Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 09 février 1717

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yann sinclair

yann sinclair


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MessageSujet: 09 février 1717   09 février 1717 Icon_minitimeMar 12 Nov - 15:14



Le marquis de Villequier, fils du duc d'Àumont, fit il y a quelques jours une visite à la marquise de Nesle. Il vint dans la tête de celle-ci de lui demander s'il était vrai qu'il était amoureux de sa femme. Villequier répondit: «Je n'en suis pas amoureux; je la vois même fort peu; nos humeurs diffèrent beaucoup : elle est sérieuse, et moi j'aime la gaieté et les plaisirs. Je l'aime d'une amitié fondée sur l'estime, car c'est une des plus honnêtes femmes de France. » Madame de Nesle à laquelle on ne peut donner pareils éloges, crut que le marquis voulait lui faire un affront, et s'en plaignit à M. le Duc, qui lui promit de la venger. Quelques jours après, il invita le jeune Villequier à dîner chez le marquis de Nesle même; il y avait, outre madame de Nesle, le marquis de Gèvres, madamede Coligny et d'autres. Pendant le dîner, M. le Duc commença tout à coup à dire ainsi: « Bien des gens croient être à couvert du cocuage, mais c'est une erreur. J'ai cru me mettre à l'abri, en épousant un monstre : cela ne m'a servi de rien, car un vilain Du Challar, plus laid que moi, me fait cocu. Pour le marquis de Gèvres, il ne le deviendra point, parce qu'étant impuissant, il ne saurait se marier; mais vous (à M. de Nesle), vous l'êtes de tel et tel, etc. » Nesle, qui ne le croyait pas, quoique cela soit très-vrai, se mit à rire de tout son cœur; puis, s'adressant àVillequier, il lui demanda: « Et vous, ne croyez-vous pas l'être, Villequier? » Celui-ci se tut. M. le Duc continua: « Vous l'êtes du chevalier de Pesay. » Villequier rougit; cependant il dit: «J'avoue que, jusqu'à présent, je n'ai pas cru l'être, mais, puisque vous me mettez en si bonne compagnie, je n'ose m'en fâcher. » Je trouvai que madame de Nesle n'avait pas été bien vengée.
1 Le marquis de Gèvres a dû une célébrité fâcheuse à l'étrange procès que lui intenta sa femme, pour cause d'impuissance, procès dont les pièces recueillies à Rotterdam, en 1714, remplissent deux volumes formés de neuf cents pages. Il avait épousé M"0 Maserani, fille d'un maître des requêtes, extrêmement riche. Saint-Simon parle de ce procès qui amusa tout Paris, t. XIX, p. 74, t. XXI, p. 136. Le père du marquis, le duc de Gèvres, renchérissait sur le laisser-aller de l'époque en fait d'ortho

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