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 22 juillet 1789: Louis Bénigne François Bertier

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yann sinclair

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22 juillet 1789: Louis Bénigne François Bertier Empty
MessageSujet: 22 juillet 1789: Louis Bénigne François Bertier   22 juillet 1789: Louis Bénigne François Bertier Icon_minitimeMar 16 Mai - 16:11

22 juillet 1789: Louis Bénigne François Bertier Capt2009
 
Meurtre de M M. Foulon et Bertier

Le cœur plein d'amertume et la main tremblante d'émotion je vous ai montré, mes enfants, la majesté royale amenée par les factieux devant un élu de la révolte; je vous ai fait voir Louis XVI dans la triste journée du 17 juillet réduit à écouter patiemment les insolentes paroles de Bailly; je vous ai redit l'isolement qui commençait à se faire autour du monarque; ses frères, ses neveux, ses amis les plus dévoués obligés de s'éloigner du roi et de la reine, et en passant à l'étranger commençant cette longue liste d'émigrés et de victimes qui fera bientôt la joie des révolutionnaires; car elle deviendra pour eux un titre de spoliation, une source de richesses mal acquises.

Aujourd'hui ce va être encore des meurtres que j'aurai à vous peindre.

En vérité, quelquefois le cœur me défaille et je suis prêt à renoncer à la tâche que j'ai entreprise par amour pour vous.

Quand on écrit on a besoin de diversité, on cherche à varier les sujets de ses pages, et dans l'histoire de nos révolutions il y a une horrible monotonie et comme une main de fer qui vous retient dans un cercle de sang: il faut donc que je subisse ma destinée d'historien et que je revienne aux mots que j'ai déjà répétés si souvent de populace altérée de carnage, de têtes coupées, de têtes portées au bout des piques, de hideuses joies et de chants féroces devant ces trophées de cannibales !

Oui, il faut que j'en revienne là; car le duc d'Orléans a continué à marcher les pieds dans la boue vers le but de sa cruelle et lâche ambition.

Il ne veut pas que les listes de proscription dressées au Palais-Royal et affichées aux arbres de son jardin soient de vaines menaces; il lui faut à tout prix ressaisir l'occasion que sa couardise a laissé échapper le 14 juillet, et il cherchera maintenant parmi les hommes les plus dévoués à Louis XVI de nouvelles victimes à immoler.

Il sait que le peuple se grise avec le sang comme avec le vin, et pour la réussite de ses projets il a besoin que le peuple soit en délire; il se rend assez de justice pour se répéter souvent: Si les Parisiens avaient leur raison ils ne voudraient pas de moi pour chef; pour qu'ils me suivent il faut les enivrer: versons leur donc du sang.
Le sang qu'on leur versa le 22 juillet était pur: ce lut celui du vénérable M. Foulon et de M. Berthier, son gendre.

M. Foulon, conseiller d'état, nommé adjoint au ministère de la guerre après le renvoi de M. Necker, était reconnu par tous les partis comme un homme de talent et de probité ; à l âge de soixante-quatorze ans, alors que l'on a besoin de calme et de repos, il n'avait pas cru pouvoir refuser au roi d'entrer dans ses conseils, et à un ami qui cherchait à le détourner des affaires publiques il répondit en partant pour Versailles : Vous pensez à mon grand âge; mais pensez donc au grand danger du roi!

Après le 14 juillet, averti que son nom était placé le premier sur la liste de proscription, il céda aux conseils de sa famille, et se rendit à Vizy chez un de ses amis: là, mal conseillé, il eut recours au plus imprudent stratagème; on raconte qu'un de ses domestiques étant venu à mourir il laissa répandre le bruit que c'était lui qui avait succombé à une attaque d'apoplexie, et pour que l'on crût bien que c'était lui qui était mort on ajoute qu'il lit faire à son valet de chambre des funérailles aussi pompeuses que les siennes auraient pu être; puis il était parti dans la nuit pour aller demander asile à M. de Sartines. Les haines politiques ont l'oreille fine et la vue longue; les partisans de la révolution, qui savaient que M. Foulon était hostile aux principes de Bailly et de Lafayette, suivirent la trace de ses pas, et le découvrirent chez l'ancien lieutenant général de la police du royaume. A cette capture leur joie fut grande; car ils prétendaient que celui qui avait été deux jours ministre de Louis XVI avait dit: Un royaume bien administré est celui où le peuple broute l'herbe des champs
Quand j'aurai le pouvoir je ferai manger du foin aux Français.

Faisant allusion à ces paroles imputées à tort au vénérable vieillard, ceux qui s'étaient saisis de sa personne lui mirent une couronne d'orties sur la tête, un bouquet de chardons sur le cœur et du foin dans la bouche; puis, lui ayant lié les mains derrière le dos, le conduisirent à Paris en l'accablant d'injures et de coups.

Sans doute ce trajet de chez M de Sartines à Paris fut horrible pour M. de Foulon; mais quand la populace de la capitale sut qu'on lui amenait l'homme qui selon les calomniateurs avait voulu faire manger du loin aux Français elle se porta tumultueuse et délirante au devant du captif qui lui était amené.

En ce temps là les Parisiens s'ennuyaient quand une journée était sans troubles, sans scandale et sans meurtres: ce fut donc comme une fête pour eux que l'occasion qui leur était offerte d'outrager un homme en cheveux blancs...

Ah! s'ils s'en étaient tenus aux insultes; mais non, vous allez voir les bourreaux de de Launay et de Flesselles se surpasser en férocité. Fiesselles et de Launay! c'était là leur coup d'essai: depuis ce début ils ont fait des progrès ; vous en serez bientôt convaincus.

Les gardes nationales avaient à grand-peine réussi à conduire M. de Foulon jusqu'à l'Hôtel-de-Ville, et plus d'un homme de la milice parisienne avait été appelé aristocrate parce qu’il avait repoussé des coups dirigés contre le prisonnier.

A bas ceux qui protègent les ennemis des patriotes, vociféraient les stipendiés du duc d'Orléans; pourquoi nous refuse-t-on le sang de l'homme qui a voulu boire le nôtre?

Il va être Jugé! crie une voix partant d'une des fenêtres de l'Hôtel-de-Ville; c'était celle de Bailly.

Ainsi que l'assemblée des électeurs le maire de Paris ne savait que statuer à l'égard de M. de Foulon et de ceux qui se trouvaient dans un cas pareil.

Pendant que la foule attendait impatiente, le conseil municipal discutait longuement, et ce ne fut qu'après plus de deux heures que l'on décida que les personnes arrêtées par la clameur publique seraient renfermées dans les prisons de l'Abbaye Saint-Germain, et que sur la porte de cette prison on placerait l'inscription suivante:

PRISONNIERS MIS SOUS LA MAIN DE LA NATION.

Vous verrez comment cette main de la nation sut protéger ceux qui étaient confiés à sa garde.

Vers midi

La multitude avait doublé de nombre, et son effervescence croissant toujours décida le comité à envoyer vingt de ses membres pour apaiser les factieux.

Bailly lui-même descendit sur la place, et fit avec ses collègues d'inutiles efforts pour ramener le calme et la raison dans ces masses agitées parle souffle de certains hommes que l'autorité n'avait pas le courage d'arrêter.

Parmi les administrateurs et les fonctionnaires d'alors il se trouvait un grand nombre d'avocats; ces hommes accoutumés à discourir croyaient à la toute-puissance de la parole, et là où quelques soldats auraient pu rétablir l'ordre ils députaient des orateurs qui n'apaisaient rien ou qui ne calmaient qu'à demi.

Bientôt les cris de la populace devinrent impératifs: Nous voulons Foulon, qu'on nous livre Foulon!

— S'il est coupable on fera justice, cria Bailly.

— Nous voulons nous faire justice nous mêmes.

Ce dernier cri prouvait que déjà le sang cessait de plaire au peuple s'il ne le répandait de ses propres mains.

Il fallait donc ne plus ménager les factieux, et cependant on continua à parlementer avec leurs chefs. M. de Lafayette, que l'assemblée des électeurs avait envoyé chercher, n'arrivait pas; lui toujours si exact aux parades, aux manœuvres et aux revues, pourquoi tardait-il ainsi ce jour-là?

Enfin on aperçut de loin son cheval blanc, et le comité de l'Hôtel-de-Ville commença à reprendre courage.

Effectivement la foule fit silence quand le commandant de la garde nationale arriva sur la place.

Respect ! respect à la loi, cria-t-il; n'anticipez pas sur le glaive de ta justice pour punir cet homme odieux Ah! que diront vos ennemis si vous vous couvrez d'un si lâche attentat?

Dans les plus forts orages il y a de courts instants où l'ouragan et le tonnerre cessent de rugir et de gronder.

Il en fut de même après les paroles du marquis de Lafayette; la populace parut un moment apaisée.

Mais bientôt une seule voix suffit pour ramener la tempête; un homme cria: Les nobles sont de connivence; Lafayette veut sauver Foulon!

Et à ce cri la masse compacte qui couvrait la place ne demande plus, elle ordonne; elle veut qu'on lui fasse voir à l'instant Foulon, ou ses mille bras mettront le feu à l'Hôtel-de-Ville, et immoleront les électeurs eux-mêmes.

Ces menaces ont répandu la peur parmi les hommes qui doivent juger M. Foulon.

Dans les temps révolutionnaires la crainte monte souvent ainsi prendre place au tribunal parmi les magistrats: alors quelle est la garantie de l'accusé?

Celui dont la populace demandait la tête à grands cris était arrivé dès six heures du matin à l'Hôtel-de-Ville; les membres du bureau de la nuit qui l'avaient reçu s'étant retirés, les membres présents ignoraient dans quel endroit de l'Hôtel-de-Ville il avait été déposé

Admirez donc les soins administratifs de ces hommes de 1789!

Ils se sont chargés de veiller à la sûreté publique, ils en ont usurpé le pouvoir, et les voilà ne sachant pas où les prisonniers que leur amènent les haines et les soupçons sont placés!

Les voyez-vous parcourant le vaste édifice municipal, montant jusque sous les combles et descendant jusque dans les souterrains pour chercher M. Foulon?

Enfin on le découvrit dans la salle de la reine, gardé par quatre agents de la police.

Alors l'assemblée des électeurs.invita MM. Baudoin et Gharton à surveiller le prisonnier, à ne plus le quitter.

La foule était là demandant son sang: il ne fallait pas laisser échapper la victime.

— Que l'on nous montre Foulon! que l'on nous le fasse voir mangeant du foin!

— Qu'il paraisse, qu'il paraisse au balcon! voilà deux heures que l'on nous fait attendre.

— Si vous ne nous le faites pas voir nous croirons que vous l'avez laissé se sauver, et alors gare à vous!

— Oui, oui, gare à la vengeance du peuple!

Ces cris répétés par dix mille voix parvenaient au vieillard assis sur un banc au dessous d'une statue de la liberté. Les deux électeurs lui dirent : Vous entendez le désir du peuple.

— Il veut ma tête, répondit M. Foulon; la lui donnerez-vous?

— Nous croyons qu'il faut le calmer par l'obéissance : cédez à ses désirs.

— Je suis entre vos mains, faites de moi ceque vous voudrez; mais, je vous l'avoue, je ne croyais pas que ce fût en montrant de la peur que l'on commandait le respect.

Venez, lui dirent MM. Baudoin et Charton; et prenant le vieillard par les bras ils l'amenèrent à une fenêtre et crièrent:
— Le Voila!

— Il n'a plus sa couronne d'orties, son bouquet de chardons et sa boite de foin! Vous voyez bien qu'il a des amis à l'Hôtel-de-Ville, vocifèrent quelques hommes; ils lui ont ôté ces signes ignominieux en attendant qu'ils lui rendent la liberté.

Ces cris ne furent répétés que par une faible partie de la multitude, dont toutes les têtes étaient levées, tous les regards fixés sur le vieillard: ses cheveux blancs, son air noble, les traces des mauvais traitements qu'il avait déjà endurés, cette majesté qui s'attache toujours au grand âge et au malheur semblèrent produire de l'impression sur le peuple; sa rage hurlait moins haut en face de la victime qu'on lui présentait.

Bailly vint se placer près de M. Foulon, et adressa quelques prières à la foule; Lafayette aussi joignit sa voix à celle du maire de Paris, et conjura le peuple de rester digne de lui-même...

Un instant on put croire que la soif du sang était passée et que la raison était revenue à la masse populaire. La hyène aussi se tait quelquefois.

Mais tout à coup ce qui avait fait silence se remit à rugir, ce qui s'était arrêté dans ses trépignements s'agita de nouveau. Un moment cette populace pressée avait présenté une surface plane et unie comme une mer que le vent ne trouble plus; et voilà que d'autres Ilots se remuent, se gonflent, s'élèvent, roulent et s'engouffrent en grondant sous les porches de l'Hôtel-de-Ville.

Tout ce qui veut s'opposer à ce torrent est renversé, foulé aux pieds, étouffé ou entraîné par l'irrésistible courant.

Les cours, les escaliers, les corridors, les salles, les bureaux sont envahis; les portes fermées tombent brisées, les tables, les banquettes ploient, craquent et se cassent sous le poids de la multitude; la salie des électeurs n'a plus assez d'espace; le comité est refoulé à l'une de ses extrémités, et ses membres ont perdu leurs fauteuils; le président, Moreau de Saint-Méry, est précipité du sien, et c'est à grand'peine que poussé contre la muraille il monte sur une table, et obtient un instant de silence.

Un électeur, M. de Lapoise, profite de ces quelques secondes de calme pour-dire que tout coupable doit être jugé et puni par la justice, et qu'il ne croyait pas que parmi les hommes qui remplissaient la salle il y eût un seul bourreau.

Un autre membre du comité, M. Osselin, essaya de faire sentir la nécessité d'une instruction et d'un jugement régulier avant toute exécution.

Mais à ces sages paroles des voix s'élèvent de la foule et crient:

L'affaire est assez instruite, Foulon est jugé; qu'il soit pendu tout de suite.
 
 
A force de persévérance M. Osselin trouve le moyen de se faire encore écouter; on consent à ce qu'un tribunal soit improvisé surle-champ: procureur du roi et juges seront à l'instant pris parmi les électeurs.

Deux curés de Paris furent nommés, mais se souvenant de leur ministère de paix se firent récuser.

On devine que ces lenteurs devaient déplaire à la multitude; son impatience s'irritait de tous ces délais, et de l'impatience d'hommes en émeute aux excès il n'y a pas loin.

Des bras nus se lèvent et font signe de couper une tête; d'autres mains montrent des cordes et des nœuds coulants tout faits; des femmes, des furies avancent presque auprès du président du comité, et lui mettant le poing sur le visage lui crient: Vous nous amusez, et le prisonnier s'échappe; nous voulons le voir.

En même temps la foule se presse vers la salle de la reine en répétant: Nous allons en finir, nous allons en finir!

Pour apaiser ce mouvement de frénésie et de rage on propose que quatre personnes prises dans la multitude soient commises à la garde de M. Foulon en prêtant serment qu'il ne lui serait fait aucun mal... tous voulaient cet emploi.

Quatre voisins, dit le procès-verbal de cette affreuse séance, se sont montrés aux autres, ont prêté le serment demandé, et ont été immédiatement introduits dans la salle où M. Foulon était gardé.

Après cette mesure la foule devenue plus calme a nommé M. Bailly et M. de Lafayette comme, juges à la place des deux curés.

Mais à cet instant, le maire et le commandant de la garde nationale se trouvant hors de la salle, on s'est arrêté à MM. Moreau de SaintMéry et Duport du Tertre.

Ces juges une fois institués par l'impatience du public, on annonça que l'accusé allait être amené devant eux...

Oh! alors le bruit s'apaisa dans la salle, et tous dans cette foule pressée se mirent sur la pointe du pied pour le voir arriver; quelques-uns même se rangèrent pour lui faire passage.

Aux combats des gladiateurs on montrait ainsi de cruels égards aux malheureux qui venaient amuser par les tortures de leur agonie le public de Rome.

D'abord on fit prendre place à M. Foulon sur une chaise en face du président; mais cette chaise étant posée sur le parquet était trop basse pour que de toute la salle on pût voir celui qui y était assis.

— On ne le voit pas! on ne le voit pas! cria l'assemblée avide d'émotions; placez-le plus haut.

Alors par une lâche complaisance le tribunal fit mettre un fauteuil sur une table, et ordonna au vieillard d'y monter. M. Foulon obéit.

Quand avec ses soixante-quatorze années, avec les souffrances qu'il endurait depuis vingt-quatre heures il apparut ainsi au dessus de toutes les têtes... comme s'il était déjà monté sur un échafaud, y eut-il dans la populace qui remplissait la salle un seul cœur qui battît de pitié?

En vérité je ne saurais le dire: on n'entendit seulement un de ces murmures d approbation que le parterre fait éclater quand le rideau se lève et que le spectacle commence.

Souvent dans le cours de mes récits j'aurai, mes enfants, à déverser du blâme sur le marquis de Lafayette; aujourd'hui il faut que je lui rende justice.

Il arriva dans la salle au moment où l'on venait de faire asseoir M. de Foulon sur son siège élevé, et connaissant les mauvaises dispositions de l'assemblée contre l'ancien conseiller de Louis XVI il s'écria: « Vous voulez faire périr sans jugement cet homme qui est devant vous; c'est une injustice qui vous déshonorerait, qui me flétrirait moi-même, qui flétrirait tous les efforts que j'ai faits en faveur de la liberté si j'étais assez faible pour la permettre; je ne la permettrai pas cette injustice. Mais je suis loin de vouloir le sauver s'il est coupable; je veux seulement que l'arrêté de rassemblée soit exécuté, et que cet homme soit conduit en prison pour être jugé par le tribunal que la nation indiquera; je veux que la loi soit respectée, la loi sans laquelle il n'y a pas de liberté, la loi sans le secours de laquelle je n'aurais j.ioint contribué à la révolution du nouveau monde, sans laquelle je ne contribuerais pas à la révolution qui se prépare... Plus M. Foulon est présumé coupable, plus il est important que ces formes s'observent à son égard soit pour rendre sa punition
plus éclatante, soit pour l'interroger légalement et avoir de sa bouche la révélation de ses complices: ainsi je vais ordonner qu'il soit conduit dans les prisons de l'Abbaye de Saint-Germain.»


Ces paroles prononcées avec chaleur firent impression sur ceux qui avaient été à portée de les entendre, et déjà dans cette partie de la salle on consentait à la translation du prisonnier: aussi deux des gardes nommés étaient montés sur la table, et invitaient M. Foulon à les suivre.... mais à l'autre extrémité de la galerie le public était moins favorablement disposé, et ce fut de là que partirent des cris à bas! à bas! articulés avec tant de fureur que les deux hommes furent obligés de descendre de la table.

M. Foulon voulut alors parler; mais le tumulte était tel que l'on ne put distinguer que ces mots: Je suis au milieu de mes concitoyens; ma conscience est pure, et je ne crains rien.

Pauvre vieillard, combien il s'abusait!

Ceux dont il ne craignait rien parce qu’il était né sous le même ciel qu'eux se firent tout à coup ses assassins; une voix venait de crier: Qu'est-il besoin de jugement pour un homme jugé depuis trente ans?

Et aussitôt une multitude nouvelle est venue presser la foule qui remplissait déjà la grande salle.

Tous, ébranlés, poussés, sont portés vers le bureau et vers la table sur laquelle était placée la chaise du prisonnier; cette chaise est renversée. M. Foulon tombe.

Un cri de joie sauvage part de la populace; elle va pouvoir fouler sous ses pieds le conseiller de la couronne, elle va pouvoir danser sur un cadavre.

M. de Lafayette a beau commander qu'on le conduise en prison; le malheureux est tombé aux mains du peuple en révolte, aux mains qui ne pardonnent pas, aux mains qui se font de la volupté avec des tortures.

Il est maintenant au pouvoir des hommes qui ont massacré de Launay et Flesselles:les bourreaux ne lui manqueront pas.

La foule, cruelle par son instinct révolutionnaire, s'est encore irritée de toutes les lenteurs qu'on lui a opposées.

Elle se rue en hurlant sur sa victime; elle l'entraîne et la conduit jusqu'à cette fatale lanterne que le meurtre a déjà rendue célèbre!

La corde est nouée autour du cou du vieillard, l'élève à dix pieds de terre, et se rompt tout à coup; il tombe sur le pavé, on s'empresse à le relever...

Ah ! ne croyez pas que ce soit pour le sauver; on renoue la corde rompue, on fait de nouveau le funeste nœud coulant, et le malheureux Foulon est une seconde fois hissé en l'air.

Le sort ce jour-là semblait être d'accord avec la populace pour prolonger l'affreuse agonie; la corde casse encore.

Ceux qui se sont faits les aides des bourreaux sont allés en acheter une neuve, et pendant ce temps le vieillard meurtri de sa chute et de coups est gisant dans la rue, abreuvé d'outrages et entendant d'horribles chansons autour de lui.

Enfin la corde arrive; on l'attache au bras de fer de la lanterne, et des hurlements de cannibales éclatent quand on aperçoit le corps se balancer et s'agiter au dessus de la foule, qui bat des mains: le spectacle qu'elle était venue voir ne sera pas manqué!

Au bout de quelques instants les convulsions, les soubresauts de la mort cessent, et le corps du pendu est décroché, non pour recevoir la sépulture, mais pour subir de nouveaux outrages: la tête de M. Foulon, livide et violâtre, est coupée, mise au bout d'une pique et montrée en triomphe.

Sur la place du sang savez vous qui va saluer respectueusement cette tête à cheveux blancs ?

Savez-vous qui va s'incliner devant elle? ce sera le gendre même du vieillard.

Ces cris que vous entendez dans une rue voisine et qui répondent à ceux de la place de Grève sont poussés par les gardes nationaux qui arrivent de Compiègne, où ils ont arrêté M. de Berthier; ils l'amènent à l'Hôtel-de-Ville: c'est là que la révolution tient ses assises et montre son impuissance pour arrêter le mal.

Quand les hommes qui venaient de tuer M. Foulon apprirent que M. de Berthier, intendant de Paris, était aussi aux mains de la nation ils se hâtèrent d'aller au devant de lui.

N'avaient-ils pas à lui faire voir leur hideux trophée, et son désespoir ne leur sera-t-il pas une immense joie?

Quand le cortège sur lequel dégouttait le sang de Foulon, quand la horde qui suivait sa tête rencontra l'escorte qui amenait M. de Berthier, quand le gendre se trouva face à face avec la tête de son beau-père il y eut de tels trépignements de délire, de telles vociférations dans la multitude que la plume de Marat et de Robespierre n'aurait pu les bien redire.

Le porteur du trophée abaissa la pique vers le visage de M. de Berthier: le premier mouvement de celui-ci fut de reculer d'horreur, le second de se découvrir et de saluer la tête du vénérable vieillard qui lui avait donné sa fille

M. de Berthier était dans la force de l'âge, et, prévoyant le-sort qui l'attendait,ne pâlissait pas; aux hommes qui l'avaient garrotté, qui le conduisaient et qui lui demandaient s'il n'avait pas peur il répondit: Non, je suis prêt à mourir; je n'ai pas peur, mais j'ai honte du pays qui vous souffre et qui endure votre joug.

Il était huit heures du soir quand l'intendant de Paris arriva à l'Hôtel-de-Ville; Bailly plus tremblant que lui lui fit subir une espèce d'interrogatoire.

Dans toutes ses réponses Berthier fit preuve d'une grande élévation d'âme et de beaucoup d'énergie.

Lafayette et le maire de Paris lui dirent combien ils déploraient les excès auxquels le peuple venait de se porter, et qu'ils feraient tout ce qui dépendrait d'eux pour le sauver.

Vous ne te pouvez pas, leur répondit-il; vous obéissez à la populace et ne lui commandez pas.

J'aurai le sort de mon beau-père, et mon sang comme le sien retombera sur les faiseurs de révolutions.

M. de Berthier ne se trompait pas r dès qu'il fut devant ses prétendus juges, comme au simulacre de jugement de M. Foulon, la foule envahit la grande salle, et intimida les faibles électeurs qui délibéraient dans une lâche irrésolution.

En ces jours-là ces mots qu'on conduise l'accusé en prison étaient comme la formule d'une sentence de mort, car cette partie de la multitude qui avait impatiemment attendu au dehors de la salle du jugement s'emparait du prisonnier dès qu'il avait franchi le seuil de l'Hôtel-de-Ville, et la prison qu'elle lui donnait était une fosse ensanglantée.

A peine M. de Berthier a descendu quelques marches du grand escalier que des furieux dont le sang de Foulon n'avait pas assouvi l'horrible soif se jettent sur lui, et l'entraînent vers le même réverbère où son beau-père a été pendu.

En entendant les cris de rage que la populace pousse autour de lui il dit avec dédain: Ce peuple est stupide avec ses cris; et quand on voulut nouer autour de son cou la corde qui venait de servir à M. Foulon sa fureur se ranima, ses yeux étincelèrent, et il s'écria: Scélérats, je saurai bien me procurer un autre genre de mort!

En même temps il s'élance, s'empare du fusil d'un garde national, fond sur la troupe des assassins aux bras nus et souillés, et après en avoir frappé plusieurs tombe percé de cent coups de baïonnettes.

Cette mort trompa la multitude; elle avait compté sur de longues tortures, sur une douloureuse agonie, et voilà que l'intendant de Paris, que le gendre de Foulon a succombé comme sur un champ de bataille.

Quelque bourreau se vengera de ce que son infernal plaisir a fini trop vite...

Berthier est mort, mais tout ne sera pas fini; un monstre à face humaine, un soldat de dragons s'abat sur le cadavre, relève les manches de son uniforme et fouille dans les entrailles palpitantes de la victime, lui arrache le cœur, et fier de son œuvre se relève et va déposer sur la table du comité des électeurs un morceau de chair sanglant en disant:

Voilà le cœur de Berthier!

« Ce spectacle, dit un historien révolutionnaire, a répandu un sentiment d'horreur dans le comité, muet d'épouvante et interdit de ce prodige de férocité. Quelques électeurs firent signe à cet homme de sortir, et il s'est retiré toujours accompagné de la multitude qui poussait des cris de joie »

Ainsi ces électeurs et ce maire de Paris, qui avaient eu des paroles rudes et sévères pour les royalistes amenés devant eux et qui avait ordonné que l'on conduisît Berthier en prison, n'ont pas un mot de blâme, pas la plus légère peine à infliger à l'homme qui leur apporte un cœur d'homme et qui le leur jette sur leur table comme une pâture.

Les bourgeois de Paris auxquels on faisait cette épouvantable offrande ne s'étaient constitués membres du comité d'électeurs que par vanité; ce qu'ils avaient voulu ç'avait été quelques futiles honneurs.

Ennuyés de leurs magasins, de leurs petits chez soi, de leur humble sphère, ils s'étaient jetés avec empressement dans les affaires publiques, et voyez, mes enfants, ce qui leur advient!

Les circonstances les ont saisis corps et âme, et en ont fait des juges, des juges dont les paroles tuent.

Il en arrive souvent ainsi dans les jours de perturbation; quand vous donnez la main aux révolutions elles vous entraînent; vous avez beau leur crier: Ge n'est pas là où je croyais aller; elles vous tiennent ferme et ne vous lâchent pas ou si elles vous laissent libres c'est seulement quand vous êtes souillés de boue et de sang.

Le dragon qui avait enfoncé son bras dans le corps de M. de Berthier pour lui arracher le cœur revint le soir auprès de ses camarades se vanter de son action atroce.

« Tu ne coucheras pas sous le même toit que nous, lui crièrent tous les hommes du régiment: tu nous fais horreur; va-t'en.

Mais lui insistait toujours, disant: Je suis patriote.

J'ai éventré un aristocrate; je suis un bon citoyen; j'ai bien mérité de la patrie.

—Tu as mérité de passer par la main du bourreau. Tu n'as pas seulement été cruel, tu as été lâche. Tirer son sabre sur un homme à terre, sur un homme tout percé de baïonnettes et mourant!

— Qui a prononcé le mot de lâche?

— Moi! moi! répondirent plusieurs voix

— Je ne puis avoir affaire à tous, répliqua l'assassin.

— Ce sera à moi, cria l'un de ses compagnons de chambrée, et tout de suite.

—Avant de croiser le fer avec lui, fais-lui laveries mains et changer de sabre; tu ne peux te battre avec un homme taché de sang comme un bourreau.

— Non, non, qu'il vienne comme il est, et que je l'envoie en enfer avec tout son crime.

Le duel ne dura que quelques instants, et le dragon qui avait déshonoré le régiment fut tué cinq heures après le meurtre et avant qu'il eût pu se laver les mains.

Le propriétaire du cœur de M. Berthier, dit l'abbé de Montgaillard dans son Histoire de France, entré à la chute du jour au café de Foi, au Palais-Royal, prend place à une des tables avec cinq ou six cannibales dont il était le chef, et demande du café; on le leur sert.

Le monstre soldat, le vainqueur de la Bastille détache le cœur de Berthier de la baïonnette où il l'avait fiché, le presse fortement entre ses mains, en exprime quelques gouttes de sang, le répand dans les tasses de café, et au même instant la bande infernale porte l'horrible breuvage à ses lèvres, le boit, et se met à chanter ce refrain d'un opéra:

Non, il n''est pas de bonne fête

Si te cœur n'en est pas!

La tête de Berthier et celle de Foulon furent portées sur des piques pendant un jour et demi, et l'une de leurs premières stations fut au Palais-Poyal sous les fenêtres du duc d'Orléans.

Cet hommage était bien dû à celui qui s'était l'ait le suzerain de toutes les lâchetés, de toutes les turpitudes et de tous les crimes.

Quand on lui apportait ainsi l'œuvre de la journée il ne manquait pas de se présenter au balcon qui donne sur la cour en face du château d'eau; de là il regardait avec des yeux, hébétés la populace dansant au dessous des têtes coupées.

Rien de plus hideux que la figure de d'Orléans dans ces réjouissances du meurtre, où l'on manquait bien rarement de le convier.

Alors on voyait sur tous ses traits la terreur; et comme cette terreur aurait pu déplaire aux assassins il voulait la cacher, et pour cela il se mettait à sourire d'un sourire qui aurait été niais s'il n'avait été infernal, sourire mêlé de peur et de cruauté!

Les apologistes de la révolution de 1789 rejettent le meurtre de MM. Foulon et de Berthier sur un parti qu'ils séparent du leur.
« Il est évident, dit Bailly dans ses mémoires, qu'il y avait un dessein formé de faire périr ces deux hommes, qu'on a cherchés partout exprès, contre lesquels on a ameuté tout le peuple. Dans la salle même, ajoute le maire de Paris, il y avait des préposés pour détruire l'effet des discours et des raisons que nous adressions au peuple et pour répandre la terreur par des menaces, par l'annonce de l'arrivée des faubourgs et du Palais-Royal.»

Les fds de la révolution de 1789 en sont toujours réduits là; leur mère a tant de sang sur elle qu'ils en ont honte, et ses souillures ils veulent les faire retomber sur d'autres.

Si vous lisez les livres écrits pour vanter ses œuvres, vous verrez qu'ils accusent presque la cour des horreurs commises contre Foulon et Berthier: « Il paraît, dit un de ces écrivains, que le peuple fut sans le savoir l'instrument aveugle de la vengeance des ennemis particuliers de l'intendant de Paris et de la cruelle prudence de ses complices: des électeurs remarquèrent des fenêtres de l'Hôtel-de-Ville plusieurs personnes répandues dans la place qui paraissaient lame des différents groupes et diriger leurs mouvements; il est à présumer que des personnages plus coupables que lui peut-être et intéressés à son silence excitèrent la multitude à lui donner la mort pour prévenir les informations et les éclaircissements qu'on aurait pu tirer de ses dépositions.

Eh, mon Dieu, révolutionnaires, ne cherchez point ailleurs que dans vos principes 4a source du sang qui a coulé, et ne rejetez point vos œuvres sur autrui; vous avez ce que vous appelez les suites heureuses de votre révolution; eh bien, jouissez-en, mais ne reniez point ses crimes; si elle vous a enrichis, si elle vous a élevés c'est en vous tendant une main souillée d'assassinats et de rapines; et quand on relit son code et ses doctrines on se convainc que ce qu'elle a fait elle devait le faire: les droits de l'homme, qu'elle a promulgués avec tant d'emphase et qu'elle a appelés Évangile des peuples libres et régénérés, ont donné le vertige et le délire à ceux qui les ont étudiés.

Avant vous les législateurs pour parler avec autorité aux nations appuyaient leurs enseignements sur la parole de Dieu; vous, vous n'avez plus voulu de Dieu, et dans votre fol orgueil vous avez pensé que vous pouviez vous passer de lui.

Dans le catéchisme, ce vrai livre des rois et des peuples, se trouvaient écrits à chaque page les devoirs de l'homme; vous avez remplacé dans les ouvrages que vous jetez à la multitude le mot Devoik par le mot Droit; puis stupidement vous vous êtes étonnés de ne plus trouver d'obéissance dans les masses populaires; mais quand vous aviez répandu à pleines mains les semences de la révolte deviez vous vous étonner de ne plus rencontrer de soumission.

ll y a bien long-temps que les saintes Écritures ont dit : Celui qui sème les vents récoltera les tempêtes.

Fils de la révolution, acceptez donc tout ce que vous a légué votre mère; prenez sa liberté avec ses avantages, mais prenez-la avec ses hontes et ses crimes; prenez la gloire de ses armées, mais prenez aussi le sang de ses échafauds et de ses meurtres.

Quand on a fini de lire dans les historiens du temps le récit qu'ils ont fait de cette horrible journée du 22 juillet on reste écrasé sous un tel poids de honte que l'on respire à peine.

Ce vieillard, avec ses cheveux blancs et ses soixante quatorze années de probité et d'honneur, n'inspirant aucune compassion à tant de Français rassemblés; ce cœur arraché de la poitrine de Berthier et jeté sur la table des électeurs sans qu'un seul d'entre eux se lève et étende les bras pour arrêter le monstre; ces deux horribles faits pèsent sur l'âme et l'abattent; l'on n'ose plus relever la tête quand on vient à penser que ces cannibales étaient nés sous le même ciel que nous.

Eh bien, il y a pourtant eu un homme que la révolution compte parmi ses auteurs favoris (Dulaure) qui a eu le singulier courage de vouloir prouver que le peuple demeurait vertueux tout à côté de ces horribles assassinats. « Peu de temps après la mort de Foulon, dit-il, arriva à l'Hôtel-de-Ville un compagnon menuisier nommé Breton, qui déposa sur le bureau divers effets appartenant au supplicié, un soulier avec une bouclé d'argent et une montre d'or.


« Un limonadier nommé Besson vint aussi déposer un chapeau, deux montres d'or, dont l'une à chaîne d'or, deux flacons avec leurs bouchons en vermeil, deux bourses, dont l'une vide et l'autre contenant onze louis en or, deux pièces de six sous et une médaille d'argent, le tout pris sur Foulon.»

Dulaure en transcrivant cet inventaire a l'air de croire que ces marques de probité ont été données par les assassins mêmes; car il ajoute:
« Ces actes d'honnêteté unis à des actions féroces présentent un contraste remarquable. Lorsque la première fois on commet un crime on a besoin peur en alléger le fardeau, pour se réconcilier un peu avec soi-même de faire quelques actions louables.»

Eh bien, je n'hésite pas à déclarer que cette doctrine de l'écrivain révolutionnaire est dangereuse et funeste.

Il ne faut pas laisser aux meurtriers la pensée qu'ils seront moins odieux,qu'ils seront moins maudits parce qu’ils ne voleront pas ceux qu'ils auront tués; il faut ôter à l'assassin l'espoir d'intéresser s'il est probe.

Eh, grand Dieu! quelle probité que celle-là! une main qui ne s'est pas remplie d'or parce qu’elle ne voulait pas lâcher le poignard; une main qui a fouillé dans les vêtements du supplicié après avoir fouillé dans ses entrailles, après être remontée jusqu'à sa poitrine pour en arracher le cœur!

Ah! pour ces hommes-là n'ayez jamais aucune parole qui ressemble à de la louange, n'ayez pour eux que blâme et sévérité, et si (pour parler le langage du jour) il y a eu auprès de leurs crimes quelques circonstances atténuantes Dieu le sait et les jugera.

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