Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie

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pimprenelle

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MessageSujet: Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie   Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie Icon_minitimeJeu 10 Avr - 0:58

J'inaugure ici un sujet sur un mode de fonctionnement qui m'intrigue, parce qu'il m'est totalement étranger: l'esprit de coterie. S'il est évident que ce mécanisme n'a pas attendu le XVIIIe siècle pour apparaître, il semble cependant qu'il connut son apogée au siècle des lumières. C'est donc à cette période que je ferai débuter mes petites recherches sur le net.

Et, coup de bol, on commence par un article qui fait particulièrement bien le tour de la question.  Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie 887322 


15-02-14
Esprit de coterie dans les salons littéraires du XVIIIe siècle

Les salons exercent sur la littérature du XVIIIe siècle une influence qui, regrettable à certains égards, est dans l'ensemble plutôt heureuse.

Mais ils ont parfois le tort de dégénérer en coteries et contribuent alors à surfaire la renommée de quelques écrivains médiocres. C'est ainsi que le jugement plus équitable et clairvoyant de la postérité a dû remettre à leur vraie place - place très secondaire - des auteurs trop loués: Marmontel, Saint-Lambert, Delille, Duclos, Chamfort, Rivarol et d'autres...

En revanche, ils poussent les écrivains de valeur à donner toute leur mesure et les aident à émerger de l'anonymat. Ils obligent également les philosophes à énoncer clairement des problèmes difficiles (selon l'art bien établi de la conversation) et à aborder avec esprit les questions les plus austères; ils deviennent des foyers de propagande pour leurs idées.

La plupart des philosophes et écrivains se contentent d'ailleurs d'y venir de temps en temps demander à la conversation vive et spirituelle des salons le stimulant nécessaire à leur activité intellectuelle.

Voltaire, toujours perspicace, dénonce cet esprit de coterie dans une lettre de 1731 à M. Lefebvre (un jeune littérateur):

"...Il y a dans Paris un grand nombre de petites sociétés où préside toujours quelque femme qui, dans le déclin de sa beauté, fait briller l'aurore de son esprit. Un ou deux hommes de lettres sont les premiers ministres de ce petit royaume. Si vous négligez d'être au rang des courtisans, vous êtes dans celui des ennemis et on vous écrase..."

http://femmedeslumieres.canalblog.com/archives/2014/02/15/29219085.html


Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie D27apr10
Voltaire, d'après Quentin de La Tour, 1736, Château de Voltaire


En d'autres termes, comme dirait Léo Ferré, les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes.

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MessageSujet: Re: Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie   Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie Icon_minitimeSam 12 Avr - 12:57

Je continue mes petites recherches sur ce phénomène.  Very Happy 

Au passage, voici comment "coterie" se dit en russe: кружковщина, групповщина

Une définition étymologique issue de l'Encyclopédie Universelle:
coterie — * * * coterie [ kɔtri ] n. f. • 1660; « association de paysans » 1611; de cotier (XIIIe); rac. germ. kote « cabane »; cf. cottage ♦ Péj. Réunion de personnes soutenant ensemble leurs intérêts. ⇒ association, 2. bande, caste, chapelle, clan

... marrant de voir qu'au départ, c'était une association de paysans, et que le terme est cousin de "cottage". On pourrait dire "l'esprit de cottage", en quelque sorte.  Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie 49856 


Définition de wiki:
Coterie — Une coterie est une association entre certains groupes d’individus unis par un intérêt commun qui favorisent ceux qui font partie de leur compagnie et cabalent contre ceux qui n’en sont pas. Phénomène aussi ancien que la société elle même
http://idioms_fr_ru.academic.ru/16693/esprit_de_coterie

... eh bien, ça promet, pour l'étendue des recherches?! Je ferais peut-être mieux de me pencher sur la "liberté de pensée" et le "libre-examen". C'est certainement plus restreint, comme champ d'action.  Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie 49856 

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MessageSujet: Re: Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie   Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie Icon_minitimeSam 12 Avr - 13:01

On l'a vu en russe, le voici en allemand:

esprit de coterie (nom masculin): Cliquenwesen (substantif)
http://www.enallemand.com/fr/dictionnaire-fran%C3%A7ais-allemand/esprit+de+coterie

Preuve de l'universalité de ce triste rétrécissement de la pensée.  Rolling Eyes 

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MessageSujet: Re: Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie   Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie Icon_minitimeSam 12 Avr - 13:25

Une définition approfondie nous est donnée dans les Oeuvres choisies, Volume 1, de  John Petit-Senn, consultable ici:


Esprit étroit, mesquin, exclusif, répulsif; il isole des sociétés d'individus au sein des masses comme l'on parque des moutons dans un pré; il nuit aux rapports qui devraient exister entre les fils d'une même patrie; il rend suffisant, orgueilleux envers les concitoyens, glacé envers les étrangers; enfin il nous remplit de préjugés injustes pour tout ce qui n'est pas nous ou les nôtres. C'est là une des plaies de Genève, plaie ancienne et presque incurable de notre caractère national.


Plaie de Genève pour l'auteur qui analyse la situation de sa patrie, mais hélas tellement généralisable... Je vais naviguer dans le texte pour épingler les extraits qui ne font pas trop couleur locale. J'excepte aussi les redondances, quoiqu'elles soient très savoureuses, mais vous encourage à vous plonger dans le passage original via le lien que j'ai posté plus haut.


Je n'hésite point à le dire, ce sont les femmes qui ont le plus contribué à perpétuer à Genève l'esprit de coterie; une femme assigne à son mari la place qu'il doit avoir dans le monde et ne lui permet guère d'en sortir; aussi, si je devais tracer une figure allégorique de ce que nous nommons l'aristocratie chez nous, je la représenterais avec une face minaudière, coiffée en cheveux, vêtue d'une robe élégante et portant dessous des culottes et des bas de soie noire, parce que les hommes cachent mieux que leurs épouses leurs penchans aux prétentions de supériorité et aux séparations des castes...

Toutes les avenues du temple de la renommée sont ici sous la garde des coteries; elles n'y laissent passer qu'elles et leurs amis. Il est vraiment risible de voir ces réputations de salon qui croissent arrosées du thé de certaines soirées, qui ont pour engrais la meringue indigène, et qui se fanent sous des cieux étrangers, pareilles à ces fleurs délicates qu'on ne peut transplanter sans les faire périr, parce qu'elles demandent pour prospérer l'air et le sol de leur patrie. Les célébrités écloses dans ces comités preneurs sont portées péniblement à dos d'homme, et tombent avec la génération d'épaules qui les soutenait.

Ecoutez-les applaudir toutes ensemble ceux qu'elles ont placés sous leur protection! Voyez-les soufflant des bulles d'air qui s'enflent et qui deviennent des ballons! Regardez ces Lapons glacés, qu'elles ont guindés sur des échasses, et dont elles ont fait des Patagons!


Ben dites donc... ! Shocked

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MessageSujet: Re: Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie   Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie Icon_minitimeSam 12 Avr - 13:36

En néerlandais, c'est kliekgeest
http://www.listedemots.be/mot_definition_et_sens.php?woordid=COTERIE

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MessageSujet: Re: Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie   Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie Icon_minitimeSam 12 Avr - 14:01

Définition étendue également, celle proposée par le Dictionnaire de la conversation et de la lecture: Con - Cou, Volume 17, consultable ici.


COTERIE.

Ce mot se prend toujours en mauvaise part pour désigner un certain nombre de personnes liées entre elles, par des rapports d'intérêt, d'ambition et d'opinion presque toujours en opposition avec l'intérêt général.

Intérêt de coterie, esprit de coterie, opinion de coterie, toutes choses qui ne s'appliquent qu'à un cercle d'individus s'entendant entre eux contre le public ou contre d'autres coteries. Leur but est d'exploiter à leur profit exclusif la faveur de l'opinion.

Il y a des coteries de toute espèce, littéraires, scientifiques, politiques,religieuses.

Au XVIIe siècle, l'hôtel de Rambouillet était une coterie littéraire qui se séparait du public par l'affectation dans les manières et dans le langage , s'arrogeant le privilège exclusif du bon goût et du bon ton, tout en les choquant l'un et l'autre. Molière fit justice de ces prétentions ridicules.

Ce qu'on appelle les basbleus en Angleterre rappelle cette affectation surannée d'esprit et de savoir.

Dans les sciences, dans la religion, dans la politique, il n'y a de vérité pour les coteries que ce qui est convenu parmi les initiés; tout ce qui s'écarte du credo admis par le sanhedrin est impitoyablement repoussé sans examen, et livré aux risées de la coterie. Pour peu même que ses intérêts soient compromis par une vérité nouvelle, on la frappe d'anathème, et l'on s'efforce de l'étouffer en persécutant l'auteur.

Ce fut la coterie des prêtres et des sophistes d'Athènes qui força Socrate à boire la ciguë. En prêchant une religion et une morale pures, il décréditait leurs jongleries. La jeunesse athénienne prenait en mépris les superstitions et les leçons des Anytus, des Mélitus et des Lycon.

Ce furent aussi les coteries pharisaïque et sacerdotale qui conspirèrent et accomplirent à Jérusalem la perte du Christ. La prédication de l'Évangile eût suffi pour la condamnation de leur orgueil hypocrite : comment leur fureur eût-elle pardonné à Jésus de l'avoir maudit? Ils étaient puissants; entre l'humiliation et la vengeance, leur choix ne pouvait être douteux : l'orgueil blessé est implacable.

Dans les temps modernes, Roger-Bacon, Erasme, Galilée, Descartes, Bayle, la proscription de Port-Royal, ont attesté la colère des coteries monacales et savantes. Cette colère se manifeste par des persécutions atroces quand l'ambition des coteries a réussi à accaparer le pouvoir, les honneurs et les richesses. Pour celles qui n'exploitent que de plus minces profits, comme la réputation, la gloriole littéraire et le lucre qui s'y attache, on s'y borne d'ordinaire aux intrigues, aux médisances, aux calomnies, contre ceux qui s'avisent de marcher seuls, et qui font ombrage.

Nul n'aura de l'esprit hors nous et nos amis.

Ou bien encore:
Le moins de gens qu'on peut à l'entour du gâteau,
C'est le droit du jeu; c'est l'affaire.

Telles sont leurs devises. Un homme d'esprit, dans un opuscule qui a eu beaucoup de vogue (De la camaraderie littéraire), nous a appris qu'on n'y avait pas renoncé. Aubert De Vitry.


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MessageSujet: Re: Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie   Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie Icon_minitimeSam 12 Avr - 19:51

Bonjour,

Donc, on pourrait dire, dans une certaine mesure, que l'esprit de coterie que vous évoquez ici est une sorte de dérive de l'esprit de salon, si foisonnant et si typique des Lumières?

madame antoine

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MessageSujet: Re: Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie   Du XVIIIe siècle à nos jours, l'esprit de coterie Icon_minitime

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