Philippe d’OrléansLe régent Philippe d'Orléans, par Jean-Baptiste Santerre, en 1717Régent du Royaume de France1er septembre 1715 – 15 février 1723
(7 ans, 5 mois et 14 jours)
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gence_(1715-1723)
1er septembre 1715 – 15 février 1723:
Son Altesse royale le régentLe lendemain de la mort de Louis XIV, le 2 septembre 1715, conformément à l’usage, la lecture du testament royal est effectuée lors d'une séance solennelle au parlement de Paris, rassemblant toutes les cours souveraines, les princes du sang et les ducs et pairs, qui doit proclamer la régence.
Dans son testament, Louis XIV tente de limiter les pouvoirs du duc d’Orléans, et indique alors la composition du conseil de régence, véritable conseil de gouvernement.
Il confie ainsi au duc du Maine, un de ses bâtards légitimés, la garde et la tutelle du jeune Louis XV en le nommant régent du royaume, disposant également de la Maison militaire.
Philippe d'Orléans, adulte de la famille royale le plus proche du roi, qui dispose alors de la charge, purement honorifique, de « président du conseil de régence », s’efforce, et obtient, de faire casser un testament qui le prive de prérogatives qu’il juge dues à sa naissance. (
Jules Flammermont, « Procès-verbal de la séance tenue pour la régence, Remontrances du Parlement de Paris au XVIIIe siècle » [http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fflora.univ-cezanne.fr%2Fflora%2Fpub_aix%2Ffr%2Fdocument%2Fdroit%2FRemontrances%2FRemont_ch_001.pdf], sur http://flora.univ-cezanne.fr/ [archive], Bibliothèque de l’université Aix-Marseille III (consulté le 13 octobre 2008).)
Le Parlement le reconnaît donc comme seul régent, ce qui lui permet de réorganiser le Conseil à son gré et d’évincer le duc du Maine, bientôt exclu de la succession au trône que son père lui avait accordée.
Toutefois, le Régent doit, pour rallier le Parlement de Paris à sa cause, lui restituer le droit de remontrance supprimé par Louis XIV, ce qui ne sera pas sans conséquence au XVIIIe siècle.
Philippe II d’Orléans et Louis XVIl tente de séduire les Français par une politique nouvelle: la paix est rétablie.
Il soutient les jansénistes, abandonne la cause des Stuarts, tente de rétablir les finances et l’économie avec les audaces de Law.
En entamant sa régence, il adresse, le 4 octobre 1715, une « Lettre à Mrs les intendans commissaires départis dans les provinces », dans laquelle il déclare que sa préoccupation majeure est le poids excessif des différentes taxes et annonce son intention d’établir un système d’imposition plus juste et plus égalitaire.
Sur le plan de l’organisation du gouvernement, le Régent entame la politique de polysynodie, sans doute sous l'influence de son ami Saint-Simon: le remplacement des ministres par des conseils rassemblant des grands seigneurs et des techniciens.
En 1718, le Régent renonce à la polysynodie et reprend le type de gouvernement en vigueur sous Louis XIV.
Il opère aussi un changement dans sa politique religieuse.
Après avoir soutenu le cardinal de Noailles et les ecclésiastiques opposants à la bulle Unigenitus, il constate avec déception l'inefficacité de sa loi du silence visant à réduire la fracture du clergé de France.
Avec le soutien des cardinaux Bissy et Rohan, il s'engage dans la voie de l'accommodement et la rédaction d'un corps de doctrine, sorte de synthèse des vues gallicanes sur la querelle janséniste, signé en 1720.
Le régent est particulièrement satisfait de sa politique et déclare avec son humour habituel: « J'ai bridé mes ânes ! » (
Olivier Andurand, La Grande affaire. Les évêques de France face à l'Unigenitus, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017 (ISBN 978-2-7535-5390-3), p.70-90)
Sur les autres aspects de la politique, il s’impose aux parlements et aux légitimés (septembre 1718), prend les armes contre l’Espagne dans une alliance avec Londres et Vienne (janvier 1719)
Le cardinal Guillaume Dubois par Hyacinthe Rigaud (1723)https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Dubois
Le cardinal DuboisLa personnalité de l’abbé Dubois, son ancien précepteur, devenu archevêque, cardinal et ministre, s’impose de plus en plus auprès de Philippe, le fonctionnement de la polysynodie devenant de plus en plus difficile.
Le Régent réside au Palais-Royal qui devient, de 1715 à 1723, le cœur de la vie politique et artistique, supplantant Versailles.
Sur le plan personnel, Philippe d'Orléans n'a rien changé à sa vie frivole.
Le Régent en 1717 par Jean-Baptiste SanterreLe Palais-Royal est le théâtre de ses abandons à la débauche en compagnie de ses « roués » (méritant le supplice de la roue), « fanfarons d’incrédulité et de crimes »; les petits soupers y tournent parfois à l’orgie. (
Didier Foucault, Histoire du Libertinage)
Les chansons satiriques de l'époque lui prêtent une relation incestueuse avec sa fille aînée, Marie-Louise-Élisabeth d'Orléans qui, après la mort de son mari, accumule les amants et scandalise la cour tant par sa soif d'honneurs et de gloire que par ses coucheries et ses grossesses illégitimes.
Fin janvier 1716, la duchesse de Berry accouche clandestinement d'une fille au palais du Luxembourg. Au printemps 1717, derechef enceinte, elle se retire au château de la Muette jusqu'à sa délivrance. Fin mars 1719, proche du terme d'une nouvelle grossesse, la « féconde Berry » ne renonce pas pour autant à sa vie de plaisirs, enchaînant les sorties et les dîners, largement arrosés d'alcools violents. De retour au Luxembourg, après une nuit de débauches, l'imprudente, prise de vives contractions, perd les eaux et, affolée, se réfugie dans une petite chambre. Les difficultés du travail alertent les courtisans alors que la délivrance se fait attendre, augmentant le scandale. Cruelle aggravation aux tortures de l'enfantement, la fille du régent, à l'article de la mort, se voit refuser les sacrements de l'Église. On la délivre enfin d'un enfant mort-né. Tandis que des poèmes satiriques brocardent la « naissance incestueuse » et les peurs de l'accouchée, celle-ci cache sa honte au château de Meudon. Mal relevée de ses couches, de nouveaux excès achèvent de délabrer ses intérieurs chahutés par la maternité. Après une longue agonie, la duchesse de Berry expire le 21 juillet à la Muette. L'autopsie de son corps révèle qu'elle est retombée enceinte durant sa convalescence à Meudon (Patrick Wald Lasowski, L'amour au temps des libertins, Paris, 2011, pp. 28-31)Conseil du Régent au Palais-Royal. À droite, le cardinal de FleuryQuelques jours avant la mort du Roi, le duc d'Orléans avait été informé de toutes les clauses les plus secrètes du testament de louis XIV; on disait que ces révélations avaient été faites par Madame de Maintenon elle-même, qui voulait se conserver une situation favorable sous le nouveau régime
(la communication du testament avait été faite par la voie secrète du duc de Noailles, par ordre de Madame de Maintenon. Je crois aussi que la première copie du testament fut donnée au duc d'Orléans par le chancelier voisin); Elle savait toute la fermeté et la capacité du Régent, l'habileté de son principal conseiller, l'abbé Dubois.
Le duc d'Orléans, parfaitement instruit, eut le temps de se préparer à un coup de force: il connaissait les instincts du parlement favorables à un réveil de son autorité abaissée, humiliée sous Louis XIV, à ce point de ne plus oser de remontrances. Si on ouvrait au parlement la perspective d'une participation au pouvoir, si on lui reconnaissait le droit de constituer la régence, en vertu de ses prérogatives, et, ce qui était plus encore, la faculté légale de casser le testament du Roi, n'était-ce pas flatter tous ses désirs et obtenir d'avance ses suffrages? Les corps politiques sont toujours très sensibles à ces sortes d'avances, et le duc d'Orléans était sûr d'obtenir le concours du grand corps de magistrature.
La même habileté, le duc fit des avances très marquées au parti jansénite, proscrit et presque exilé dans les derniers temps du règne de louis XIV; il se rapprocha très intimement du cardinal de Noailles, le chef aimé de ce parti, secrètement protégé par Madame de Maintenon. Le duc d'Orléans promettait de rappeler les exilés; les portes de la Bastille seraient ouvertes aux captifs
(le cardinal de Noailles s'était entendu avec le duc d'Orléans, S A R se rendit plusieurs fois à l'archevêché, secrètement et en chaise à porteurs), et ce qui flattait plus singulièrement encore les jansénistes et les parlementaires, c'était la promesse fort libérale que faisait le duc d'Orléans de substituer au pouvoir des secrétaire d’État, toujours un peu arbitrairement, une hiérarchie de conseils chargés chacun d'une partie des affaires, forme nouvelle qui laissait à chaque opinion le soin de se faire entendre et de participer au gouvernement
Mais ce qui créait la force réelle de M. le duc d'Orléans, c'est qu'on le savait décidé à marcher vers son but avec une volonté qui ne reculerait devant aucun obstacle
Force immense pour un homme d’État! Revêtu de la dignité de Régent, parlant au nom du Roi, le duc d'Orléans devait avoir l'armée pour lui, les gardes-françaises et suisses, les mousquetaires, les gens d'armes, les chevau-légers; il avait fait ses preuves d'ailleurs à la guerre, tandis que le duc du Maine, faible de caractère, esprit civil et dissertateur, inspirait peu de sympathie. Ces réflexions faites, avec la ferme résolution d'aller à son but, le nouveau Régent était sûr du succès