Comment la couronne des Romanov a fini sur la tête de la première Miss Univers

Bonjour au vénérable Boudoir !

Il m'a pris l'envie de partager avec vous la rocambolesque épopée de la couronne des Romanov. Qu'en dites-vous ?

• Comment la couronne des Romanov a fini sur la tête de la première Miss Univers
  
  Après sa vente par les bolcheviks en 1927 chez Christie's, la réapparition incongrue de la couronne nuptiale en Californie n'a pas suffi à résoudre le mystère de son parcours.
  
  
  En 1952, la première Miss Univers portait (sans le savoir) la couronne nuptiale des Romanov
  
  
  Volé, vendu, perdu, caché… Le trésor des Romanov continue d'alimenter fantasmes et théories, dont certaines se vérifieront peut-être un jour. Mais l'anecdote qui suit, aussi surprenante puisse-t-elle être, est véridique.
  
  Miss Amérique 1951 est une rebelle. Elle refuse de s'exhiber en maillot de bain pour faire la publicité du principal sponsor de l'événement, une marque du groupe textile Pacific Mills. Qu'à cela ne tienne: Pacific Mills crée son propre concours, qui éclipsera le premier. Ainsi se tient en juin 1952 la première édition du concours Miss Univers à Long Beach, en Californie. C'est la candidate finlandaise qui remporte le titre de plus belle femme du monde.
  
  Armi Kuusela n'a que 17 ans mais, sur les images d'archives, elle ne semble pas particulièrement intimidée. Radieuse, elle prend la pose en affichant un immense sourire. Ses boucles blondes sont coiffées d'une petite couronne surmontée d'une croix, ornée de plus de 1.500 diamants. Celle-ci mesure à peine 10 centimètres de diamètre pour 14 de hauteur. Les organisateurs apprennent à la jeune miss que la couronne en question vient de Russie, sans donner de détail.
  
  Mais l'adolescente ne parle pas l'anglais; d'ailleurs, sa sœur aînée l'a accompagnée en Californie pour jouer les traductrices. Armi Kuusela ne pose donc pas de question et se contente d'acquiescer poliment.
  
  
  Un trésor d'État
  
  Sans le savoir, elle porte le même joyau que l'infortunée impératrice Alexandra en 1894 lors de ses noces avec Nicolas II: une couronne nuptiale élaborée en 1884, arborée par nombre de membres féminins de la dynastie des Romanov et dont certaines pierres ont été extraites de bijoux ayant appartenu à Catherine II de Russie. Mais que fait donc cette inestimable pièce en Californie?
  
  On avait perdu sa trace depuis 1927, année de son passage sous le marteau chez Christie's à Londres. Les joyaux de la couronne impériale comme les œuvres d'art, mobilier ou objets précieux variés appartenant aux Romanov ont été saisis par les bolcheviks puis nationalisés. Un inventaire des bijoux daté de 1925 en compte plus de 400.
  
  Agathon Fabergé faisait partie du panel de spécialistes chargés de la minutieuse tâche; il a fallu quatre ans pour évaluer et répertorier les 25.300 carats de diamants, 4.300 carats de saphirs, les centaines d'émeraudes, les milliers de perles et d'exceptionnelles pierres comme l'Orlov, diamant de 189,62 carats. On distingue clairement la couronne sur divers clichés d'époque.
  
  
  
  
  
  Dissémination du trésor impérial
  
  Officiellement, la collection aurait été divisée en trois parties, explique la maison de ventes britannique: la première, conservée au Kremlin, réunit des ornements de couronnement et des bijoux historiques datant du XVIIIe siècle. La deuxième comprenait des «bijoux pour dames, dont certains ont été décomposés et les pierres vendues discrètement».
  
  C'est la troisième partie, composée de 124 pièces, qui a été proposée chez Christie's. La vacation, sensationnelle, attire la foule. La couronne nuptiale s'envole pour plus de 6.100 livres sterling, l'équivalent actuel d'un demi-million d'euros. L'acheteur, utilisant un antiquaire prête-nom, reste anonyme.
  
  La couronne est-elle restée entre les mêmes mains entre 1927 et 1952? Seuls les vendeurs et propriétaires connaissent la réponse. Mais un indice laisse à penser qu'elle aurait à cette époque appartenu à un géant de la joaillerie. Dans un numéro du magazine Vogue en 1953, une mannequin prend la pose, coiffée de la couronne. Il s'agit d'une publicité pour un fourreur américain. Dans la légende figure cette information: les bijoux photographiés sur le modèle sont fournis par la maison Cartier.
  
  
  «The Bolshevick Committee Gathering to Value and Dispose of Imperial Regalia»,
  photographie (d'auteur anonyme) exposée au Metropolitan Museum of Art
  
  
  La reine des céréales
  
  La couronne reste probablement aux États-Unis, où elle est ensuite acquise par Marjorie Merriweather Post (récemment interprétée dans le film Unfrosted, l'épopée de la pop-tart par la comédienne Amy Schumer). L'Américaine est l'héritière d'un autre empire –céréalier, celui-ci. Il s'agit du groupe General Foods, concurrent de Kellogg's, qui deviendra ensuite Kraft.
  
  L'immense fortune de Post lui permet de s'adonner à sa passion pour la collection de pièces historiques. Parmi ses plus belles prises, une paire de boucles d'oreilles ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette, ou encore le collier et le diadème commandés par Napoléon Ier pour sa seconde épouse, l'impératrice Marie-Louise.
  
  
  [size=10]Le collier de diamants de Napoléon Ier,
  exposé au Smithsonian National Museum of Natural History de Washington/size]
  
  
  Dans les années 1930, la femme d'affaires suit son troisième mari en Union soviétique: Joseph E. Davies y a été nommé ambassadeur des États-Unis par Franklin D. Roosevelt. Marjorie y débute ce qui deviendra l'une des plus importantes collections d'art russe impérial en dehors des frontières de la Russie.
  
  
  Les Romanov à Mar-a-Lago
  
  En 1966, la couronne revient sur le marché, cette fois chez Sotheby's. Marjorie Merriweather Post ne la laisse pas lui échapper. L'héritière, qui possède déjà d'inestimables objets ayant appartenu à la famille impériale, ainsi qu'un exceptionnel ensemble d'art sacré russe, souhaite qu'un musée soit créé à sa disparition, afin que ses trésors soient rendus accessibles au public.

Amusant, n'est-ce pas ?
Ce texte est rédigé par Elodie Palasse-Leroux (édité par Thomas Messias).
Lien source : https://www.slate.fr/story/267923/couronne-romanov-tete-premiere-miss-univers-bolcheviks-christies-californie

Quelle belle histoire ! Merci Miss !

En effet, c'est une histoire bluffante ! quand on pense que le trésor des Romanov est à l'origine ( et encore aujourd'hui) de brouilles définitives entre les différents héritiers qui se haïssent cordialement en revendiquant chacun leurs droits à cet héritage fabuleux ... et à la succession au trône aussi ( quoique de ce côté là, cela paraisse compromis )




décidément, les Américains sont forts, très forts !