"Le Déluge", nouveau film sur Louis XVI et Marie-Antoinette

Au NouvelObs
ils ne sont pas chauds bouillants

• « Le Déluge » : Mélanie Laurent et Guillaume Canet dans un huis clos pesamment théâtral
  
  Qu’ambitionne ce film, produit par Sorrentino ? Mystère. Retracer les derniers jours de Louis XVI et Marie-Antoinette à la tour du Temple, dépouillés de leurs privilèges dans l’attente de leur procès, n’était pas une idée stupide. Au contraire de la prothèse de visage de Guillaume Canet qui lui fait une tête de bibendum d’un ridicule propre à saper le moindre effort de l’acteur, plutôt bon si l’on admet l’idée que le monarque se résumait à être un pleutre mou. L’Autrichienne est rendue insupportable par une Mélanie Laurent qui monte dans les tours à chaque dialogue et nous rend solidaires des humiliations que les geôliers font subir au couple royal. Pesamment théâtral, le huis clos se montre en décalage avec son dépouillement visuel et ses beaux plans crépusculaires. Quant à y voir une réflexion sur le sort des élites balayées par les révolutions, une chose est sûre : le réalisateur n’est pas du côté du peuple.
  https://www.nouvelobs.com/

Pour La Croix

• Critique Le film retrace de manière sensible les fascinants mois de captivité de Louis XVI et de Marie-Antoinette, avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent, bluffants. Au fil du récit d’une dépossession progressive de leurs ors et privilèges, chacun s’humanise et leur lien se transforme.

Carrément on peut dire que les avis sont partagés.

Merci Globule et the collector.....Cela fait un moment que je ne parcours plus La Croix qui bêtifie souvent ( je suis polie); le nouvel obs est plus lucide sur le film....

Je l'ai déjà dit, je me demande bien pourquoi, alors que pour le grand public le mépris le plus total est la norme à l'égard de Louis XVI et de M-A, ce film fait tant de bruit....  

J'y vois une habile stratégie publicitaire des producteurs qui ont donné beaucoup de sous, et qui tiennent à rentrer dans leurs fonds avec un substantiel magot en plus !


Pour moi, c'est une daube, une de plus.....

Mon avis rejoint le vôtre, Aglae, comme souvent.
Lisez donc,

• “J’ai essayé de comprendre l’état psychologique de Louis XVI, sa timidité, son bégaiement”
  Guillaume Canet

D'où le dernier roi de France bégayait ? De Zweig sans doute.

L'avis de Cedric Coppola magazine Nice matin

Biname a écrit:

D'où le dernier roi de France bégayait ? De Zweig sans doute.

Oh, le pauvre Louis XVI chacun y va de sa tare....La comtesse de Boigne en fait un portrait quasi hallucinant ( tout en se donnant l'alibi de le trouver avec des qualités, soyons prudents) , Madame Campan l'égratigne aussi, ni vu ni connu sous prétexte de le plaindre, les Goncourt, bref il faut recourir aux Girault de Coursac ( un peu hagiographique quand même) pour avoir un éclairage différent;
Louis XVI accumule les responsabilités c'est un excellent bouc émissaire, on peut tout lui reprocher et son inverse;
J'en suis à me demander quel est l'historien un peu plus lucide ( ou excellent chercheur de sources exactes) qui a inauguré sa réhabilitation.....

elgin a écrit:

L'avis de Cedric Coppola magazine Nice matin

"l'archiduchesse d’Autriche qui essaie de sauver sa peau tant bien que mal,en n'hésitant pas à tromper son faible mari"

Cela donne une idée de ce que doit être le scénario.:

Le chevalier de la reine a écrit:

elgin a écrit:

L'avis de Cedric Coppola magazine Nice matin

"l'archiduchesse d’Autriche qui essaie de sauver sa peau tant bien que mal,en n'hésitant pas à tromper son faible mari"

Cela donne une idée de ce que doit être le scénario.:

Que pourrait-on avoir d'autre ? puisque c'est Zweig la source "historique".
On a donc le gros impuissant et la débauchée.

Chers Chevalier de La Reine et Thérèse Bélivet,

L'actrice protagoniste éclaircit elle-même la question.


https://www.lepoint.fr/culture/melanie-laurent-il-y-a-eu-les-rumeurs-les-plus-folles-sur-marie-antoinette-26-12-2024-2578692_3.php#11

Bien à vous

madame antoine

"Comment expliquez-vous cette scène incroyable où la reine se donne à son geôlier, comme en sacrifice ? Elle ne figure pas dans la biographie de Stefan Zweig…"

Cela va encore une fois ternir l'image de la reine.Cette scène est une humiliation (une de plus)et un manque  total de respect envers la mémoire de la reine.C'est comme si 250 ans après ,un nouveau pamphlet ,une nouvelle caricature était publié.
Après l'horrible scénographie de la cérémonie d'ouverture des JO , avait-on besoin d'une scène (meme de cinéma)de ce style.

"C'est le réalisateur qui, à un moment donné, s'est basé sur des caricatures pour inventer cette scène".

Il aurait mieux valu,qu'il cherche  savoir qui était vraiment Marie Antoinette,au lieu de vouloir copier bêtement ces maudits pamphlets ordurier qui ont jalonnés l’existence de la reine

Je rejoindrai finalement l'avis d’Aglaé qui dans un post plus haut qualifiai ce film de daube

Petite revue de presse :

• Télérama
  
  Curieux film qui, dans le même mouvement, donne toutes les verges pour se faire battre et fait preuve d’une audace formelle séduisante pour raconter les derniers mois de Louis XVI et de Marie-Antoinette, de leur incarcération à la tour du Temple jusqu’à l’exécution du roi, le 21 janvier 1793. Il faut passer outre l’épaisse couche de maquillage qui défigure inutilement Guillaume Canet et les dialogues au propos philosophiques souvent sentencieux pour apprécier cette évocation à la fois intime et métaphysique de la Révolution française, où les dieux d’hier deviennent humains puis mortels dans une tragédie en trois actes à la théâtralité assumée et aux belles trouvailles...
  

• Le bien public
  
  Récit de chute, Le déluge s’attache au départ à montrer Louis XVI et Marie-Antoinette comme des semi-divinités, à qui on prête des vertus extraordinaires, inaccessibles sous leurs couches de vêtements, de bijoux et de maquillage. Un apparat qui va disparaître jusqu’à enfin révéler l’humanité du couple royal. Car de ces disgrâces, le réalisateur italien Gianluca Jodice en tire une leçon en trois actes sur l’apprentissage d’être un humain. Et ces enseignements sont tantôt badins, tantôt cruels (une scène glaçante avec Marie-Antoinette trouve un triste écho dans notre actualité).
  
  Et grâce à l’interprétation juste, aussi bien pour Mélanie Laurent que pour Guillaume Canet, l’empathie avec ces figures honnies se crée, sans pour autant que leurs fautes soient dédouanées. Plus qu’un film historique, Le Déluge est surtout une fable amère, dont la leçon est tristement ironique : apprendre à vivre à la veille de mourir.
  

• Le Télégramme
  
  L’Italien Gianluca Jodice s’est inspiré des carnets du valet de chambre du Roi, resté avec lui jusqu’à sa mort, pour revisiter les derniers mois de ceux qui étaient, tels des dieux mais ne sont plus que les ultimes vestiges d’un régime à bout de souffle. Guillaume Canet, caché derrière des prothèses et une combinaison rembourrée déformante, parvient à exprimer les faiblesses de ce souverain déchu qui se sait impuissant et en souffre. Son tempérament tranche avec celui plus affirmé de Marie-Antoinette, que Mélanie Laurent fait revivre en montrant juste ce qu’il faut de ses contradictions, sa suffisance comme ses fragilités. Elle est cruelle avec cet époux qu’elle n’a pas choisi, devenu le seul être à qui elle peut encore donner des ordres ou faire des reproches. Le titre énigmatique de ce biopic austère au minimalisme intriguant vient de l’expression involontairement prophétique « Après moi, le déluge » qui aurait été prononcée par Louis XV.
  

• Le Temps
  
  Film d’ouverture du Locarno Film Festival l’été dernier, «Le Déluge», de l’Italien Gianluca Jodice, invite à reconsidérer la fin de Louis XVI et Marie-Antoinette. Un crime de lèse-Révolution?
  
  Attribuée à Louis XV ou à Madame de Pompadour, l’expression «après nous le déluge», qui exprime le manque d’intérêt pour le sort d’autrui et le déni de responsabilité, trouve une sorte d’aboutissement ironique dans Le Déluge, film qui retrace les derniers jours de… son successeur Louis XVI, aux mains de la Révolution. Inversant le point de vue usuel, l’Italien Gianluca Jodice s’y attache à retrouver l’humanité de figures vouées aux gémonies, en s’inspirant du journal de Jean-Baptiste Cléry, valet du roi. Une drôle d’idée, mais réalisée avec un certain brio, après un portrait du poète Gabriele D’Annunzio sur le déclin (Il cattivo poeta, 2020), dans des décors et costumes reconstitués en Italie et avec des acteurs importés de France.
  
  Pas de Bastille, de Versailles, ni même de Tuileries ici. Le récit commence en août 1792 avec l’arrestation du roi et de la reine Marie-Antoinette et leur transfert au Temple, propriété de l’ordre de Malte détruite par la suite. D’abord installée dans le hall du palais, la famille royale (les deux enfants du couple et une sœur du roi sont aussi là) est encore traitée avec un certain respect. Puis ce sera leur séparation et leur transfert dans la tour, où ils ne sont plus que de vulgaires prisonniers en attente de connaître leur sort décidé par la nouvelle Convention. Avec, au bout de cinq mois, la sentence que l’on sait.
  

• Femina
  
  Aux dernières heures de l'Ancien Régime, Louis XVI (Guillaume Canet) et Marie-Antoinette (Mélanie Laurent) sont conduits avec leurs enfants et la sœur cadette du monarque à la prison du Temple, où ils vivront sous la menace et dans des conditions précaires. En s'intéressant au crépuscule de la vie de ce roi de France, le réalisateur italien Gianluca Jodice parvient à filmer l'enfermement tout en mettant en lumière une période charnière de notre Histoire. Une singularité scénaristique qui permet à l'audacieux Guillaume Canet de jongler subtilement avec les facettes pathétiques et poignantes de son illustre personnage, et à la puissante Mélanie Laurent de dévoiler un visage inédit de la reine, aussi bouleversante en femme lucide qu'en mère courage.
  

Maintenant, à nous de voir.

Le chevalier de la reine a écrit:

Je rejoindrai finalement l'avis d’Aglaé qui dans un post plus haut qualifiai ce film de daube

Une bonne grosse daube ?
Vous allez adorer la critique que voici

• Le Déluge : Canet et Mélanie Laurent dans le pire navet de Noël
  
  [texte Luc Hernandez]
  
   
  Guillaume Canet et Mélanie Laurent incarnent les derniers jours de Louis XVI et Marie-Antoinette dans Le Déluge, pur navet italien confiné.
  
  Quand on est un mauvais cinéaste, on choisit de filmer la Révolution au moment où il ne se passe plus rien, c’est-à-dire après la prise de la Bastille et avant la mort du Roi, que vous ne verrez pas. Le Déluge a à peu près autant d’idées qu’un scénariste raté au trentième jour de confinement : filmer Louis XVI, Marie-Antoinette (et leurs enfants) en train de tuer le temps à défaut d’être tués, dans chacune des pièces vides de la Tour du Temple, ou plutôt d’un château d’Italie (le film est produit par Sorrentino). Visiblement inspiré par une gravure, le réalisateur a doublé les joues du Louis XVI sous prothèse de Guillaume Canet, sans doute pour combler le vide des dialogues. On le reconnaît à peine.
  
  Guillaume Canet, Louis XVI et la prothèse
  
  
  
  Un valet lui lit les préceptes de la Révolution qu’il n’arrive pas plus à comprendre que le Medef au moment de renégocier la réforme des retraites (“l’égalité, c’est quoi ?“). Égarée d’une salle à l’autre, Mélanie Laurent ne fait que rouler des yeux sous ses cheveux en pelote en dressant son cou de dindon pour montrer qu’elle reste une reine, visiblement très énervée à l’idée de rester confinée. Elle finira par jouer du clavecin aussi mal que le reste avant de crier tout ce qu’elle peut contre “la stupidité indécente” de son futur-ex époux. Ambiance…
  
  Mélanie Laurent en attendant Le Déluge
  
  
  
  On aurait été le bourreau, on n’aurait pas traîné. D’autant qu’un autre ami de Sorrentino a cru bon d’ajouter quelques notes de son cru sur son synthé Bontempi. Visiblement dans l’aristocratie du cinéma, plus personne ne savait quoi faire comme film. Faites gaffe : ils ont quand même décidé de faire payer l’entrée au cinéma, soit la capitation (l’impôt), à défaut de filmer la décapitation… Décidément, ils n’ont vraiment rien compris à la Révolution.
  
  
  https://tribunedelyon.fr/sorties/cinema/le-deluge-canet-et-melanie-laurent-dans-le-pire-navet-de-noel/

Savoureux n'est-il pas

Rha clair il a pas aimé

D'autres avis

• Sorti en salle ce 25 décembre, Le Déluge reçoit une moyenne plutôt décevante de la part de la presse avec 2,9 sur 5 sur AlloCiné. La note chez les spectateurs est supérieure avec 3,1 sur 5*. Pour comprendre les atouts et les défauts de ce film, petit tour d'horizon de certains avis.
  https://fr.news.yahoo.com/d%C3%A9luge-bon-film-quen-pensent-160000971.html
  

• Qu'en pense le public ?
  
  "C'était intéressant de voir les conditions de détention du Roi de France, salue Pierre qui souligne la qualité des interprétations des acteurs : Guillaume Canet était un excellent Louis XVI, Mélanie Laurent était aussi excellente dans son rôle de Marie-Antoinette." Même avis pour Christophe R. : "L’excellent jeu des acteurs, la réalisation et la musique procurent un rendu très réaliste de cette fin de règne."
  
  "Le climat révolutionnaire est superbement amené et la famille Royale n'est pas caricaturée. Le déluge fait partie des très bons films sur la révolution française", juge Pierre-Alexis G. De son côté, Cinemadourg tempère : "Si l'ensemble se révèle intéressant et instructif, il manque cependant d'un souffle épique pour captiver pleinement."
  
  Norbert F. regrette quant à lui le rythme du film : "Film d'une lenteur. C'est mou on s'ennuie fortement à la limite de s'endormir. Le pire film sur Louis XVI que j'ai vu." Louis-Philippe de la Rochefoucauld pointe du doigt, quant à lui, l'inexactitude historique du film : L’œuvre souffre d’une accumulation de libertés scénaristiques qui frisent l’irrespect. (...) Le film semble davantage relever de la fiction que du travail rigoureux d’un cinéaste historien."
  
  "Si ce genre de scénario est l’occasion de réviser un peu les grandes heures de l’Histoire, le spectateur ne devra certainement pas tout prendre pour argent comptant, appuie PLR. S’il y a toujours matière à réflexion, avec le recul que le temps passé permet, il n’y a toutefois guère d’émotion dans le propos."
  
  En conclusion
  Le Déluge est un film historique qui saura captiver un public curieux et désireux d'admirer la qualité des costumes, des décors et de la transformation physique du duo d'acteurs. Attention néanmoins, le long métrage reste une oeuvre de fiction et prend quelques libertés avec la réalité - ce que annonce le film dans son introduction.
  
  *La moyenne des notes spectateurs, enregistrée au moment de l'écriture de cet article, est susceptible d'évoluer.
  

En gros ils se mouillent pas.

Cette critique nous demande de prendre de la hauteur:


https://www.avoir-alire.com/le-deluge-gianluca-jodice-critique

Comparaison n'est pas raison.
Pour redescendre à la plate réalité historique, ce film m'a paru très peu intéressant et rempli d'approximations (pour ne pas dire d'erreurs pures et simples). Je peux comprendre que le scénario prenne quelques libertés avec les faits mais de là à montrer Marie-Antoinette qui s'offre à la concupiscence de son gardien, non. C'est sans doute que le film manquait de piquant.
En résumé, ce déluge ne vaut pas la sortie sous les intempéries hivernales.

Boulevard Voltaire ne pouvait pas se montrer trop sévère. Malgré des critiques très justifiées devant l'inacceptable, il donne 3 étoiles au film.



J'irai me rendre compte par moi-même ce week-end (sans doute, parce que le portrait du Roi balourd et de la Reine catin me freinent).

Pas mal du tout la critique de Marianne

• "Le Déluge", de Gianluca Jodice : républicains, ce film un peu royaliste sur la Révolution pourrait vous plaire
  
  
  Critique
  Par Robin Verner
  
  
  Le mercredi 25 décembre dernier est sorti « Le Déluge », signé du réalisateur italien Gianluca Jodice. Le film chronique la vie des souverains déchus Louis XVI et Marie-Antoinette et leur premier cercle – enfants, sœur – en la prison du Temple, au tournant des années 1792-1793. Résistons à la tentation de juger l'ensemble d'un œil trop idéologique, car ce beau film empreint de langueur et que guette l'effondrement le mérite.
  
  Commençons par ce qu'il ne faut surtout, surtout, jamais faire en critique culturelle. Soit juger une œuvre moralement et à travers une grille de lecture trop grossièrement politique : Le Déluge, de Gianluca Jodice, sorti au cinéma le 25 décembre dernier, est un film réactionnaire. Anti-Révolution française, ou du moins « révolution-sceptique ».
  
  Qu'on excuse ces considérations un peu bas de plafond... mais elles font mal aux petits cœurs des républicains, a fortiori robespierristes.
  
  Peignant le quotidien un brin douloureux de Louis XVI – bientôt rebaptisé Louis Capet – et Marie-Antoinette, leurs enfants, et la sœur Bourbon emprisonnés au Temple où ils sont, dans l'attente de leur jugement et de leur mort, persécutés par des révolutionnaires violents, le long-métrage ne peut en effet que diffuser une sorte de royalisme d'atmosphère. Parfum désormais de rigueur dès lors qu'il s'agit de représenter la Révolution française, une fois passé la riante vallée de la prise de la Bastille et de la Déclaration des droits de l'Homme. Aussi les révolutionnaires à l'écran ne sont pas seulement brutaux, ils se changent aussi en militants pré-staliniens, machines à slogans aussi terribles qu'abstraits. Pourtant, l'une des forces du Déluge de Jodice est justement de montrer la chair sous le Verbe.
  
  Mais puisqu'on en est à l'atelier déminage, encore quelques mots sur la distribution, et son couple royal. Il faut travailler un peu sur soi pour accepter Guillaume Canet plantant Louis XVI tout en prothèses, poudre et maquillage et outrepasser sa crainte de voir Mélanie Laurent en Marie-Antoinette (ce qui fait d'ailleurs beaucoup de prénoms). Le spectateur de bonne volonté en est récompensé : les deux comédiens parviennent l'un comme l'autre à incarner avec souplesse deux personnages pourtant raidis par deux siècles et demi de légendes dorées ou noires et de peintures à l'huile.
  
  Au spectacle
  Le film de Jodice, découpé en trois chapitres (« Les Dieux », « Les hommes », « Les morts ») tient toutefois moins du tableau que de la scène. À leur arrivée au Temple, les Bourbons sont d'abord confinés entre deux cordons sur le dallage d'une vaste galerie sous les yeux de leurs matons – première scène ; puis calfeutrés dans la tour, dans deux cellules comme autant de petits théâtres ; Louis XVI condamné fait ses adieux à sa famille dans une pièce fermée par une porte en verre, à distance mais encore à la vue du personnel révolutionnaire ; enfin, le roi déchu est envoyé à la mort hors-champ tandis que les conventionnels l'observent depuis les vitres des tuileries, comme au spectacle.
  
  Encore faut-il s'entendre sur la nature du spectacle. L'avantage de prendre pour objet les mois de captivité au Temple, c'est qu'on sait d'où on part, et encore mieux où on arrive. Ainsi délesté du récit et de sa mécanique, on échappe aux lourdeurs didactiques – mais pas toujours aux pesanteurs psychologisantes ou sentimentales – pour se concentrer sur ce que l'on voit : la lumière qui inonde ponctuellement un cadre pourtant sombre, rappelant la nature panoptique des espaces où vivent ces personnages ; l'à-côté ou l'anecdote (Marie-Antoinette jouant du clavecin, Louis XVI et son fils à la raquette) pour pointer l'absente, l'Histoire qui se fait sans eux ; le silence au milieu du tumulte qu'on devine, redoublant cette exclusion.
  
  Géographie des solitudes
  Car il s'agit là d'une histoire de solitudes – accusées encore par l'usage de la courte focale élargissant le cadre et les distances –, ou plutôt de l'affrontement de deux solitudes : celle de Louis XVI, dont le déni est lâcheté mais aussi altruisme pour les siens, et celle pleine de colère et d'impuissance, de Marie-Antoinette. Symétrie trompeuse qui révèle bientôt un isolement inégal. L'épouse est plus seule encore que le mari, comme le suggère la scène des adieux où Marie-Antoinette apparaît séparée des autres par les meneaux et les battants de la porte de verre. Pour autant, la tristesse douce de Louis XVI réchauffe un peu la fureur glacée de son épouse. Et le film peut tisser le lien d'un couple qui se fait au moment de se défaire.
  
  Dans cette géographie contrainte et mise sous cloche, les registres se contaminent – le burlesque s'invite par exemple dans la tragédie, Louis XVI apprenant que la Convention a voté sa mort sur un air de musique joué joyeusement à l'étage du dessus par sa femme qui croit lui faire plaisir –, et le réalisme ressemble à l'irréel.
  
  Ce que le déluge emporte
  Le Déluge du titre se comprend aussi comme profusion. Il est physique car il pleut à tout rompre sur le fiacre qui emmène Louis ci-devant roi de France à la guillotine, discursif car il est cette marée qui doit emporter l'Ancien Régime, et religieux.
  
  Ainsi, le procureur de la Commune de Paris l'avoue à son prisonnier : à travers ce dernier, il s'agit d'abattre un symbole pour permettre aux générations suivantes de vivre, libérées des superstitions et de l'arbitraire, comme, dans la Bible, Dieu lave par le déluge la terre du péché afin de la rendre à une humanité nouvelle dont l'avenir tient dans une arche. Louis XVI et Marie-Antoinette ne sont pas invités à bord. Pour eux, cependant, le symbole devait avoir quelque chose de très concret. Le film de Gianluca Jodice ne nous laisse pas le confort de l'oublier. Même aux plus robespierristes d'entre nous.
  
  ***

Source https://www.marianne.net/culture/cinema/le-deluge-de-gianluca-jodice-republicains-ce-film-un-peu-royaliste-sur-la-revolution-pourrait-vous-plaire

J'en sors très mitigée. Les prises de vue, ambiance, couleurs et lumière sont superbes, mais plus symboliques qu'historiques. Les décors choisis ne permettront pas aux spectateurs de se faire une bonne idée des conditions d'emprisonnement de la famille royale "Capet".

Les personnages m'ont paru bien dessinés, leur psychologie approfondie et les rapports entre eux intéressants à suivre. Un bémol pour Mélanie Laurent et son jeu trop souvent exaspérant.

Le scénario est ce qui m'a le moins plus. Il est plein de lourdeurs et de lenteurs, sans compter les trucs débiles (comme la reine qui se tape un gardien, ridicule).

Bref, un ovni à voir pour la beauté des plans mais certainement pas pour un cours d'Histoire sur la Révolution !

"Le Déluge" de Gianluca Jodice : "un film de droite qui se cache" ?
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-masque-et-la-plume/le-deluge-de-gianluca-jodice-1293731

Allez donc écouter cette analyse, c'est intéressant.