09 mai 1794

Il pleut.

Le souper terminé, Madame Elisabeth et sa nièce Madame Royale profite du reste du jour pour faire une lecture à haute voix, mais étant privé de lumière, elles ne peuvent continuer à lire ou à faire des travaux d’aiguilles.

 Ensuite, elles s’apprêtent pour la nuit après avoir vérifié que la porte était bien verrouillée.

Madame Elisabeth entend les verrous grincés et la lourde porte qui les sépare de l’antichambre où se trouve en permanence un garde.

Des coups retentissent à la porte où elles se trouvent. Madame Elisabeth répond « Un instant, je vous prie, je passe ma robe »

Les coups retentissent à nouveau comme la porte ne s’ouvre pas.

 Madame Elisabeth, sans se précipiter, achève de s’habiller.

Après avoir ouvert la porte, on lui demande de descendre.

 Elle demande « Et ma nièce », on lui répond « On s’en occupera après »

Madame Elisabeth se tourne alors vers sa nièce et lui dit « Je vais remonter » sur un ton rassurant puis l’embrasse.

On lui dit « Tu ne remonteras pas »

Elle s’adresse à nouveau à sa nièce « Aie du courage. Espère toujours en Dieu.

Ne manque pas aux dernières recommandations de tes parents »; elle l’embrasse à nouveau, puis se coiffe d’un léger bonnet de gaze et linon que Mme Clouet venait de lui livrer.

Après avoir dressé le procès-verbal « pour se décharger de la personne Elisabeth Capet » et après avoir cherché un volontaire pour l’escorter, elle est conduite, en fiacre, à la conciergerie.

 Après un trajet d’une vingtaine de minutes, elle arrive dans la cour de Mai du Palais de Justice.

Après les formalités d’écrous après de Richard, Madame Elisabeth s’adresse à l’épouse de ce dernier pour lui demander des nouvelles de « sa sœur Marie-Antoinette »

A cette question, le couple Richard comprend qu’elle n’est pas au courant de l’exécution de Marie-Antoinette, le 16 octobre 1793; et élude la question.

A 22 heures

Madame Elisabeth comparaît devant le juge Deliège, en présence de l’accusateur public Fouquier-Tinville, pour un premier interrogatoire.

L’avocat Chauveau-Lagarde est nommé pour « conseil » comme il l’avait été pour Marie Antoinette.

Tous les cachots et cellules sont pleins; les époux Richard conviennent d’installer Madame Elisabeth dans l’ancienne chambre qu’avait occupé, quelques mois plutôt, Marie Antoinette.

Mme Richard annonce à Madame Elisabeth que cette chambre avait été occupé par Marie Antoinette.

A cette occasion, Madame Elisabeth réitère sa question au sujet de Marie Antoinette; Mme Richard lui apprend son exécution et lui dit que durant le séjour de la Reine, elle avait tenté d’adoucir son quotidien en lui apportant des fleurs, des fruits, de l’eau de Ville d’Avray… et lui avait amené une fois son fils qui avait le même âge que Louis-Charles.

Mme Richard remet à Madame Elisabeth un flambeau et des livres.