Fille d'un papetier de Paris, Cécile Renault, née à Paris en 1774, vivait sous le toit familial et n'avait pas d'activité professionnelle, son père lui donnant de temps à autre un peu d'argent de poche. Son instruction avait été sommaire et, si elle savait un peu lire, elle ne savait pas écrire ou du moins, son procès-verbal d'interrogatoire par la police politique a été signé d'une croix. Très surveillée par son père et sa tante qui remplaçait sa mère décédée, elle ne sortait seule que pour des courses rapides dans l'île de la Cité (le domicile familial, rue de la Lanterne se trouvant alors à l'emplacement du Marché aux Fleurs).
D'après les témoignages des voisins et riverains, on peut reconstituer son emploi du temps entre le moment où elle quitta la maison paternelle avec un paquet contenant « un déshabillé et ses festons » destiné à sa couturière, et celui où elle s'est retrouvée entre les mains des membres de la police politique, dont quelques membres du Comité de sûreté générale, qui l'ont interrogée, puis placée au secret, sans avocat jusqu'au procès expéditif des prétendus assassins des pères du peuple.
Accusation de tentative de meurtre
Le 22 mai 1794, elle avait quitté son logis avec son déshabillé enveloppé. Il était, de l'avis des témoins qui la virent partir, un peu plus de dix-sept heures trente. Elle se dirigea chez la couturière qui demeurait dans l'île Saint-Louis (rue des deux-Ponts, n°25), c'est-à-dire une direction opposée à celle de la rue Saint-Honoré, domicile de Robespierre. Cécile atteignit la rue des Deux-Ponts où elle fit l'emplette d'un petit miroir chez la citoyenne Julle, une commerçante de la rue des deux-Ponts, puis, un peu avant dix-huit heures, elle disparut.
À partir de ce moment, on ne peut que s'en remettre aux assertions des membres du Comité de sûreté générale qui, travaillant l'interrogatoire de police, ont établi que Cécile Renault avait prémédité un projet meurtrier et qu'elle avait été arrêtée à vingt-et-une heures, dans la cour de Robespierre (témoignage du citoyen Châtelet, un des témoins du Comité de sûreté générale et du Tribunal révolutionnaire) : c'est sur ce témoignage renforcé par celui de deux autres personnes que fut validée la « tentative » de Cécile Renault telle que l'a imaginé le graveur Duplessis-Bertaux.
On s'empare de la jeune-fille; elle est arrêtée .
Elle est enfermée dans un local du Comité de sûreté générale. Aux dires du citoyen Monnel, elle « n'avait rien d'exalté dans son regard, mais de la résignation. Elle semblait surprise, pourtant, de ce qui lui arrivait. J'eus compassion d'elle car je ne pus douter un moment qu'elle ne fût la victime d'un crime imaginaire ». Elle donne alors des aveux selon lesquels elle se serait rendue chez Robespierre pour, aurait-elle déclaré, « voir comment était fait un tyran ».
Cécile Renault, avec son père, ses frères et sa tante, eux-mêmes arrêtés et placés au secret, fut exécutée le 17 juin 1794 (29 prairial an II) recouverte de la chemise rouge des assassins et empoisonneurs1, en même temps que cinquante-trois prétendus complices, dont son père, Antoine Renault, son frère Antoine-Jacques Renault, et sa tante ex-religieuse, Edmée-Jeanne Renault.
( merci WIKI )
Procès et exécution des chemises rouges .Le procès des chemises rouges est un évènement de la Révolution française au cours duquel 54 personnes furent condamnés à mort et exécutés sur décision du Comité de sûreté générale, pour atteinte à la sureté de l'État mais sans que leur culpabilité ait été formellement établie.
Les faits
Le 29 prairial an II, 54 personnes furent condamnées à mort sous le prétexte d’avoir voulu attenter aux jours des « pères du peuple » - Robespierre et Collot d'Herbois. Pour l’occasion, on les revêtit en toute hâte, avec de la toile de sac, de « chemises rouges » - d'où le nom -, tenues d’infamie réservées jusqu’alors aux assassins et empoisonneurs. Ce traitement avait été réservé aux prétendus assassins de Léonard Bourdon à Orléans en 1793, puis à Charlotte Corday. Le procès des cinquante-quatre était l'aboutissement d'un montage politico-policier destiné à faire croire à l’existence d’une grande conspiration royaliste contre les « pères du peuple ». Dans les seamaines qui suivirent cette grande exécution, des prétendus « conspirateurs de prison », parmi lesquels des octogénaires et une femme paralytique, seront accusés d’avoir voulu s’évader de prison en franchissant une planche posée entre deux murailles pour aller égorger les membres de la représentation nationale.
Les accusés
À l’origine seuls :
- Henri Admirat, convaincu d’avoir voulu tuer le député Collot d’Herbois, ancien auteur de théâtre et membre éminent du Comité de salut public,
- André Santonax, étudiant en chirurgie accusé d’avoir applaudi l’initiative, d’Admirat,
- la jeune Cécile Renault, dont nous parlions à l'instant, âgée de dix-neuf ans, accusée d’avoir voulu assassiner Robespierre - qui s’opposait frontalement à ses collègues après le vote de la loi du 22 prairial, huit jours plus tôt,
- le père de celle-ci,
- le papetier Antoine Renault,
- son frère, Antoine-Jacques Renault, et
- sa tante Edme-Jeanne Renault (ex-religieuse) devaient porter ces oripeaux.
Robespierre ne paraîtra point estimer absurde ( mais seulement tout à fait inexact ) qu'on l'ait soupçonné d'une "amourette" : le buit a couru qu'il aurait fait, par jalousie, "guillotiner l'amant de la Regnault" .( Henri Guillemin,
Robespierre, politique et mystique )
Robespierre et Cécile Regnault :
C’est alors que le Comité de sûreté générale qui avait monté cette affaire en concertation étroite avec Barère de Vieuzac, Collot d'Herbois et Billaud-Varennes principalement – Robespierre y fut absolument étranger –, voulut donner un caractère encore plus spectaculaire à l’exécution des prétendus conspirateurs de l’étranger et assassins stipendiés des états de la coalition, convaincus d’avoir voulu attenter aux jours des « pères du peuple ».
Il composa une fournée hétéroclite de cinquante-quatre présumés coupables auxquels on donna un air de complicité en les revêtant de la même façon, y compris les sept condamnés de droit commun adjoints au dernier moment, qui étaient des trafiquants de faux assignats, condamnés par un tribunal ordinaire.
Alcide Hyacinthe Du Bois de Beauchesne dans son ouvrage Louis XVII, sa vie, son agonie, sa mort donne la liste les 54 condamnés, exécutés le 17 juin 1794.
Les accusations
Les membres du Comité de sûreté générale sur ordre de Barère de Vieuzac, donnèrent un grand retentissement à ce procès qui s'acheva au soir du 29 prairial an II.
L’idée de la jeune fille assassin et jugée comme telle, avait été suggérée au rapporteur du Comité de salut public, Bertrand Barère de Vieuzac, par la presse anglaise qui, une semaine avant l’enlèvement improvisé de Cécile Renault, avait évoqué l’existence d’une nouvelle Charlotte Corday. C’est ainsi que les ennemis de l’Incorruptible - les députés et représentants opposés pour diverses raisons à celui-ci - ont pu baptiser ce montage politico-policier, le procès des assassins de Robespierre. Ce faisant, ils le désignaient comme aspirant à la toute-puissance, à entamer sa popularité et à le déconsidérer dans l’opinion.
Henri Admirat et son entourage, notamment Mme de Lamartinière et plusieurs habitants de son quartier, furent jugés sous l'inculpation d'assassinat prémédité contre la personne de Collot d'Herbois. Or les faits avancés à l'époque du procès ne se virent rien opposer, que le silence des accusés que l'on entendit pas; les pièces versées au dossier forment par ailleurs un tissu de contradictions où les aveux arrachés ou consentis, les dénonciations vraies ou fausses, les procès verbaux tournés et les témoignages ne se recoupent pas.
A ces accusés dont on supposa qu'ils étaient envoyés par Pitt et Cobourg, on agrégea des petits groupes de personnes qui avaient entre elles des liens d'amitié, de famille, de domesticité, de quartier ou professionnels. Pour fixer le caractère politique des projets liberticides et criminels des accusés, Barère et les membres du Comité de sûreté générale avait choisi d'articuler l'accusation autour de la figure de Jean-Pierre de Batz, ex-Constituant et émigré rentré, retiré en province depuis l’été 1793 et étranger aux complots de l’an II.
Mais, pour les auteurs du montage politico-financier, il devait passer le premier agent de la conspiration, relié par un « fil invisible » à chacun de ses complices, selon le rapporteur Elie Lacoste, membre du Comité de sûreté générale, qui s’appuya à toutes fins utiles sur le nombre impressionnant de fausses déclarations et de dénonciations fantaisistes que lui fournit le Comité de sûreté générale - la police politique - pièces signées qui provenaient de repris de justice, principalement Dossonville et Louis-Guillaume Armand, également d’un ancien noble devenu indicateur de prison Louis-François de Ferrières-Sauvebeuf. Il s’appuya sur des procès-verbaux d’interrogatoire plus ou moins falsifiés ou pipés, concoctés par le Comité de sûreté générale, sur des procès-verbaux de complaisance d’agents subalternes du Comité de sûreté générale et sur des dénonciations anonymes.
Les condamnés furent jetés pêle-mêle dans une fosse commune, au cimetière de Picpus à Paris.
Dans cette affaire, deux femmes, Mme de Sainte-Amaranthe et sa fille Émilie, épouse de Sartines, avec lesquelles Augustin Robespierre, frère de Maximilien, avait entretenu des relations de société, aurait été, l’une, la maîtresse de Maximilien de Robespierre, lequel aurait demandé sa tête parce que, « dans une débauche, elle avait surpris le secret de ses aspirations à la royauté » ; qu’Émilie aurait, elle, accompagné sa mère à l’échafaud parce qu’elle aurait refusé les avances de Saint-Just. Ces bruits divers et d’autres, rumeurs sans fondement, ont accrédité efficacement l’idée selon laquelle Robespierre n’était pas étranger à l’hécatombe.
Mme Davasse de Saint-Amarand dite Sainte-Amaranthe, née Jeanne Louise Françoise Desmier d’Archiac de Saint-Simon, née le 16 mai 1751 à Saintes, eut quelques aventures avec des gentilshommes parmi lesquels le vicomte de Pons qu’on disait le père de sa fille, puis, ayant rencontré le sieur Joseph Aucane, négociant revenu des colonies où il avait été exilé quelques années pour dettes lui aussi, elle prit le nom de « Sainte-Amaranthe » et transforma son salon en maison de jeu.
Nous nous souvenons que Hérault de Séchelles l'aima .
Il était tellement séduisant que Mme de Sainte-Amaranthe prétendit que Marie-Antoinette, elle-même
en avait voulu ......
Ayant réussi à attirer une clientèle brillante dans son salon trop étroit, Mme de Sainte-Amaranthe accepta la proposition d’Aucane visant à lui faire jouer le rôle d’hôtesse d’un salon de jeu. Des financements furent recueillis et entre autres, le Génois Persico, Laborde de Méréville et Charles de Sartines y placèrent des fonds. L’établissement ouvrit ses portes en mars 1792. Le salon de jeu dit le « 50 » – situé au n° 50 des arcades des palais Royal – eut un succès immédiat et devint un lieu incontournable de la mondanité parisienne.
..... son hôtesse :
Par le luxe de ses décors, par la qualité des dîners qui y étaient servis, par la diversité, le nombre du et la notoriété des habitués : d’anciens nobles et quelques révolutionnaires comme Cambacérès, François Chabot – qui le protégea un temps – ou Charles-Nicolas Osselin –, ce salon fut pendant quelques mois, une des principales attractions du Palais-Royal. Parmi ceux qui le fréqentèrent et qui en parlèrent avec plus ou moins d'exactitude dans leurs mémoires et souvenirs publiés au XIXe siècle, il y a le comte de Tilly et le comédien Fleury, sociétaire de la Comédie française.
Femme de l’ex-maître des requêtes Charles-Marie, fils du ministre de la Police Antoine de Sartine, Émilie de Sainte-Amaranthe faisait partie du salon de jeux dit le « 50 » que tenait sa mère au n° 50 des Arcades du Palais-Royal. Le comte de Tilly, dans ses Mémoires, parle longuement de cette belle jeune fille dont il tenta vainement de faire la conquête.
Les événements du 10 août 1792 engagèrent Mme de Sainte-Amaranthe à solidariser les intérêts de son établissement avec la contre-révolution. Or celle-ci se conjugua un temps sur le mode l’exagération révolutionnaire. L’hôtesse des lieux toléra François Chabot ou encore François Desfieux qui approvisionnait la maison en vins fins, mais elle ne comprenait pas bien les raisons de cette politique qui la rebutait. Lucile Marchandeau de Lisle, jeune amie de sa fille, qui venait presque tous les jours au « 50 » en a dit ceci: « Mme de Sainte-Amaranthe ne pouvait se contraindre jusqu’à adopter l’étrange politique d’un grand nombre de salons élégants où l’on admettait plutôt des démagogues que des patriotes modérés ». Cette remarque, historiquement importante, prouve bien qu’il y eut véritablement, en 1793, un projet contre-révolutionnaire dont le but était de déborder la Convention sur sa « gauche ». Lucile de Lisle dont le témoignage est irremplaçable sur Mme de Sainte-Amaranthe et les siens parle des habitués parmi lesquels la princesse de Nassau - ci-devant marquise de Soyécourt - et sa fille, future duchesse Decazes, l'ambassadeur saxon de Cetto, les comédiens français "noirs" (opposés à Talma), les comtes de Kératry et de Preissac, qui dirigeaient à Suresnes une fabrique de faux assignats, MM. de Sartines, de Meaupou et de Miromesnil, tous les trois fils d'anciens ministres de Louis XVI. Tous ces gens étaient fortement politisés. Avec François Louis Jean-Joseph de Laborde de Méréville, principal bailleur de fonds de ce lieu qui, disait-il, lui rappelait "le salon de jeu de Versailles", on voyait, à l'époque du procès de Louis XVI, quelques exagérés de la Commune, les plus présentables d'entre eux car Mme de Sainte-Amaranthe n'était pas républicaine.
Malgré la fréquentation de certains habitués appartenant au parti montagnard, le « 50 » commençait à faire l’objet de dénonciations. Elles furent systématiquement enterrées pendant l’année 1793 grâce notamment aux administrateurs de la Commune, et notamment Froidure.
La tragédie
Lors de l’instruction du procès des Exagérés, ces dénonciations refirent surface et l’une d’entre elles émanait du sieur Pierre Chrétien, délégué par la Convention nationale aux îles du Vent. Il se présenta au Comité de sûreté générale et de surveillance de la Convention qui, à ce moment, sur ordre de Bertrand Barère, rapporteur au Comité de salut public, cherchait le moyen de « mouiller » Danton dans des affaires politico-financières. Il déclara « qu’il était de notoriété publique1 que la femme Sainte-Amaranthe tenait depuis longtemps une partie de jeux de hasard, et que la maison placée au numéro 50 du Palais-Royal était le réceptacle de tous les plus avérés contre-révolutionnaires et escrocs ».
Le 12 germinal an II, la famille de Sainte-Amaranthe fut arrêtée et enfermée à Sainte-Pélagie sur la proposition et par les soins du Comité révolutionnaire de la Halle au blé. Elle fut transférée aux Anglaises, avec une foule d’autres détenus, sur l’ordre du Comité de sûreté générale, le 27 germinal, et deux mois après, sur l’insistance de Barère et son ami Vadier, président du Comité de sûreté générale et contre la volonté de Robespierre, la famille fut comprise dans le rapport d’Élie Lacoste sur un prétendu complot de l’étranger dont auraient été complices Mme de Sainte-Amaranthe et ses enfants.
Malgré leurs protestations, celles du comte de Sartines et d’autres prévenus, ils furent amalgamés dans la grande fournée aveugle de la soi-disant conspiration de l’étranger. Mme de Sainte-Amaranthe fut envoyée avec sa fille Émilie, âgée dix-neuf ans
, et son fils Louis de Sainte-Amaranthe,
âgé de seize ans et demi à la guillotine le 29 prairial an II.
Lorsqu’ils se retrouvèrent au guichet de la Conciergerie, Louis et Émilie se réjouirent de retrouver leur mère, pâle et d’une douleur stupide, qu’ils enlacèrent, lui disant avec joie : « Ah ! maman ! nous allons donc mourir avec toi ! »
Notre ami le baron de Batz témoigne :
- baron de batz a écrit:
- Je viens de lire un des chapitres les plus extraordinaires que je n'ai jamais lu sur la Terreur. Le chapitre en question s'intitule "La messe rouge" de Lenôtre dans son "Baron de Batz".
C'est une description de la terrible fournée qui est partie à l'échafaud le 29 prairial. 54 personnes en huit charrettes, dont de nombreux innocents, et un certain nombre de conspirateurs, amis du Baron de Batz. Parmi les innocents, une certaine Mlle Emilie de Sainte-Amaranthe, d'une éblouissante beauté. Lenôtre utilise une phrase simple pour la décrire qui reste, dans ce contexte de la Terreur, gravée dans la mémoire du lecteur: "Sa beauté était une aristocratie." Le comte de Tilly la décrit ainsi: " la personne de France la plus universellement fameuse par sa beauté unique; je n'ai vu dans aucun pays rien qui me l'ait rappelée, rien d'aussi absolument parfait".
La toilette à la conciergerie:
"lorsque que son tour fut venu de s'asseoir sur l'escabeau, elle prit elle-même les ciseaux, et, tordant sa merveilleuse chevelure, elle la coupa hardiment au ras de la nuque, puis, la présentant à Richard: "tenez, Monsieur, dit-elle, j'en fais tort au bourreau, mais c'est le seul legs que je puisse laisser à nos amis..."
En route pour l'échafaud!
Comme on avait mis des châles rouges aux condamnés pour rappeler au peuple que c'étaient des assassins, Mlle de Sainte-Amaranthe essaie de communiquer un peu de son héroïsme à sa mère, qui partageait sa charrette:
"Regarde, Maman, est-ce joli tous ces manteaux rouges? Nous avons l'air de cardinaux". Lenôtre remarque que les "dernières charrettes étaient gaies, on y folâtrait!"
A l'échafaud:
Cette description si forte ne peut être que reproduite textuellement....
A sept heures du soir seulement les charrettes vinrent se dresser au pied de l'échafaud dressé sur la place du Trône. Les victimes furent descendues et se rangèrent devant les bancs de bois, établis en vue des fournées nombreuses, autour de la guillotine. Qui pourra jamais décrire l'horreur de l'attente....les pleurs, les adieux mutuels, "les appels de l'un à l'autre à crever le cœur"?.......déjà Cécile Renault montait les marches: on la vit se tenir debout un instant, puis, elle bascula tout à coup sur la planche, le couteau tomba...Mme de Sainte Amaranthe, affolée d'horreur, suppliant qu'on la fît mourir avant ses enfants.....maintenant Emilie apparaissait sur la plate-forme. Quand le bourreau lui arracha le voile rouge qui couvrait ses épaules, elle apparut si imposante dans sa beauté de marbre que les lécheurs de guillotine, payés pour applaudir, restèrent la bouche ouverte et les mains suspendues, muets d'admiration. Brutalement, les aides la poussèrent sur la machine déjà inondée de sang...peu à peu le tas de cadavres tronqués s'augmentait, le sang ruisselait des planches....cela durait vingt huit minutes.
Michelet rapporte un détail atroce: un homme très dur et très fort, d'une constitution athlétique, de ces gens qui n'ont point de nerfs et n'ont que des muscles, gagea de supporter de près la vue de l'exécution....il endura tout sans broncher, vit répandre de tête en tête l'horrible fleuve de sang. Mais, quand la petite Nicole vint, s'arrangea, se mit à la planche et dit d'une voix douce au bourreau: "Monsieur, suis-je bien comme çà?" tout lui tourna, il tomba à la renverse; un moment on le crut mort, il fallut le remporter chez lui.
En effet , comme maintient Lenôtre, aux jeux des français, la Terreur tua la Révolution. Et voilà pourquoi je suis bien incapable de chanter la Marseillaise....
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