La Saint Nicolas de Marie Antoinette

Nous connaissons tous cette aquarelle peinte par l'archiduchesse Marie Christine:




Elle immortalise le matin du 6 décembre 1760, jour de la Saint Nicolas. Nous voyons une pièce toute simple où se trouve réunie une famille comme les autres. La maman semble toute prête à servir le café, le papa, en robe de chambre, pantoufles et bonnet de nuit, lit les nouvelles. Tout à gauche, le pauvre Ferdinand se lamente, parce qu'il a trouvé des verges dans ses petits souliers.

... Un coup des Krampus?

Derrière lui, Mimi, l'auteur de l'aquarelle, en remet une couche. Pauvre Ferdinand... M'est avis que, la dernière chose qu'il a envie d'entendre, ce matin, c'est une leçon de morale!

A l'avant-plan, le benjamin de la famille, Maximilien, joue avec ses nouveaux jouets. Il a dû être très sage pour en recevoir autant!

Et, à l'arrière, nous reconnaissons notre Antoinette... Elle aussi a été bien gentille, puisqu'elle vient de trouver cette jolie poupée...

Oh, Antoinette... Vingt ans plus tard, elle recevra encore des poupées, celles que sa marchande de mode, Marie Jeanne Bertin, lui fera passer pour lui permettre de bien visualiser et de mieux apprécier ses nouvelles créations.

Un génie du marketing, Mademoiselle Bertin!

Les esprits chagrins prétendent que ce type d'images, vous savez, l'aquarelle de Mimi, faisaient partie de l'apparence que l'autocrate Maria Theresia voulait donner. De la vulgaire propagande, quoi, destinée à se rapprocher du peuple et à grappiller son estime...

Franchement, je ne crois pas. A mon avis, l'intérieur et les usages bourgeois des Habsbourg Lorraine n'étaient pas du chiqué. Je pense que Marie Thérèse et François Etienne aimaient les plaisirs simples et la vie de famille.

La preuve? François Etienne se passionnait pour la botanique et les animaux. Marie Thérèse était si naturelle que, quand elle a été grand mère pour la première fois, elle n'a pas pu s'empêcher de le crier en plein théâtre. En dialecte viennois, pour mieux faire partager sa joie.

C'est peut-être ce jour de Saint Nicolas qui me rend sentimentale, mais, pour moi, Marie Antoinette a toujours emporté les souvenirs de son enfance, comme autant d'éclats de bonheur. Vienne et sa douceur, sa chaleur, ce je ne sais quoi de bienveillant et de bon-enfant, elle le gardait en elle comme un paradis perdu dans la froideur écrasante de la galerie des glaces.

Très Chère Pimprenelle, Jean-Paul Bled décrit cette scène de Saint Nicolas dans sa biographie de Marie-Thérèse d'Autriche. Pour ce biographe très documenté, le naturel de cette scène ne fait aucun doute. Il rappelle que Marie-Thérèse avait établi une distinction très nette entre ses activités étatiques et sa vie de famille. Cette dernière constituait une autre face de la vie familiale, lorsque les enfants peuvent côtoyer leurs parents dans une atmosphère chaleureuse et détendue. Vous trouverez cet extrait et la description de cette gouache faite par l'Archiduchesse Marie-Christine à la page 302 de l'édition Perrin petit format, Collection Tempus, 2011. Précisons encore que l'Archiduc Maximilien-François mange du pain d'épice sur le tapis avec des mines de charmant polisson.

Bien à vous

madame antoine

pimprenelle a écrit:

Elle immortalise le matin du 6 décembre 1760, jour de la Saint Nicolas.

Dans la nuit du 5 au 6 Décembre, Saint-Nicolas fait le tour des maisons aidé de son âne pour distribuer des cadeaux aux enfants sages, qui lui ont préalablement fait parvenir leur liste de souhaits. Saint Nicolas descend dans la cheminée et dépose ses cadeaux dans les petits souliers que les enfants ont laissés devant la cheminée. Le grand saint ajoute des friandises, traditionnellement du chocolat, du massepain, des fruits secs, du pain d'épices et des mandarines. Il faut laisser des carottes et de l'eau pour l'âne et un verre de cordial pour la santé de Saint Nicolas. Malheureusement, si les enfants n'ont pas été sages, ils ont affaire au Père Fouettard.

Je suis d'accord avec toi Pim, si cette aquarelle a pu faire l'objet d'une communication orientée par la suite, il n'en est rien à la base, car Marie-Antoinette ne s'est jamais plainte de son enfance, bien au contraire

Exact.

Pourtant, selon certains, l'attention de Marie-Thérèse se focalisait sur les aînés, laissant à la traîne la queue du peloton. Donc, Marie Antoinette...

Chers Amis, c'est là que la gouache peinte par Marie-Christine prouve précisément l'inanité de cette opinion. On voit au contraire que les plus jeunes Archiducs et Archiduchesses étaient très suivis quant à leur éducation, puisqu'ils sont récompensés ou punis selon leurs mérites à l'occasion de la Saint Nicolas.

Bien à vous

madame antoine

pimprenelle a écrit:

Exact.

Pourtant, selon certains, l'attention de Marie-Thérèse se focalisait sur les aînés, laissant à la traîne la queue du peloton. Donc, Marie Antoinette...

Il faut dire qu'avec 16 enfants....difficile de se concentrer

madame antoine a écrit:

Chers Amis, c'est là que la gouache peinte par Marie-Christine prouve précisément l'inanité de cette opinion. On voit au contraire que les plus jeunes Archiducs et Archiduchesses étaient très suivis quant à leur éducation, puisqu'ils sont récompensés ou punis selon leurs mérites à l'occasion de la Saint Nicolas.

Bien à vous

madame antoine

Exact vous avez raison

J'adore ce sujet! La Saint Nicolas est vraiment une grande fête en Belgique!

Je me suis souvent dit que la tradition devait nous avoir été apportée par les Autrichiens, mais pas forcément, en fait. On fête la Saint Nicolas en Lorraine aussi, par exemple, ainsi que dans certaines régions du Nord de la France. Ce serait donc plutôt une tradition commune.

Pour Marie Antoinette, elle pouvait pas y couper, en tout cas, par la Lorraine comme par l'Autriche!

Ce qui est émouvant, sur l'aquarelle (ou la gouache, apparemment... ), c'est qu'on voit que les traditions sont restées les mêmes, les jouets et le pain d'épice... ou les verges si ça craint...

Je vous rassure tout de suite, perso, malgré ma... euh... pétulance naturelle, on va dire..., j'ai toujours eu des chouettes trucs dans mes petits souliers... tout au plus Saint Nicolas a-t-il dû revenir un jour reprendre un jouet pour cause de désobéissance, mais c'est resté un événement exceptionnel... Le coup des verges, beaucoup entendu parler mais jamais vu de mes yeux vu, en fait.

Y'en a qui on des témoignages en live?

Des verges? On parle bien des mêmes

Personnellement vers chez nous, nous ne fêtons pas la Saint-Nicolas, donc je connais peu ces tendances

Ben oui, Choupinou, si t'as pas été sage, tu trouves des verges dans tes chaussure au lieu de jouets. Passke c'est le Père Fouettard, le bien nommé, qui a traité ta demande et non Saint Nicolas.

C'est ce qui est arrivé à Ferdinand sur l'aquarelle peinte par Mimi. Les autres ont des jouets et des friandises, lui, il reçoit des baguettes.


Je pense toutefois que la tradition a dû s'assouplir au fil du temps, parce que je ne connais aucun enfant qui a eu cette mauvaise surprise. Faut avouer que c'est moche, même si on a été un peu difficile...

Haha je ne savais pas

C'est sûr que c'est sadique quand même

pimprenelle a écrit:

Nous connaissons tous cette aquarelle peinte par l'archiduchesse Marie Christine:

Elle immortalise le matin du 6 décembre 1760, jour de la Saint Nicolas. Nous voyons une pièce toute simple où se trouve réunie une famille comme les autres. La maman semble toute prête à servir le café, le papa, en robe de chambre, pantoufles et bonnet de nuit, lit les nouvelles. Tout à gauche, le pauvre Ferdinand se lamente, parce qu'il a trouvé des verges dans ses petits souliers.

... Un coup des Krampus?

Derrière lui, Mimi, l'auteur de l'aquarelle, en remet une couche. Pauvre Ferdinand... M'est avis que, la dernière chose qu'il a envie d'entendre, ce matin, c'est une leçon de morale!

A l'avant-plan, le benjamin de la famille, Maximilien, joue avec ses nouveaux jouets. Il a dû être très sage pour en recevoir autant!

Et, à l'arrière, nous reconnaissons notre Antoinette... Elle aussi a été bien gentille, puisqu'elle vient de trouver cette jolie poupée...

focus

Another zoomed image of little Marie Antoinette :

Cette fête est toujours très importante dans les régions qui furent sous domination autrichienne.

Zoom sur les heureux parents :

Pendant toutes les années viennoises, ce fut un jour de fête pour l'Archiduchesse Marie-Antoinette, ses frères et ses soeurs. Nous aurons aujourd'hui une pensée particulière pour tous les enfants qui se réjouissent encore actuellement de la Saint-Nicolas.

Bien à vous

madame antoine

Dans certaines régions de France, on fête aussi Saint Nicolas.

Je me permettrai de dire encore un mot de cette petite gouache.

Elle représente les Souverains, en costume bourgeois, qui regardent une servante distribuant des jouets à leurs plus jeunes enfants le jour de la fête de Saint-Nicolas. Le petit Maximilien, assis à terre, mange des gâteaux; Marie-Antoinette, toute heureuse, élève dans ses bras une poupée richement habillée ; tandis que son frère Ferdinand, pour prix de sa mauvaise conduite, reçoit une botte de verges dans son soulier. On lit,  au-dessus du manteau de la cheminée, la signature de l'artiste et la date : Maria fecit, 1-62, et l'inscription suivante tracée sur le cadre, en allemand : « Marie-Thérèse, son époux et ses trois plus jeunes enfants: l'Archiduc Ferdinand, l'Archiduc Max et l'Archiduchesse Marie-Antoinette, le jour de la Saint-Nicolas; peint par l'Archiduchesse Marie-Christine. » Le rapprochement avec d'autres effigies nous permet de compléter cette légende : les traits de la servante sont précisément ceux de la future Duchesse de Saxe-Teschen, alors dans sa vingtième année.

L'ensemble de la composition ne manque pas d'harmonie, les personnages sont bien groupés, et pourtant chacun d'eux est représenté avec une naïve gaucherie; cet intérieur hollandais est fait aussi pour nous surprendre. Ce singulier contraste s'éclairera pour le lecteur, s'il compare la gouache avec la gravure que nous reproduisons en regard; la jeune artiste n'a fait qu'imiter un spirituel tableau du peintre C. Troost, que le burin de J. Houbraken avait vulgarisé l'année précédente. Les œuvres du graveur hollandais devaient être en faveur à la Cour de Vienne; à différentes reprises il avait interprété les portraits de plusieurs membres de la Famille Impériale et notamment, en 1752, celui de Marie-Christine.



L'Archiduchesse, on le voit, a respecté l'estampe dans ses grandes lignes et n'a apporté de légers changements que dans le décor. Elle a supprimé les vases de Delft qui surmontaient l'armoire et remplacé par un panneau de fleurs, qu'elle peignait agréablement, le buste antique placé sur la cheminée. Quant au bébé que la mère
tenait dans ses bras, comme il ne correspondait à aucun de ses frères et sœurs, il a été écarté de la composition. Comme de raison, Marie-Christine a modifié les visages des personnages, et sa tentative pour atteindre la ressemblance, n'est pas si éloignée de la vérité qu'on pourrait le supposer ; sans doute quelque artiste de la Cour vint-il suppléer aux défaillances de son pinceau.
(Albert VUAFLART ET Henri BOURIN, Les portraits de Marie-Antoinette; étude d'iconographie critique, Paris, André Marty éditeur, 1909)

Joyeuse Saint Nicolas à tous les enfants sages !

merci beaucoup chère Pimprenelle ! c'est étrange comme tout, ici en France Saint Nicolas est totalement ignoré, sauf, peut-être dans les régions du Nord Est, Alsace, Strasbourg et ???? je ne sais pas.....

Moi qui suis origine Bretonne, nous avons des korrigans et on nous recommande de ne pas déranger les animaux la nuit de Noël, car ils parlent entre eux; les bêtes des troupeaux, les chiens, etc....nous avons aussi beaucoup de légendes très vivaces à l'occasion du solstice d'hiver....

Le père de mon fils qui était Espagnol, célébrait l'arrivée des jouets portés par les Rois Mages, et la fête des Rois est très célébrée en Espagne "los tres rey" vont dans les rues avec des chars somptueux, des défilés, qui sont incontournables; en vacances à Alicante, j'ai pu constater que Noël, à cet égard est plus discret que "los tres rey" !

C'est curieux comme tout.....

Tout cela est très intéressant, merci, chère Aglaé. Je vous souhaite dores et déjà de parfaites fêtes de fin d'année.

Merci bien chère Airin, à vous et aux vôtres de même.....