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 20 mai 1756: La bataille de Minorque

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yann sinclair

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MessageSujet: 20 mai 1756: La bataille de Minorque   20 mai 1756: La bataille de Minorque Icon_minitimeJeu 16 Avr - 10:35

20 mai 1756: La bataille de Minorque 390px-40
Siège et prise du fort Saint-Philippe, le 29 juin 1756

La bataille de Minorque ou bataille de Port Mahon est un affrontement naval et terrestre qui a lieu en mai et juin 1756 au début de la guerre de Sept Ans.

Cette bataille oppose la France et l'Angleterre pour le contrôle de l'île de Minorque en Méditerranée occidentale.

Le combat naval, le 20 mai 1756, met aux prises l'escadre française de Toulon, commandée par La Galissonière, à celle de John Byng, arrivé de Gibraltar pour secourir l'île où vient de débarquer l'armée du maréchal de Richelieu.

La retraite de l'escadre anglaise provoque le 29 juin la reddition de l'île qui va rester entre les mains de la France jusqu'à la fin de la guerre.

L'opinion française considère cette victoire comme une revanche sur les attaques de la Royal Navy en période de paix.

En Angleterre, cette défaite provoque une grave crise dans la marine et le gouvernement.

Elle culmine avec la condamnation à mort de John Byng et le retrait du premier ministre Newcastle en 1757 au profit de William Pitt, partisan d'une guerre totale contre la France, et qui devient l'homme fort du nouveau gouvernement anglais. La prise de Minorque sera aussi la seule victoire navale importante de la France pendant la guerre de Sept Ans.

20 mai 1756: La bataille de Minorque 93407210
https://www.radioclassique.fr/radio/emissions/franck-ferrand-raconte/


20 mai 1756: La bataille de Minorque 390px-41

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Minorque_(1756)


Le contexte: le début de la guerre de Sept Ans


À la fin de la guerre de Succession d'Autriche (1748), les rivalités coloniales entre la France et l’Angleterre n’ont pas été réglées, malgré la restitution mutuelle des conquêtes faites pendant le conflit (Madras contre Pondichéry)

En 1755, l’Angleterre décide de reprendre les hostilités et de se donner le maximum de chance de victoire en attaquant sans déclaration de guerreN 1.

C’est ainsi qu’au début de cette année-là, la Royal Navy tente d’intercepter des renforts français pour le Canada – lui-même menacé par une forte armée anglaise – et qu’à l’automne, 300 navires de commerce français sont saisis dans l’Atlantique.

Ils sont revendus à Londres pour 30 millions de livres tournois1.

Plusieurs vaisseaux français isolés sont attaqués près des côtes. L'opinion publique, outrée, s'indigne de la « piraterie anglaise »N 2

Le gouvernement de Louis XV, qui cherche à préserver la paix, ne réagit pas immédiatement et maintient les discussions diplomatiques malgré les attaques de la Navy.

Les navires de commerce anglais continuent à fréquenter impunément les ports français et le roi ordonne même de relâcher une frégate capturée au large de Brest et qui se rendait en Amérique avec le gouverneur de Caroline du Sud2.

En décembre 1755, Versailles, qui se rend compte que Londres ne cherche qu’à gagner du temps pour préparer de nouvelles offensives, lance un ultimatum demandant la restitution des navires marchands et la libération de leurs équipages, soit 6 000 marins.

Son rejet, le 13 janvier 1756, signifie l'instauration de l'état de guerre, même si celle-ci n'est pas encore officiellement déclarée3

Le succès de l’expédition et du débarquement (avril 1756)


Alors qu’une vaste guerre continentale menace aussi, Versailles décide une grande opération navale et terrestre en Méditerranée. Gibraltar semblant hors de portée, l’objectif retenu est l’île de Minorque, en Méditerranée occidentale.

Cette île, conquise en 1708 par l’Angleterre lors de la guerre de Succession d'Espagne, servait depuis cette époque de base à la Royal Navy pour surveiller les côtes hispano-provençales et au besoin en faire le blocus.

Le Conseil du roi décide de s’en emparer par une attaque surprise.

La guerre n’étant pas encore officiellement déclarée, l’expédition est perçue comme une juste représaille aux rafles des navires civils français en pleine paix.

En cas de succès, le gouvernement français peut aussi promettre à Madrid de lui restituer l'île pour prix d'une entrée en guerre à ses côtés ou bien de la conserver comme gage à échanger contre les conquêtes que l'Angleterre pourrait faire en Amérique3.


L’attaque est préparée avec soin pendant les premiers mois de 1756. Pendant qu'on arme une escadre à Toulon, on masse des troupes dans les environs, soit vingt-cinq bataillons avec des parcs d’artillerie, des bestiaux, des vivres, des munitions4.

Ces dernières sont confiées au maréchal de Richelieu, qui a reçu le commandement général de toutes les côtes de la Méditerranée, de Port-Vendres à Antibes.

Une concentration de moyens aussi importante devrait normalement éveiller la curiosité des espions et mettre au jour l’objectif.

Il n’en est étonnamment rien: le secret de l’attaque, partagé par trois ou quatre personnes à Versailles et à Toulon réussit à être préservé5.

Les officiers de l’armée de terre, qui s’interrogent sur les mouvements qu’on leur fait exécuter, n’ont aucune information et le commandant de Toulon laisse courir des bruits fantaisistes.

À Londres, lorsqu’on est enfin informé de cette concentration de troupes, on ne soupçonne rien d’important.

On regarde même ailleurs, puisqu’une armée de diversion, confiée au maréchal de Belle-Isle, fait mine de préparer une opération de débarquement dans la Manche.

L'amirauté anglaise tombe dans le piège et retient ses escadres qui se retrouvent à surveiller du mauvais côté, laissant le champ libre aux Français6.

Lorsque l’inquiétude commence à gagner et que Londres décide d’envoyer une flotte avec des renforts, il est trop tard, La Galissonière et Richelieu sont passés à l’offensive.

Dans les premiers jours d’avril, tout est prêt. L’embarquement des troupes de terre, environ 12 000 hommes, se fait du 4 au 8 sur les vaisseaux de guerre et sur 176 bâtiments de transports arrivés de MarseilleN 3

L’escorte compte douze vaisseaux et cinq frégates.

Elle est confiée à un marin expérimenté, le comte de La Galissonière, qui s'était aussi illustré comme un remarquable administrateur au Canada7.

Il met son pavillon sur le Foudroyant (80 canons) et embarque avec lui l’état-major du maréchal de Richelieu.

Un hôte de marque se joint à eux: le prince Frédéric de Wurtemberg, autorisé à suivre la campagne sur le désir du roi de Prusse, alors allié de la France pour quelques mois encore8,N 4

Au total, l’expédition compte 193 voiles qui se rassemblent en rade de Toulon sur trois divisions.

Le 10 avril, La Galissonière donne l’ordre d’appareiller. Le 18, on est en vue de Minorque.

La Galissonière s’établit à l’ouest de l’île, à l’opposé de Port-Mahon, dans le canal entre Majorque et Minorque9.

Aucune voile anglaise n’est en vue: la surprise est totale.

Le débarquement commence le jour même, vers sept heures du soir, et se poursuit sans incident pendant la nuit.

La population, fatiguée de la domination anglaise, accueille favorablement les Français et facilite les opérations10.

C’est une aide plus qu’utile, car La Galissonière est arrivé sans carte précise sur une île qui lui est inconnue, rien n’ayant été anticipé pendant la période de paix pour préparer une éventuelle reconquête.

Le débarquement se fait donc un peu au hasard, dans la baie de Ciutadella qui n’est pas gardée et où le vent a poussé la flotte11.

Le 20 avril, toutes les troupes sont à terre et on commence la traversée de l’île.

Le 22, on entre dans Port-Mahon sans combat.

Le gouverneur anglais Blakeney, qui a moins de 3 000 hommes, n’est pas en mesure de s’opposer aux envahisseurs et se replie précipitamment sur le fort Saint-Philippe.

Richelieu n’est pas plus renseigné sur les fortifications de Mahón que La Galissonière ne l’est sur les atterrages de l’île, puisqu’il ne dispose que d’un vieux plan antérieur à la conquête anglaise trouvé au Dépôt de la Marine11,N 5

Mais Richelieu, qui passe pour un courtisan avide de bons mots et d’aventures galantes, est aussi un chef habile qui s'est illustré lors du conflit précédent.

Les abords sont rapidement reconnus et les travaux du siège commencent aussitôt.

À titre d'anecdote, citée par Lacour-Gayet, à Toulon, Richelieu avait montré son vieux plan du fort Saint-Philippe à un capitaine de navire marchand qui connaissait la région; ce plan, lui avait dit celui-ci, ne ressemble pas plus au fort Saint-Philippe que la Bastille ne ressemble à une bonne place de guerre12

Après être resté jusqu’au 24 avril, soit six jours, au mouillage de Ciudadella pour y achever le débarquement de l'artillerie et du matériel, La Galissonière remet à la voile pour venir croiser devant Mahón13.

Mais dès le 21, soit trois jours après l’arrivée, il a été informé de la présence de cinq vaisseaux anglais dans le port.

Il s’agit de la division du contre-amiral anglais George Edgcumbe arrivé peu de temps avant avec dix bâtiments de commerce français raflés en mer.

L’Anglais abandonne ses prises civiles et s’enfuit à toutes voiles13

La Galissonière, malgré la supériorité de ses forces, n’a pas essayé de bloquer Edgcumbe dans le port, ce qui lui vaut de sévères critiques.

Le chef français, contraint de se justifier, doit rappeler les ordres très stricts qu’il a reçu avant le départ, à savoir qu’il ne doit prendre aucun risque et veiller avec le plus grand soin à la sécurité de l’escadre et des troupes qui doivent toujours rester ensemble même après le débarquementN 6

La Galissonière, qui n’a pas osé s’affranchir d’ordres qui lui auraient pourtant offert une victoire facile, laisse donc Edgcumbe foncer sur Gibraltar y annoncer l’attaque française

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