Un pavillon de chasse devenu garçonnièreSi de nombreux rois se sont distingués pour leur inépuisable appétit sexuel, Louis XIII, lui, n’était pas particulièrement porté sur la bagatelle. Il prenait plus de plaisir dans l’art de vénerie, chevauchant des journées durant loin du Louvre et de sa cour. À plusieurs kilomètres de Paris, il se fait donc construire un modeste pavillon, fait de briques et de pierres, au sommet du plateau de Versailles. Rien d’extravagant donc, le roi vient plutôt y chercher une retraite spirituelle. Puis le bâtiment tombera petit à petit dans l’oubli. C’est Louis XIV qui lui redonnera une seconde vie, mais pas pour s’y prêter aux mêmes occupations.
À l’opposé de son père, le jeune roi ne se détourne pas de la chose charnelle, bien au contraire. Pour le plus grand bonheur de sa mère, la régente Anne d’Autriche, qui ne voulait en aucun cas voir un impuissant monté sur le trône. C’est d’ailleurs elle qui le pousse dans les bras d’une prostituée. Une professionnelle de 38 ans – Louis XIV en a alors 13 – du nom de Catherine-Henriette Bellier, connue de tous comme Cateau la Borgnesse. Sa réputation la précédait dans le Tout-Paris : on sait Cateau fort laide, mais terriblement douée. Après ce premier coup d’essai, Louis XIV ne voulut plus jamais s’arrêter. Marié à sa cousine Marie-Thérèse d’Autriche en 1660, le souverain décide de retrouver ses maîtresses à Versailles, qu’il réaménage et agrandit. Il veut surtout y abriter ses amours clandestines avec la sublime Louise de La Vallière, 17 ans, une beauté étourdissante. Petit à petit, le château est l’objet de nombreux travaux et devient plus qu’un lieu de rencontres érotiques. Louis XIV le transforme en centre névralgique du pouvoir, au grand désarroi de son ministre Colbert.
Un bordel à ciel ouvertSi à Versailles, les grands de ce monde prennent des décisions, ils s’y amusent surtout beaucoup. Bals masqués, concerts, ballets, jeux et mascarades…Tout y est pensé en matière de divertissement. Même les jardins dessinés par Le Nôtre prêtent à la récréation et au batifolage. Courtisans et courtisanes se retrouvent derrière buissons et bosquets pour se conter fleurette, voire même un peu plus… Mais les nobles ne sont pas les seuls à considérer Versailles comme un lieu de plaisir. Dans le parc ou dans les bois environnants, la prostitution va bon train. À tel point que Louis XIV, irrité à l’idée que ses jardins deviennent un lupanar, fait interdire le racolage. Celles qui faisaient du trafic de leurs charmes étaient menacées d’être fouettées en place publique et leurs clients d’avoir le nez et les oreilles tranchés.
La « petite Sodome »Si au Grand Siècle l’homosexualité est passible du bûcher, à la cour versaillaise, elle se vit au grand jour, à peine dissimulée. Ainsi, Monsieur, le frère de Louis XIV, ne cache pas ses nombreuses liaisons masculines. Ses amants sont connus de tous : le marquis de Châtillon, le comte de Guiche et le grand amour de sa vie, le chevalier de Lorraine, avec lequel il vivra une passion de plus de trente ans. « Tous ces jeunes gens avaient poussé leurs débauches dans des excès horribles, et la Cour était devenue une petite Sodome », écrit dans ses Mémoires le marquis de Sourches, qui ne voyait pas vraiment d’un bon œil la banalisation du « vice italien », ainsi le qualifiait-on à l’époque. Dans les années 1680, c’est même une société secrète homosexuelle qui se constitue au château, regroupant quelques-uns des grands noms de la noblesse, comme le prince de Condé ou le prince Eugène de Savoie. Malgré leurs préférences, tous ces nobles ne se détournaient jamais de leurs devoirs religieux et conjugaux. Ainsi, même s’il aimait les hommes, Monsieur eut six enfants, de deux femmes différentes.
Le Parc-aux-cerfs, lieu de débauche de Louis XVSi Louis XIV était un romantique, Louis XV était un viandard qui ne recherchait que la jouissance. Marié à la Polonaise Marie Leszczynska, c’est avec sa maîtresse, Madame de Pompadour, qu’il découvrit tous les plaisirs. Mais cette dernière, plus intéressée par le pouvoir que par le sexe, se détourna rapidement des parties de jambes en l’air. D’amante, elle passa donc confidente… et entremetteuse. La Pompadour était en effet responsable de ce qui se trouvait dans le lit du roi, et était donc chargée de lui trouver des jeunes filles, plutôt de bonne famille et idéalement vierges. Elle les installa toutes dans une maison du Parc-aux-cerfs, un quartier de Versailles, pour constituer une sorte de sérail royal. Un véritable lieu de débauche qui en faisait fantasmer plus d’un. Parmi ces petites maîtresses, la plus célèbre reste la belle Marie-Louise O'Murphy, modèle adoré du peintre François Boucher et protégée de Casanova.
Les orgies de la Du BarryDernière favorite de Louis XV, Madame du Barry était réputée pour son caractère sulfureux. Ainsi, elle organisait, dans ses appartements, des soupers fantasques et très coquins. Les convives y étaient priés de quitter un vêtement à chaque plat servi, et d’intervertir régulièrement leurs partenaires. On raconte qu’un soir, la Du Barry elle-même fut honorée par une dizaine de gentilshommes.