madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Dès le XVIIe siècle, la mode française donne le ton Mer 24 Mar - 9:04 | |
| Bonjour à tous les Amis du Boudoir de Marie-Antoinette, Voici un intéressant entretien avec la spécialiste Hélène Delalex faisant remonter l'influence Française au-delà du XVIIIe siècle. Sur son site internet, le château de Versailles consacre une exposition aussi plaisante qu’intéressante à la mode. Hélène Delalex, conservateur du patrimoine, décrypte quelques-uns des innombrables codes qui régissaient le paraître sous l’Ancien Régime.La France pays de la mode : qu’en est-il sous l’Ancien Régime et à Versailles en particulier ?Hélène Delalex : À partir du XVIIe siècle et du règne de Louis XIV, la France donne le ton. Elle est l’arbitre du style et du bon goût. Pour le Roi Soleil et son ministre Colbert, il s’agit d’inverser une tendance commerciale : exporter au lieu d’importer. Les « industries » du luxe dont la mode fait partie représentent une arme puissante et leur diffusion dans toute l’Europe une obsession pour Colbert. Voyez par exemple les perruques dont se coiffent encore les juges anglais selon une habitude venue de France et qui a perduré outre-Manche !L’histoire de la perruque mise à la mode par Louis XIV est d’ailleurs singulière…Hélène Delalex : Et totalement liée aux circonstances. Sous François Ier, les hommes portaient les cheveux courts. Le règne de Louis XIII se caractérise, lui, par des coiffures un peu plus longues et bouclées, habitude que reprend et amplifie le jeune Louis XIV, très fier de sa chevelure léonine qui suscitait l’admiration. Jusqu’à ce qu’une fièvre typhoïde en 1658 lui fasse perdre ses cheveux : il arbore alors une perruque - à l’époque attribut de vieillesse pour masquer la calvitie - qu’il pense provisoire. Elle est dite « à fenêtre », pour faire passer de véritables mèches de cheveux. Mais, en 1673, le roi se fait définitivement raser la tête et se met à la perruque telle que les portraits nous la montre, imposant ce nouvel usage aux courtisans et… à tous les monarques. Elle deviendra de plus en plus haute, vertigineuse même.L’exposition sur le site du château de Versailles s’intéresse au XVIIIe siècle où la mode étend encore son emprise. Comment ?Hélène Delalex : Parmi diverses évolutions, mentionnons celle des gravures de modes en couleurs qui, au XVIIIe siècle, sont désormais publiées dans des périodiques, accroissant ainsi considérablement leur diffusion. Les modèles se renouvellent de plus en plus vite, chaque collection chassant la précédente. Avant, on « réformait » les vêtements ; désormais, on les remplace…
La dauphine puis la reine Marie-Antoinette contribue à faire de la mode une affaire essentielle, les dames de la noblesse imitant la souveraine. Parfois, comme en attestent les archives, au risque de ruiner leur famille par des dépenses considérables. Figure « clivante » comme on dirait aujourd’hui, Marie-Antoinette sera constamment scrutée et son habillement copié autant que critiqué.Comment cela se traduit-il ?Hélène Delalex : On lui reproche de dépenser sans compter (c’est vrai mais cela ne représente qu’une goutte d’eau dans les finances du royaume avant tout grevées par les guerres) pour les grands habits de cour, tel qu’on le voit sur le portrait réalisé par Élisabeth Vigée Le Brun en 1778. Sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, ne cesse d’ailleurs de la mettre en garde contre cette folie dépensière qui écorne l’image royale.
Pourtant, quand, dans sa retraite de Trianon, Marie-Antoinette, convertie aux idées rousseauistes du retour à la nature, cultive une nouvelle « simplicité » et opte pour des robes en linon « à l’anglaise », que ne dit-on pas non plus ? Une délégation de soyeux lyonnais vient se plaindre que leurs manufactures courent au désastre si la cour se met à bouder les riches étoffes ?Cette nouvelle mode est-elle un caprice ou le signe plus profond de l’évolution des mœurs, voire de la pensée ?Hélène Delalex : Il faut songer tout d’abord combien les tenues d’apparat avec leurs lourdes pièces assemblées, leur traîne (on disait d’ailleurs leur « queue ») longue de plusieurs mètres étaient contraignantes. Quel soulagement, par comparaison, qu’une robe légère faite d’une seule pièce nouée dans le dos, « à l’enfant », par un ruban !
Et, en lieu et place des immenses perruques et « poufs », les cheveux savamment dénoués sous un chapeau de paille, tandis que les fleurs fraîches remplacent les bijoux. C’est la conquête d’une liberté, d’une authenticité, empruntant autant à La Nouvelle Héloïse de Rousseau, qui rencontre un immense succès, qu’au modèle anglais, alors synonyme de modernité et de liberté.Qu’en est-il de la mode masculine à cette même époque ?Hélène Delalex : Comme aujourd’hui, elle passe au second plan, bien que remarquable d’invention et d’élégance. Au cours du XVIIIe siècle, la silhouette masculine va s’affiner avec des vêtements plus ajustés mettant le corps en valeur. Les bas, par exemple, soulignent l’élégance du mollet (attribut très regardé depuis que Louis XIV brillait en dansant) et les chaussures la cambrure du pied. Quant aux couleurs, à l’instar du vêtement féminin, elles puisent dans la gamme des pastels - lilas, vert tendre, bleu doux… - et on leur invente même de nouveaux noms, poétiques et évocateurs : « œil de roi » (bleu gris indéfinissable), « cuisse de nymphe » (rose délicat tirant sur la mauve), « cheveux de la reine » (blond pâle cendré) et, même, en l’honneur de la naissance d’un fils, Louis-Joseph, dans le couple royal, « caca Dauphin »…Recueilli par Emmanuelle Giuliani https://www.la-croix.com/Culture/XVIIe-siecle-mode-francaise-donne-ton-2021-03-23-1201147124 J'ai à coeur de préciser que Mme Delalex est une spécialiste très appréciée de notre Forum que nous pouvons retrouver dans les sujets que voici. https://maria-antonia.forumactif.com/search?mode=searchbox&search_keywords=delalex&show_results=topicsBien à vous madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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