« Un prêtre aussi scandaleux », le vin est si bon!
Castans, Aude, 1686.
Le 07 juin 1686, Maître François Ducasse, docteur en théologie, chanoine, official et vicaire-général effectue une visite pastorale
pour le compte de l'évêque de Carcassonne dans la paroisse montagnarde de Castans, royaume du châtaignier.
Après s'être entretenu en tête-à-tête avec le curé, âgé de 60 ans, qui affirme ne pas loger avec une femme mais avec un clerc de bonnes mœurs, le prélat fait appeler les consuls et principaux habitants dans une des chapelles de l'église: « là, il leur représente l'obligation de lui parler sur le compte du curé et du vicaire: On rend bon témoignage au curé, sauf qu'il néglige de visiter les malades, qu'il fait administrer (les sacrements) par son vicaire»
Quant au vicaire, on l'accuse « d'aller très souvent boire aux cabarets du lieu, non pas qu'il entre dans lesdits
cabarets, mais qu'il boit souvent devant la porte d'iceux, tant avec des étrangers qu'avec des gens de la paroisse, ce qui fait qu'on remarque souvent que l'excès du vin lui trouble tellement l'esprit qu'il ne sait ce
qu'il veut dire quand il parle »
Le vicaire-général ayant fait sortir les consuls et habitants de ladite chapelle, auroit fait venir le vicaire et lui ayant fait une forte répréhension sur les scandales qu'il avoit causés par ses excès dans le boire, l'auroit interdit de l'administration et de toutes les fonctions de vicaire dans toute l'étendue du diocèse et lui auroit enjoint de se retirer du lieu dans les trois jours, sous peine d'être procédé contre lui par les voies de droit.
Auroit ensuite fait entrer dans la dite chapelle le curé auquel il auroit représenté vivement le peu de zèle qu'il avoit témoigné pour le salut de ses paroissiens et pour l 'honneur de son caractère, en souffrant (tolérant) dans sa paroisse un prêtre aussi scandaleux que son vicaire et en négligeant d'avertir l'évêque … de la conduite qu'il tenoit»
François Ducasse trouve l'église en très mauvais état: le couvert (toit) et la charpente sont trouvés en tel état et le bois tellement pourri qu'on craint qu'ils ne s'écroulent.
Les habitants vont jusqu'à dire qu'il pleut presque autant dans l'église que dehors.
Le curé s'étant plaint de ce que, pendant les offices, la plupart des paroissiens sont au cabaret, le vicaire-général ordonne que ceux de la paroisse qui seront trouvés dans les cabarets durant la célébration des offices seront contraints par imploration des bras séculiers (des pouvoirs locaux et de la justice) et à la diligence du curé d'aumôner (de donner) un écu »
Mais quel village !
Source : cartulaire des archives des communes de l'ancien diocèse de
l'arrondissement administratif de Carcassonne, Mahul.