L'hiver dernier il est arrivé une chose plaisante.
Une dame qui est jeune et jolie vint voir mon fils dans son cabinet.
Il lui fit cadeau d'un diamant de deux mille louis d'or et d'une boîte de deux cents.
La dame avait un mari jaloux; mais elle était si effrontée, qu'elle vint à lui, et lui dit que des gens qui avaient besoin d'argent lui oiïraient ces bijoux pour une bagatelle; elle le pria de ne pas laisser échapper cette bonne occasion.
Le mari crut tout cela, il donna à sa femme l'argent qu'elle demandait.
Elle le remercia cordialement et prit l'argent; elle mit la boîte dans son sac, et le diamant au doigt, et se rendit ensuite dans une société distinguée. On lui demanda d'où provenaient la bague et la boîte.
Elle répondit : « M. de Parabère (c'est ainsi qu'il se nomme) me les a données. » Le mari était présent, et il dit : « Oui, c'est moi qui les lui ai données.
Peut-on faire moins quand on a une femme de qualité qui n'aime uniquement et exclusivement que son mari?»
Cela fit rire; car les autres personnes n'étaient pas si simples que le mari, et elles savaient bien d'où provenaient ces cadeaux.
1 Une aventure du même genre fut attribuée à la femme d'un des plus éminents fonctionnaires de l'Empire (elle est désignée par de nombreuses initiales dans le catalogue des livres de M. Lajarrie, 1854, n° 2920; voir aussi les Mélanges de Boisjourdain, t. I, p. 213); le comte Barruel-Beauvert fit de cette anecdote l'objet d'une comédie intitulée : Les Bracelets, ou le 18 mars 1716.
Des Anglais et des Anglaises ont tracé hier un portrait horrible de la reine Anne; ils ont dit qu'elle s'enivrait, qu'elle avait de la passion pour les femmes, mais qu'elle était inconstante et qu'elle changeait souvent. Madame de Sandwich ne m'en a pas parlé; mais elle l'a raconté à mon fils.