Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !

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Therese Belivet
globule
Chakton
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Chakton

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MessageSujet: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeSam 7 Déc - 9:23

Enfin ! L'oeuvre de Corigliano à Versailles ! Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! 405462

Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! 4704-l10

  • NOUVELLE PRODUCTION - PREMIÈRE EN FRANCE

    Et si Beaumarchais parvenait à modifier le passé des victimes de la Révolution ? Réunis au purgatoire, les fantômes de Versailles, au premier rang desquels Marie-Antoinette et Louis XVI, attendent avec impatience sa nouvelle pièce qui leur rendra justice. L'objectif est clair : en empêchant l'affaire du Collier de la Reine, Beaumarchais se fait fort de sauver Marie-Antoinette ! Et voici le Comte Almaviva, le fameux Figaro, mais aussi Rosine et Chérubin, tous plongés dans une intrigue à rebondissements dont le but est de faire disparaître le splendide et funeste collier, objet de mille péripéties car les espions de la Révolution n'ont de cesse de le récupérer ! Mais la situation échappe à son créateur, et Beaumarchais doit lui-même entrer en scène et s'impliquer dans le procès de la Reine pour tenter de sauver Marie Antoinette - dont il est amoureux...

    Avec un brio assumé, la musique navigue entre Mozart et Rossini, entre dramma giocoso et sujet historique, mais emporte avant tout les spectateurs dans un opéra inattendu, dont cependant tous les personnages nous sont familiers ! Les fantômes de Versailles sont bien là, et vont accomplir à nouveau leur destin... Cet opéra unique en son genre fut en 1991 l'événement du Metropolitan Opera de New York, qui l'avait commandé pour fêter son centenaire au compositeur John Corigliano et au librettiste William Hoffman. Triomphe à la création, Les Fantômes de Versailles furent repris par plusieurs opéras aux États-Unis avec un succès permanent, et se devaient d'arriver finalement sur la scène de l'Opéra Royal de Versailles, pour laquelle sans doute Beaumarchais avait écrit cette histoire à remonter le temps... Pour parvenir à cette Première en France, Château de Versailles Spectacles s'est uni au Festival de Glimmerglass dirigé par Francesca Zambello, pour une coproduction présentée cet été 2019 à Glimmerglass puis cet automne à Versailles. C'est aussi l'occasion d'inaugurer l'Orchestre de l'Opéra Royal, qui officiera dans la fosse pour ce spectacle emblématique de la saison anniversaire des 250 ans. Marie-Antoinette saura-t-elle échapper à son destin ? Vous avez rendez-vous avec son fantôme, à Versailles !


Distribution
Teresa Perrotta Marie-Antoinette
Jonathan Bryan Beaumarchais
Kayla Siembieda Susanna
Ben Schaefer Figaro
Brian Wallin Comte Almaviva
Joanna Latini Rosina
Peter Morgan Louis XVI
Christian Sanders Patrick Honoré Bégearss
Emily Misch Florestine
Spencer Britten Léon

Orchestre de l’Opéra Royal
Joseph Colaneri Direction musicale
Jay Lesenger Mise en scène
Eric Sean Fogel Chorégraphie
James Noone Scénographie
Nancy Leary Costumes
Robert Wierzel Lumières

Plus d'infos sur le site du Château
https://www.chateauversailles-spectacles.fr/programmation/corigliano-les-fantomes-de-versailles_e2145

Je vais évidemment suivre et vous donnerai plus d'infos au fur et à mesure. Je suis tout fou. tongue

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeSam 7 Déc - 9:32

Dis Chakton, tu l'avais déjà annoncé dans le topic sur Corigliano. Wink
https://maria-antonia.forumactif.com/t5260-the-ghosts-of-versailles-opera-de-john-corigliano

Mais je comprends que tu as voulu faire un topic spécial vu l'importance de l'évènement. Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! 914132
Du coup ok on continue comme ça. Wink

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Chakton

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeSam 7 Déc - 10:06

globule a écrit:
Dis Chakton, tu l'avais déjà annoncé dans le topic sur Corigliano. Wink
https://maria-antonia.forumactif.com/t5260-the-ghosts-of-versailles-opera-de-john-corigliano

Oho ? Es ist wirklich wahr.  tongue
Je ne viens plus assez souvent dans le forum (pas le temps) sorry.

globule a écrit:
Mais je comprends que tu as voulu faire un topic spécial vu l'importance de l'évènement.  
Du coup ok on continue comme ça. Wink

OK d'ac. Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! 549919 ça vaut bien un fil à part.

Il va y avoir plein d'articles et on commence par les meilleurs. Ôlyrix.  
Déjà leur titre Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! 921108

Les Fantômes de Versailles reviennent (enc)hanter leur Château


  • The Ghosts of Versailles, opéra composé par John Corigliano sur un livret en anglais de William M. Hoffman, créé en 1991 pour les 100 ans du Met à New York, vient pour la première fois en France (mis en scène par Jay Lesenger), bien évidemment au Château de Versailles où se déroule son action : Beaumarchais, Marie-Antoinette et Louis XVI sont réunis au purgatoire, mais le célèbre auteur propose de sauver le couple Royal. Comme s'il était condamné à sauver les aristocrates dont il dénonçait les privilèges dans ses pièces, pour changer leur destin et réécrire l'Histoire, il va réécrire ses propres histoires et remettre en scène le Comte et la Comtesse Almaviva, Figaro, Suzanne et autres personnages issus de sa fameuse trilogie (Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro et La Mère coupable). Ils doivent revivre leurs aventures durant l'époque révolutionnaire, tout en trouvant des preuves ou un stratagème permettant d'innocenter Marie-Antoinette (notamment en faisant récupérer par un Figaro qui deviendrait étonnamment royaliste, le fameux Collier de la Reine, ayant causé un scandale, voire précipité la chute du couple royal).



    Les trois héros-fantômes (Beaumarchais, Marie-Antoinette et Louis XVI) accompagnés d'une poignée de leurs courtisans sont à l'avant-scène, devant un rideau. Beaumarchais le fait écarter en dramaturge qu'il est, présentant ses personnages, dévoilant une série de tableaux ordonnancés en différents niveaux de profondeurs par les lumières de Robert Wierzel, avec figurants et danseuses (chorégraphies signées Eric Sean Fogel). Chaque tableau vivant est un opéra miniature avec un épisode de l'intrigue-stratagème, très riches costumes (griffés Nancy Leary), décors (n'hésitant pas à assumer l'apparente simplicité du théâtre de tréteau, touche artisanale devant la modernité de grands tableaux projetés en fond de scène par vidéo) et toutes ses couleurs musicales. La partition enchaîne ainsi des petites noces de Figaro à la Mozart, un mini-Barbier de Séville Rossinien, ou encore un opéra exotique. Les références et inspirations musicales avancent encore dans le temps avec des couleurs impressionnistes françaises (accords puisés chez Debussy, citations de Ravel certes aussi subtiles que les nombreuses allusions à des épisodes historiques ou littéraires parsemant cet opéra), puissances romantiques et post-romantiques allemandes. Le sonore se marie constamment au scénario et au visuel, une Walkyrie vient même sur scène dans sa tenue typique, aussi explicite et littérale que l'harmonie wagnérienne qui émane alors de la fosse. Les grands épisodes vocaux féminins rappellent l'immensité vocale du Strauss dramatique (Salomé, Elektra). Strauss est aussi une référence pour le processus scénique, le spectacle dans le spectacle, un public sur scène (comme dans Capriccio ou Ariane à Naxos). Ce procédé renforce de surcroît la fascination du public dans la salle qui s'identifie au public sur la scène, suit ses applaudissements, ses émerveillements et ses peurs. Beaumarchais et les aristocrates sont en effet immergés dans l'action puisqu'ils y risquent leur destin, leur tête. Ils sont bientôt immergés littéralement : Beaumarchais voyant son scénario lui échapper, ses acteurs se révolter, il franchit le rideau sur la scène et rentre dans son œuvre. Il semble d'abord en contrôler la destinée et manipuler ses personnages mais tout se retourne contre le créateur et il devient littéralement prisonnier de son spectacle, puis les aristocrates avec lui. Fort heureusement, la ruse de ses deux enfants chéris, Figaro et Susanna (qui n'hésitent jamais à user de stratagèmes sensuels, spirituels ou de coups de bâton) sauve l'ensemble des personnages (ceux de l'histoire de France comme ceux des pièces de Beaumarchais) du cachot révolutionnaire et par là-même du purgatoire.

    Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Top-le26
    :copyright: Karli Cadel/The Glimmerglass Festival


    La virtuosité de cette histoire qui superpose des plans si différents se retrouve dans la partition et l'interprétation musicale. À l'image de Beaumarchais narrateur revisitant le passé en une suite harmonieuse de tableaux (et rêvant même d'un futur utopique), la musique contemporaine qui sert d’abord à la narration (avec un parlé lyrique très expressif) introduit des musiques classiques, puis elles se mêlent ensemble pour progressivement fusionner. Les fantômes renaissent ce soir dans leur demeure Versaillaise, et pour un événement de marque : pour faire naître le tout nouvel Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles. Pour sa toute première prestation, cet ensemble peut déployer une immense richesse de timbres, avec des instruments occupant tout l'espace de la fosse. L'Orchestre symphonique lève des accords royaux et un contrepoint impeccable (fatiguant seulement en fin de soirée malgré l'attention constante et toujours précisément investie du chef Joseph Colaneri). La richesse est aussi dans les modes de jeu, à l'image générale de cette partition : depuis les accents baroques jusqu'aux effets contemporains bruitistes. Les pupitres des percussions sont très fournis, rythmant aussi bien les arias et ensembles que l'action sur scène et le chanté-parlé. Les récitatifs secs sont ponctués par la harpe délicate, les continuos portés au piano tandis que les interludes de Terreur vibrent au son d'un clavier électronique vrombissant.

    Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Top-le27
    Peter Morgan & Jonathan Bryan - Les Fantômes de Versailles
    (© Karli Cadel/The Glimmerglass Festival)



    La palette des richissimes voix solistes, sait tout autant marier des styles trempés. Chaque rôle doit balayer son registre, parcourir le spectre de ses hauteurs et nuances avec une prononciation impeccable. Jonathan Bryan en Beaumarchais a la voix de stentor qui sied à son caractère de démiurge : c'est lui le maître de l'histoire, le roi des intrigues. Bien davantage que Louis XVI auquel Peter Morgan n'en prête pas moins une voix royale, qui ne cède à personne quant aux graves, au souffle, à la noblesse de la ligne. Sa prestance est royale, à l'image de sa voix assise, comme sur un trône. Marie-Antoinette se doit d'offrir une performance royale à ce personnage historique et à cette partition qui exige un grave crépusculaire (pour monter sur l’échafaud) puis, parfois dans le même air immense, un aigu de colorature. Pour ce faire, la projection vocale de Yelena Dyachek est aussi sûre que le Destin inexorable qu'elle incarne puissamment.


    Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Top-le28
    Yelena Dyachek
    (© Karli Cadel/The Glimmerglass Festival)



    Brian Wallin chante le Comte Almaviva, voix enracinée et accentuée mais qui sait aussi s'alléger vers l'aigu de haute-contre : une diversité de registres vocaux qui se traduit aussi par quelques instabilités dans la ligne, mais cela traduit aussi l'hypocrisie du personnage (reprochant à la Comtesse une infidélité dont il est également coupable), rendue nette comme son articulation. Rosina a bien mûri depuis les versions de Mozart et da Ponte (Les Noces de Figaro en 1786) et Les Barbiers de Séville (par Rossini & Cesare Sterbini en 1816, ou Paisiello & Petrosellini en 1782). Joanna Latini déploie pour elle une voix large comme les arceaux de sa robe aristocratique, aussi profonde et parfois sombre que sa couleur bleutée. Susanna aussi a désormais une voix extrêmement large : Kayla Siembieda architecture d'immenses lignes. Le soutien est abreuvé de souffle et d'appui, tout en sachant naviguer sur les vocalises.

    Le couple de jeunes premiers, tendres amants, Florestine et Léon (les deux enfants qu'ont eus respectivement et séparément le Comte et la Comtesse) doivent eux aussi asseoir une très large palette vocale, même dans la fraîcheur vibrionnante d'Emily Misch et la suave clarté d'un très jeune gentilhomme passionné, Spencer Britten (deux jeunes voix déjà bien repérées outre-Atlantique : par New York pour la soprano et Montréal pour le ténor). Ben Schaefer a la complexe mission d'incarner Figaro, comme un fils jumeau de Beaumarchais. Il porte vocalement les différents styles de cet opus qui se définit comme un "grand opéra buffa", avec le déploiement très lyrique du Grand Opéra à la française mais au service d'une agilité et d'un humour (omniprésent) bouffon, ou quand la commedia dell'arte chante bel canto.

    Pour cette terrible histoire, il fallait un affreux méchant : le comploteur voulant faire tomber les héros de Beaumarchais avec Louis XVI et Marie-Antoinette en devenant chef de la Terreur. Il est incarné par Christian Sanders avec une noirceur constante et totale, de son costume à sa voix sombre, sinueuse dans les couplets, fouettée par-dessus les cuivres (même s'il n'atteint pas le volume nécessaire pour percer la fosse comme Scarpia dans le Te Deum). Son Credo rappelle Iago, reniant Dieu et les hommes, ici pour glorifier le ver (même coupé en deux il vit encore : qualité fort utile du temps de la guillotine. Le grave doit aussi monter vers des aigus lyriques, appuyés mais que son interprète sait aussi alléger vers un parlé sinueux (au soutien intermittent).

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    :copyright: Karli Cadel/The Glimmerglass Festival


    Beaumarchais, ses fictions et les opéras qu'il engendre ce soir auront ainsi changé le cours de l'Histoire. Marie-Antoinette sait pourtant que son destin est scellé et elle décide, dans un retournement final et alors que sauvée, d'aller vers son sacrifice. Ou plutôt de regarder son double marcher vers le fond de scène et monter à l'échafaud entre les têtes sur des piques, rappelant la fin d'Andrea Chénier ou une Carmélite. Le rideau se baisse, pudique, avant que ne retentissent le couperet tranchant suivi par une Marseillaise. Mais ce n'est que le premier rideau qui s'est baissé et il reste donc devant lui Marie-Antoinette et Beaumarchais qui s'embrassent amoureusement, sous les acclamations du public versaillais retrouvant enfin ses fantômes.

    Par Charles Arden

https://www.olyrix.com/


Que des éloges. Entrez donc dans le monde des fantômes.  affraid

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globule
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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeSam 7 Déc - 10:14

Charles Arden a écrit:
Marie-Antoinette se doit d'offrir une performance royale à ce personnage historique et à cette partition qui exige un grave crépusculaire (pour monter sur l’échafaud)

un grave crépusculaire

magistral Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! 914132 Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! 914132

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Therese Belivet

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeDim 8 Déc - 9:03

Bonjour les garçons. Wink J'ai trouvé pour ma part, une opinion moins élogieuse.


  • L'Autrichienne au bardo

    Par Laurent Bury

    Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! 4151-g10


    Parmi la vaste production littéraire américaine de ces dernières années, l’un des romans les plus curieux est peut-être Lincoln au bardo, dans lequel George Saunders imagine la logorrhée et les dialogues de sourds auxquels se livrent tous les spectres flottant dans l’équivalent tibétain du purgatoire et présents en février 1862 dans le cimetière où Abraham Lincoln vient se recueillir sur la tombe de son jeune fils.

    Ce genre de fantaisie un brin macabre était déjà à l’honneur aux Etats-Unis il y trente ans et davantage, puisqu’elle est à la source de l’opéra The Ghosts of Versailles, créé au Met en 1991 au terme d’une longue gestation. Le compositeur John Corigliano, né en 1938, livrait alors son unique opéra, mais on annonce que son second opus lyrique scénique, The Lord Cries, sera créé à Santa Fe à l’été 2021 avec Anthony Roth Costanzo dans le rôle-titre.

    Un peu comme Antony and Cleopatra de Samuel Barber n’a pu survivre à sa création au Met qu’au prix d’une révision drastique pour en donner une version moins fastueuse mais plus jouable, John Corigliano a également revu et corrigé sa partition après 1991, l’a raccourcie et allégée. Cette version courte dure 2 heures et 20 minutes, ce qui n’est déjà pas mal. Et l’intrigue reste particulièrement dense en rebondissements. Le librettiste a imaginé la cour de Louis XVI dans les limbes, et surtout Marie-Antoinette se morfondant, bien qu’aimée de Beaumarchais qui imagine, pour la distraire, de lui montrer son nouvel opéra, inspiré de La Mère coupable, mais où il est question du célèbre Collier de la reine, et où le dramaturge est amené à intervenir lui-même dans l’action, le créateur se révélant à ses créatures. A la fin, les aristocrates n’échappent pas à la lanterne, mais « Antonia » – puisque le prénom Antoinette devait mal sonner aux oreilles étasuniennes – déclare son amour d’outre-tombe à son soupirant roturier.

    A part le magnifique monologue de la reine, situé à la toute fin de l’œuvre et dont Renée Fleming avait enregistré une version fort émouvante, on avouera ne jamais jusque-là avoir entendu l’œuvre dans son intégralité, malgré l’existence d’une version discographique récente. Ce qui étonne avant tout le spectateur de Ghosts of Versailles, donné à Versailles, c’est la mosaïque de styles à laquelle procède John Corigliano. Quand le rideau se lève, on est agréablement surpris car on sent que l’on a bel et bien affaire à de la musique d’aujourd’hui, qui recherche des combinaisons de timbres sans forcément irriter l’oreille. Mais dès que Beaumarchais commence à faire voir sa pièce au couple royal, on bascule dans le pastiche, avec pseudo-récitatifs et pseudo-airs de coupe vaguement mozartienne. Cet à-la-manière-de dure bien plus que le reste, c’est un peu dommage, et n’est interrompu que par un autre exercice de style, lui aussi un rien longuet, quand la réception à l’ambassade de Turquie donne lieu à un numéro orientalisant. Après l’entracte, l’intrigue se resserre un peu, la musique cède moins aux sirènes passéistes, et comme on le disait, l’œuvre se termine par un air superbe.

    La mise en scène de Jay Lesenger distingue bien l’univers (blanc) des spectres et le monde (franchement bariolé) du théâtre, et la légèreté des décors permet des enchaînements rapides. Le livret ne permet pas vraiment aux personnages d’avoir de la consistance, soit parce qu’ils sont spectraux, soit parce qu’ils se réduisent à des stéréotypes. C’est surtout regrettable pour le méchant de l’histoire, Bégearss, dont la vilénie apparaît d’abord de façon assez peu subtile. Christian Sanders est malgré tout un interprète doté d’une énergie convaincante, et son « air des rats » frappe au moins autant, sinon davantage que son « air du ver ». Remplaçant Yelena Dyachek, Teresa Perrotta compose une Marie-Antoinette mélancolique à souhait : on aimerait parfois un aigu plus épanoui, mais le monologue final est fort bien rendu. Lors de la création du spectacle, cet été à Glimmerglass, elle n’était qu’un des personnages secondaires de la cour, mais son aisance dans le rôle de la reine ne le laisse guère soupçonner. A ses côtés, Jonathan Bryan est un Beaumarchais plein d’autorité. Les autres protagonistes ont la solidité nécessaire à tenir leur rang dans les nombreux ensembles que compte l’œuvre ; à signaler toutefois un certain manque d'extrême grave chez Samira la chanteuse égyptienne – rôle tenu peut-être par Gretchen Krupp, comme à Glimmerglass, mais le programme ne le précise pas – et la relative acidité des notes les plus aiguës d'Emily Misch (Florestine).

    Dans la fosse, Joseph Colaneri, directeur musical du festival de Glimmerglass, impose une rigueur imparable pour cette partition dont les moments d’apparente confusion (le final du premier acte, par exemple) n’en sont pas moins savamment organisés. Et bravo au tout nouvel Orchestre de l’Opéra Royal, formé pour l’occasion, et qui distille avec finesse toute la diversité de couleurs voulue par John Corigliano.
    https://www.forumopera.com/les-fantomes-de-versailles-versailles-lautrichienne-au-bardo


Le moins qu'on puisse dire, c'est que le scénario comme les sonorités ont l'air pour le moins inhabituels.

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elois

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeDim 8 Déc - 9:09

Therese Belivet a écrit:
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le scénario comme les sonorités ont l'air pour le moins inhabituels.

Rendez-vous compte par vous-même avec ce medley.



Ce fut pris au LA Opera en 2014/15, mais on peut raisonnablement penser que si modifications il y eut, elles furent minimes.


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Therese Belivet

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeDim 8 Déc - 9:16

Merci, mais il y eut des changements entre 2015 et aujourd'hui, selon cet article. Wink


  • Un opéra en création française à Versailles? Il fallait oser et Laurent Brunner l’a fait! En s’associant au prestigieux festival de Glimmerglass, situé dans l’Etat de New York entre Syracuse et Albany, où Les Fantômes de Versailles de John Corigliano (né en 1938) ont été présentés cet été, l’Opéra de Versailles nous permet de découvrir la musique d’un compositeur régulièrement fêté en son pays avec de nombreux prix (Pullitzer, Grammy Awards, etc), mais plutôt méconnu en Europe. Commandés pour fêter le centenaire de l’Opéra de New York en 1983, Les Fantômes de Versailles ne furent créés qu’en 1991, recueillant un succès triomphal avec des interprètes de tout premier plan – Renée Fleming, Marylin Horne et James Levine notamment. L’ouvrage imagine la rencontre des fantômes de Beaumarchais (sorte de Monsieur Loyal doté de pouvoirs magiques), Louis XVI et Marie-Antoinette, tous réunis au purgatoire pour assister à une improbable représentation théâtrale qui pense pouvoir modifier la réalité historique et sauver la reine de son exécution...

    Très éloigné de l’avant-garde de Darmstadt, Corigliano entrecroise de multiples influences à la manière de la veine polystylistique d’Alfred Schnittke, en un style foisonnant et parfois déroutant. Le début de l’ouvrage fait ainsi entendre une dette à Ligeti, avant de nous embarquer dans une partition brillamment colorée au niveau orchestral (grande palette d’effets en tout genre), intercalant des pastiches de la musique du XVIIIe siècle ou de l’orientalisme (désopilante turquerie chantée par rien moins que Marylin Horne à la création), tout en se rapprochant de l’écriture vocale de Britten dans les ensembles conclusifs, dès lors que l’émotion prend davantage de place. Le livret très original de William M. Hoffman bénéficie de son expérience théâtrale à Broadway, tant les allers-retours nombreux entre fantômes et théâtre dans le théâtre ne nuisent jamais à l’efficacité de l’ensemble, sans jamais oublier un humour très présent, en phase avec l’hommage rendu à l’opéra bouffe. La mise en scène efficace et énergique de Jay Lesenger reste au plus près des intentions musicales, donnant à voir différents tableaux rapidement revisités en une maestria astucieuse et malicieuse, malgré quelques débordements dans les scènes de groupe. Les costumes et décors à l’ancienne évoquent le XVIIIe siècle par les figures du roi et de la reine imprimés en arrière-plan, au service d’une lecture illustrative, conforme au livret.

    La présente version, d’une durée d’environ deux heures, a été réduite d’un tiers par rapport à 1991, et dans une certaine mesure en comparaison de celle de 2015 à Los Angeles, qui a permis l’édition du premier enregistrement mondial. Le plateau vocal, pratiquement entièrement anglophone (à l’exception de la diction perfectible de Yelena Dyachek), se montre d’un bon niveau global, d’où se détache le Beaumarchais de Jonathan Bryan, dont l’aisance vocale entre émission de velours et beauté du timbre, trouve un engagement dramatique toujours bien incarné. A ses côtés, la Marie-Antoinette de Yelena Dyachek déçoit dans la délicatesse des premières scènes, avant de bien se reprendre dans la fureur au II. En pleine voix, les quelques duretés dans l’aigu restent parfaitement en phase avec l’émotion ressentie par celle qui entrevoit déjà l’échafaud – bien éloignée de la Marie-Antoinette frivole qu’on nous présente souvent. Si Peter Morgan donne à son Louis XVI un caractère plus affirmé que celui habituellement décrit par les historiens, cela a au moins l’avantage de conférer une présence vocale bienvenue au rôle. On lui préfère toutefois le rayonnant Bégearss (un personnage imaginaire, entre Danton et Robespierre, dont le nom pourrait être traduit par «convoitise») de Christian Sanders, idéal de noirceur avec son attention millimétrée à la rythmique des phrasés. On mentionnera aussi la prestation étonnante de Gretchen Krupp, qui, si elle n’a pas le physique de la danseuse de harem, a en revanche tout l’éclat vocal requis. Assurément un des grands moments de la soirée, vivement applaudi par le public.

    Enfin, on se félicite de la création de l’Orchestre de l’Opéra royal de Versailles, dont les débuts donnent beaucoup de satisfactions, notamment côté vents. Il reste toutefois à améliorer les pupitres de cordes qui patinent en plusieurs occasions, notamment dans les transitions entre musique contemporaine et pastiches de musiques anciennes. On retrouvera cet orchestre en accompagnement du ballet de Malandain Marie-Antoinette (décidément à l’honneur!), présenté du 4 au 7 juin 2020, mais également comme partenaire des nombreux enregistrements discographiques prévus tout au long de la saison.

    Florent Coudeyrat
    http://concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=14291


Quoi qu'il en soit, ce que vous nous avez donné à écouter me plaît assez. Wink

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeMar 10 Déc - 14:28

John Corigliano en répétition :

Il est assis à côté de son mari Mark Adamo, lui-même compositeur. Un œil rivé sur l’imposante partition du deuxième acte de son opéra. L’autre sur l’orchestre de cinquante musiciens, à découvert dans la fosse. À 81 ans, John Corigliano peut bien avoir entendu son unique opéra, The Ghosts of Versailles, des centaines de fois, il ne manque aucune note de cette répétition à l’italienne. Attentif au moindre détail rythmique. À la plus petite nuance. À chaque couleur de sons. «Je mets un point d’honneur à être là aux répétitions lors des nouvelles productions, glisse-t-il de sa voix flûtée après une séance de débriefing avec le chef Joseph Colaneri. C’est la moindre des choses pour un compositeur vivant.»
https://www.lefigaro.fr/musique/john-corigliano-fait-trembler-versailles-20191202

Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Xvm51910

L’opéra n’était pour moi qu’un monde très lointain et étranger. J’étais un enfant de l’orchestre, biberonné à la musique par mon père et Leonard Bernstein

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeMar 10 Déc - 14:33

Ah, cet opéra on en parle partout ! affraid
https://actu.fr/ile-de-france/versailles_78646/yvelines-lopera-fantomes-versailles-donne-la-premiere-fois-europe_29668180.html

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitimeJeu 29 Avr - 22:40

Je regrette de ne pas l'avoir vu.

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MessageSujet: Re: Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles !   Les Fantômes de Versailles enfin à Versailles ! Icon_minitime

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