Ysalys
Nombre de messages : 49 Date d'inscription : 19/05/2017
| Sujet: Les fabuleuses parures de l'impératrice Joséphine Lun 3 Mai - 6:47 | |
| Un peu de rêve de grand matin
- La commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon est l'occasion de rappeler combien Joséphine aimait les bijoux. Chaumet, qui fut l'un de ses fournisseurs, en dresse l'inventaire dans une exposition à découvrir prochainement.
Diadème épis de blé en or, argent et diamants, réalisé par François-Régnault Nitot, vers 1811. (DR)
- Peu de temps avant sa mort à Sainte-Hélène , l'empereur déchu confie à l'un de ses compagnons d'exil : « Je l'ai réellement aimée. Je ne l'estimais pas, elle était trop menteuse. Mais elle avait un je-ne-sais-quoi qui plaisait. » Son dernier mot aurait été pour elle. Quand il la rencontre, en 1795, elle est Rose de Beauharnais, veuve avec deux enfants et déjà criblée de dettes. Mais elle a la taille fine, une très jolie voix (Bonaparte y est particulièrement sensible) et abuse du rouge - (le jeune militaire n'aime pas les teints blafards). Tombé fou amoureux, il l'épouse et la rebaptise « Joséphine ».
« Le contrat de mariage rédigé en 1796 est l'oeuvre de Joséphine. Elle était méfiante car elle craignait qu'il n'en veuille à son argent. Elle était riche, grâce à ce qu'elle recevait de sa mère. C'était une femme qui avait des moyens, de l'expérience et savait très bien défendre ses intérêts. Il ne faut pas oublier qu'elle épouse un homme plus jeune qu'elle », rappelle l'historien Pierre Branda. Bonaparte a 26 ans, elle en a 32. Cette question d'âge la préoccupera toujours. Au point qu'il sera souvent demandé aux artistes sollicités pour les portraits officiels d'effectuer quelques corrections, ici une joue à affiner, là une épaule à remonter.
« Toujours être la reine des lieux »
Pour paraître plus jeune, Joséphine soigne ses apparitions et n'est pas avare de bijoux. « Leurs couleurs n'étaient pas coordonnées à ses robes, mais à la tonalité de la pièce du palais dans laquelle elle se tenait. Si, par exemple les tentures étaient rouges et que cette teinte dominait la pièce, elle portait des bijoux en corail. Cela lui permettait de toujours être la reine du lieu. Il faut savoir qu'elle se changeait trois fois par jour et, à chaque fois, il y avait deux heures de préparation, entre la coiffure, le maquillage, les habits et les bijoux », ajoute Pierre Branda. Au-delà de cette astuce infaillible, Joséphine possède un goût très sûr, qu'elle cultive pour conserver son ascendant sur Napoléon et contribuer au faste de la cour auquel il tient.
Portrait de l'impératrice Joséphine par Jean-Baptiste Jacques Augustin, début du XIXe siècle.:copyright:Nils Herrmann/Chaumet
Pour cela, elle s'entoure des meilleurs artisans. Léonard Pouy, enseignant-chercheur à l'Ecole des arts joailliers, le confirme : « Joséphine et Napoléon provoquent une reprise notable du luxe à Paris en faisant appel à de nombreux joailliers, dont beaucoup travaillaient pour Marie-Antoinette. Les dépenses sont si considérables qu'ils ne peuvent avoir qu'un seul fournisseur. Foncier est déjà le joaillier de Joséphine sous le Directoire, son gendre, Marguerite, devient joaillier de la Couronne en 1811. Nous avons la liste complète : il y a Biennais, Depresle, Friese, Fister, Nitot, Pitaux, Cablat, Belhate, Perret, Tourner, Messin, les frères Marx, Conrado, Hollander, Lelong, Meller, Mellerio-Meller, sans oublier Capperone et Teibaker, marchands de camées, mais aussi Oliva et Scotto, marchands de coraux. Cela faisait vivre une industrie. »
Autant Joséphine sait parfaitement se mettre en valeur, autant elle est incapable de résister à une sollicitation. Modistes, chapeliers et bijoutiers se pressent donc pour être sur la liste de sa maison : lui présenter des nouveautés, c'est l'assurance de repartir avec une belle commande. L'étendue de sa coquetterie est à l'image du montant de ses dettes.
Alors qu'elle dispose de 360.000 francs annuels pour « la toilette et la garde-robe », un budget officiel qui sera porté à 450.000 francs, l'impératrice est coutumière des faillites. En 1805, ses dépenses atteignent 1,4 million de francs. Quatre ans plus tard, le trou dépasse 1,8 million. Parmi les 130 fournisseurs attendant d'être payés se trouvent les Nitot, Marie-Etienne, qui a serti le diamant Régent sur l'épée consulaire de Bonaparte, et son fils, François-Régnault.
Des pièces exceptionnelles
Les très riches archives de leur maison, qui par le jeu des successions et des alliances deviendra Chaumet, illustrent la variété des commandes faites par Joséphine. Parures en diamants, en turquoises, en émeraudes et perles, camées en corail, bandeaux et peignes sertis de pierres précieuses, ceinture et girandoles en perles, paires de bracelets. Cet éclectisme nourrit l'exposition que la maison consacre au couple.
Riche de pièces exceptionnelles venues de collections privées, à l'image de ce collier en perles dit « Leuchtenberg » ponctué de sept perles baroques détachables, elle permet aussi d'admirer deux bracelets acrostiches prêtés par la cour du Danemark. Les initiales des gemmes reprennent celles des enfants de Joséphine, Hortense et Eugène. Sorti pour l'occasion de la Collection Chaumet, le collier en agates nicolo, perles et intailles résume l'habileté de l'impératrice. Appartenant aux parures de jour, le bijou à palmettes d'or et dieux de l'Olympe puise dans les attributs du pouvoir de l'Antiquité pour suggérer un prolongement impérial. Le diadème que l'impératrice remet à la mode procède de la même propagande.[/size]
Parure d'intailles de l'impératrice Joséphine, en or, argent, agate nicolo et perles fines, signé François-Régnault Nitot, vers 1809.:copyright:Nils Herrmann/Chaumet
Dans ses mémoires, Madame de Rémusat, pourtant peu partisane du nouveau régime, s'incline devant l'allure de Joséphine : « On la vit, au grand jour, vêtue d'une robe de tulle rose, semée d'étoiles d'argent, fort découverte selon la mode du moment, couronnée d'un nombre infini d'épis de diamants […]. » Pour Pierre Branda, « le diadème épis de blé symbolise toute cette période avec cette nouvelle génération au pouvoir. C'est un bijou magnifique parce qu'il est en mouvement, à l'image de cette jeunesse qui emporte tout sur son passage. »
Un an avant que le divorce ne soit prononcé, Joséphine n'ayant pu donner d'héritier à Napoléon, l'inventaire de sa garde-robe dénombre 49 grands habits de cour, 496 châles et foulards, 785 paires de souliers et 1.132 paires de gants. Pour accessoiriser toutes ces tenues, l'impératrice multiplie les commandes de parures qui seront conservées dans un meuble dédié, un serre-bijoux façonné en if des îles, amarante et acajou. Son prix, 55.000 francs, fut l'un des plus élevés pour un meuble du Premier Empire, nous dit Pierre Branda.
« Des millions de dettes »
Habituée aux dépenses excessives, Joséphine a l'intelligence de ne jamais en parler. Sauf en cas d'extrême nécessité qui révèle alors des dons de comédienne hors pair. Lamentations, pleurs et évanouissements font plier Napoléon qui n'en demeure pas moins perspicace : « Elle ne sollicitait pas d'argent, elle me faisait des millions de dettes. » À cela, plusieurs explications. « L'empereur renâcle à combler le déficit mais le fait à chaque fois malgré tout car c'est presque un mal nécessaire qui participe de ce faste », analyse Léonard Pouy.
De son côté, Pierre Branda évoque une raison vieille comme le monde. « Il a toujours capitulé parce qu'il l'aimait. Fermer les yeux ne ressemblait absolument pas à son caractère mais, pour elle, il le faisait pourtant. C'était la seule chose qu'il ne contrôlait pas, les dépenses de Joséphine. Ils étaient aussi très joueurs l'un et l'autre et ces dépenses incontrôlées faisaient aussi partie du jeu permanent entre eux. » Un jeu qui coûtera cher à certains, tel que le joaillier Pitaux. Refusant d'appliquer les 20 % de ristourne obligatoires imposés par l'empereur aux fournisseurs voulant être payés, c'est son fils qui, en 1852, vient réclamer à Napoléon III les sommes dues par sa grand-mère depuis 1810.
« Joséphine et Napoléon, une histoire (extra)ordinaire », exposition présentée dans les salons du 12 Vendôme, jusqu'au 18 juillet.Merci à Gabrielle De Montmorin pour ces renseignements sur Les Echos. https://www.lesechos.fr/ _________________ Don't you forget about me
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