Les trois ambassadeurs du Nbab Tippo-Saheb, Sultant Bahadour de Mysore, arrivés la veille au Grand Trianon où ils ont passé la nuit, après avoir passé quelques jours à Paris, partent, à 11 heures, de ce lieu, et entrent dans Versailles, par la rue de la Paroisse, traversent la place et la rue Dauphine et entrent par la grande grille dans la cour des ministres, où la garde montante et le garde descendante des régiments des gardes françaises et des gardes suisses sont sous les armes, les tambours battant l’appel.
Descendus de leurs voitures dans la cour des princes, garnie d’un détachement de gardes la Prévôté de l’Hôtel, M. Delaunay, commissaire général de la Marine, les conduit par l’escalier des Princes et par la salle des Cent Suisses, qui sont en haie, la hallebarde à la main, dans un appartement particulier pour y attendre le moment où Louis XVI sera prêt à les recevoir.
Louis XVI, étant monté sur son Trône, entouré de la Famille Royale, donne l’ordre aux officiers des Cérémonies d’aller chercher les ambassadeurs.
Les officiers des Cérémonies étant venus les prendre dans l’appartement où ils attendaient, les trois ambassadeurs traversent la grande salle des gardes du corps qui sont en haie et sous les armes, l’appartement de la Reine, la galerie et le grand appartement remplis de seigneurs et de dames de la Cour.
Les trois ambassadeurs marchent en ligne, ayant à leur droite M. de Nantouillet, maître des cérémonies, et à leur gauche M. de Watronville, aide des cérémonies.
Arrivés à la porte du salon d’Hercule, M. Delaunay, chargé de leur lettre de créance, la remet au chef de l’ambassade, qui la porte, sur ses mains, jusqu’au pied du Trône. Avant d’y parvenir, ils ont fait trois révérences suivant l’usage : la première à la porte, la seconde au milieu, et la troisième au pied du Trône. A cette dernière, Louis XVI se découvre.
Mouhammed-Derviche-Khan remet, à Louis XVI, leur lettre de créance. Les trois ambassadeurs lui présentent, sur des mouchoirs, 21 pièces d’or ce qui est d’usage dans leur pays, et cela marque l’hommage du plus profond respect. Louis XVI accepte une des pièces de chacun d’eux.
Ensuite, le chef de l’ambassade prononce une harangue traduite et répétée par M. Ruffin. La harangue terminée, le comte de La Luzerne, ministre et secrétaire d’état à la Marine, s’approche du Trône, et reçoit, des mains du Roi, la lettre de créance qu’il dépose sur une petite table couverte de drap d’or, et placée à cet effet sur l’estrade. Louis XVI fait sa réponse aux ambassadeurs.
Les trois ambassadeurs, soutenus, sont descendus en arrière jusqu’au dernier degré de l’estrade. Arrivés à la porte du salon, ils s’arrêtent, et demandent la permission de jouir un instant de spectacle brillant et majestueux qu’offre le salon d’Hercule.
Après satisfait leur curiosité, ils font un dernier salut, et traversent de nouveau les appartements, en observant le même ordre qu’ils avaient suivi à leur arrivée.
Ils retournent à Paris où des fêtes de toutes sortes leur étaient préparées.