Décors et costumes des séries historiques

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• De Voltaire à la reine d’Angleterre, les séries d’époque ont le vent en poupe. Plus que l’authenticité, les professionnels du décor et des costumes cherchent avant tout à créer un univers.
  

Pierre Quefféléan (à gauche) sur le tournage de Paris Police 1900. | CAPTURE D’ÉCRAN, CANAL +

• The Crown, La Chronique des Bridgerton, Vikings, de Gaulle, Rome, La Révolution, Versailles, Voltaire, Barbares… Des titres qui fleurent bon les voyages à travers les époques, pour des séries en robes longues, broderies, dentelles, hauts-de-forme et autres redingotes ou peaux de bêtes et toges.
  

Les Aventures du jeune Voltaire. Thomas Solivérès (Voltaire), Christa Theret (Adrienne Lecouvreur), Victor Le Blond (Nicolas Thieriot). | JO VOETS

• Devant la reine Élisabeth virevoltant dans les bras du président du Ghana (The Crown) ou face à ces dames de la bourgeoisie qui se piquent à l’heure du thé ( Paris Police 1900 ), le spectateur s’interroge sur ce qui relève du vrai ou du faux, du plausible, de l’anachronique, du complètement incohérent…
  
  Mais au-delà de la trame, du scénario, des personnages et des rebondissements, deux  acteurs  ​de l’ombre jouent un rôle clé dans la crédibilité ou le réalisme d’une série : le décorateur et le costumier.
  

• La question n’est pas de faire authentique ​, s’offusque presque Anaïs Romand. Elle signe les costumes de Paris Police 1900 (actuellement sur Canal + ). Cette série écrite par Fabien Nury, à mi-chemin entre l’enquête policière et le thriller politique, sur fond d’antisémitisme et de procès Dreyfus, met en scène une multitude de personnages, de la maîtresse de Félix Faure aux bouchers des abattoirs de La Villette, en passant par le préfet Lépine ou le criminologue Alphonse Bertillon. Des femmes, des hommes et des événements qui ont bien existé, donc. Pour autant, ça me désespérerait qu’on traite mon travail de réaliste ​, renchérit la créatrice de costumes, dont le travail au cinéma a été salué de plusieurs César ( L’Apollonide, Saint Laurent, La Danseuse).

• Pour cette série, elle a conçu « près de 400 » costumes. Je ne fais pas de la muséographie et je ne prétends pas faire un travail d’historienne. J’essaie d’inventer un univers, je définis une ligne, une charte de couleurs, des ambiances, qui vont avec les décors. Si le spectateur a l’impression d’être plongé dans une époque et qu’il y croit, le but est atteint. Des tas de choses correspondent à l’époque mais on est dans la fiction.
  
  Le souci de réalisme est hyper-important, c’est le fil conducteur ​, assure de son côté Pierre Quefféléan, le chef décorateur de Paris Police 1900 (César pour Au revoir là-haut, situé en novembre 1919). Il raconte lui aussi un long travail de documentation. Et une immersion de plusieurs semaines dans des centaines de daguerréotypes (procédé photographique de l’époque) pour imaginer et concevoir le Paris de la Belle Époque : salons cossus de la préfecture et des hôtels particuliers, abattoirs de La Villette (véritable ville dans la ville) ou bureaux du commissariat. On ne voulait pas véhiculer de fausses images. Mais, « ne pas faire musée » non plus​.

• Un défaut récurrent dans les fictions qui se passent au XVIIe ou au XVIIIe siècle, dans la cour du roi. Quand on a la chance de pouvoir tourner dans un salon de Versailles ou un très beau château comme Vaux-le-Vicomte, explique le professionnel, ​on n’a pas le droit de toucher à quoi que ce soit. On rajoute deux trois accessoires et on tourne. Le résultat est un peu strict et c’est gênant. C’est pour ça que c’est formidable de reconstituer des espaces en studio : on peut les abîmer et leur donner vie.»

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