SEJOUR DE MONSEIGNEUR, DE M. LE DUC DE BOURGOGNE ET DE M. LE DUC DE BERRY, EN NOVEMBRE 1707
Contrairement à l’usage qu’il avait établi, Louis XIV accorde, par grâce, au comte de Toulouse, son fils légitimé, que ses officiers n’iront pas au château de Rambouillet, pendant le séjour de Monseigneur et ses fils. Le comte de Toulouse avait représenté, au Roi, qu’il n’y avait pas encore assez d’appartements pour loger les siens.
Comme le Roi ne défend pas à ceux, qu’il fait l’honneur d’aller voir, de donner des rafraîchissements à ceux de sa suite, et de celles des princes, ni même de tenir quelques tables, la dépense que le comte de Toulouse faisait, était déjà si grande, et ses officiers étaient en si grand nombre que ceux du Roi étaient embarrassés, ou qu’ils s’embarrasseraient plutôt les uns les autres.
Monseigneur et ses fils doivent séjourner, au château de Rambouillet, pendant une semaine.
• Lundi 14 novembre 1707
Monseigneur et ses fils partent, à 7 heures, pour aller au château de Rambouillet, où ils resteront jusqu’au vendredi, et y goûteront au plaisir de la chasse. Ils sont accompagnés d’un grand nombre de seigneurs.
Quand ils arrivent au château de Rambouillet, ils vont à la chasse au loup, et en reviennent à 18 heures et se mettent à table.
Il y a deux tables de 15 couverts chacune, très magnifiquement servis. Tous les officiers des princes sont régalés ainsi que les gardes du corps et les Cent Suisses.
Pendant qu’ils seront au château de Rambouillet, on servira, tous les matins, de grands déjeuners avant le départ pour la chasse et que l’on en revenait que le soir. A l’heure du dîner, on sert la table des princes avec autant de magnificence, de délicatesse et de propreté que s’ils y étaient.
On sert aussi une seconde table pour les officiers du premier ordre, et une troisième pour les officiers de la chambre.
La première table est servie par les officiers du comte de Toulouse, la seconde par les valets de pied du comte de Toulouse, et la troisième par les domestiques de ceux qui y mangeaient. Elles sont accompagnées d’une quatrième table à qui on a donné le nom de « table des survenants ».
Les meilleurs vins de Champagne et de Bourgogne y sont servis, ainsi que les vins de liqueur ; le café et le thé étaient toujours prêts pour tous ceux qui en souhaitaient.
L’attention M. Desplassons, gouverneur du château de Rambouillet, était si grande, qu’aucune table n’est servie sans qu’il en estime lui-même tous les services, et qu’il n’y est tout examiné et si tout répondait à ce qu’avait ordonné le comte de Toulouse.
Au sortir de table, certains jouent au billard, et à différents jeux. Il y a aussi musique sous la direction de M. Mattau.
• Mardi 15 novembre 1707
Il y a une grande chasse.
• Mercredi 16 novembre 1707
M. le duc de Berry monte à cheval, à 7 heures, et va tirer des lapins et des lièvres jusqu’à l’heure marquée pour le départ de la chasse au loup, où il en tuera un. On rentre de bonne heure de cette chasse.
Après la chasse, Monseigneur prend le divertissement de la promenade. De son côté, M. le duc de Bourgogne va tirer des lapins, ce qui l’occupe jusqu’à la nuit.
Monseigneur envoie tous les jours savoir des nouvelles du Roi, et de lui rendre compte des chasses qu’ils font au château de Rambouillet.
Monseigneur, étant fort satisfait des plaisirs qu’il goûtait à Rambouillet, propose de ne le que quitter que le samedi.
• Jeudi 17 novembre 1707
M. le duc de Berry fait comme la veille, et ne revient qu’à l’heure destinée pour la chasse au cerf. On en prit un.
Au retour, Monseigneur prend le divertissement de la promenade. Ses fils vont tirer de leurs côtés.
La curée a lieu dans l’avant cour, suivant les ordres du comte de Toulouse.
• Vendredi 18 novembre 1707
Il y a encore une chasse et d’autres plaisirs.
• Samedi 19 novembre 1707
Monseigneur et ses fils, ainsi que les seigneurs qui les avaient accompagnés, retournent à Versailles, comblés des plaisirs qu’ils avaient pris à Rambouillet, et charmés des grandes et engageantes manière du comte de Toulouse.