Le Grand TrianonMariage de la princesse Marie d'Orléans
avec le prince Frédéric-Guillaume-Alexandre
duc de Wurtemberg
ISABEY Jean-Baptiste
1837
Marie d'Orléans, reine de Wurtemberg (1813-1839 )
Chantilly; musée Condé
Direction des Musées de France, 1986
Le mariage de la princesse Marie avec le prince Alexandre de Wurtemberg fut célébré à neuf heures du soir. La famille royale dîna dans ses appartements. Toutefois, un couvert de quatre-vingts personnes avait été dressé dans la galerie des Cotelle.
Extraits du Petit Courrier des Dames, Volume 33, et du Moniteur du 8 novembre 1837 :
Après le dîner, on s'est rendu dans un des salons , où M. le chancelier, en grand costume, devait lire l'acte de mariage civil.
Là se trouvaient réunis le roi et la reine des Français , le roi et la reine des Belges , le duc et la duchesse d'Orléans, Mme Adélaïde, la princesse Clémentine, le duc d'Aumale, le duc de Montpensier, le prince Paul de Wurtemberg, cousin du prince Alexandre, et son frère le duc Ernest; la maison du roi et des princes, et tous les ministres. Les témoins étaient, pour la mariée: le baron Séguier, vice-président de la chambre des pairs, et M. Dupin , président de la chambre des députés;
pour le marié : le maréchal Gérard, et le comte de Mullinen, ministre de Wurtemberg.
M. le baron Pasquier, président de la chambre des pairs et chancelier de France, remplissant auprès de la famille royale les fonctions d'officier de l'état civil, assisté de M. le duc Decazes, grand référendaire, et de M. Cauchy, garde des archives de la chambre des pairs, a lu l'acte de mariage. Un mot ajouté pour la circonstance aux formules d'usage a produit une vive impression sur l'assemblée: c'est lorsque M. le président Pasquier, après avoir nommé tous les princes présents, a ajouté d'une voix émue : M. le duc de Nemours et M. le prince de Joinville, absents pour le service du roi. On venait d'apprendre que l'armée était à trois lieues de Constantine. Après la lecture de l'acte, le roi et la reine, le roi et la reine des Belges, M. le duc et madame la duchesse d'Orléans, les princes et princesses, se sont avancés pour donner leur signature.
Après la signature de l'acte civil, le Roi s'est rendu dans la nouvelle chapelle bâtie à Trianon (consécration définitive de la restauration des deux palais, ajouta Eudoxe Soulié), et l'évêque de Versailles, après une touchante allocution, a donné la bénédiction nuptiale. On remarquait auprès de lui l'abbé Gallard, évêque de Meaux, et M. l'abbé Guillon , évêque de Maroc.
La cérémonie luthérienne a été faite par M. le pasteur Cuvier, assisté d'un ministre de la même communion. Le langage de M. Cuvier a été plein d'onction et de sagesse. Ces deux discours étaient puisés à la même source, l'esprit évangélique.
Le roi avait voulu conserver à cette solennité le caractère d'une fête de famille; mais aujourd'hui ses destinées et celles de sa royale dynastie sont trop étroitement liées à celles du pays pour que la France entière n'y voie pas aussi une fête nationale.
La reine et les princesses étaient mises simplement, mais la mariée était éblouissante de diamants et de pierreries; chacun admirait sa grâce et son maintien plein de noblesse et de modestie.