Madame Campan, la "fidèle" de Marie-Antoinette:
Née à Paris le 06 octobre 1752 d'un père roturier, Henriette Genest entre à la Cour à quinze ans et devient lectrice des filles cadettes de Louis XV.
Dotée d'un tempérament vif et déterminé, elle devient madame Campan par son mariage avec le valet de chambre du roi et est nommée en 1774 première femme de chambre de Marie-Antoinette qu'elle servira jusqu'en 1792.
Dans ce livre, elle retranscrit la vie de la reine depuis le début de son service jusqu’en 1792.
Ces mémoires se divisent en deux livres.
La première dévoile la jeunesse de Marie-Antoinette jusqu’à la veille de la Révolution.
La seconde inscrit le courage et la maturité de la reine durant la Révolution.
Attentive, observatrice, intelligente, Madame Campan partage non seulement l'intimité de la reine, mais aussi de nombreux secrets d'État.
Des fastes de Versailles à la fuite à Varennes, elle se trouve aux premières loges d'événements qui s'apprêtent à bouleverser la France et l'Histoire, jusqu'à la mort de la reine sa bienveillante protectrice.
Épargnée par la Révolution mais lassée de cette vie où elle passa d'un train de vie plus que confortable auprès de Marie-Antoinette à laquelle elle fut entièrement dévouée, elle se retira à la campagne à Mantes par manque d'argent mais aussi par désintérêt des affaires d’État après avoir été décorée de la Légion d'Honneur par Napoléon pour le rôle qu'elle tint dans l'éducation de jeunes filles de bonnes familles.
Sur un ton inimitable, bienveillant ou virulent, Madame Campan raconte dans ses mémoires ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, ce qu'elle sait: un trésor inépuisable de détails, grâce auquel ces recueils demeurent un témoignage unique sur l'Ancien Régime, la Révolution, la vie quotidienne et la personnalité de Marie-Antoinette.
Elle mourût le 16 mars 1822 à Mantes-la-Jolie.
Qu’apprenons-nous sur la reine?
Dans Les Mémoires, Mme Campan retranscrit vingt-deux ans de faits et d’histoires sur la reine.
Nous y apprenons comment vivait la Cour, comment les courtisans se comportaient.
Mais, nous en apprenons davantage sur la reine. Madame Campan déploie une certaine énergie pour expliquer dans quel monde vivait Marie-Antoinette.
Elle y décrit ses traits de personnalité, tels que sa bonté auprès des nécessiteux ou sa naïveté auprès des courtisans qui tentaient régulièrement de la piéger.
Elle explique que la reine était en permanence dans un environnement oppressant et menaçant.
La Première femme de chambre détaille également les amis que la reine s’était faits pour trouver son cocon de protection.
On peut y lire le comte d’Artois, frère de Louis XVI, la comtesse Jules, plus connue sous le nom de duchesse de Polignac, la princesse de Lamballe…
Des relations précieuses qui ont porté préjudice à la reine.
Mme Campan défend également Marie-Antoinette sur des faits historiques qui l’ont décrédibilisé tels que l’affaire du collier, la guerre d’Indépendance américaine.
La Révolution est également un sujet que Mme Campan va beaucoup détailler, en déculpabilisant la reine sur les soit-disants actions et dires qu’elle aurait faits selon l’Assemblée.
Elle défend la reine en expliquant dans quelle situation désastreuse la famille royale s’était retrouvée.
Elle redonne du sens aux actions et explique à quel point la reine et le roi n’ont jamais voulu autre chose que le bonheur du peuple.
Et Axel de Fersen dans tout cela ?
Le comte suédois Axel de Fersen a rencontré en 1774 Marie-Antoinette lors du bal de l’Opéra. Liaison ou non, leurs profonds sentiments l’un pour l’autre étaient sincères.
Dans Les Mémoires, je me suis attendue à ce que Madame Campan parle de cette rencontre, de cette liaison, notamment lorsqu’elle explique brièvement cette escapade au bal masqué de l’Opéra.
Il n’en est rien.
Pas une ligne sur Axel de Fersen, l’amant caché de la reine.
Quand Mme Campan aborde la Révolution, également on s’attend à lire des détails sur la fuite de Varennes.
Rien non plus, à l’exception de quelques bribes d’information par-ci par-là.
Le nom de Fersen semble inconnu.
Pourquoi ?
Mme Campan a surement désiré dévoiler principalement l’autre voix que personne ne voulait entendre.
Celle qui a entendu et vu la réalité des faits sur ce qui était soit-disant reproché à Marie-Antoinette.
Également, bien que Madame Campan était une des confidentes de la reine, il est presque certain que la reine connaissait la dangerosité de cette relation avec Axel de Fersen et préférait minimiser les bruits en dévoilant le moins possible sur ses sentiments.
Dans le cas où la Première femme de chambre était au courant de certains faits, elle comprenait les conséquences de ces actions et ne pouvait déshonorer la reine de France ou donner des arguments pour l’inculper davantage.
Il n’est pas un hasard si Marie-Antoinette et Axel de Fersen possédaient une relation épistolaire codée.
Des lettres signés d’un autre nom qui ont été majoritairement brûlées.
Pour aller plus loin
Si vous désirez en apprendre davantage sur la reine, je vous invite à lire :
- Un jour avec Marie-Antoinette, par Hélène Delateix, Flammarion, Paris, 2015,
- Les détails romancés par Alexandre Dumas sur l’affaire du Collier,
- Les derniers jours des reines, Jean-Christophe Buisson & Jean Sévillia, Perrin, Paris, 2015,
Je vous invite aussi à voir (ou revoir) :
- Marie-Antoinette, le film rock’n roll de Sofia Coppola
- Les adieux à la reine de Benoît Jacquot, un film retraçant à travers la lectrice de la reine, les trois jours suivant le 14 juillet 1789
Quand et où le lire ?
Au soleil dans les jardins de Versailles ou dans les jardins des Tuileries.
Sources : Les Mémoires, Henriette Campan, Paris, 1822, 2 tomes