Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 19 décembre 1792:

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yann sinclair

yann sinclair


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MessageSujet: 19 décembre 1792:    19 décembre 1792:  Icon_minitimeVen 24 Avr - 17:02

19 décembre 1792:  Moon510

Le danger était très réel, et ce n'était pas la Gironde, ce n'était même pas le Royalisme, les quatre ou cinq cents royalistes qui auraient entrepris d'enlever le Roi du milieu d'une armée.

Le danger, c'était la pitié publique.

Le danger, c'étaient les femmes sans armes, mais gémissantes, en pleurs, c'était une foule d'hommes émus, dans la garde nationale et dans le peuple.

Si Louis XVI avait été coupable, on s'en souvenait à peine; on ne voyait que son malheur.

Dans sa captivité de plusieurs mois, il avait converti, attendri, gagné presque tous ceux qui l'avaient vu au Temple, gardes nationaux, officiers municipaux, la Commune elle-même.

La veille de l'exécution, on eut peine à trouver deux officiers municipaux qui voulussent affronter cette image de pitié.

Les seuls qui y consentirent furent un rude tailleur de pierre, aussi rude que ses pierres, l'autre, un jeune homme, un enfant, qui eut cette curiosité barbare, il eut lieu de c'en repentir: le Roi lui adressa quelques mots de bonté qui lui percèrent le cœur

Un garde national exprimait un jour bien naïvement à Cléry l'attendrissement public.

C'était un homme du faubourg qui témoignait un désir extrême de voir le Roi.

Cléry lui obtint cette grâce. « Quoi ! monsieur, c'est là le Roi ! disait ce pauvre homme. Comme il est bon ! comme il aime ses enfants !...
— Ah ! disait-il encore en se frappant la poitrine, jamais je ne pourrai croire qu'il nous ait fait tant de mal »

Le Roi causait volontiers avec les municipaux, parlait à chacun de son état, des devoirs de chaque profession, et cela en homme instruit, judicieux

ll s'informait aussi de leur famille, de leurs enfants

La famille, c'était le point où ces hommes, partis de si loin, l'un de Versailles et du trône, les autres de leurs ateliers ou de leurs boutiques, se trouvaient naturellement rapprochés

C'était là le côté vulnérable de Louis XVI, et c'était aussi celui où tous les cœurs se trouvèrent blessés pour lui.

Personne qui ne fût ému quand il dit, le 11 décembre: « Vous m'avez privé une heure trop tôt de mon fils »

Sa séparation d'avec les siens était parfaitement inutile, dans un procès d'une telle nature, où l'on avait peu à craindre les communications des accusés entre eux.

Elle donna lieu à des scènes infiniment douloureuses, qui attendrirent tout le monde pour le Roi


Il disait à Cléry, devant les municipaux: « C'est le jour où naquit ma fille... Aujourd'hui son jour de naissance, et ne pas la voir !... »
Quelques larmes coulèrent de ses yeux...

Les municipaux se turent, respectèrent sa douleur paternelle; eux-mêmes se défiaient les uns des autres, et n'osaient pleurer.

Un dédommagement très-sensible qu'il eut dans son malheur, ce fut le changement total de la Reine à son égard.

Il eut bien tard, près de la mort, une chose immense, qui vaut plus que la vie, qui console de la mort: Être aimé de ceux que l'on aime.

La Reine était fort romanesque
(Elle parut romanesque au Temple même, mais ce fut dans la forme, et la situation excusait tout. Un des combattants du 10 août, municipal et commissaire au Temple, Toulan, s'était dévoué à elle et se faisait fort de sauver la famille royale, avec l'aide des royalistes. Elle lui donna une boucle de ses cheveux, avec cette devise en italien: Qui craint de mourir ne sait assez aimer. Toulan périt sur l'échafaud)

Elle avait dit, dès longtemps: « Nous ne serons jamais sauvés, que quand nous aurons été quelques mois dans une tour »

Elle le fut moralement.

Sa captivité du Temple la purifia, l'éleva; elle gagna infiniment au creuset de la douleur.

Le meilleur changement qui se fit en elle, ce fut de retourner aux pures et saintes affections de la famille, dont elle était fort éloignée jusqu'en 89, et même depuis.

Elle méprisait trop son mari, n'en voyant que les côtés lourds et vulgaires.

Son peu de résolution à Varennes et au 10 août lui avait fait croire qu'il manquait absolument de courage (Campan, ch. xvIII et xxi).

Elle apprit, au Temple, qu'il en avait beaucoup, en réalité; un courage, il est vrai, passif, qu'il puisait principalement dans la résignation religieuse.

Elle partagea l'intérêt général, en le voyant si calme dans une situation si périlleuse, si patient parmi les outrages, doux pour les hommes et ferme contre le sort.

La sécheresse naturelle aux femmes mondaines et légères s'amollit, fondit, à la tendresse, à la sensibilité extrême de l'époux, du père de famille, qui aimait tant, m'ayant plus pour aimer que si peu de jours !...

Elle devint (plus que tendre) passionnée pour lui.

Elle le gardait tout le jour, quand il fut malade, et aidait à faire son lit.

Cet amour nouveau, la séparation le poussa aux excès de la passion.

Elle dit qu'elle voulait mourir, et qu'elle ne mangerait plus.


Ce n'étaient point des plaintes ni des larmes, mais des cris perçants de douleur. Un municipal n'y tint pas.


Il prit sur lui, avec le consentement des autres, de réunir la famille et de les faire dîner ensemble, au moins pour un jour.


A cette idée seule, la Reine eut un violent accès de joie; elle embrassa ses enfants, et Madame Élisabeth remerciait Dieu, en levant les mains au ciel.


Alors la pitié vainquit, les assistants fondirent en larmes, jusqu'au cordonnier Simon, le féroce gardien du Temple: « En vérité, dit-il, mettant la main sur ses yeux, je crois que ces s..... femmes me feraient pleurer ! ... »


Le Roi paraît avoir senti, dans sa profonde douleur, le bonheur amer d'être aimé enfin, pour mourir...


Ce fut la cruelle blessure qu'il montra lui-même au prêtre qui le confessait, au moment de la dernière séparation: « Hélas! faut-il que j'aime tant, et sois si tendrement aimé ! »


On voit, dans son testament, que par un sentiment de générosité et de clémence qui fait honneur à son cœur, une de ses dernières craintes était que cette chère personne, qui n'avait pas aimé toujours, n'eût quelques remords du passé.


Cela est exprimé avec beaucoup de délicatesse: il lui demande d'abord pardon lui-même des chagrins qu'il peut lui avoir causés: « Comme aussi elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher »


La religion était tout son secours dans ses extrêmes épreuves.


Dès son arrivée au Temple, il s'était fait acheter le bréviaire de Paris.


Il le lisait plusieurs heures par jour, et chaque matin priait longtemps à genoux.


Il lisait beaucoup aussi le livre de l'Imitation, s'affermissant dans ses souffrances par celles de Jésus-Christ.


L'opinion qu'avaient sa famille et ses serviteurs qu'il était un saint, aidait à le faire tel.


Il s'épurait de ses faiblesses, de ses défauts naturels.

On parlait de je ne sais quels retranchements sur l'ordinaire de sa table; il dit, loin de s'irriter: « Mais le pain suffit.... »

Ce qui est bien plus, ce qui indique un grand effort, selon l'esprit chrétien, c'est qu'averti qu'il n'avait qu'à redemander ses enfants à la Convention, et qu'elle les lui rendrait, il dit: « Attendons quelques jours... Bientôt, ils ne me les refuseront plus »

Il voyait sa mort prochaine, et jusque-là, apparemment, se refusait ce bonheur par esprit de mortification. L'épuration fut-elle cependant complète en cette âme?

Il y aurait lieu de s'en étonner, d'après le caractère étroit de sa dévotion.

On voit par le récit de son confesseur, par les protestations qu'il adressa à l'archevêque de Paris, comme d'une ouaille à son pasteur, on voit qu'il resta un dévot de paroisse, plus qu'un croyant dans la Cité universelle de la Providence.

Le caractère d'une telle dévotion, c'est de purger l'âme, moins le défaut essentiel, moins le vice favori.

Louis XVI n'eut qu'un vice, qui était la royauté même: je parle de la conviction qu'il avait de la légitimité du pouvoir absolu, et, par suite, de celle des moyens de force ou de ruse qui peuvent maintenir ce pouvoir.

C'est ce qui explique comment il ne se reproche, à la mort, aucun de ses mensonges avoués et constatés.

Dans son testament, tout en recommandant à son fils de régner selon les lois, il ajoute: Qu'un roi ne peut faire le bien qu'autant qu'il a l'autorité, qu'autant qu'il n'est point lié.

S'il règne selon les lois, sans être lié, c'est qu'il les fait ou les domine, c'est qu'il est roi absolu.

Louis XVI mourait ainsi, dans l'impénitence, emportant la pensée coupable qui condamne la royauté: l'appropriation d'un peuple à un homme.

Ce fut aussi, nous le pensons, une chose très-funeste à sa conscience, très-propre à le confirmer dans les pensées d'un orgueil plus que royal, d'une étrange déification de lui-même, que l'empressement de ceux qui l'entouraient à lui demander des reliques « Ses dépouilles, dit Clery, étaient déjà sacrées, même aux yeux de ses gardiens »


A l'un il donnait sa cravate, à l'autre ses gants.


Quelle devait être sur lui-même l'opinion d'un homme qui voyait devenir précieuses, les moindres bagatelles qui lui avaient appartenu, tout ce qu'il avait touché?


Fort éloignée certainement de l'humilité chrétienne.


Il n'y eut guère jamais pour un mourant une pire tentation.


La Convention lui ayant permis de choisir un prêtre, il désigna le directeur de Madame Elisabeth, un Irlandais, élève des jésuites de Toulouse, l'abbé Edgeworth de Firmont.


Ce prêtre appartenait à l’Église non assermentée qui avait perdu le Roi, et qui, jusqu'en juin 92, avait cruellement persécuté les prêtres ralliés à la Révolution.


Elle existait sous la terre cette Église, terrifiée, mais vivante, prête à persécuter encore, comme elle a fait dès qu'elle a reparu
(A quoi s'occupaient-ils la veille du coup qui les terrassa, eux et leur roi, en 92? A persécuter les prêtres qui suivaient la loi et la nature, voulaient se marier. Le 27 mai 92, nous les voyons poursuivre, pour cette cause, un prêtre du faubourg Saint-Antoine. — Leurs malheurs ne les changent point. A peine reparaissent-ils qu'ils persécutent. Ils ont fait mourir de faim, forcé au suicide, un prêtre marié, le seul homme du temps de l'Empire qui ait eu la grande invention épique, Grainville, l'auteur du Dernier homme)


Elle avait le cœur de Louis XVI, et son dernier acte fut un acte solennel de sympathie et de confiance pour ces ennemis de la loi.

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19 décembre 1792:  C_icgp11
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