yann sinclair
Nombre de messages : 26590 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
| Sujet: 17 février 1664: A Carcassonne Dim 21 Mai - 14:40 | |
| Les "accidents climatiques" dans un village languedocien au XVIIe siècle: "la malignité du temps" Labastide-Esparbaïrenque, Aude, 1664-1677 Le curé de Labastide entre 1664 et 1677 est un bavard: il note sur ses registres paroissiaux les accidents climatiques, les intempéries inhabituelles qui surprennent ses contemporains. Ainsi la neige tombe fin septembre ou encore un 27 mai ... Voici une intéressante compilation de remarques locales que j'ai relevées au temps du mini-âge glaciaire européen. 1664 : "Il est à remarquer que le 17 febvrier de la présente année, jour de dimanche et sur le soir, il fit des tonnerres effroyables autant que dans le plus fort de l'été". 1664 : "Le 24 febvrier St Mathias de ceste année, sur les deux heures après midi, le temps ayant été fort clair et serain, il se leva une grande obscurité avec un vent fort violent et des tonnerres effoyables qui fondirent en grelle et pluye; le jour dauparavant il avoit un peu toné". 1664 : "Le 29 septanbre jour de Sanct Michel, ayant faict un temps fort pluvieux durant tout le mois et froid, enfin la nuit de la veille St Michel, il fit un si furieux vant (vent) avecq pluye (pluie) que il déchira quantité d'arbres et le lendemain la montaigne (montagne) fut couverte de nege et de frimats et la violence du vent continua tout le jour". 1667 : " Il est à remarquer que dans ceste année, quoy que liver (l'hiver) aye esté fort rude et extrêmement long, ayant commencé le jour de St Michel de l'année passée (29 septembre), le mois de may a esté si froid que il a presque gellé tous les jours et lendemain de Pentecoste (27 mai) il tomba de (la) nege sur la montaigne". 1667 : "Est à remarquer que la présante année liver ayant coumencé fort à bon heure car le jour de St Martin (11 novembre) il coumança à neger et le temps continua avec une telle malignité que la veille de St André (29 novembre), ayant tout le long du jour négé sur la montaigne, il tomba une telle quantité de nege la nuit que il y en avoit cinq ou six pans par tout, tellement que dix bouviers (personnes conduisant des boeufs) du vallon de Mazamet, se trouvant en chemin, qui venoit du pais bas (de la plaine audoise) chercher du vin, il en mourut trois (dont un) sur le Pas de Montserrat ... on les ensevelit par les champs car ils estoit touts de la religion (réformée)". 1667 : "Le 24 décembre de ceste année, jour de samedi veille de Noël, il fit un si grand vent estrange toute la nuict et tout le long du jour que il ny avoit point de maisons qui ne tramblat, il derracina une quantité d'arbres que l'on ne pouvoit estimer le domage, le vant s'apaisa sur le soir si bien que le temps tout à coup se calma". 1668 : "Le 25 may 1668, le recteur de St Sernin, le recteur de Roquefère et moy sommes allés à St Brix planter une croix en procession avecq une multitude de monde fort grande bien que le temps ne fut pas fort beau car il souffloit un vent fort froid mais nonobstant ceste action fut fort sollemnelle à l'occasion du jubilé sui se gaignoit alors dans ce diocèse". 1669 : "Le deusiesme jour du mois de novembre 1669, jour des trespassés (des morts) environ dix à onze heures, après avoir plu la veille de la Toussaints et tout le jour sans interruption, il arriva un tel déluge de pluye et un tel débordement de rivières que de mémoire d'homme il ne sen est pas veu (vu) un tel, les rivières et touts les ruisseaux firent un tel desguat (dégât) que le domage en estoit inestimbale et sest le second qui est arrivé ceste année en ce païs mais le premier incomparablement moindre que le dernier". 1670 : " Le 22 avril 1670 bien que il aye fait ceste année le plus rude hyver que on aye veu de mémoire d'homme principalement en neges, nonobstant auiourdhuy, après avoir faict beaucoup de jours de chaud et avoir grellé en beaucoup d'endroits, il tomba une grande quantité de nege que toute la montaigne feut (fut) couverte et descendit jusques à Vilerougat que il y en avoit au moins un pan". 1672 : " Il est à remarquer que depuis demi mois de juin jusques à la fin de ce mois cy en ceste année 1672, il y a heu une telle quantité de papillons que, en quelque lieu qu'on fut allé, tout le long des chemins il s'en levoit incessamment un nombre innombrable et quelques temps auparavant, on s'advisa (remarqua) que dans les fossés de Carcassonne il estoit tombé des chenilles qui navoit ny pieds ny ailles mais avoit la forme dun daufin ... au bout de la queue par où elles estoit entortillées à lerbe". 1675 : "Le 25 jour du mois de février, la terre ayant esté couverte de neges pendant sept ou huict jours qui en estoit tombé à diverses fois mais en petite quantité, la nuit du jour veille du Mardi Gras, il en tomba une telle quantité que il y en heut le lendemain six ou sept pans par tout, ce qui fit qu'on ne pouvoit aller ny venir car il se passa au moins trois fois vingt et quatre heures sans qu'on peut (pût) passer dicy à Roquefère et moins encore dicy à Pradelles (village plus élevé en altitude)". 1675 : "Mémoire que ceste année a esté une année que jamais homme aye veu (vu), l'hiver y a tenu lieu de toutes les saisons car lhiver ayant esté extrêmement rude et long, l'esté feut tout humide et pluvieux, ayant plu trois mois et demi sans interruption si bien qu'on ne pouvoit ny couper ny dépiquer les bleds (blés), la récolte ne feut assuré que vers la Toussaints et les vendanges environ la St André (30 novembre)". 1677 : " Le premier jour de may 1677, jour de sammedi durant la nuit, il plut de (la) terre ce qui parut le lendemain sur les pierres et toicts des maisons (les toits sont alors recouverts de lauzes) qui en furent couverts ... et les feuilles des arbres en parurent aussi toutes chargées". AD Aude, registre paroissial de Labastide-Esparbaïrenque, 1664-1677. Vue de Labastide-Esparbaïrenque. _________________ 👑 👑 👑 ⚜ ⚜ |
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