yann sinclair
Nombre de messages : 26582 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
| Sujet: 11 janvier 1714: François VII de La Rochefoucauld Sam 16 Jan - 12:22 | |
| jeudi 11 janvier 1714 François VII de La Rochefoucauld, duc de La Rochefoucauld et Pair de France, Grand Veneur et Grand Maître de la Garde-Robe du Roi, meurt, à 79 ans, à 6 heures. prince de Marcillac
puis 3e duc de La Rochefoucauld (24 août 1671-11 janvier 1714) [i]Duc de La Roche-Guyon [/i] [i]Duc de Liancourt[/i] pair de France
Il fut un grand officier de la maison du roi de France et l'un des favoris de Louis XIV, ayant occupé les fonctions de grand-maître de la garde-robe (1672) et de grand veneur à partir de 1679.
(Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), Paris, Maisonneuve & Larose, 1996, 1218 p. (ISBN 2-7068-1219-2), p. 685-686)
chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit (1688) (François VII de La Rochefoucauld)
- Né le 15 juin 1634
- Décédé le 11 janvier 1714 dans sa maison de Versailles, aveugle à l'âge de 79 ans
- Il fut enterré sur la terre ancestrale des La Rochefoucauld en Angoumois.
Parents
- François, duc de La Rochefoucauld 1613-1680
- Andrée de Vivonne 1612-1670
Marié le 13 novembre 1659 à Paris avec Jeanne Charlotte du Plessis Liancourt (1644 - Paris, 30 septembre 1669), fille d'Henri du Plessis, comte de La Roche-Guyon, premier gentilhomme de la chambre du Roi, et d'Anne Elisabeth de Lannoy; petite fille de Roger du Plessis, duc de La Roche-Guyon, pair de France, Bailly et gouverneur de Clermont en Beauvaisis. Trois enfants sont issus de ce mariage:
- François VIII de La Rochefoucauld, 4ème duc de La Rochefoucauld, pair de France, prince de Marsillac, baron de Verteuil, grand veneur de France, chevalier des ordres du Roi (17 août 1663 - Paris, 22 avril 1728), marié en 1679 avec Madeleine Charlotte Le Tellier, dont postérité
- Henri Roger de La Rochefoucauld, marquis de Liancourt, officier, lieutenant général des armées du Roi, dans lesquelles il sert jusqu'en 1707 (14 juin 1665 - château de Liancourt, 21 mars 1749), sans alliance
- Charlotte de La Rochefoucauld (1666 - 17 août 1676)
dont
- Jeanne Gabrielle Françoise 1661-1676
- François 1663-1728
- Henri Roger 1665-1749
Devient duc de La Roche-Guyon par héritage de Jeanne du Plessis-Liancourt, fille d'Henri-Roger, dernier duc de La Roche-Guyon. Fut un des favoris de Louis XIV. On le chansonna: à la cour, il (la Rochefoucauld) est soutenu de la machoire formidable du gros Marsillac, devenu homme important et fort capable Las ! quand il tournait son chapeau on le prenait pour un nigaud. Saint Simon : ... Sans charge, sans emploi, portant encore sur le visage des marques du combat du faubourg Saint-Antoine, fils d'un père à qui le roi n'a voit jamais pardonné, et qui sans approcher de la cour faisait à Paris les délices de l'esprit et de la compagnie la plus choisie, ce fils ne fit peur à personne de ce qui environnait le roi. Je ne sais comment cela arriva, et personne ne l'a pu comprendre, à ce que j'ai ouï dire à M. de Lauzun, qui pointait fort dès lors, et aux vieillards de son temps, mais en fort peu de jours il plut tellement au roi dont, au milieu d'une cour en hommes et en femmes si brillante, si polie, si spirituelle, le goût n'était pas fin ni délicat, qu'il lui donna des préférences qui inquiétèrent Vardes, le comte de Guiche, et les plus avant dans la privance du roi. Cette affection alla toujours croissant, jusque-là que le père de concert avec son fils se roidit à ne se point démettre de son duché pour en tirer par cette adresse, le rang de prince étranger, qu'il ne se consolait point d'avoir vu arracher aux Bouillon avec cet immense échange, et tirer ces grands établissements des mêmes crimes qui lui étaient communs avec eux, parce qu'ils avaient plus effrayé que lui. Cet artifice néanmoins échoua, et ne les mena qu'à l'inutile distinction d'être traités de cousin. Mais le fils tira de sa faveur la charge de grand maître de la garde-robe que le roi avait faite pour Guitry, tué sans alliance au passage du Rhin, et celle de grand veneur à la mort de Soyecourt, que le roi lui apprit lui-même par ce billet dont on lui fit tant d'honneur, qu'il se réjouissait comme son ami de la charge qu'il lui donnait comme son maître. On dit alors qu'il l'avait fait son grand veneur pour avoir mis la bête dans les toiles. Il était confident des aventures passagères du roi, et on l'accusa dans ce temps-là de lui avoir fourni Mlle de Fontanges. Sa mort prompte et soupçonnée de poison n'altéra point la faveur de son ami. Il se lia alors étroitement avec Mme de Montespan, Mme de Thianges et toute sa famille. Cette liaison, qui fit son éloignement de Mme de Maintenon, dura avec eux toute sa vie, et sa faveur aussi, qui lui fit donner avec raison le nom de l'ami du roi, parce qu'elle fut solide au-dessus de toute autre, et indépendante de tous appuis, comme inébranlable à toute secousse. Il tira du roi des sommes immenses, qui lui paya trois fois ses dettes, et lui faisait sans cesse et sourdement de gros présents. C'était un homme haut, de beaucoup de valeur, et d'autant d'honneur qu'en peut avoir un fort honnête homme, mais entièrement confit dans la cour. Avec cela noble et magnifique en tout, au-dessus du faste, officieux, serviable, et rompant auprès du roi les plus dangereuses glaces pour ceux qu'il protégeait, et souvent pour des inconnus, du mérite ou du malheur desquels il était touché, et les a très souvent remis en selle. Je ne sais qui l'avait mis en inimitié avec M. de Louvois, à moins que ce ne fût une suite de ses liaisons avec Mme de Montespan qui fut toujours aux couteaux avec ce ministre. Il était lors au plus haut point de faveur et de puissance par les grands succès de la guerre; mais elle était finie, c'était en 1679, et il craignait un favori haut et fougueux qui lui-même n'appréhendait rien, parlait au roi avec la dernière liberté, et s'expliquait au monde sans mesure. Il songea donc à se le réconcilier par le mariage de sa fille avec son fils, et de le faire avec tant de grâces et de richesses qu'il pût désormais autant compter sur lui comme il avait eu lieu de le craindre. Mais pour cette affaire-là il fallait être deux, et M. de La Rochefoucauld n'en voulut pas ouï parler, jusqu'à ce que le roi, entraîné par son ministre, et importuné des haines de gens qui à divers titres l'approchaient de si près, se mit de la partie, et força plutôt par autorité M. de La Rochefoucauld à consentir au mariage et à la réconciliation qu'il ne le gagna, malgré tant de trésors dont ce mariage fut la source, et la nouvelle érection de La Rocheguyon faite et vérifiée en faveur de son fils qui en prit le nom. La réconciliation ne dura guère entre deux hommes si impérieux et si gâtés. Jamais M. de La Rochefoucauld n'aima sa belle-fille, ni ne la voulut souffrir à la cour quoique son mérite et sa vertu l'ait fait généralement considérer, et que son économie et son travail ait non seulement rétabli cette maison ruinée (et par M. de La Rochefoucauld lui-même qui fui: toujours un panier percé), mais qui la laissa une des plus puissantes du royaume. M. de La Rochefoucauld était borné d'une part, ignorant de l'autre à surprendre, glorieux, dur, rude, farouche et ayant passé toute sa vie à la cour, embarrassé avec tout ce qui n'était pas subalterne ou de son habitude de tous les jours. Il était rogue, en aîné des La Rochefoucauld qui le sont tous par nature et par conséquent très repoussants. J'en ai vu peu de ce nom qui aient échappé à un défaut si choquant, que M. de La Rochefoucauld avait fort au-dessus d'eux tous; avec cela, bien plus ami qu'ennemi, quoique ennemi dangereux, et même à incartades; mais excepté un bien petit nombre, ami par fantaisie, sans goût et sans choix. Il aimait moins que médiocrement ses enfants, et quoiqu'ils lui rendissent de grands devoirs, il leur rendait la vie fort dure; gouverné jusqu'au plus aveugle abandon par ses valets, à qui presque tous il fit de grosses fortunes, partie par crédit., partie en se ruinant pour eux, jusque-là qu'il fallut que sur la fin, son fils, le bâton haut, y entrât pour tout ce qu'il voulut. Les vieillards se souvenaient d'avoir vu Bachelier son laquais leur donner à boire à sa table, en livrée, et s'étonnaient de le voir premier valet de garde-robe du roi, dont le fils est aujourd'hui premier valet de chambre, de la charge de Bloin qu'il a achetée. Il faut dire à l'honneur du père qu'il n'y eut jamais homme si modeste, si respectueux; qui se soit moins méconnu, ni qui ait toujours plus exactement vécu à l'égard de M. de La Rochefoucauld et tout ce qui lui a appartenu que s'il n'avait pas changé de condition; un fort honnête homme, très sage, et qui se fit considérer. Il refusa beaucoup de M. de La Rochefoucauld et a souvent obtenu de lui pour ses enfants ce qu'eux-mêmes, ni d'autres pour, eux, n'avaient pu faire. On dit aussi du bien de son fils. Si M. de La Rochefoucauld passa sa vie dans la faveur la plus déclarée, il faut dire aussi qu'elle lui coûta cher, s'il avait quelques sentiments de liberté. Jamais valet ne le fut de personne avec tant d'assiduité et de bassesse, il faut lâcher le mot, avec tant d'esclavage, et il n'est pas aisé de comprendre qu'il s'en put trouver un second à soutenir plus de quarante ans d'une semblable vie. Le lever et le coucher, les deux autres changements d'habits tous les jours, les chasses et les promenades du roi de tous les jours, il n'en manquait jamais, quelquefois dix ans de suite sans découcher, d'où était le roi, et sur le pied de demander congé, non pas pour découcher, car en plus de quarante ans il n'a jamais couché vingt fois à Paris, mais pour aller dîner hors de la cour et ne pas être à la promenade, jamais malade, et sur la fin rarement et courtement [de] la goutte. Les douze ou quinze dernières années il prenait du lait à Liancourt, et un congé de cinq ou six semaines. Quatre ou cinq fois en sa vie il en a pris autant pour aller chez lui à Verteuil en Poitou où il se plaisait fort, et où la dernière il ne fut pas huit jours qu'il fallut revenir, sur un courrier et un billet du roi qui lui mandait qu'il avait une anthrax, et qui par amitié et confiance le voulut auprès de lui. Il allait dîner à Paris trois ou quatre fois l'année, un peu plus souvent à une petite maison près de Versailles où le roi fut quelquefois, mais il n'y coucha jamais. Son appartement à la cour était ouvert depuis le matin jusqu'au soir. Le mélange des valets d'un trop bon maître, les égards qu'il fallait avoir pour eux, les airs et le ton qu'y prenaient les principaux, en bannissait la bonne compagnie, qui n'y allait que rarement et des instants, embarrassée avec lui, et lui empêtré avec elle, qui y laissait le champ libre aux désoeuvrés et aux ennuyeux de la cour, mêlés de subalternes, tous gens qui n'auraient guère eu entrée ailleurs. Ils y établissaient leur domicile et leurs repas, et y essuyaient les humeurs du maître, qui dominait durement sur eux, et qui se trouvait toujours déplacé avec mieux qu'eux. Cette raison et son temps, que son assiduité rendait fort coupé, l'avaient mis sur le pied qu'il ne faisait presque aucune visite, et d'amitié il n'allait guère que chez le cardinal de Coislin, M. de Bouillon et M. le maréchal de Lorges. Pour de femme, elles étaient toutes ses bêtes; à peine pouvait-il souffrir ses parentes, encore quand il les rencontrait, et ce hasard était fort rare. Mme la maréchale de Lorges et Mlle de Bouillon étaient les seules qui eussent trouvé grâce devant lui. Mme Sforce, il allait quelquefois causer chez elle, et elle par les derrières chez lui. C'était les restes de Mme de Montespan et de Mme de Thianges sa mère. On aurait cru qu'il devait être heureux, et jamais homme ne le fut moins. Tout le choquait; il se fâchait des choses les plus fortuites et les plus indifférentes, et il était si accoutumé à réussir, que tout ce qu'il obtenait pour soi ou pour autrui lui semblait toujours peu de chose. En même temps jamais homme si envieux. Les grâces les moins à la portée de gens en qui il s'intéressât, et les moins proportionnées à lui, le chagrinaient essentiellement. Il était né piqué de tout, d'un évêché, d'une abbaye; mais quand il en tombait sur des émules de faveur, comme M. de Chevreuse, M. de Beauvilliers, M. le Grand, le maréchal de Villeroy, il était au désespoir à ne pouvoir le cacher. Il haïssait les trois premiers de jalousie, l'autre un peu moins, parce qu'il était en respect avec lui. Il était toujours demeuré une sorte de liaison de M. le Prince et de M. le prince de Conti à lui, de l'ancien chrême des pères, mais sans rien d'apparent. Sur les derniers temps, ses bas amis et ses valets abusèrent de lui pour eux et pour les leurs, et lui firent faire au roi si souvent des demandes âpres, importunes et si peu convenables, qu'il l'en fatigua et l'accoutuma à le refuser, et lui à le gourmander de plaintes et de reproches, [ce] qui mit un malaise entre eux, et lui donna des pensées de retraite qui l'amusèrent et le trompèrent longtemps. Sa voix était déjà fort affaiblie, elle ne lui permettait plus de monter à cheval; il courait en calèche, et si on manquait, c'était à l'ordinaire une furie jusqu'à la chasse suivante qu'on prenait. À la mort du cerf, il se faisait descendre et mener au roi, pour lui présenter le pied, qu'il lui fourrait souvent dans les yeux ou dans l'oreille. Cela le peinait fort, et même le monde, et de le voir presque couché dans sa calèche comme un corps mort. Quelquefois le roi hasardait doucement de lui proposer de prendre du repos, et cela perçait le coeur au favori, qui, ne pouvant plus suivre le roi ni le servir, faute de vue, sentait qu'il lui devenait pesant de plus en plus. Peu écouté, presque toujours éconduit, quelquefois, à force d'importuner, refusé sèchement, le dépit vint au secours du courage. Il se retira, mais pitoyablement. Il flottait entre sa maison de Paris et Sainte-Geneviève, où la mémoire du cardinal de La Rochefoucauld l'eût rendu maître de tout ce qu'il aurait voulu . En l'un et l'autre lieu il n'eût pas manqué de toute espèce de compagnie et de secours; mais ses valets, qui étoient ses maîtres, ne lui permirent ni l'un ni l'autre. Ils le voulurent à portée de le faire marcher à leur gré chez le roi, pour en arracher des grâces pour eux, et tirer ce qu'il pourrait d'un reste de crédit et de bonté du roi pour lui. Ils le confinèrent au Chenil, à Versailles, lieu très éloigné de tout, et où bientôt il demeura dans un entier abandon, à l'ennui et à la douleur d'un aveugle déchu de toute occupation, de toute faveur et de tout commerce. Il en fit encore quelques parties de main pour importuner le roi, dans le cabinet duquel il allait par les derrières, la plupart peu fructueuses, qui achevèrent de l'accabler. Il finit ainsi fort amèrement sa vie, entièrement en proie à ses valets, et avec peu de provisions pour se suffire. ..._________________ 👑 👑 👑 ⚜ ⚜ |
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