ville et citadelle de Cambray, puis envoyé en Espagne sous les ordres du duc d'Orléans et assista au siège et à la prise de Tortose. Le Roi le nomma maréchal de France le 5 mai 1709. L'année d'après il eut le commandement des troupes assemblées sur la Moselle et ensuite de celle de l'armée du Rhin avec le maréchal d'Harcourt. Il commanda au siège de Landau qui fut pris le 20 août 1713; il entra comme conseiller au Conseil de régence en 1715 et fut reçu chevalier des Ordres du roi en 1724.
SAINT-SIMON qui le trouvait vertueux et droit « avec assez de sens » n’en écrivait pas moins qu’il avait « peu d’esprit » et qu’il était « médiocre général d’armée »
Saint Simon (son amitié avec le duc d'Orléans): ..Besons était un rustre, volontiers brutal, avec peu d'esprit, mais tout tourné à son fait et à cheminer; avec assez de sens, mais une tête faite pour un Rembrandt et un Van Dyck, avec de gros sourcils et une grosse perruque qui lui en faisaient attribuer bien davantage; excellent officier général, surtout de cavalerie, médiocre général d'armée, qui, avec une valeur personnelle fine et tranquille, craignait tous les dangers pour la besogne dont il était chargé. Il était droit, franc, honnête homme, avait de la vertu, austère pour autrui, adoucie pour soi, en homme qui sentait son peu de bien, d'alliance, de naissance, qui avait beaucoup de famille qu'il aimait, et qu'il désirait passionnément avancer et établir, à qui l'amitié de M. le duc d'Orléans avait été fort utile, à qui, par toutes ces raisons, il ne pouvait être que fort sensible que ce prince fût en état ou hors d'état d'en tirer protection et parti, et à qui sûrement il eût fort pesé d'avoir la honte de se retirer de chez lui, ou l'embarras d'y demeurer attaché, dans l'état fâcheux où M. le duc d'Orléans s'allait précipitant sans ressource ...
Conflits
Guerre de Candie
Guerre de Hollande
Guerre de la Ligue d'Augsbourg
Guerre de Succession d'Espagne
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Bazin_de_Bezons

Sa mère: Marie Marguerite Le Menestrel. (fille d'Antoine Le Menestrel ( † 1700), seigneur de Hauguel, grand audiencier de France, secrétaire du roi) qui lui apporte 200 000 livres de dot (Madame de Sévigné, p. 510)



Son grand-père, Claude (1617-1684) a été intendant du Languedoc (1664-1674).



A ce titre il a été vérificateur de la noblesse de la province (alors qu’il est, lui-même, petit-fils d’anobli), il a eu à réorganiser les universités de TOULOUSE et de MONTPELLIER.

Il est mort Conseiller d’État et membre de l’Académie française. (n° 47, 03 février 1643)

28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Capre19
(Claude Bazin)


Avocat général au Grand conseil (1639), intendant de police, justice et finances du Soissonnais (1640), puis du Languedoc (1653-1673) conseiller d'État.
Il fut admis le 03 février 1643 en remplacement du chancelier Séguier, nommé protecteur.
Il partagea les frais du prix de poésie fondé par Pellisson. «Tallemant l'accuse d'avoir fait faire par Patru les discours qu'il ne pouvait se dispenser de prononcer.» (Charles-L. Livet).
Boileau a dit de lui que c'était un «homme considérable par ses grands emplois et par sa profonde capacité dans les affaires.»
«On n'a jamais rien vu de lui par écrit... on l'a entendu comme avocat général au Grand Conseil, parler élégamment et fortement en toutes rencontres.» (Chapelain)


en 1617 à Paris
Décédé le 20 mars 1684 à Paris à l'âge de 67 ans doyen de l'Académie


Parents


Claude Bazin, seigneur de Bezons †1621
Suzanne Talon †1650


Marié le 10 novembre 1641 avec Marie Targer,


dont
Louis 1643-1700
Jacques 1646-1733
Omer †1679
Suzanne 1648-1699
Armand 1655-1721
Marie 1658-1729
Mais il y a aussi un oncle qui s’appelle Armand comme lui, (1654-1721) et qui est aussi son parrain.

28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Capre20

(Jean Baptiste Armand Bazin de Bezons)


Il devient évêque d'Aire de 1685 à mars 1698,
puis archevêque de Bordeaux Primat d'Aquitaine de mars 1698 au 23 avril 1719,
puis archevêque de Rouen du 23 avril 1719 jusqu'à sa mort.



Agent Général du clergé de France (1680)
Président de l'Assemblée Générale du Clergé (1715)
62ème Abbé commendataire de Lagrasse (1721)


Né en 1655 à Montpellier (Hérault)
Décédé le 08 octobre 1721 au château de Gaillon (Eure) à l'âge de 66 ans
Inhumé en l' église St Cosme & St Damien, Paris 6e arrondissement


Parents


 28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Capre21 Claude Bazin de Bezons 1617-1684
Marie Targer




1699: Témoin au mariage de Claude de Barbier, seigneur de La Serre 1668-1727 et de Marie-Josèphe Dejean



Il est dit être né à Paris d'après Armand Jean: "Les Évêques et les Archevêques de France depuis 1682 jusqu'à 1801‎", A. Picard, 1891. p. 71, 123 & 339.
Nous reprenons la source qui donne la naissance à Montpellier, en raison de la charge d'Intendant du Languedoc (1653-1673) de son père à l'époque de sa naissance.



Fils de l'académicien Claude Bazin de Bezons et de Marie Targer, frère du maréchal de France Jacques Bazin de Bezons, Armand est agent général du clergé de France en 1680-1685.

Il est député de la province ecclésiastique de Bordeaux aux assemblées du clergé de 1705, 1707, 1710, 1711 et 1715.
Il est nommé membre du Conseil de Conscience (établi en septembre 1715, après la mort de Louis XIV), et admis dans le conseil de régence, chargé de la direction des économats.
C'est lui qui permet au célèbre et controversé Guillaume Dubois d'être ordonné dans son diocèse

Saint Simon:
...On choisit donc, de concert avec le cardinal de Noailles, l'archevêque de Bordeaux, qui le fut après de Rouen, l'abbé Pucelle, conseiller clerc de la grand'chambre, de la première réputation pour la capacité et l'intégrité, et qui l'a bien montré depuis avec un sage, niais insigne courage, d'Aguesseau, procureur général, et Joly de Fleury, premier avocat général, l'un aujourd'hui chancelier, l'autre procureur général. L'archevêque était frère du maréchal de Besons, et avait été évêque d'Aire, le même que j'avais fait travailler sous Mgr le duc de Bourgogne, comme on l'a vu en son temps, la première fois que le roi lui envoya l'affaire de la constitution. Par être frère de Besons, il était agréable au régent, avait toujours tenu une conduite honnête avec le cardinal de Noailles, et avec les cardinaux de Rohan et de Bissy et les jésuites, sans bassesse d'aucun côté, ni prostitution; il était en réputation d'homme d'honneur, et du plus capable dans toutes les affaires temporelles et bénéficiales du clergé, aux assemblées duquel il était fort rompu, et fort considéré, et sous un extérieur fort rude, il avait un liant et une douceur fort propre à conciliation. Avec cela point faux, bon homme et bonne tête pour tout, et ne s'en faisant accroire sur rien, respectueux et fort courtisan, sans être néanmoins corrompu, mais complaisant autant qu'il pouvait l'être honnêtement: avec assez d'esprit pour se savoir bien tirer d'affaires



Troisième garçon, il est orienté vers la cléricature et fera la carrière typique des cadets de grandes familles dans les ordres: agent du clergé (1680-1685), évêque d’AIRE (1685-1689), archevêque de BORDEAUX (1689-1719), archevêque de ROUEN (1719) (Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, Le Touzey & Ané, 1973, fascicule 102-103, col. 183-184) un des sièges les plus rentés de France.

([size=13]100 000 livres de revenus, 1388 paroisses. Cf. Bernard PLONGERON, La vie quotidienne du clergé français au XVIII° siècle, Hachette, 1974, p. 20)
[/size]

Après avoir siégé au conseil de conscience (où l’on nomme les évêques) il entre au conseil de régence.

Il est abbé commendataire de LAGRASSE.

Cela fait beaucoup de fées autour du petit Armand…


Deuxième fils du maréchal, il est tout naturellement destiné à l’Église.


Tonsuré à quinze ans il peut donc recevoir des bénéfices et en 1717, il a seize ans, il reçoit en commende l’abbaye de SAINT JOUIN DE MARNE en POITOU, deux ans après il y rajoute le prieuré de SAINT-MAUR au diocèse de LANGRES que son oncle l’archevêque lui résigne avec le prieuré de SAINT-GAULTIER en BERRY. En attendant il étudie au séminaire de Saint-Magloire, tenu par les Oratoriens chez qui se recrutent les opposants à la bulle Unigenitus.



Il est docteur en théologie en Sorbonne.



Le 8 octobre 1721, l’archevêque meurt et le 10 octobre le neveu hérite de l’abbaye de LAGRASSE, il a vingt ans...



Le roi lui fait don des droits courant depuis la vacance pour l’aider à régler sa mise en possession par le Saint-Siège. (Annales et Histoire… t. I, p. 225.)

Tout ne se passera pas très bien avec les moines puisque en 1728, 1731 et 1748 Armand de BEZONS plaidera contre eux et obtiendra des arrêts du Parlement en sa faveur pour départager les biens, charges et revenus 
(M. MAHUL, Cartulaire…, t. II, p. 497)

Abbé de la plus considérable abbaye du diocèse, Armand de BEZONS n’est donc pas un inconnu à CARCASSONNE, même s’il n’y a probablement jamais mis les pieds.


En 1725 il est élu député de la province de ROUEN à l’Assemblée générale du clergé de France.



On l’a vu, les fées sont actives et le jeune Armand n’attend guère pour recevoir ses bénéfices.


La nomination royale pour LAGRASSE s’est faite en quarante-huit heures, la nomination pour l’évêché carcassonnais ne traînera pas non plus.


Le siège est déclaré vacant le 1er janvier 1730, la nomination par le roi est du 20 mars suivant.


Le pape le préconisera en consistoire le 18 décembre.



On notera que le chapitre n’avait pas attendu le pape pour annoncer la nomination.



Dès le 14 janvier 1731 Armand est « sacré » évêque à Paris, dans l’église des Théatins, sur l’actuel quai Voltaire[url=#sdfootnote1sym] [/url]dans le VII°

(http://www.paristoric.com/index.php/paris-d-hier/vestiges/2484-l-ancien-couvent-des-theatins?tmpl=component)

28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Capre22

(La révolution en fera une salle de bal puis elle deviendra Le Café des Muses, avant d’être détruite en 1821, il en reste le portail…)

Les trois consécrateurs sont aussi intéressants, comme d’autres fées sur ce nouveau berceau.



C’est en premier Nicolas de SAULX-TAVANES (1690-1759), évêque de Chalons en Champagne, futur archevêque de Rouen, protégé du cardinal de FLEURY, qui fut son propre consécrateur.



Il est un des promoteurs du gallicanisme qu’il défendit vivement à l’assemblée du clergé de 1715, il est alors premier aumônier de la Reine, sera Grand Aumônier de France en 1748 et cardinal en 1756….


C’est ensuite Charles de la ROCHE-AYMON (1697-1777), évêque de Tarbes, futur archevêque de Toulouse (1740), puis archevêque primat de Narbonne (1752) où il sera donc le métropolitain d’Armand, archevêque (non moins primat) de Reims (1762) et donc premier pair ecclésiastique du royaume, Grand Aumônier de France (1760), cardinal en 1771.



C’est lui qui extrémisera Louis XV en 1774, il avait marié le futur Louis XVI en 1770 et le sacrera en 1775.
(Il se disputeront pourtant si l’on en croit les Mémoires historiques de SOULAVIE (1801) à la mort de Louis XV: « l’évêque de Carcassonne voulait que le Roi fut administré, la concubine expulsée et que le Roi donnât un exemple de repentir à la France et à l’Europe chrétienne qu’il avait scandalisées. –De quel droit donnez-vous cet avis ? demandait le cardinal de la Roche Aymon. –Voilà mon droit, lui répliquait l’évêque de Carcassonne en détachant sa croix pectorale ; apprenez, Monseigneur, à respecter ce droit et ne laissez pas mourir notre Roi sans les sacrements de l’Église dont le Roi Très Chrétien est le fils aîné » . Cité dans MAHUL, t. V, p. 516)
Le troisième, Etienne POTIER de GESVRES (1697-1774), est évêque de Beauvais (et donc pair de France), c’est le cousin de SAULX-TAVANES, il sera cardinal en 1756.



Il luttera (y compris avec des lettres de cachet) contre les jansénistes. Lorsqu’il est devenu évêque le 30 mai 1728 Nicolas de SAULX-TAVANES et Charles de la ROCHE AYMON étaient ses co-consécrateurs.


Sachant qu’alors on choisit ses consécrateurs, ce n’est pas n’importe quels évêques qui imposent les mains à l’élu de CARCASSONNE.



On notera que lui pourtant ne quittera pas son diocèse, alors qu’une carrière brillante lui était assurée, et que ses consécrateurs sont gallicans mais qu’un, au moins, est adversaire des jansénistes.




Aussitôt ordonné Armand prend possession du siège par procureur.



La procuration, en blanc, est du 15 janvier, le chapitre désigne M. MALVE, l’un des deux vicaires capitulaires.



Au son des cloches, en habit de chœur, suivi des consuls en robe, « de plusieurs gentilshommes et bourgeois et d’une foule de peuple » il prend possession de la cathédrale, revient prêter serment au chapitre et processionnellement, revêtu de l’étole et de la chape « la plus précieuse » retourne à la cathédrale chanter le Te Deum.



Puis va à l’évêché –où les évêques ne résident plus- en prendre possession ainsi que des seigneuries dépendantes de l’évêché.


Le 21 janvier Armand de BEZONS prête serment de fidélité au Roi.

Reste à recevoir Sa Grandeur.



Normalement on doit envoyer une délégation du chapitre à NARBONNE pour l’accueillir, les consuls de la ville basse devraient s’y joindre.



L’évêque, pour éviter les frais, suggère un accueil à la limite du diocèse, à DOUZENS le 18 avril.



Finalement le nouvel évêque surprend tout le monde en arrivant de nuit le 16 avril.



Il est descendu, en basse ville, chez M. CASTANIER.



Prévenu le 17 au matin, le chapitre se rend en corps rencontrer l’évêque qui demande à être installé le 22 avril « et que pour cela il se rendrait en cité ». 


L’évêque y arrive en chaise à porteurs, on enchaîne les harangues, le pontife est conduit à la cathèdre où les chanoines, debout, lui baisent la joue gauche, les moindres clercs baisant, à genoux, la main.


On va à la sacristie où l’évêque, portes fermées, prête le serment d’observer les us et coutumes et les droits de l’Eglise de Carcassonne et du chapitre.



Au palais désert il prend possession des seigneuries et propriétés, il revient à Saint-Nazaire dire la messe (basse)…



On note que les consuls ont dû emprunter le poêle (le dais) au chapitre pour l’occasion…
[url=#sdfootnote1sym][/url]
(Sur tout ce qui concerne ces épisodes, voir: Annales…. Op. cit. p. 226-2332, et MAHUL, t. V, p. 511-513)


Il ne reste plus qu’à se mettre au travail.


28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Capure42
De l’évêque on a deux portraits peints, dont celui qui orne l’affiche de cette conférence, où on voit son fin visage aristocratique avec sa perruque ecclésiastique posée sur sa tête rasée, portraits d’où procèdent tous les autres.


Mais on a aussi un portrait écrit, après sa mort, il est vrai, par un capucin de Notre –Dame -de-l’Abbaye.


On nous l’y présente ainsi: « Très bon caractère, d’un abord facile, familier même, d’un cœur généreux et compatissant […] grand aumônier […] A certains moments il était d’un air fort enjoué, aimant les bons mots, une plaisanterie de parole ou d’action à propos ne lui déplaisait pas… »


L’homme vit simplement: « sa table assez frugale pour de si grands revenus, personne n’y était gêné ».


Mais il est assez rigide et peut se montrer hautain: « avec des mœurs pures mais trop austères, pour lui-même et les autres, un rigorisme outré lui faisait trop facilement croire le crime d’autrui […] il était la terreur de son clergé séculier »

Quant aux « religieux en général dont il ne fut jamais fort amateur [ils] ont éprouvé plus d’une fois des reproches dictés par son humeur altière… ».


Mais eux, qui ne dépendent pas totalement de lui, ne se laissent pas faire: » une réponse sèche, mais donnée à propos, était un moyen raccourci de l’humaniser et de le faire revenir de sa prévention »

Or ses préventions sont attribuées à son entourage: « le choix qu’il fit de quelques vicaires généraux, qui ne connaissaient que le métier de rapporteur, autant pour le faux que pour le vraisemblable, lui faisait faire des fautes qui marquaient son peu de génie ». « Mais si ces gens qui l’entouraient lui faisaient faire des fautes, son humeur altière savait bien s’en revancher sur eux; les plus durs reproches, les réprimandes amères, la religion les lui dictait assez dès qu’il était revenu de la surprise ou de sa bonne foi abusée ».(MAHUL, t. V, p. 518-519)


En fait ce portrait qui est tout sauf naïf, quoi qu’en dise MAHUL, dépeint bien l’aristocrate amène mais sûr de son rang, l’évêque rigoriste, élève des oratoriens, n’aimant pas les religieux, sinon ceux qui ont une activité sociale: santé ou éducation, tenant les moines, et d’une façon moindre les chanoines, pour des parasites qui déconsidèrent la religion: « Son règne, qui dura 47 ans, ne fut pas le siècle heureux des cloîtres, car on pouvait assurer qu’il inspirait à ses ecclésiastiques de ne pas leur donner leur confiance » (Id., t. V, p. 429.) enfin un homme qui s’est entouré de collaborateurs non moins rigoristes qui, nécessairement, sont détestés par ceux qui n’appartiennent pas à cette façon de vivre et en font le frais.

Pour ses vicaires généraux, selon les usages du temps, il choisit des parents à mettre en selle pour l’épiscopat ou des figures locales.


Il a maintenu un vicaire général de ROCHEBONNE, Jacques FIGEAC qui mourra en charge à 91 ans en 1760.


Puis parmi ceux dont on peut suivre la carrière on aura un profil cohérent avec le rigorisme jansénisant de l’évêque.


Ainsi Guillaume DU PAC DE BELLEGARDE, frère de l’historien du jansénisme, Gabriel, qui vit réfugié à Utrecht d’où il propage la lutte contre la bulle Unigenitus et défend la tradition de Port-Royal[url=#sdfootnote3sym][/url]. (Id. p. 520)

Ou Charles de ROGER de CAHUZAC de CAUX, un local, qui sera évêque d’Aire, refusera sa démission lors du Concordat et communiquera avec la Petite Eglise, de couleur si rigoriste, jusqu’à la Restauration[url=#sdfootnote4sym][/url]. (Bernard de BRYE, Consciences épiscopales en exil, Cerf, 2004, p.393)

Ou encore Louis- Henri de BRUYERE-CHALABRE qui, évêque de Saint-Pons, favorisa le courant richériste défendu par le supérieur du séminaire, Alexandre Rouanet, futur évêque constitutionnel de l’Hérault[url=#sdfootnote5sym][/url].

([size=13]R. DARRICAU in G. MATHON et G-H BAUDRY (sous la direction de), Catholicisme, Letouzey et Ané, fascicule 61, 1992, col 575)
[/size]

Ou encore Antoine LECLERC de JUIGNE, futur évêque, fort rigoureux, de Châlons, que la Révolution trouvera évêque de Paris et manquera de lyncher[url=#sdfootnote6sym][/url]. (J. LEFLON, Ib. Fascicule 26, 1966, col. 1209-1210)

Enfin Guillaume BESAUCELE, ce Carcassonnais austère et intègre qui sera le premier évêque de l’Aude et se fera enterrer au pied du tombeau de M. de BEZONS, sous une pierre anonyme more jansenistorum.

28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons Capre23

Tous auront le même mode de vie qu’Armand de BEZONS: évêques de terrain, à la charité incommensurable, à la doctrine rigide, à la tendance augustinienne appuyée.


Un monde en changement


Les quarante-sept ans d’épiscopat de Mgr de BEZONS se déroulent dans une période de changements vertigineux pour l’Europe, pour le Languedoc, dans les domaines politiques, économiques, intellectuels et religieux…



L’année même où il devient évêque, son quasi contemporain, VOLTAIRE, si celui-ci a sept ans de plus que lui, il mourra vingt jours après lui, publie clandestinement son Histoire de Charles XII et trois ans après ses Lettres anglaises dont LANSON estimera qu’elles sont « la première bombe lancée contre l’ancien régime »[url=#sdfootnote1sym][/url].
(Gustave LANSON, Voltaire, 1906, cité sur l’édition de 1960, p. 52)

C’est dans un monde en mutation profonde que va se dérouler l’épiscopat. La France qu’un méridional, Hercule de FLEURY, gouverne, connaitra au long du règne de Louis XV un renouveau démographique, surtout en ville, en dépit des épidémies cycliques ou endémiques (paludisme, variole, tuberculose…) et d’un contrôle des naissances qui se répand à partir des années 1760.



Le pays gagne cinq millions d’habitants. En LANGUEDOC c’est la croissance des villes: CARCASSONNE va passer de 6750 habitants dans les années 1730-1740 à 9500 à la veille de la Révolution.[url=#sdfootnote2sym][/url]

(Philippe WOLFF (sous la direction), Histoire du Languedoc, Privat, 1967, p.381)

Les progrès de la médecine et de l’hygiène (mais en LANGUEDOC ils seront lents à venir (Histoire du Languedoc, op. cit., p.389 et sq.), la fin des famines (mais pas des disettes), y ont contribué.



Le monde rural largement majoritaire, s’il demeure très en retard sur l’agriculture anglaise qui se développe et innove, c’est l’époque de l’extension des enclosures, connait un progrès agricole indiscutable.


Malgré un climat languedocien difficile.


Les cultures s’étendent, à VILLEMOUSTAUSSOU par exemple « qui remet progressivement en valeur les 61 hectares de biens abandonnés en 1713 »[url=#sdfootnote4sym][/url] (Id. p. 393), et surtout les rendements augmentent.


C’est aussi, en Languedoc l’extension du vignoble surtout après l’abolition, en 1759, des restrictions posées par le pouvoir politique soucieux, jusque- là, de défendre les cultures vivrières.



Les techniques s’améliorent et le nouveau port de SETE favorise l’exportation vers le nord de l’EUROPE.


Les ports et le trafic maritime se déploient, particulièrement MARSEILLE dont dépend la prospérité carcassonnaise, spécialement pour ce qui regarde les 50 à 80 fabriques de draps de la ville, qui supporte tout ce qu’on appelle la montagne de Carcassonne, débordant le diocèse des pentes de la Montagne noire au Limouxin, du rebord du Minervois au pays de Lagrasse.



Une industrie qui pousse les Carcassonnais vers l’empire ottoman où certains s’installent et prospèrent, au CAIRE, à SMYRNE ou CONSTANTINOPLE où vont naître deux futurs petits diocésains de M. de BEZONS, les frère André et Marie- Joseph CHENIER.



Mais en 1774 une série de faillites à MARSEILLE ébranlent le système déjà fragilisé, prémisses de la crise qui, à partir de 1785, va clore l’époque heureuse.



Entre 1750 et 1783 le nombre des fabricants diminue de plus de moitié (de 35 à 15).



Les années 60 voient apparaître une industrie lourde et un regain de l’exploitation des mines de charbon comme à CAMPLONG.



Cependant c’est l’industrie textile qui demeure prépondérante.



La perte du CANADA et de l’INDE n’affectera pas ces embellies économiques où le commerce international quadruple de volume tandis que le trafic colonial décuple.



Mais, du coup, l’innovation technique stagne.



Dans ce monde, où la richesse foncière prévaut, le niveau de vie augmente pour toutes les classes de la société à l’exception de nombreux ouvriers travaillant de leurs mains et souvent à la journée: les brassiers


C’est donc aussi une nouvelle société qui apparaît: mieux scolarisée où l’illettrisme recule.



La scolarisation des filles, par les congrégations religieuses enseignantes, est en marche mais à petits pas.



L’éducation des classes populaires progresse malgré l’opposition  des classes plus aisées qui pensent que: « les écoles ne sont remplies que des enfants de la lie du peuple à qui il conviendrait mieux d’apprendre les travaux de la terre que de savoir lire et écrire »[url=#sdfootnote1sym][/url]

(Id.p. 418. Il s’agit du refus des consuls de Lunel adressés à l’évêque de Montpellier, mais cela se trouve partout. C’est d’ailleurs l’avis de Voltaire)

La vie privée s’organise, en ville la diffusion du couloir et la spécialisation des pièces fait surgir une nouvelle conception de l’intimité tandis que par ailleurs se développent les règles de civilité.



Mais du coup, plus cultivés les citoyens ont tendance à s’organiser, plus autonomes ils sont plus difficiles à contrôler.



Les mœurs s’en ressentent dont témoigne l’augmentation des naissances hors mariage.



Les tensions politiques s’exacerbent: tension entre le roi et les parlements, entre la noblesse et le Tiers-Etat, revendications régionalistes (le roi suspend les États de Languedoc de 1750 à 1752 (Baron TROUVE, Essai historique sur les États généraux de la province de Languedoc, Paris, 1818, t. I, p. 527[url=#sdfootnote2sym][/url]), entre le roi et l’armée.



C’est donc le commencement du règne de la police….



La noblesse se lance dans les affaires (désormais non dérogeantes) et se prépare à renverser l’absolutisme en s’appuyant sur la grande bourgeoisie qui se conçoit comme l’expression même de la nation.[url=#sdfootnote3sym][/url]
(Sur tout ce passage: Philippe ARIES, L’enfant et la vie familiale sous l’ancien régime, Seuil, 1973; Jacques DUPAQUIER, la population française aux XVII° et XVIII° siècles ,PUF, 1979; Pierre CHAUNU, La civilisation de l’Europe des Lumières Arthaud,1971 et tant d’autres…)

Mais ce qui va contribuer à compliquer ces tensions et à déstabiliser l’Église c’est la crise autour de la bulle Unigenitus.



Arrachées au pape par le roi, la fermeture de Port-Royal et la condamnation du livre de QUESNEL: Abrégé de la morale du Nouveau Testament français avec des réflexions morales sur chaque verset avaient soulevé l’indignation du clergé.



Le roi exige une nouvelle bulle, ce sera fait le 08 septembre 1713.



Elle est récusée par le régent (1717) qui a besoin de l’appui des parlements majoritairement favorables au jansénisme, quatre évêque en appellent à un concile.



Un parti se constitue regroupant des courants hétéroclites (jansénistes, richéristes, parlementaires…)



FLEURY fait recevoir la bulle comme loi du Royaume (24 mars 1730) dans un lit de justice houleux qui met définitivement les parlements en opposition.



C’est d’ailleurs au cours de la première crise de 1730 à 1732 qui oppose le Parlement de Paris à la Couronne qu’intervient la nomination d’Armand de BEZONS.



FLEURY qui gère la feuille des bénéfices décide de ne plus nommer que des évêques du Tiers-parti: augustiniens rigoureux ils se tiennent à l’écart des convulsionnaires mais rejettent les constitutionnaires[url=#sdfootnote4sym][/url].

(Émile APPOLIS, Entre Jansénistes et Zelanti: le Tiers –parti, Piccard, 1960, du même auteur: Entre Jansénistes et constitutionnaires: le Tiers parti, in Annales, 1951, n° 6-2, pp. 154-171. Je n’ai pu consulter son article: Armand Bazin de Bezons, un prélat du Tiers parti)

Une forte répression s’abat sur les opposants qui du coup se regroupent en parti avec un journal: Les nouvelles ecclésiastiques (1728).



En 1756 Benoît XIV ramènera une paix relative mais le combat est désormais passé dans le camp politique.



Ce sera la suppression des jésuites en 1773, première victoire du parti des Lumières qui est l’héritier des jansénistes avant la vraie victoire de la Révolution.



Dans cette affaire Armand de BEZONS a certes signé le formulaire d’adhésion à la bulle mais il reste un opposant à celle-ci: en 1765 avec MONTAZET de Lyon et les évêques de LESCAR et d’ALES, il s’opposera à la déclaration de soutien à la bulle faite par l’Assemblée du clergé[url=#sdfootnote5sym][/url] (MAHUL, t. V, p. 515)


[url=#sdfootnote4anc][/url]

[url=#sdfootnote6anc][/url]


[url=#sdfootnote1anc][/url]
[url=#sdfootnote2anc][/url]


[url=#sdfootnote1anc][/url]
[url=#sdfootnote2anc][/url]

_________________
28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons C_icgp11
👑    👑   👑
   ⚜king
Revenir en haut Aller en bas
http://louis-xvi.over-blog.net/
 
28 mars 1730: Mgr Armand Bazin de Bezons
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» 20 mars 1730: Armand BAZIN de BEZONS
» 30 mars 1701: Armand Bazin de Bezons
» 08 octobre 1721: Jean-Baptiste-Armand Bazin de Bezons
» 13 mars 1730
» 1er mars 1730

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Boudoir de Marie-Antoinette :: Au fil des jours :: 1721-1730 :: Mars-
Sauter vers: