Samedi 25 juin 1791Le baron Thierry de Ville d’Avray, premier valet de chambre du Roi, et commissaire général de la Maison du Roi au département des Meubles de la Couronne, revient de la campagne.
Les députés Bion, Christin et Delattre, désignés par l’Assemblée nationale pour dresser un inventaire des diamants appelés « de la Couronne », perles, pierreries, tableaux, pierres gravées et autres monuments des arts et sciences, conformément aux décrets des 26 et 27 mai dernier, et du 22 juin dernier, se rendent au Garde Meuble, place Louis XV.
Le baron Thierry de Ville d’Avray les reçoit dans la salle des bijoux (4 sur le plan), qui se trouve au 1er étage entre la galerie des bronzes et la colonnade, accompagné de M. Lemoine de Crécy, garde général des Meubles de la Couronne. Les trois commissaires avaient choisi deux joaillers pour participer à l’inventaire, à l’estimation et au récolement: M. Louri et M. Laddgraff.
Les trois commissaires demandent la production des cinq derniers inventaires qui ont dû être faits. Le baron Thierry de Ville d’Avray répond:
• Que les diamants de la Couronne et leurs inventaires n’ont été déposés au Garde Meuble que d’après un Arrêt du Conseil, signé par le baron de Breteuil, ministre et secrétaire d’état à la Maison du Roi, et daté du 1er octobre 1794,
• Que cet Arrêt du Conseil à commis M. de La Chapelle, chef du bureau de la Maison du Roi, pour, avec tel joailler qu’il jugerait de choisir à cet effet, faire la vérification de l’inventaire desdits diamants dont la garde avait été confié à feu M. Tourteau, joailler de la Couronne, par brevet du 1er décembre 1773, retirer lesdits diamants et en donner bonne et valable décharge aux héritiers de ce dernier, qu’à M. Aubert, tenu par l’acte de société passé entre lui et feu M. Tourteau, confirmé par l’Arrêt du Conseil du 28 mai 1773, de répondre conjointement et solidairement desdits diamants ; ordonnant Sa Majesté que M. de La Chapelle en ferait la remise à moi-même, comme commissaire général de la Maison du Roi ayant le Garde Meuble, pour être mis par lui sous la garde du garde général des Meubles de la Couronne, lequel resterait chargé ainsi et de la même manière que desdits meubles,
• Que M. de La Chapelle avait choisi à cette époque M. Bohemer en qualité de joailler, pour assister au procès-verbal de la remise des diamants et une copie de l’inventaire fait le 10 septembre 1691, collationné, signé le duc de la Vrillière, ministre et secrétaire d’état à la Maison du Roi, et un inventaire fait le 19 septembre 1774, signé « Louis, Phélyppeaux, Lempereur, Leblanc, A.J. Aubert »; lesdites copie et inventaire reliés en un volume, intitulé sur le couvert « Inventaire des diamants de la Couronne, années 1691 et 1774 », ont été remis sous la main de M. Lemoine de Crécy, garde général des Meubles de la Couronne; et en outre, j’ai déclaré que le Roi lui a remis une copie de l’inventaire du 19 septembre 1774, signé « Louis », et plus bas « Phélyppeaux », reliée en maroquin rouge, aux armes de France, intitulé « Inventaire des diamants et pierreries de la Couronne, 1774 », qu’il a offert de nous représenter, et a déclarer n’en avoir pas reçu d’autres.
• Que pour satisfaire sans délai aux volontés de Sa Majesté, on avait procédé dès 1784 à la description et à l’inventaire de bijoux de la Couronne, dans lequel ne sont pas compris les diamants de la Couronne, qui sont un objet distinct et séparé
• Qu’il avait observé qu’à l’égard des pierres gravées, et autres monuments des arts et sciences, dont fait mention le décret de l’Assemblée national, du 27 mai dernier, il ne connaît d’objet en ce genre au Garde-Meuble que quelques pierres gravées sur des vases,
• Enfin, il a représenté que M. de LA Chapelle est occupé à la reconnaissance et levé des scellées qui ont été apposés au château des Tuileries, et qu’il ne lui est pas possible de quitter cette opération pour communiquer l’état des diamants faits en 1784.