Eaux, spas et stations balnéaires

C'est curieux, malgré le succès qu'avaient les spas au XVIIIe siècle, il n'y a pas encore de sujet dessus. Je vais donc inaugurer avec un jeu des 7 familles.

1. Famille n°1 : Boulogne-sur-Mer et Dieppe, les pionnières
   
   
   le port de Dieppe
   
   
   Pendant longtemps, le littoral n’a pas attiré les Français. Il faut attendre les Anglais et la première révolution industrielle au XVIIIe siècle pour voir les plus aisés chercher à échapper aux miasmes de la ville. Les premières stations voient le jour, avant que nos amis britanniques franchissent la Manche pour venir se divertir au plus proche, à Boulogne-sur-Mer et Dieppe.
   
   Au XIXe siècle, Boulogne-sur-Mer, qui a ouvert son premier établissement pour baigneurs en 1785, est remplie d’Anglais pendant que Dieppe accueille le roi Louis-Philippe, Napoléon III… En 1860, on compte 3 000 Anglais dans la ville normande ! À l’époque, la baignade s’effectue à l’aide de roulottes en bois tirées par des chevaux. Une fois la roulotte dans l’eau, le maître-baigneur venait chercher le baigneur !
   
   
   
   
   
2. Famille n° 2 : Le Touquet, La Baule, Deauville, Arcachon, nées de nulle part ou presque
   
   
   Villa du Touquet
   
   
   En dehors des ports comme Dunkerque, Calais, Marseille et quelques villages de pêcheurs qui, d’ailleurs, ne vivaient pas forcément tout à fait sur la mer, le littoral n’est composé que de nature et de dunes. Une nature peu hospitalière… Sauf qu’avec le développement du balnéaire dans la deuxième partie du XIXe siècle, quelques-uns fleurent le bon filon. Et décident de construire des stations balnéaires sur du vide.
   
   C’est la naissance du Touquet dans le Pas-de-Calais, de La Baule en Loire-Atlantique, de Deauville en Normandie, d’Arcachon en Gironde, etc. Aujourd’hui, ces stations font partie des plus prisées du littoral, mais il y a cent cinquante ans, il n’y avait parfois aucune construction !
   
   
   
   
   
3. Famille n° 3 : Nice, Cannes, Menton, les ex-stations balnéaires d’hiver de la Côte d’Azur
   
   
   La jetée-promenade de Nice, détruite pendant la Seconde Guerre mondiale
   
   
   Aussi étonnant que cela puisse paraître, les premières stations balnéaires de la Côte d’Azur comme Nice, Cannes Menton ou Hyères… étaient des destinations hivernales ! Les Anglais, toujours eux, qui avaient découvert les rivages de la Riviera lors de leur Grand Tour (un voyage initiatique en Europe, jusqu’en Italie), y viennent alors entre octobre et avril, pour repartir avant les trop fortes chaleurs estivales.
   
   Nice était la capitale de ce tourisme hivernal, avec 250 000 personnes dans les hôtels, une jetée-promenade sur le modèle de Brighton (malheureusement détruit pendant la Seconde guerre mondiale). Ce sont les Américains qui, après 1917, vont entendre parler de Nice, venir s’y faire bronzer et s’y baigner en été.
   
   Après l’instauration des congés payés et la Seconde Guerre mondiale, les stations de la Méditerranée entreront définitivement dans le cœur des estivants.
   
   
   
   
   
4. Famille n° 4 : Berck, Roscoff, stations médicales
   
   
   L’hôpital maritime de Berck
   
   
   Saviez-vous qu’à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais), l’Hôpital maritime fait encore partie de l’Assistance publique Hôpitaux de Paris ? Un lointain héritage pour cette ancienne cité de pêcheurs qui va se transformer en cité de soins au XIXe siècle grâce à un médecin pensant que la mer peut améliorer l’état d’enfants souffrants.
   
   Plusieurs hôpitaux voient alors le jour, dont l’Hôpital Napoléon, devenu Hôpital maritime, inauguré par l’impératrice Eugénie.
   
   Si aujourd’hui, Berck est également prisée pour ses loisirs de mer (une immense plage, des phoques et son réputé festival de cerfs-volants), ses établissements de soins emploient toujours 3 000 personnes pour 1 800 lits. Hyères (Var) ou encore Roscoff (Finistère) sont d’autres stations qui se sont développées en partie avec la santé et la thalassothérapie.
   
   
   
   
   
5. Famille n° 5 : La Grande-Motte, Le Cap d’Agde, Port Barcarès, Gruissan, nées pour retenir Français et Européens du Nord
   
   
   Une vue aérienne de La Grande-Motte
   
   
   Avec les congés payés en 1936, puis les Trente Glorieuses, les possibilités de vacances et le tourisme de masse se multiplient. Dans les années 60, la mission Racine va considérablement transformer le littoral languedocien en y bâtissant des stations ex nihilo destinées à retenir les Français et Européens du Nord qui filent en vacances en voiture en Espagne.
   
   On démoustique le littoral, on creuse des ports, on assèche les marécages… c’est la naissance des grandes stations comme Le Cap d’Agde, Port Barcarès, Gruissan, Port Leucate et bien sûr La Grande-Motte avec son architecture rappelant les pyramides précolombiennes.
   
   
   
   
   
6. Famille n° 6 : Saint-Tropez, Biarritz, villages de pêcheurs devenus stations branchées
   
   
   Saint-Tropez
   
   
   Et les stars créèrent Saint-Tropez… Car avant, le ravissant bourg méditerranéen était surtout un village de pêcheurs. À la fin du XIXe siècle, le peintre Paul Signac y achète une demeure attirant déjà de nombreux artistes. À partir des années 50 et notamment le tournage de Et Dieu… créa la femme, le mythe Saint-Tropez s’ancre, avec l’arrivée de stars de la littérature, du cinéma, de la musique, dont Brigitte Bardot, bien entendu.
   
   Autres villages de pêcheurs devenus lieux chics et branchés sur nos côtes : Le Cap Ferret ou encore Biarritz, qui s’est d’ailleurs développée sous l’influence de l’impératrice Eugénie au XIXe siècle.
   
   
   
   
   
7. Famille n° 7 : Royan, Le Havre, stations balnéaires détruites qui renaissent de leurs cendres
   
   
   Le Havre
   
   
   La vie des stations balnéaires n’a pas été un long fleuve tranquille. Surtout sur le littoral de la Manche et de l’Atlantique avec la Seconde guerre mondiale. Plusieurs stations balnéaires, comme Royan, Calais, Stella-Plage, Quend-Plage, Le Havre, Bray-Dunes, ont été détruites avant d’être reconstruites après guerre.
   
   Si pour certaines la reconstruction a été relativement quelconque, d’autres sont montrées en exemple aujourd’hui. Comme Royan, ville laboratoire des architectes dans les années 50, avec maisons cubiques, marché en forme de coquillage ou son église, considérée parfois comme un chef-d’œuvre de l’architecture moderne.
   
   Le Havre, qui a retrouvé officiellement un statut de station balnéaire en 1999 après des décennies tournées vers l’industrie, a même vu son architecture de reconstruction inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco.
   

Source :
OUEST FRANCE

Cher Xausolito, les eaux comme remède et habitude prisée au XVIIIe siècle ont été abordées antérieurement. Nous retiendrons plus particulièrement les discussions que voici.
https://maria-antonia.forumactif.com/t27608-prendre-les-eaux-a-vichy
https://maria-antonia.forumactif.com/t1591-logements-a-bath-de-mesdames-de-polignac-et-lamballe
https://maria-antonia.forumactif.com/t7515-les-bains-marie-therese
https://maria-antonia.forumactif.com/t5822-le-chapeau-a-la-spa-ou-chapeau-a-la-devonshire
https://maria-antonia.forumactif.com/t2637p100-le-docteur-saiffert

Mais effectivement sans avoir de sujet dévolu, c'est pourquoi je vous remercie d'en avoir eu l'initiative.

Bien à vous

madame antoine

Xausolito a écrit:

Famille n° 7 : Royan, Le Havre, stations balnéaires détruites qui renaissent de leurs cendres

Oh ? Et ils ont mis cette photo pour illustrer cette "famille" ? Alors que Royan regorge d'endroits curieux, charmants et décoiffants.



J'adore cette station, où l'ancien côtoie le moderne, où les époques s'entrechoquent...





https://www.lefigaro.fr/voyages/voyage-architectural-dans-le-temps-a-royan-20200509

Royan, saisissante au premier abord, au charme à découvrir.

Nous n'oublierons pas les eaux de Forges (Forges-les-Eaux) où la duchesse de Chartes avait ses habitudes.



Sans doute la princesse de Lamballe sa belle-soeur et amie, l'accompagna.



Se développèrent dans cette ville les spas et le travail de la faïence.





Nous allons nous concentrer sur le thermalisme, qui fut florissant pendant des siècles.

• "C'est Nicolas de Moy, gouverneur de Gisors, qui découvrit dès 1573, le caractère ferrugineux des eaux de Forges. Des processions de malades et des cures furent organisées à Forges, où l'on venait traiter stérilité et hydropisie."
  Historique
  

https://www.cparama.com/forum/forges-les-eaux-t4137.html

Une photo que j'ai oubliée



Histoire : Anne d'Autriche est venue à Forges-les-Eaux pour vaincre sa stérilité et peu après elle a été enceinte du futur Louis XIV.

Cher Luminage, vos photos sont magnifiques.

Yann Sinclair nous a appris que la Dauphine y allait aussi.
https://maria-antonia.forumactif.com/t40258-28-juin-1749-forges-les-eaux

C'était vraiment un lieu important de cure à l'époque.

La Princesse de Lamballe allait aussi prendre les eaux à Plombières.







Elle descendait dans cet établissement longtemps appelé "Bain des Reines" (on ignore pourquoi exactement), puis "Bain des Dames" (propriété des chanoinesses de Remiremont). Aujourd'hui, c'est "Bain Stanislas" (nom de la rue).

Chouettes photos

Quel bonheur cette discussion ! On s'y sent tout revigoré.

Bin (et pas bains ) que vous remontez le topic, Airin, je suis retombé sur ça
https://maria-antonia.forumactif.com/t36720-les-bains-de-marie-antoinette
Ne pas confondre, donc Forges-les-Eaux et Forges-les-Bains caramba !

Toutes ces photos délicieusement désuètes font rêver.