La longue marche des combats féministes

La démonstration n'est plus à faire, les femmes sont les grandes oubliées de l'histoire du monde. Mais un rappel n'est jamais inutile.

L'historienne, professeure émérite et auteure de “La place des femmes, une difficile conquête de l’espace public”, Michelle Perrot est l’invitée des Matins de France Culture.


Crédits : Agence BOURGES - Maxppp

• Dans une tribune explosive sur la cérémonie des Césars, Virginie Despentes y épingle les dominants qui « exigent le respect entier et constant, et en prime le silence des victimes ». Quelques heures plus tard, comme un retour de bâton, la romancière de King Kong Théorie a été accusée de complaisance envers les terroristes. Un demi-siècle après la révolution féministe des années soixante-dix, où en est l’égalité homme / femme ? Pourquoi la conquête de l’espace reste encore à achever ? Comment les combats féministes ont-ils évolué ? Pour en parler, nous recevons l’historienne Michelle Perrot. Elle republie « La Place des femmes, une difficile conquête de l’espace public » (Textuel). 23 ans après, elle met à jour l’entretien mené avec le journaliste Jean Lebrun, dans une édition enrichie.
  
  Les femmes évincées de l'Histoire ?
  
  "La Révolution française est au fond très conforme à la société qui l'a vu naître, c'est-à-dire qu'on respecte les femmes et on veut leur rôle dans le privé, mais surtout pas dans le public. [...] La Révolution française a donné des choses aux femmes, par exemple le droit au divorce qui a été supprimé ou l'égalité des deux sexes devant l'héritage qui n'existait pas dans la France d'Ancien Régime." Michelle Perrot
  
  "Derrière les événements révolutionnaires, il y a toujours cette espèce de structure de la domination qui perdure. Mais à côté de ces événements qui ont quand même un effet à terme, les femmes, elles, n'ont jamais cessé de se mobiliser. Il y a un féminisme sans le nom, car il faut bien voir que le mot féminisme date de la fin du XIXème et pas il n'existait pas auparavant." Michelle Perrot
  
  L'égalité homme-femme : une prise de conscience généralisée
  
  " Je pense qu'il y a des petites causes et des grandes causes. Il y a un mouvement de grande cause et un mouvement de fond depuis longtemps. Il faut le situer dans le temps. Ce n'est pas d'aujourd'hui. Nous avons l'impression que c'est aujourd'hui, mais ça commence dans nos pays depuis deux siècles" Michelle Perrot
  
  
  • Je pense que tous les pays ont leur originalité, leur histoire sur le plan des rapports de sexe et je pense qu'en France, on a conquis beaucoup de choses et on est tout de même plus doux . Mais il ne faudrait pas oublier les profondes inégalités qui existent toujours et qui nécessitent que les jeunes femmes d'aujourd'hui se battent.
    Michelle Perrot
    
    
  • La diffusion du féminisme dans les sphères du pouvoir
    Le féminisme a d'abord été un féminisme des brèches. Il s'est infiltré dans les brèches du pouvoir pour le contester et, à terme, pour le partager.
    Michelle Perrot
    
    
  • "Dans les années 70, j'étais résolument universaliste, c'est-à-dire que je redoutais que la différence soit un enfermement dans ce que nous ne voulions pas. Nous ne voulions pas qu'on nous renvoie à la condition des femmes. Au fond, ce que nous voulions, c'est l'égalité. C'est ce que les hommes avaient."
    Michelle Perrot

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