20 janvier 1754: La comtesse de Marsan

La comtesse de Marsan, Gouvernante des Enfants de France, entre en fonction le 20 janvier 1754, et se trouve immédiatement en conflit avec les gardes du corps du Roi.

Les gardes du corps du Roi fournissent un exempt pour la garde des Enfants de France. Cet officier reçoit l’ordre de la Gouvernante des Enfants de France jusqu’à ce que l’aîné des Enfants de France fût en état de le donner lui-même ; néanmoins l’ordre étant donné en son nom, devait être pris dans sa chambre. La feu duchesse de Tallard avait avec les officiers des gardes les rapports les plus bien veillant ; elle les recevait, surtout ceux qui étaient de service, continuellement à souper. Aussi, reconnaissant d’un tel accueil et mus par un sentiment de déférence courtoise, en étaient-ils arrivés peu à peu à se départir de leur droit et à prendre l’ordre chez la Gouvernante des Enfants de France.

Mais, le jour même où la comtesse de Marsan entra en exercice, ils voulurent en revenir à la stricte exécution de la règle.

L’exempt de garde est M. de Cassini. A l’heure dite, au lieu de se rendre chez la comtesse de Marsan, il attend dans l’appartement de M. le duc de Bourgogne. Forte des précédents de feu la duchesse de Tallard, la nouvelle Gouvernante des Enfants de France, voyant là une entreprise contre les prérogatives de sa charge, crut devoir adresser des observations à l’officier. Celui-ci répondit en s’excusant sur sa mauvaise santé, mais en référa au duc d’Ayen, son capitaine. La comtesse de Marsan, de son côté, en écrivit à son frère le prince de Soubise. La question est portée au Roi qui la tranche en faveur des gardes du corps.

La Gouvernante des Enfants de France, en conséquence, dût donner l’ordre chez M. le duc de Bourgogne ; mais, par une petite vengeance féminine, elle substitua, pour ce faire, à l’heure de 14 heures celle, moins agréable, de 9 heures, ayant de ce que cette dernière semblait plus commode à Monseigneur !

L’affaire fait du bruit à la Cour.