15 mai 1685: Le doge de Gênes présente ses excuses à Louis XIV.

Au XVIIe siècle, Gênes est une puissance déclinante. Mais pour garantir son indépendance, elle peut compter sur le soutien des Habsbourg d’Espagne.

En témoignage de son soutien, Gênes construit quatre navires à l’attention de son allié espagnol.

Provocation pour Louis XIV, qui adresse un ultimatum à la république italienne.

Une escadre commandée par le marquis de Seignelay et Duquesne part alors pour l’Italie.

Arrivée en mai 1684, elle exige la remise des galères à la France et l’envoi d’ambassadeurs à Versailles pour présenter des excuses.

Le doge de Gênes est perplexe. Ce roi de France prétentieux sait-il seulement à qui il a affaire ?

Il renvoie les ambassadeurs français, ce qui provoque la colère du Roi Soleil appliquant alors la formule d’usage, « ultima ratio regum », le dernier argument du roi: la guerre.

Pendant dix jours, la marine française pilonne Gênes au moyen de plus de quatorze mille bombes et boulets.
Plus de la moitié de la ville est réduite en poussière, le doge de Gênes devient nettement plus attentif aux demandes du Roi des Rois.

Louis XIV exige que le doge vienne s’excuser en personne à Versailles, alors même que les lois de Gênes interdisent au doge de quitter la ville.

Mais la demande est formulée par le roi de France en personne, les Génois se plient à son injonction, la décision est inédite.

Le 15 mai 1685, le doge de Gênes Francesco Mario Lercaro, habillé de velours rouge et flanqué de quatre sénateurs vêtus de noir, fait son entrée dans la galerie des Glaces du château de Versailles, alors qu’elle est encore inachevée.

Louis XIV prend le soin de s’installer à l’extrémité de la galerie, obligeant le doge à une longue traversée pour arriver jusqu’à son hôte français.

Francesco Mario Lercaro vient s’incliner devant Louis XIV, qui reste debout sur une estrade.

Le Génois lui exprime son « extrême regret de lui avoir déplu ». On ne se moque pas ainsi du « Roi de l’univers » comme les courtisans surnomment Louis XIV.

Les excuses sont acceptées, Louis XIV poursuit alors : « que trouvez-vous de plus étonnant à Versailles ? »
Et le doge de lui répondre en dialecte génois: « mi chi » (C'est de m'y voir !) lui qui n’a, en principe, pas le droit de se rendre en dehors de Gênes !

Passé le temps des excuses, le doge reste dix jours à Versailles.

On lui montre les appartements, les jardins, les animaux de la Ménagerie, le Grand Canal, le Trianon ...
Devant tant de splendeurs, il déclare: « il y a un an, nous étions en enfer, et aujourd’hui nous sortons du paradis ! »

Le doge de Gênes a trouvé son maître, tout est bien qui finit bien au royaume de France.

Illustration : Réparation faite à Louis XIV par le doge de Gênes, Francesco Maria Imperiale Lercari, dans la galerie des Glaces de Versailles (par Claude Guy Hallé, château de Versailles)

Pour aller plus loin : Mémoire du duc de Luynes.