L'hôtel de Biron, depuis Musée Rodin

Cette après-midi je suis sorti visiter ces deux monuments :



La petite toiture dorée derrière est assez reconnaissable, quant à l'élégante demeure au second plan, il s'agit de l'hôtel de Biron, devenu depuis le Musée Rodin, car le célèbre sculpteur avait élu domicile au rez-de-chaussée.

Bonne visite en perspective.
Si je ne m'abuse, avant d'être transformé en musée Rodin, l'ancien hôtel Biron était devenu un pensionnat de jeunes filles où a été élevée Eugénie de Montijo.  
Ou alors c'est un hôtel du même quartier. 

Abraham Peyrenc de Moras, laquais enrichi en devenant controleur général de la Banque lancée par Law, fit d'abord construire un hôtel dans le Marais, puis place Vendômes, mais ce quartier de financiers ne lui suffisant pourtant pas, il fit enfin construire en 1727 dans le quartier aristocratique du faubourg St Germain.
Il commande en 1727 un hôtel à l'architecte Auber, élève de Mansart, et protégé des Condé, pour qui il réalisera les célèbres écuries de Chantilly.

Il s'agit de l'un de ses hôtels qui se veulent des maisons de plaisance comme à la campagne, mais au cœurs de Paris. la porte de l'hôtel ouvre sur la rue de Varenne, et le grand coté du jardin fait face à l'hôtel des Invalides.



La cour d'entrée était fermée par un petit mur, et à droite se trouvait les communs, remplacés au XIXème par une chapelle (entrée du musée).



Le jardin, immense, fait apparaître l'hôtel comme isolé dans le jardin, rehaussé par une grande terrasse et la déclivité du terrain.
Auber donne une grande souplesse et élégance à la face coté jardin, par la saillie des deux cabinets latéraux, qui ne sont pas sans rappeler les tours d'angle d'un château de campagne.

Le chantier s'achève en 1731, et Peyrenc mourrut 1732. Sa veuve loua alors l'hôtel à la duchesse de Maine. Les boiseries que contient encore l'hôtel étaient elles terminée à l'achèvement du chantier, ou bien est-ce la duchesse qui les fit aménager ? Je ne sais.

A la mort de celle-ci, l'hôtel est vendu au maréchal-duc de Biron, celui-là même que ses soldats, adorant leur vieux colonnel, sauvèrent de la bousculade de la place royale le 31 mai 1770 en le portant à bout de bras. Il était duc de Lauzun, puisque petit neveu du célèbre favoris de Louis XIV, puis duc de Biron à la suite de son père.
A sa mort en 1788, le titre de duc de Lauzun et l'hôtel passent à son neveu Armand-Louis, fils du frère cadet, le duc de Gontaut, et d'Antoinette de Crozat (même si la parternité du beau-frère, Choiseul; est assez assurée).

A la révolution, l'hôtel est vendu. Il passe au XIXème à la duchesse de Béthune-Charost. C'est elle qui l'offre à une congrégation féminine qui y fonde une maison pour jeune filles bien nées. Elles firent construire la chapelle néo-gothique, et abandonnent le jardin à la française.

Lors de la dissolution des congrégation enseignante, les soeurs sont chassées, et la maison est reconvertie en logements à faible loyer pour artistes. parmi ceux ci, la danseuse Isadora, Matisse, et surtout au rez-de-chaussée Rodin, qui aimait autant les vieilles pierres que le jardin retourné à l'état sauvage ....

Je ne m'étais donc pas trompée ! 

Je vais vous donner quelques unes de mes photos, mais j'attends un nouvel appareil de meilleur qualité.

Reinette a écrit:

Je ne m'étais donc pas trompée ! 

Mlle de Montijo vient donc s'ajouter à la longue liste des habitants prestigieux de l'hôtel !

Hélas, l'installation d'un barnum dans le jardin m'a privé de la plus belle perspective !

Les murs de l'hôtel n'ont quasi pas changés depuis sa construction.
Par la faute de travaux de muséographie, seules quelques pièces sont ouvertes à la visite.

En 1 l'entrée à colonnes, au décor de pierre, assorti à l'escalier sur lequel elle ouvre en 2.




En 3 la salle à manger. Il en reste la voussure portant des décors de stucs. Au dessus deux petits espace pour les buffets, aujourd'hui fermés par de grandes portes.


En 4 le salon, fermé à la visite.

En 5, la chambre de parade, salon de compagnie. Il faut imaginer, à coté des boiseries (peintes bien sûres), une tenture de damas ou de lampas, ou encore un velours pour le meuble d'hiver.

En 7, la chambre à coucher. Dont il reste la voussure.

En 8, les dégagements et commodités.

En 6 enfin, le cabinet oval, présent dans les deux appartements, symétriquement disposés autours du salon principal.
Ouvrant par deux bais, de forme ovale, orné de boiseries d'une grande finesse, qui portent encore les marques de la peinture qui augmentaient encore la luminosité de la pièce, cette pièce est la plus belle de l'ensemble.





(ces deux photos ne sont pas de moi)

Une visite à faire ! 

Merci pour ce magnifique reportage !
J'aime beaucoup l'entrée à colonnes ... Quelle allure !

En tout cas, comme nous en avions discuté hier, il serait judicieux que cet hôtel signale qu'y a vécu Eugénie de Montijo. Ce n'est pas Duchnock tout de même ! 

Très belles photos

Au musée, rien ne parle de ce qu'il y eut avant Rodin (mis à part les informations de bases, mais la notice wikipedia est plus complète !)

Si le Lauzun de Marie-Antoinette puis du duc d'Orléans y a vécu, c'est une terrible erreur de ne pas l'évoquer ! Je ne raffole pas de ce type mais enfin, ce n'est pas n'importe qui quand même ! 
Et je suis bornée, mais Eugénie de Montijo n'est pas non plus n'importe qui !

Le grand public connaît certainement Eugénie de Montijo, mais Lauzun cela m'étonnerait ...  

Mais cela évoquerait un grand seigneur du XVIIIème siècle, proche de la Révolution... Etc. Et puis dire qu'il fut un "amoureux" de Marie-Antoinette est toujours attirant pour le grand public.

Ah, mais bien sûr ! Je ne voulais pas dire que cela soit une raison pour le zapper !  

Ils mentionnent son nom, mais c'est bien tout. Et encore, ils parlent plutôt de son oncle, puisque c'est lui qui donne le nom à l'hôtel !