The Collector
Nombre de messages : 822 Date d'inscription : 21/11/2014
| Sujet: Exposition Marie-Antoinette au Grand Palais (2008) Ven 23 Avr - 13:15 | |
| Je suis contrit. D'habitude je retrouve toujours tout dans ce Boudoir. Mais rien à faire. Je sais que nous avons un sujet sur cette exposition mais plus moyen de remettre la main dessus. Alors je me vois contraint d'en ouvrir un nouveau (bien malgré moi désolé pour le doublon) C'est parti. Doux souvenirs pour les plus anciens d'entre nous : - Exposition Marie-Antoinette
Paris, du 15 mars au 30 juin 2008
Le metteur en scène d’opéra, Robert Carsen théâtralise la rétrospective Marie-Antoinette au Grand Palais à Paris: trois actes scénographiés pour évoquer le destin de l’archiduchesse, devenue Dauphine puis Reine de France. De Trianon à la guillotine, parcours tragique qui croise l’excellence des arts français dans les années 1780…
Elle était belle, jeune et jolie. Mais avait-elle toute sa tête? Même son frère, futur Joseph II, s’en inquiète en la nommant “Tête à vent”… L’histoire le lui rappellera durement, en réservant à l’archiduchesse autrichienne, devenu reine de France, un sort des plus macabres. L’exposition parisienne qui investit les cimaises des Galeries du Grand Palais à Paris, jusqu’au 30 juin 2008, compense la direction décalée prise par le film de Sofia Coppola, sortie en mai 2006 (librement inspiré du roman biographique de la Britannique Antonia Fraser, 2001). Deux ans après ce film dont le kitsch rock ciblait justement le mal-être de la jeune femme, victime sacrifiée, écartée du pouvoir, “objet aristocratique” destiné à prolonger la dynastie, qui n’en finit pas de grandir, avec toutes les velléités du passage à l’âge adulte, retrouve à Paris, ses cadres pompeux, son faste Ancien Régime, de Schönbrun à Versailles, mais avec l’oeil d’un scénographe de génie, Robert Carsen soi-même qui, directeur artistique du parcours, a conçu les salles, en écrins évocatoires d’un destin, d’anecdotique, devenu “historique”. Au final et avec le recul, le mythe de Marie-Antoinette, Reine martyr, princesse écervelée a du mal à se construire et à s’imposer… La reine n’a fait aucune déclaration d’envergure ni défendu de projets à a frontière du politique et du culturel. Serait-ce parce que le personnage manque de volonté comme d’ambition? Trop occupé par le détail, comme aveuglé par un narcissisme infantile? Créature oisive, seulement occupée à concevoir des intérieurs raffinés et intimes, et à l’extérieur, redécouvrir les plaisirs “simples” de la nature… Femme décoratrice tout au plus, sachant puiser le meilleur à son époque et créer ce Trianon idyllique, sa plus grande création…
- Un opéra de la monarchie
L’impact de l’exposition opératique offert par Carsen, rétablit la vérité d’une figure assez banale finalement, dont l’adolescence insouciante ne finit jamais, mais dont le contexte artistique en particulier, fut de première importance. Ce que donne à voir et à contempler, la muséographie de l’exposition, c’est justement cet environnement de l’éphémère devenu art. Voyez tout au long des salles, ces superbes portraits, dessins, aquarelles et pastels; consultez aussi la généalogie des ébénistes créant meubles, commodes, fauteuils, chaises, banquette, dessus de portes, d’autant plus admirables que tant de prouesses en ciselure, proportions, matériaux ne sont plus visibles au Département des objets d’art du Louvre (pour cause de travaux); et encore ces bustes sculptés, ce sens de l’apparat, du majestueux, de la mesure qui accorde la solennité à l’élégance… un juste idéal qui nous impressionne encore aujourd’hui. Aucun doute, le règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette marqua un âge d’or de l’art français.
- Scénographie magistrale
En metteur en scène reconnu et avisé, Carsen ne s’embarrasse pas de décorum factice et encombrant: il cible juste, par économie, par synthèse, par dispositif visuel, assez époustouflants. Trois actes, balisés chacun par une couleur, évoque le passage fugace de la Reine, de Schönbrun à Versailles, de Trianon à l’échafaud. Acte I: Le visiteur est d’abord aspiré dans un dédale de miroirs (motifs si cher à Carsen, depuis Capriccio produit pour l’Opéra Garnier), dans la perspective d’une enfilade dont le rouge impérial, rappelle les origines et le “foyer” viennois de la princesse. Marie-Antoinette (née le 2 novembre 1755) grandit dans ce palais baroque vertigineux dont le luxe doré des intérieurs compense la rectitude des façades néoclassiques.
A l’acte II, il s’agit d’exprimer par ces tentures d’un bleu roi, propre à Versailles, ce désir de changement, cette aspiration à la liberté, ce romantisme naïf qui poussa la Souveraine à jouer à la bergère, en plein air, ne s’entourant que de jeunes beautés aimables et gracieuses, dans un monde désormais recomposé selon son goût: voici, le temps de la galanterie badine évoqué par la perspective d’un théâtre évoquant le temple de l’amour, façon laiterie de Rambouillet. Puis, après la reconstitution des soirées théâtrales et musicales à Trianon, le parcours met en scène un rêve qui se brise: miroir entaillé, fissuré… la Reine a beau se faire portraiturer en mère vertueuse, rien n’y fait. Son sort est scellé: elle paiera pour ses excès de luxe et ses dépenses obscènes. L’affaire du collier (dont une réplique est exposée) finit de ternir définitivement l’image et la réputation de la reine. “Madame Déficit” est lentement menée à l’échafaud: Carsen, à l’acte III, nous plonge dans un nuit d’horreur étouffante. C’est le tunnel de la mort qui se resserre comme un goulot, jusqu’à la dernère scène, celle de l’échafaud: une guillotine magistralement évoquée, avec pour point d’orgue, le dessin de David, représentant la citoyenne Capet, un bonnet sur la tête, quelques instants avant sa décapitation, assise sur la charette funèbre. La conception scénographique est sobre, efficace, magistrale.
- Reine des arts, parcours musical
Pour le reste, si les visiteurs n’apprendront pas grand chose de nouveau sur la vie et les goûts de Marie-Antoinette, en revanche la sélection des portraits et objets des plus somptueux, dont beaucoup d’éléments musicaux (instruments dont la harpe que posséda la Reine, partitions avec dédicace de Gluck, son ancien professeur à Vienne, devenu compositeur de la Cour de France), avec en complément de visite, un véritable parcours sonore (en particulier dans la dernière salle du premier niveau qui reconstitue le décor du Déserteur de Sedaine, à partir des éléments décoratifs en provenance du théâtre de Fontainebleau), est passionnante. Les amateurs de belle peinture pourront reconstituer la manière de l’époque, néoclassique et aussi, comme adoucie par une tentation au pastoralisme et au plein air: dans la rotonde du rez de chaussée, deux portraits de la Reine à la rose (en “gaulle” de mousseline, version indécente; en costume français, plus monarchiquement correct), mais aussi les deux pendants du Salon de 1787, ressuscitent une époque où l’imagerie royale a été portée par les meilleures artistes de l’heure: Vigée-Lebrun, Guiard… En offrant un cadre d’opéra à cette exposition foisonnante, Carsen a recréé le plus bel hommage à l’excellence des arts de France, à la veille de la Révolution. Aucun doute, l’exposition du Grand-Palais est l’événement culturel de ce début d’année.
Illustrations: (1) Portrait officiel de Marie-Antoinette par Madame Vigée Lebrun, pour sa mère l’Impératrice Marie-Thérèse (Vienne) (2) Marie-Antoinette au pianoforte par Franz Xavier Wagenchön (Vienne) (3) Harpe de Marie-Antoinette (Musée de Vendôme) (4) Jacques-Louis David: la veuve Capet avant sa décapitation, le 16 octobre 1793 (Paris, Musée du Louvre) Merci à Guillaume-Hugues Fernay (pour les bons souvenirs) http://www.classiquenews.com/ _________________ J'fréquente que des baronnes aux noms comme des trombones.
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Airin
Nombre de messages : 1005 Date d'inscription : 19/09/2015
| Sujet: Re: Exposition Marie-Antoinette au Grand Palais (2008) Ven 23 Avr - 17:24 | |
| Merci, cher Collectionneur. Quelle belle exposition c'était ! _________________ Cet été-là, l'extravagance était à la mode.
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