Décembre 1682

La magnificence et la grandeur des Ecuries du Roi, à Versailles, ont de quoi donner de la surprise et de l’admiration à tous ceux qui les regardent.

Louis XIV y mène Mme la Dauphine, pour lui en faire voir la beauté. Rien n’est égal à la propreté avec laquelle on tient les chevaux dans ces Ecuries.

Louis XIV commence par la Grande Ecurie. Monsieur le Grand, Louis de Lorraine, comte d’Armagnac, l’attend à la porte, et après l’avoir reçu à la descente de son carrosse, il lui présente un fouet et une houssine. Louis XIV prend la houssine, et fait ensuite le tour. Il voit tous les chevaux de main du manège, et les coureurs qu’il monte quand il va à la chasse. Le tout est trouvé admirable.

Mme la Dauphine, qui suivait le Roi à pied, menée par le maréchal de Bellefond, son premier écuyer, ne pouvait se lasser d’admirer l’ordre avec lequel le Roi est servi dans cet endroit.

De-là, ils remontent dans leur carrosse, et vont voir la Petite Ecurie. Ils ne la trouvent pas moins belle.
La quantité d’attelages de carrosses de chevaux étrangers qu’on n’avait jamais vus en France, et celle des coureurs que le Roi y tient pour sa personne, comme aussi ceux de Monseigneur qui en occupent une autre partie, la rendant admirable.
Mme la Dauphine paraît très satisfaite, et le paraît encore d’avantage, lorsqu’elle entre dans la sellerie.
C’est l’endroit où l’on tient tous les harnais des chevaux de selle que monte Monseigneur. Les housses en broderie, et galonnées, sont rangées dans de grandes armoires qui laissent voir leur beauté et leur richesse. Les selles sont aussi en très bon ordre, avec un billet au bout de chacune. Ce billet fait connaître pour quel cheval elle était.

Le bon ordre et la propreté sont dus à M. du Mont. Il a la conduite des écuries de Monseigneur que lui avait donné Louis XIV.

Au sortir de la Petite Ecurie, Louis XIV mène Mme la Dauphine, Monseigneur, Monsieur et Madame, tous dans le même carrosse, au manège de couvert, où le comte de Brionne fait la charge de Grand Ecuyer de France, en montant un des plus beaux chevaux, que l’on puisse voir. Il lui fait faire diverses passades, qu’il allait toujours finir devant le Roi.

Après lui, on voit paraître dans la carrière le prince Camille, fils de Monsieur le Grand, et frère du comte de Brionne. Quoiqu’il n’ait que 16 ans, il manie plusieurs chevaux avec une adresse surprenante.

M. du Plessis, comme premier maître, entre, et son adresse est connue de tous.

M. Deneau, second maître, paraît à son tour.

Monseigneur, qui ne pouvait voir tant d’habiles gens à cheval, sans sentir une louable émulation, sort du carrosse du Roi. Un page, qui allait paraître à cheval, lui donne ses éperons, et ainsi en bas de soie, il en monte deux. Il leur fait faire des choses qui montre sa force et son adresse. Louis XIV est très satisfait.
On fait en suite monter des pages du Roi, qui par leur adresse font voir le fruit qu’ils retirent des leçons de M. du Plessis.

La nuit met fin à ces exercices