Miss Lethaby
Nombre de messages : 157 Date d'inscription : 14/05/2019
| Sujet: À la découverte du jardin secret de Trianon Mer 21 Juin - 10:49 | |
| Bonjour ! J'ai pensé que mes petits amis du forum vont apprécier cet article. - À la découverte du jardin secret de Trianon
Il n’y a pas que Le Nôtre à Versailles : le parfumeur Francis Kurkdjian vient de créer avec les jardiniers du domaine un enclos de senteurs.
Par Marianne Niermans
À quelques pas de Trianon, posé sur un coussin de verdure, le bassin du Trèfle regarde les nuages passer dans le ciel. Réservoir du domaine, il est de ces lieux inconnus du public qui racontent l'invisible des jardins royaux, comme cette ancienne pépinière qu'il accompagne discrètement derrière des murs de pierre chaulés. Une simple porte de bois. Cet enclos s'ouvre sur le monde secret des jardiniers. Longtemps à l'abri des regards, celui-ci se livre aujourd'hui à la curiosité de tous autour du thème du parfum. Grâce à la complicité de Francis Kurkdjian et au mécénat de sa maison, il accueille quelque 300 variétés de plantes et d'arbustes enivrants utilisés en parfumerie… « Nous avons voulu partager notre vision olfactive, montrer ce que la nature offre au parfumeur dans sa diversité, et rendre à Versailles ce que ce Versailles m'a toujours apporté comme inspiration et émerveillement », explique le parfumeur. Une longue histoire. On se souvient de ses installations olfactives du bassin de l'Orangerie et de Latone, de celle du bosquet des Trois Fontaines, de ses gants parfumés renouant avec un savoir-faire disparu, de ses parfums évoquant les goûts de Marie-Antoinette et de Louis XIV.
Et ce lieu discret, consacré autrefois aux cultures fleuries de Trianon, de devenir un livre ouvert d'histoire, de découvertes et de folles fragrances en restant un jardin de jardiniers avec une palette de végétaux offrant de subtiles senteurs et d'incroyables leçons de botanique. Joli travail collectif. « Ensemble, jardiniers et parfumeur, nous avons choisi les espèces, appris les uns des autres et partagé le plaisir de voir tout cela grandir », poursuit Francis Kurkdjian.
Dans la perspective de l’Orangerie, des plates-bandes rectangulaires aux senteurs de rose, de lavande et d’œillet s’étendent de part et d’autre de l’allée centrale.
L’Orangerie de Châteauneuf.
La tubéreuse, dont l’entêtant parfum faisait tourner les têtes à la cour.
À en perdre la tête !
Ainsi, devant l'Orangerie dite de Châteauneuf - longue bâtisse dénuée de toute fioriture, où se réchauffent l'hiver les agrumes de Trianon - des bigaradiers, ou orangers amers, racontent la passion de Louis XIV pour leur fleur, dont l'essence, baptisée « fleur d'orange du Roy », embaumait les appartements royaux. Tandis que plus loin des « présentoirs », des plates-bandes rectangulaires sagement disposées de part et d'autre d'une allée gravillonnée, évoquent le goût de Marie-Antoinette pour la rose, la lavande et l'œillet ainsi que les modes pour les notes florales qui s'ensuivirent. Ou l'attachement de Catherine de Médicis à l'iris, dont les rhizomes recèlent des fragrances insoupçonnées. Ou encore les pouvoirs de l'entêtante tubéreuse, qui faisait tourner toutes les têtes de la cour.
Que de souvenirs évoquant l'art de vivre à Versailles, qui a vu naître le métier de parfumeur ! Les trésors sont sans fin, tel le patchouli et ses feuilles à secrets aux allures d'ortie. Ou le vétiver, généreuse graminée aux racines capiteuses. Tandis que dans une serre, à demi enterrée et au creux de deux châssis aux souvenirs de semis, s'étirent d'extraordinaires collections de basilic et d'œillets d'Inde, dont le Tagetes minuta aux senteurs de citronnelle et de pamplemousse qui peut atteindre 3 mètres de hauteur. Et que, plus loin encore, de sublimes roses de Damas, une des variétés de roses les plus anciennes du monde, chantent le renouveau. À en perdre la tête ! Sans compter, dissimulées un peu partout, ces « muettes » intruses - jacinthes, pivoines, muguets ou encore violettes - qui distillent au jardin des senteurs généreuses, mais qui, sans voix, restent incapables de livrer le secret de leur fragrance à l'industrie du parfum. Qu'importe ! Subtil croisement du jardin et de la cosmétique, ce lieu de curiosités est une invitation à regarder, à sentir, à se souvenir, à mettre un nom sur une plante, à découvrir son parfum. « Certaines offrent leurs feuilles, d'autres leurs fleurs, leurs écorces, leurs fruits, leurs racines, leurs graines. L'odorat fait partie intégrante de notre humanité », note Francis Kurkdjian.
Les roses, dont celle de Mai, la fameuse Centifolia...
... et les iris chers à Catherine de Médicis.
Esprit jardinier.
Rêve de parfumeur, cet enclos de senteurs cache aussi en ses murs un casse-tête de jardinier. Comment faire un jardin avec des trésors parfumés parfois si discrets qu'ils passent inaperçus ? « Nous jouons avec les plantes de manière qu'il se passe toujours quelque chose, explique Giovanni Delù, le jardinier aux commandes de ce lieu sans pareil. Ainsi, nous associons la rose de Mai, qui ne fleurit qu'une fois par an - la fameuse rose Centifolia, la seule variété avec la rose de Damas à être utilisée en parfumerie -, à d'autres rosiers remontants et parfumés, comme le Comte de Chambord dont les fleurs sont très proches. Nous pratiquons l'alternance. Un jardin doit rester fleuri pour être agréable à l'œil. »
Reste que, subtil, cet enclos des délices a gardé son esprit jardinier. La forme simple de ses parterres évoque les cultures passées. Le jardin se souvient et s'inspire quotidiennement de lui-même avec le soleil, la pluie, le vent. Sans avoir été invité, un paulownia - l'arbre à la croissance fulgurante - offre à la nature sa somptueuse parure de fleurs violettes. Arrosées patiemment à la pomme, et bercées sur des paillages organiques, les plantes chantent la beauté du printemps. Devant tant de gourmandises, les abeilles s'interrogent. https://www.lepoint.fr/voyages/a-la-decouverte-du-jardin-secret-de-trianon-18-06-2023-2524945_44.php
Qui n'aime pas les fleurs ? _________________ very talkative
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