Acte de remise de la Dauphine à Strasbourg

Bonjour à tous,

après quelques recherches, j'ai trouvé quelques documents qui font état de l'acte de remise de la Dauphine à la France en 1770. Je m'excuse par avance si ces documents ont déjà été publiés.

Le premier document est l'Acte officiel de remise de la Dauphine, datant du 7 mai 1770, et conservé aux archives de Strasbourg :



Voici ce que dit la description sur le site des archives de Strasbourg : "Une maison a été spécialement construite sur une île du Rhin pour procéder à l’échange. Le protocole règle avec minutie le détail de la cérémonie. Après lecture des pleins pouvoirs et des actes de remise et réception signés par les commissaires respectifs, la suite autrichienne qui l’a accompagnée la quitte et elle reçoit l’hommage de sa cour française. On apprend qu’il a plu toute la matinée et que la maison d’échange prit l’eau. La dauphine fit ensuite son entrée dans la ville, où un arc de triomphe avait été élevé. Du vin coulait de deux fontaines et on distribua pain et cervelas. Elle fut reçue au palais épiscopal par le cardinal de Rohan et se rendit ensuite au spectacle à la Comédie. Elle quitta Strasbourg le 8 mai vers 16 heures."

Malheureusement, je n'ai pas réussi à agrandir l'image afin de pouvoir lire ce qui y est écrit  

Voici une gravure de J. Striedbeck du plan de la maison d'échange à l'occasion de la remise de la Dauphine :




Voici ce qui est écrit dans la description : "La salle de remise occupe la pièce centrale de l’édifice, conçu de façon rigoureusement symétrique, entre le cabinet français et le cabinet autrichien, chacun pourvu d’une antichambre et de garde-robe. "




Tout ces documents datent de 1770 et sont conservés par les archives municipales de Strasbourg !


Bien à vous.

C'est formidable ! Merci !

Merci

Oui, c'est terrible dans la mesure où on sait aussi que pour sa mère (Mais certainement également pour d'autres personnes), Marie-Antoinette n'était qu'un pion sur l'échiquier politique...D'autant que si je ne me trompe, l'étiquette de Versailles était beaucoup plus rigide que celle de la Cour de Vienne, donc l'adaptation à Versailles pour cette jeune Dauphine n'a pas dû être facile..Autre pays, autre langue, autre coutumes, de nouvelles personnes à fréquenter, à son arrivée Marie-Antoinette a dû se sentir bien seule!

Merci pour tous ces documents , chère amie.
On oublie trop souvent que Marie-Antoinette n'était qu'une adolescente lorsqu'elle est arrivée à la cour de Versailles. Une adolescente qui quittait sa mère pour toujours. C'était un grand déchirement et elle-même n'a pas voulu et souhaité un tel déchirement et déracinement pour sa fille. Elle a souhaité que Madame Royale épouse un prince français.

Citation :

Oui, c'est terrible dans la mesure où on sait aussi que pour sa mère (Mais certainement également pour d'autres personnes), Marie-Antoinette n'était qu'un pion sur l'échiquier politique...

Si Marie Thérèse conçoit sa fille comme faisant partie d'une tactique politique, elle ne la réduit pas à cela ! Elle est aussi sa fille, et reste assez maternelle (étouffante en l’occurrence). Elle souhaite sincèrement le bonheur de sa fille, même si elle s'illusionne sur les chances de réussite...

Citation :

Si Marie Thérèse conçoit sa fille comme faisant partie d'une tactique politique, elle ne la réduit pas à cela ! Elle est aussi sa fille, et reste assez maternelle (étouffante en l’occurrence). Elle souhaite sincèrement le bonheur de sa fille, même si elle s'illusionne sur les chances de réussite...

Marie-Thérèse ne serait-elle pas étouffante justement dans le but de faire passer ses décisions politiques à travers Marie-Antoinette? Marie-Thérèse semble avoir eu peur de l'avenir de son empire ainsi que de celle de la paix en Europe, d'où l'importance de cette union entre son enfant et le Dauphin de France.  Voici ce que dit Stefan Zweig au début de sa biographie Marie-Antoinette : "plus impératrice que mère, songeant davantage à accroître la puissance de sa maison qu'au bonheur de son enfant, son ambassadeur a beau l'informer que "La nature semble avoir refusé tous dons à Monsieur le Dauphin, que par sa contenance et ses propos ce prince n'annonce qu'un sens très borné, beaucoup de disgrâce et nulle sensibilité", Rien ne peut la retenir. D'ailleurs une archiduchesse a-t-elle besoin d'être heureuse, ne suffit-elle pas qu'elle devienne reine?"  

Zweig souligne également que le comportement de Marie-Antoinette à la Cour de Versailles irritait Marie-Thérèse, car celle-ci y voyait un moyen de fragiliser le couple royal, et donc par conséquent leur Royaume, et par là toute la paix de l'Europe pouvait être menacée. Evelyne Lever a également souligné dans son ouvrage Marie-Antoinette, la dernière reine que la principale préoccupation de Marie-Thérèse était le futur de son Empire et que ses enfants étaient seulement destinés à se mettre au service de la dynastie. De plus, la jeune Reine a été espionnée par Florimond de Mercy-d'Argenteau, qui reportait ses moindres faits et gestes à sa mère; ce que subit Marie-Antoinette par sa mère est une véritable pression psychologique, peut-on donc toujours parler d'affection maternelle ou en fin de compte de stratégie politique de la part de Marie-Thérèse? Je me demande si paradoxalement ce n'est pas cette pression psychologique qui a poussé Marie-Antoinette à la frivolité durant ses jeunes années... N'oublions pas que ce n'était qu'une adolescente...Après cela reste mon opinion  

Bien à vous.

Citation :

D'autant que si je ne me trompe, l'étiquette de Versailles était beaucoup plus rigide que celle de la Cour de Vienne, donc l'adaptation à Versailles pour cette jeune Dauphine n'a pas dû être facile..Autre pays, autre langue, autre coutumes, de nouvelles personnes à fréquenter, à son arrivée Marie-Antoinette a dû se sentir bien seule!

L'étiquette était tout aussi rigide à Vienne, puisque c'était l'étiquette espagnole (très austère) établie par Charles Quint...
Mais dans la vie privée Marie-Thérèse et sa famille vivaient plus simplement... Ce qui n'était pas vraiment le cas
chez Louis XV, il suffit de voir le cérémonial que décrit madame Campan au sujet des visites du Roi à Mesdames.

Je vous remercie pour vos lumières

Merci, mais mes lumières sont de petites chandelles...

Osterreich a écrit:

L'étiquette était tout aussi rigide à Vienne, puisque c'était l'étiquette espagnole (très austère) établie par Charles Quint...

L'étiquette viennoise était tout de même bien plus souple que celle d'Espagne et de France, au XVIIIème, car au XIXème elle deviendra la plus contraignante d'Europe.
Car l’Étiquette française oblige les membres de la famille royale à être continuellement en représentation, tandis qu’en Autriche il est normal qu'ils réservent des temps pour leur vie privé/intime (ce qui sera très mal vue en France, pour Louis-Ferdinand et Pipa autant que pour Marie-Antoinette).

Merci pour ces précisions  

La baronne d'Oberkirch précise que Goethe avait fait ses études à Strasbourg, et fut présent lors du passage de la dauphine !

Citation :

La baronne d'Oberkirch précise que Goethe avait fait ses études à Strasbourg, et fut présent lors du passage de la dauphine !

Vous découvrez ces mémoires ? Très bonne lecture.

Goethe évoque lui-même qu'il est choqué que les tapisseries exposées dans le pavillon d'échange racontent l'histoire de Jason et Médée. C'est vrai que pire mariage, c'est difficile...

Les archives de STRASBOURG sont riches en ce qui concerne l'arrivée et la réception de MADAME LA DAUPHINE - nous y trouvons toutes les dépenses, même la facture des clous nécessaires à la construction de la maison sur l'ile etc......
j'ai piqué allègrement un maximum de documents sur ce passage (photocopies) grâce auxquels j'ai constitué un gros dossier sur l'évènement ............
mon dossier possède un département SAVERNE, mais il me reste à faire, dans les archives, et sur place, les recherches en totalité, du voyage de SAVERNE et LUNEVILLE.... j'ai déjà un cahier de notes qu'il faut compléter dès qu'il fera beau temps.....


MARIE ANTOINETTE

Citation :

La baronne d'Oberkirch précise que Goethe avait fait ses études à Strasbourg, et fut présent lors du passage de la dauphine !

C'est ce qui montre bien que Strasbourg est davantage une ville de culture allemande que française.

Au XVIIIe les élites, en particulier la noblesse, n'ont en effet pas encore assimilé son intégration au royaume.

Citation :

Au XVIIIe les élites, en particulier la noblesse, n'ont en effet pas encore assimilé son intégration au royaume.

Même. Strasbourg est une ville de culture germanique. Même encore aujourd'hui.

L'ALSACE est entrée dans le royaume de FRANCE par le traité de WESTPHALIE en 1648 exceptée STRASBOURG qui le rejoint en 1681

LA LORRAINE et BAR n'entrent qu'en 1766 après le décès de STANISLAS


à notre époque actuelle si vous avez commencé à travaillé en ALSACE/LORRAINE , même si vous avez quitté les provinces - j'évoque mes parents nés respectivement en 1912 et 1915 qui avaient cotisé avant la guerre
et pour les travailleurs demeurant dans ces provinces

la retraite de base est plus forte que de l'autre côté de la frontière administrative et il y a encore des arrangements datant de l'annexion de 1870 par l'Allemagne.....
STRABOURG n'a pas l'esprit français - on parle encore l'alsacien entre particuliers et commerçants
A l'HOTEL DE LA DAUPHINE que je fréquente lors de mes voyages en cette ville, la commande de croissants est faite le soir en alsacien
les journeaux sont édités dans les deux langues français et allemand

cela se fait aussi en haute alsace à HUNINGUE par exemple ....

METZ est encore imprégnée de souvenirs allemands, mais beaucoup moins que STRASBOURG.
l'allemand n'est plus parlé que par des très rares personnes âgées encore vivantes alors que pendant la jeunesse de mes parents, l'allemand était parlé couramment .....
dans ces deux provinces c'est la seconde langue obligatoire pour réussir et obtenir un excellent emploi



jointe la photo trouvée sur LA CHAPELLE EXPIATOIRE - je remercie le photographe - montrant des restes de couronnes près de l'autel offerts par METZ et STRASBOURG



MARIE ANTOINETTE

Voici quelques renseignements complémentaires.

UN RITE QUI OBÉISSAIT À UN PROTOCOLE TRÈS STRICT…
L’acte de remise de Madame la Dauphine en une halle construite dans une Isle du Rhin près de Strasbourg date du 7 mai 1770.

Coté AA 1950, il appartient à la série AA - Actes constitutifs et politiques de la commune, correspondance politique, archives du Prêteur royal (XIIe – XVIIIe siècle) dans les archives de la Ville antérieures à 1790.

Ce document manuscrit de plusieurs pages relate avec minutie les détails de la cérémonie du passage à Strasbourg de Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, dauphine de France (1755-1793) avant son mariage officiel avec le dauphin à Versailles, à savoir :

l’annonce faite par le duc de Choiseul de la prochaine arrivée de la princesse,
la relation détaillée des fêtes et cérémonies qui ont eu lieu à cette occasion,
les minutes des harangues adressées à la princesse,
la correspondance du magistrat et de M. d’Autigny, Prêteur royal, avec le duc de Choiseul,
des listes nominatives des dames de la noblesse d’Alsace présentées à Marie-Antoinette et des personnes de sa suite,
des états de répartition de 2500 ducats aux bas-officiers de la princesse et des 50 louis qu’elle a fait donner à l’écuyer de la ville,
un compte des dépenses occasionnées par la construction et l’ameublement de la maison destinée à la cérémonie de la remise de Marie-Antoinette et par les fêtes données en son honneur,
des pièces relatives à l’établissement d’une route à travers les banlieues de Hoerdt et de Niederweyer, pour faciliter le voyage de Marie-Antoinette,
une indication de l’itinéraire suivi par la princesse depuis Vienne jusqu’à Strasbourg.

… ET QUI CONSTITUAIT UN PASSAGE OBLIGÉ DANS LA VIE D’UNE FUTURE SOUVERAINE DE FRANCE.
Le symbole le plus visible de ce rite de remise de l’épouse était le bâtiment construit en bois sur l’île aux Épis, une zone neutre au milieu du Rhin, entre les villes de Kehl et de Strasbourg, où la jeune Marie-Antoinette venant de Vienne après près de trois semaines de voyage, était arrivée dépouillée de ses vêtements et de ses biens d’origine avant de repartir avec ses nouveaux habits de princesse française.

Les deux entrées du bâtiment ont été disposées de telle sorte qu’elle y entre du côté autrichien et en ressorte du côté français : pour Marie-Antoinette, c’était ainsi un rite de passage de sa vie de jeune fille à sa vie de femme.

Une fois entrée dans la ville de Strasbourg, elle a été reçue au palais épiscopal par le cardinal de Rohan et le soir même du 7 mai 1770, elle s’est rendue au spectacle à la Comédie.

Elle a quitté Strasbourg le lendemain pour cinq jours de voyage au bout duquel elle rencontrera enfin le dauphin à qui elle est promise.

C’est le 16 mai 1770 que Marie-Antoinette l’épousera à Versailles et c’est le 18 mai 1774, à la mort du roi Louis XV, qu’elle deviendra reine de France, à l’âge de 18 ans.
https://archives.strasbourg.eu/n/acte-officiel-de-la-remise-de-la-dauphine-marie-antoinette-au-royaume-de-france-/n:356

Bien à vous

madame antoine

Très intéressante discussion.

Oui, merci de tout coeur. La photo du Boudoir est plus claire que celle que fournit le site des archives de Strasbourg.