Depuis plus de 20 ans, l'homme d'affaires Bruno Ledoux collectionne les objets historiques qui racontent la vie de Napoléon.
- "Ce sont ses vraies lunettes, sa vraie chemise, son vrai lit" : le collectionneur Bruno Ledoux présente Napoléon en cire et grandeur nature assis sur son lit de camp au milieu de centaines d'objets, certains ayant façonné sa légende et d'autres plus intimes.
Les salons de son hôtel particulier dans le VIIe arrondissement sont très richement meublés, tels qu'ils devaient l'être quand des dandys du Paris mondain s'y pressaient il y a 130 ans, mais le coeur de la collection de Bruno Ledoux, 56 ans, reste plus discrète.
Porte blindée et code secret pour protéger la collection historiquePour la découvrir, il faut descendre au premier étage, derrière une porte blindée actionnée par un code secret : trois pièces sombres abritant un bric-à-brac d'objets de trois siècles mêlés. Surgissent des pièces intimes et emblématiques : armes, habits, meubles, bijoux, lettres, édits... : de Louis XVI et Napoléon jusqu'à Pétain, de Gaulle et même Hitler.
Photos de famille de Napoléon. :copyright: Collection NBC / Bruno LedouxBruno Ledoux ouvre ainsi à l'AFP un dossier qui recèle la correspondance du Führer avec Göring, de son bunker, quatre jours avant son suicide.
Bruno Ledoux s'est aussi amusé à reconstituer une scène figurant Napoléon avec sa mère Maria Letizia et un mamelouk de la Garde impériale.
"Apprendre la grande histoire par la petite"Si ce petit-fils du diplomate Albert Ledoux, soutien du général De Gaulle dès 1940, a acheté l'Hôtel Saint-Denys, c'est dit-il parce qu'il avait été conquis par son "atmosphère proustienne". Quant à sa passion pour l'histoire, elle lui est venue de ce grand-père qui lui lisait les collections de livres richement illustrés de JOB (Jacques Onfroy de Bréville) racontant le roman national.
- "Apprendre la grande histoire par la petite, connaître les personnages avec leurs problèmes psychologiques, cela m'a motivé", explique l'homme d'affaires et de médias, l'un des fondateurs d'Altice Media Groupe.
- "J'aime bien montrer la montée et la descente des personnages. Dans un destin, c'est la fin qui donne une dimension d'immortalité", souligne-t-il, évoquant aussi bien Marie-Antoinette à la prison du Temple que Napoléon à Sainte-Hélène.
Une exposition à Liège à l'occasion du bicentenaire de la mort de NapoléonSes objets napoléoniens partent à Liège pour une exposition, à l'occasion du deux-centième anniversaire de la mort de Napoléon qui se déroulera du 3 avril 2021 au 9 janvier 2022 à la gare de Liège-Guillemins. "L'Empereur, c'est l'ascenseur social, c'est pour cela qu'il est coté partout", raconte le collectionneur portant jeans et baskets.
Il dit avoir dû se battre dans certaines enchères face à des concurrents russes, chinois, américains acharnés. "Des gens pour qui Napoléon c'est mythique, pas forcément des collectionneurs! J'ai oeuvré pour que la majorité des pièces restent en France".
Calotte du pape et tire-bottes de l'impératrice JoséphineUn de ses trophées est "le trône, un des cinq qui existaient, probablement celui de l'Hôtel de Ville". Rouge et doré avec ses attributs, le "N", l'abeille, les lauriers et la foudre. Il l'a fait restaurer "par les ateliers Lesage à l'or pur".
La collection révèle d'abord le caractère, les goûts, les étapes de la carrière du jeune officier : du premier portrait connu de Bonaparte en 1796 à un extrait d'un roman de jeunesse, de sa relation manuscrite du 13 vendémiaire (1795), ce coup d'Etat royaliste réprimé avec son concours, de son portefeuille en maroquin de Premier Consul au tout premier code civil.
Vient ensuite le sacre avec, entre autres, la calotte du pape Pie VII qui couronna Napoléon. Puis l'Empire avec ses fastes, telle une parure en perles de gypse de l'impératrice Joséphine. Et ses campagnes militaires : un bicorne, ses pistolets, son sabre, sa boite à courrier, son nécessaire dentaire, son tire-bottes, sa trousse de chirurgie...
Robe de cour attribuée à l'impératrice Joséphine. :copyright: Augustin François André Picot :copyright: Collection Bruno LedouxBicorne de Napoléon Ier :copyright: Collection Bruno LedouxDes souvenirs de l'exil à Sainte-HélèneDes objets issus de l'intimité de la famille impériale sont présentés comme la layette, le bonnet de baptême, les soldats du plomb du petit roi de Rome. Mais ce sont aussi nombre d'objets, de lettres instructives ayant appartenu aux proches de l'Empereur que rassemble cette collection. Enfin des souvenirs de Sainte-Hélène témoignent du triste exil : sa montre, sa tabatière, un mouchoir, des livres de sa bibliothèque, un fragment du drap funéraire, les meubles de sa chambre....
Continue-t-il à enrichir aujourd'hui sa collection ? "Je me suis calmé", promet-il.
https://www.geo.fr/histoire/napoleon-visite-chez-le-collectionneur-bruno-ledoux-a-paris-204085