|
| Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes | |
|
+7zebulon Lily of the Valley madame antoine Chou d'amour levengeur Lucrezia P pimprenelle 11 participants | Auteur | Message |
---|
pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 12:20 | |
| - Lucrezia P a écrit:
- Cette série que vous faites sur le XVIIIe à travers les siècles est très intéressante. Notre perception du XVIIIe est influencée par celle qu'en avaient les siècles précédents.
Chère Lucrezia P, puisque vous aimez la peinture, je ne résiste pas à vous présenter un artiste cher à plus d'un titres à mes yeux: Louis Léopold Boilly. D'abord, il est à cheval entre le XVIIIe et le XIX, c'est à dire qu'il embrasse fin de l'Ancien Régime, Révolution, Terreur, Directoire, Empire, Restauration... Son oeil aura été témoin de tous ces bouleversements. Cependant, il préférera ce qu'on appelait du bout des lèvres "les scènes de genre", c'est à dire qu'il illustre non pas les frasques et les dorures du grand monde, mais la vie quotidienne du peuple... de quoi émouvoir ma fibre prolétaire! Enfin... Chronologiquement, Boilly se situe autour du 16 octobre 1793. C'est à une source pareille que doivent puiser les rêves où les perruquiers délivrent la reine... Toutes ces scènes qui la voient fuir et retrouver ses enfants dans les rues de Paris... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | Lucrezia P
Nombre de messages : 505 Date d'inscription : 07/04/2015
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 12:24 | |
| Oh chouette !! Merci ! _________________ Je préfère l'original à la copie
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 13:20 | |
| Je vous en prie, Lucrezia, c'est un plaisir! Commençons par une petite bio! Louis Léopold Boilly est né le 5 juillet 1761 dans la région de Lille, d'un père modeste sculpteur sur bois. Il mourra à Paris le 4 janvier 1845, laissant à la postérité des peintures de genres et... plusieurs milliers de portraits! Il étudie la peinture et l'art du trompe-l'oeil dans sa région, puis va s'établir à Paris ou il vit des portraits qu'on lui commande. Il est si bon qu'il paraît même qu'il n'a besoin que de deux heures pour en réaliser un! En 1791, il se fait remarquer au Salon de Paris par ses trompe-l'oeil et ses scènes galantes... un thème qu'il aime bien traiter et qui lui vaudra l'ire du très puritain Comité de Salut Public. Mais Boilly sait se défendre! Il montre aux éminents représentants les scènes patriotiques qui dorment dans son atelier. C'est que, contrairement à un David, ce n'est pas ce qu'il préfère. Il aime croquer la vraie vie, les gens vaquant à leurs occupations dans la rue, dans leurs maisons... A la précision de son pinceau digne d'un Greuze, il ajoute la touche de lumière des maîtres flamands, un ensemble qui donne à sa peinture une vibration et une émotion toutes particulières. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 13:23 | |
| Plongeons dans la peinture, maintenant! Je commence par le tableau qui a attiré mon attention sur cet artiste: Il représente un déménagement. Je l'ai découvert par un site pédagogique qui l'utilise pour illustrer l'exode rural. Pourquoi pas? Sont-ce en effet des paysans qui arrivent avec tout ce qu'ils ont pour recommencer une vie à Paris? Les hommes sont fatigués, les enfants curieux... J'aime beaucoup la silhouette à la fois raide et gracieuse de la jeune fille, comme prise entre deux mondes et encore immobile. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 13:50 | |
| Une autre scène de mouvement à l'extérieur: L'arrivée d'une diligence dans la cour des Messageries rue Notre-Dame des Victoires (1802)J'adore le contraste entre les gens qui sont à fond dedans, qui s'embrassent et tout, et ceux qui font autre chose, parce qu'ils ne se connaissent sans doute pas et sont simplement là, au même endroit, au moment où la vie d'autres personnes bascule. ... Je sais, j'ai trop écouté Brel... Disons en rengainant l'emphase que je trouve ce tableau représentatif du train de la vie. Les uns s'en vont, les autres reviennent, dans les pleurs et les baisers de ceux qui les aiment... et l'indifférence des passants. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 13:58 | |
| Restons encore un peu dehors: L'Entrée du théâtre de l'Ambigu-Comique à une représentation gratis (1819)Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est la cohue! Vous avez vu? Il y a des animaux de toutes sortes qui se baladent partout, dans cette ville! _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 14:01 | |
| Petite promenade au parc, datant du début de XIXe: _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 14:29 | |
| L'entrée au jardin turc: _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 14:32 | |
| Une loge, un jour de spectacle gratuit: ... on dirait du Jérome Bosch! Pendant ce temps, la bonne société subit l'effet du mélodrame... Ces deux toiles sont au musée Lambinet. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 14:36 | |
| Quelques scènes d'intérieur: L'inoculation contre la variole: La jeu de dames: Remarquez que les dames ne se contentent pas de porter la tunique, elles arborent le profil, aussi. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 14:38 | |
| Oups! J'ai oublié de citer mes sources! Elles sont ici: http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Boilly/151194 http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_L%C3%A9opold_Boilly http://www.lefigaro.fr/culture/2011/12/10/03004-20111210ARTFIG00001-louis-leopold-boilly-l-histoire-par-l-image.php _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | levengeur
Nombre de messages : 747 Date d'inscription : 31/03/2014
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 14:50 | |
| pourquoi quand c est le peuple ils ont tjs l air abruti ? |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 9 Avr - 16:35 | |
| Parce que les auteurs sont des royalistes _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
|
| | | madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Ven 10 Avr - 8:52 | |
| Merci à Pimprenelle d'avoir inauguré un sujet aussi intéressant. Si je peux me permettre, nos Mrs me paraissent émettre des critiques injustes et non fondées sur ce peintre. En premier lieu, ses visages sont aussi caricaturaux dans la bourgeoisie que dans le peuple quand il souhaite caricaturer les défauts humains. Ensuite il n'est dit dit nulle part qu'il était royaliste. Je pense dans dans le cas présent c'est vous qui caricaturez la situation.
J'espère que vous me pardonnerez pour ma franchise. Bien à vous
madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
|
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Ven 10 Avr - 9:56 | |
| Je suis un peu d'accord avec Madame Antoine. Les gars, vous êtes un peu lourds, là! _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
|
| | | madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Ven 10 Avr - 10:30 | |
| Il est dommage que ce peintre soit méconnu. Il a en effet pratiqué un art à la portée de tous. Voici son tableau illustrant le triomphe de Marat par lequel vous verrez qu'il était proche du peuple. Je vous invite à lire la rétrospective de l'exposition qui s'est tenue à Lille il y a quelques années. http://www.pba-lille.fr/IMG/pdf/Dossier_de_presse_Boilly.pdf Voici un commentaire de visiteur. http://lespromessesdelaube.unblog.fr/2012/01/31/coup-de-foudre-revolutionnaire-a/ Les croquis proposés montrent la filiation entre ce peintres et les caricaturistes français mais aussi avec les peintre hollandais tels que Jheronimus Bosch. Bien à vous madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
|
| | | Lily of the Valley
Nombre de messages : 120 Date d'inscription : 08/02/2015
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Ven 10 Avr - 17:25 | |
| C'est bien fait mais j'aime pas le côté caricature |
| | | zebulon
Nombre de messages : 312 Date d'inscription : 08/06/2019
| Sujet: Boilly. Chroniques parisiennes Sam 19 Mar - 10:25 | |
| Exposition en cours au musée Cognaq-Jay: Je vous partage les infos du musée : Cette exposition monographique explore la carrière foisonnante de Boilly au travers de 130 œuvres qui invitent à découvrir la singularité de l’artiste, son brio, son humour et son inventivité. Elle présente plusieurs chefs-d’œuvre inédits ou exposés pour la première fois en France.
Originaire du Nord de la France, Boilly part à la conquête de la capitale à l’âge de 24 ans, en 1785, pour ne plus jamais la quitter. Peu intéressé par la grande histoire de Paris, il est fasciné par la modernité de la ville, son effervescence et ses spectacles. Boilly, en chroniqueur de la vie quotidienne, dresse le portait intime d’une génération.
[Oh ! errer dans Paris ! adorable et délicieuse existence ! Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’œil. Se promener, c’est végéter ; flâner c’est vivre. […] Flâner, c’est jouir, c’est recueillir des traits d’esprit, c’est admirer de sublimes tableaux de malheur, d’amour, de joie, des portraits gracieux ou grotesques ; c’est plonger ses regards au fond de mille existences […].Honoré de Balzac, Physiologie du mariage, 1829
L’artiste aime scruter les lieux comme les visages de Paris. Il s’illustre dans l’art du portrait en fixant les visages des Parisiens et des Parisiennes sur des petits formats qui deviennent sa marque de fabrique. Le portraitiste se double volontiers du caricaturiste, posant sur ses concitoyens un regard amusé, voire mordant. Son goût pour la provocation comme pour la virtuosité technique se retrouve dans ses Trompe-l’œil, à l’éblouissante qualité illusionniste.
L’exposition dévoile également le jeu raffiné auquel se livre l’artiste pour se mettre lui-même en scène. Il brosse des autoportraits pleins de dérision, multiplie les signatures et se glisse parmi les protagonistes de ses scènes de foule, à l’image d’un Alfred Hitchcock dans ses films. Ces stratagèmes instaurent une relation complice entre l’artiste et le spectateur. Tout au long du parcours de l’exposition, le visiteur est invité, dans un jeu de piste ludique, à retrouver le visage ou les indices de la présence de Boilly.
Organisée dans le prolongement de la publication du catalogue raisonné de l’artiste rédigé par Etienne Bréton et Pascal Zuber (édition Arthena, 2019), cette exposition sera l’occasion de découvrir plusieurs chefs-d’œuvre présentés pour la première fois en France et provenant de prestigieuses collections particulières, dont l’une des plus importantes, aujourd’hui conservée au Ramsbury Manor Foundation, au Royaume-Uni. Pour plus d'infos, de tableaux et d'explications, rendez-vous sur le site du musée Cognaq-Jay : https://www.museecognacqjay.paris.fr/expositions/boilly-chroniques-parisiennes _________________ Je vous décrirai ce qui nous sépare.
|
| | | Bint Georch
Nombre de messages : 462 Date d'inscription : 25/02/2019
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Sam 2 Avr - 13:45 | |
| Un portrait de ce peintre se trouve en vente : Ce tableau est estimé à 8000 euros au moins. "Clémence Gamot était la fille d'Antoinette - Louise Auguié, filleule de Louis XVI et de Marie - Antoinette, que Madame Campan avait élevé à Saint - Germain, avec ses soeurs Eglé (La Maréchale Ney) et Adèle (Madame de Broc). Son père Charles - Etienne Gamot, Administrateur Général des Droits réunis en 1804, devint Préfet de la Lozère en 1813 (Correspondance d'A.de Mackau, p.109, note 1). Mademoiselle Gamot, devenue de par la volonté de sa grand - tante, sa légataire universelle (Cf. n° 154), épousa Jean - Baptiste Partiot en 1824 ". Bibliographie : Etienne Bréton & Pascal Zuber, Boilly. Le peintre de la société parisienne de Louis XVI à Louis - Philippe. Vol. II. Catalogue, n° 567 D, p. 618 & 619 (Reproduit) (Arthena 2019). _________________ Et l'orage s'en va calmé indifférent
|
| | | Kay Kuffin
Nombre de messages : 63 Date d'inscription : 22/08/2021
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 7 Avr - 13:26 | |
| Quelle jolie petite fille ......... Je vous livre quant à moi la chronique d'Étienne Dumont, très bien construite. https://www.bilan.ch/story/cognacq-jay-montre-le-paris-de-louis-leopold-boilly-856747406953 - Cognacq-Jay montre le Paris de Louis-Léopold Boilly
Né en 1761, mort en 1845, l’artiste a laissé des milliers de tableaux lisses comme des porcelaines où souffle l’esprit du temps, de Louis XVI à Louis-Philippe.
L’un des multiples autoportraits de l’artiste, ici en rieur.
Etienne Bréton et Pascal Zuber ont sorti en 2019 le catalogue raisonné de l’œuvre de Louis-Léopold Boilly (1761-1845) chez Arthéna. Une véritable somme, annoncée urbi et orbi depuis longtemps. La chose pesait sept kilos et demi. En deux volumes, tout de même! Il y avait ainsi de quoi caler équitablement une commode ou faire de la gymnastique suédoise, un livre au bout de chaque main. Il faut dire que l’artiste a énormément produit, et ce sans l’aide d’un abondant atelier. Les auteurs ont compté plus de deux mille peintures, dessins et lithographie de sa main. Plus cinq mille «petits portraits», sur lesquels je reviendrai plus tard. «Chroniques parisiennes»Il y a déjà certes eu plusieurs expositions Boilly dont une, importante, s’est tenue au Palais des beaux-arts de Lille en 2011-2012. Une nouvelle présentation ne s’en imposait pas moins. Elle se déroule aujourd’hui dans le cadre, nettement plus intime, du Musée Cognacq-Jay de Paris. La rétrospective s’est du coup vue centrée sur les «Chroniques parisiennes». Un ajustement ne demandant aucun effort particulier. Né à La Bassée dans l’actuel département du Nord, autrement dit près de Lille, Boilly a en effet rejoint la capitale dès 1785. C’était là que tout se passait, bien davantage que dans les Flandres. Il existait tout un marché fleurissant indépendamment des Salons. Boilly ne deviendra du reste jamais académicien. Une nouvelle couche d’amateurs réclamait des tableaux unissant le fini hollandais et la galanterie française. Si la plupart des thèmes restaient dans le bon goût bourgeois, d’autres se risquaient à un brin de polissonnerie. Il y a un tableau nettement lesbien à Cognacq-Jay.
«L’averse» de 1804. Les trottoirs n’existent pas encore et les égouts restent embryonnaires.
Boilly accomplira ainsi une première carrière, vite interrompue par la Révolution. Celle-ci se voulait aussi une dictature de la vertu. Menacé, le peintre va se dédouaner par un «Triomphe de Marat» qui n’avait pas sa place ici, et un autoportrait en «sans-culotte» qui se retrouve lui aux cimaises. La chose, tenant du déguisement, l’aidera à traverser la Terreur. Le Directoire, le Consulat, puis l’Empire, la Restauration et enfin la Monarchie de Juillet vont du coup pouvoir découvrir un nouveau Boilly. L’homme se fera le témoin de son temps et de ses modes jusque dans les années 1840, la main toujours ferme. Il ne décrira pas Paris en termes de changements architecturaux. L’homme se fera plutôt l’observateur de ses habitants, toutes couches sociales confondues. Il donnera ainsi le portrait d’une ville que n’avait pas encore bouleversée le baron Haussmann à la demande de Napoléon III. Le Paris de Boilly reste encore, grosso modo, celui du Moyen Age avec ses ruelles boueuses à la moindre pluie et ses petites maisons intemporelles.
«L’arrivée de la diligence», terminé en 1803.
Il fallait bien sûr opérer des choix dans cette production torrentielle, où les tableautins (Boilly reste presque toujours dans les petites dimensions) et les dessins allaient se voir complétés par certaines des estampes créées avec la technique, alors toute nouvelle, de la lithographie. Etienne Bréton et Pascal Zuber ont désiré montrer des compositions importantes. Ils font la part belle aux trompe-l’œil, genre à l’époque considéré comme mineur. Les deux commissaires proposent enfin un mur entier de petits portraits. Juste avant que la photographie triomphe avec le daguerréotype, apparu en 1839, il existait déjà une forte demande bourgeoise de représentation. Boilly l’a satisfaite pendant des décennies. Une seule séance de pose, durant deux heures. La livraison cadre à palmettes compris. Une dimension unique, vingt et un centimètres sur seize. J’ai cependant noté que le Musée Cognacq-Jay, pour répondre sans doute aux normes du jour, montrait autant de femmes que d’hommes alors que l’artiste a eu bien plus de clients que de clientes…
L’un des multiples trompe-l’œil de Boilly. Le chat crève le tableau, attiré par les harengs.
Comment Louis-Léopold Boilly, dont une salle propose les autoportraits, construisait-il une composition un peu fouillée? L’exposition répond avec un petit «dossier» tournant autour de «L’arrivée d’une diligence dans la cour des Messageries», dont la version finale conservée au Louvre date de 1803. Dessins préparatoires, tableaux indépendants servant en fait à placer les personnages, réutilisations d’études effectuées auparavant pour d’autres toiles, le visiteur voit se mettre en place sous ses yeux une œuvre ambitieuse, où le peintre se retrouve lui-même une fois de plus en figurant. Comme Hitchcock au cinéma, Boilly aime signer ses réalisations les plus importantes par son image. Avec l’arrivée de la diligence, qui mesure un peu plus d’un mètre de large, il donne un de ses formats maximums. Il semble selon Etienne Bréton et Pascal Zuber en avoir existé de plus grands, mais ils sont perdus.
Le mur des «petits portraits».
Très équilibrée, la rétrospective comporte de nombreux numéros. Cognacq-Jay, qui était alors encore dirigé par Annick Lemoine (passée de puis au petit Palais), ne dispose au premier étage que d’un petit espace pour les présentations temporaires. Trois salles médiocres et une sorte de corridor-boyau. Certaines œuvres se logent du coup ailleurs, au deuxième. C’est l’occasion pour le public de revisiter ce musée municipal, créé par les fondateurs de La Samaritaine, qui a déménagé il y a une trentaine d’années. Axée autour du XVIIIe, la collection a alors quitté les grands boulevards pour un ancien hôtel particulier du Marais, où elle est entrée non sans douleurs au chausse-pied. Les œuvres de Boilly rejoignent (ou remplacent) provisoirement les huiles et aquarelles qu’affectionnait Ernest Cognacq et Louise Jaÿ (le tréma est tombé par la suite…) . La chose permet effectivement de découvrir une communauté de goût, même si notre artiste se retrouve en temps normal plutôt dans les salons Empire du Musée Marmottan. Une institution qui se situe du reste, dans le quartier de La Muette, rue Louis-Léopold Boilly…
La salle à manger des Boilly. Le peintre s’est peint en train de s’endormir à table.
Tout cela est tout à fait revigorant. _________________ Parfois il n'y a pas d'explication.
|
| | | globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 7 Avr - 13:36 | |
| _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
|
| | | Kay Kuffin
Nombre de messages : 63 Date d'inscription : 22/08/2021
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Jeu 7 Avr - 15:20 | |
| Globule vous êtes un petit coquin. Ce tableau est juste très mignon. _________________ Parfois il n'y a pas d'explication.
|
| | | Bianfu
Nombre de messages : 268 Date d'inscription : 01/05/2020
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes Mar 12 Avr - 9:43 | |
| |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes | |
| |
| | | | Louis Léopold Boilly. Chroniques parisiennes | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |