Dimanche 11 juillet 1790
Avant d’aller à l’Assemblée nationale, le duc d’Orléans va rendre ses respects au Roi et à la Reine.
Marie Antoinette ne lui a adressé que deux paroles.
Louis XVI lui dit avec bonté: « Venez, Monsieur, vous apprendrez à être bon français »
Louis XVI passe en revue les 2ème, 4ème et 6ème divisions de la garde nationale.
Marie Antoinette, M. le Dauphin et Madame Royale s’y trouvent.
Le concours des députés des provinces à la fédération a été très nombreuses, et tous ont reçu le plus flatteur accueil du Roi et de la Reine.
La future constitution civile du clergé heurte et répugne les convictions religieuses de Louis XVI.
Au soir du dimanche 11 juillet 1790
Après les titulaires des entrées de la chambre fussent sortie, après la cérémonie du Coucher, Louis XVI reste seul avec le duc de Villequier, premier gentilhomme de la chambre du Roi, de service, et M. Vicq d’Azyr, médecin consultant du Roi, et premier médecin de la Reine.
Le dos tourné vers le feu, Louis XVI est pensif et agité.
Son médecin lui demande s’il se sent incommoder.
Louis XVI lui répond « c’est que je suis tourmenté, d’un s’avis secret, que j’ai reçu ce soir, que demain on va décréter la constitution civile du clergé; qu’on doit me présenter pour la sanctionner, ce qui me répugne beaucoup, et je suis très embarrassé de ce que je dois faire »
A ce propos, M. Vicq d’Azyr dit « Mais, Sire, votre santé avant tout. Je vois Votre Majesté dans une agitation qui prouve qu’elle n'est pas dans son état naturel, et, si cela dure quelques temps encore, je crains qu’elle n’ait une maladie sérieuse »
Louis XVI répond
« Pour être agité, je le suis, et beaucoup. Qui ne le serait pas à ma place, de me voir forcé, par des considérations impérieuses, de sanctionner un décret qui répugne à ma délicatesse et à mon honneur? Mais je dois empêcher de plus grands maux qui résulteraient de mon refus. J’en sais les conséquences par les exemples de l’histoire d’Angleterre; je sais bien que c’est une conspiration des protestants qui ont pris le masque de la philosophie pour égarer l’opinion de la multitude; c’est le sentiment du Pape, il ne me l’a pas laisser ignorer. Il aurait fallu prévenir de loin et neutraliser leur fatal projet; mais c’est fait, le sort en est jeté. Il ne me reste plus que l’espérance, dans des moments plus calmes, de paralyser peu à peu les pernicieux effets qui en résulteront»
Le duc de Villequier intervient
« Je suis de l’avis de Votre Majesté; je pense que quand Henri IV se vit forcée de se faire catholique pour anéantir tous les troubles du Royaume; il a dû bien lui en coûter, car il tenait beaucoup à sa religion; mais sa prudence politique l’emporta, comme les sages réflexions de Votre Majesté lui prescrivent, dans ce moment, de céder à la nécessité des circonstances »
Louis XVI finit cet échange « C’est bien, je vais me coucher et tâcher de me reposer si je peux, mais je vous recommande le plus grand silence sur ce que je viens de vous dire »
Le duc de Villequier et M. Vicq d’Azyr protestent de leur discrétion.
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Le duc d’Orléans prononce un discours et prête le serment civique