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| Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette Mar 13 Déc - 23:00 | |
| - Citation :
- Oui à mon avis Marie-Antoinette croyait en Dieu comme tout le monde à cette époque (car les gens mouraient jeunes) mais je ne pense pas que c'était une illuminée...
Elle n'a pas eu à se poser la question : elle était une très haute princesse catholique, élevée par une mère dont la religion était rigoureuse, puis envoyée à la cour du Très-Chrétien. Mais elle était aussi fille de la seconde moiité des Lumières : bien qu'issue d'un univers protégé, elle se retrouvait obligatoirement influencée par les Lumières. Comme son mari d'ailleurs. L'abbé Vermond qui l'a éduquée n'a semble-t-il pas été un prêtre tout à fait exigeant envers sa religion. Et son cercle d'intimes comptait des "libres penseurs" et même des athées notoires. Le prince de Ligne ne s'en cache pas. Et la plupart de ses frères et soeurs vont montrer que la religion restait le cadet de leurs soucis. Elle suivait les règles, les principes édictés par son éducation et sa position, mais aucune profondeur là-dedans. C'était aussi naturel pour elle que de respirer. Sans avoir besoin d'y réfléchir. Il n'y a qu'à la fin de sa vie qu'elle s'en préoccupe vraiment. Parce qu'elle souffre, parce qu'il n'y a plus que Dieu comme salut, parce que sa soeur Elisabeth y trouve réconfort... Mais aussi parce qu'il s'agit d'une époque où la noblesse outragée, dédaigneuse de la religion tout au long du XVIIIème siècle, va se retrouver liée par obligation à la religion elle-aussi foulée aux pieds. Une sorte de solidarité de classes... Un comte d'Artois qui se fichait totalement de la religion, va devenir un catholique forcené dans la seconde moitié de sa vie. Et tant d'autres de ces jeunes libertins fous-fous qui riaient bien des patenôtres de leurs grands-mères... Mais qui à partir de la Révolution vont devenir de véritables chevaliers-défenseurs de l'autel. Qu'ils ne fréquentaient guère auparavant. Madame Royale dit que sa mère va avoir de la religion... à partir de la Conciergerie ! Ce qu'elle ne peut donc constater de visu. C'est dire à quel point Marie-Antoinette n'a pas marqué sa fille pour sa ferveur religieuse.
Dernière édition par olivia le Mar 13 Déc - 23:00, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette Mar 13 Déc - 23:03 | |
| C'est limpide |
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| Sujet: Re: Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette Mar 13 Déc - 23:18 | |
| Pour ce qui est de la foi dans la noblesse, il faut je crois relativiser entre noblesse de Cour et noblesse de campagne, qui ont des comportements très différents, et d'autre part, il y a de nombreux témoignages de nobles de cours croyants non par habitude mais par conviction ; l'entourage de Mme Elisabeth (je suis en plein dedans) Mesdames (Louise en particulier) et bien d'autres....
C'est une question d'autant plus difficile, que les personnes concernées peuvent évoluer au cours de leur vie, et même ne pas y voir très clair elles même quant à leurs propres sentiments !
Je trouve que votre analyse Olivia, ne laisse place qu'à des comportements froids et calculateurs, ce qui n'est pas nécessairement faux, loin de là, mais que je ne peux partager totalement, parce qu'elle engobe tout le monde d'un coup d'un seul ! |
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| Sujet: Re: Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette Mar 13 Déc - 23:19 | |
| Beaumarchais dira lui même " Ce qu'il y a de plus fou que ma pièce, c'est son succès ! " En effet, quel spectacle que cette noblesse qui scie la branche sur laquelle elle se trouve ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette Mar 13 Déc - 23:22 | |
| - Citation :
- N'a-t-elle pas fait jouer le mariage de Figaro à Trianon? Il m'avait semblé l'avoir lu quelque part - et même, qu'elle aurait joué un rôle dans cette pièce ? mais je me trompe peut-être...
Non, non, j'insiste, c'est le Barbier de Séville. Elle y joue Rosine. En 1785. Ce sera sa dernière, me semble-t-il, parce qu'après, la pauvre... Le Mariage de Figaro sera joué chez Vaudreuil. Ce qui est déjà suffisamment subversif. |
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| Sujet: Re: Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette Mar 13 Déc - 23:28 | |
| - Citation :
- Pour ce qui est de la foi dans la noblesse, il faut je crois relativiser entre noblesse de Cour et noblesse de campagne, qui ont des comportements très différents, et d'autre part, il y a de nombreux témoignages de nobles de cours croyants non par habitude mais par conviction ; l'entourage de Mme Elisabeth (je suis en plein dedans) Mesdames (Louise en particulier) et bien d'autres....
C'est une question d'autant plus difficile, que les personnes concernées peuvent évoluer au cours de leur vie, et même ne pas y voir très clair elles même quant à leurs propres sentiments !
Je trouve que votre analyse Olivia, ne laisse place qu'à des comportements froids et calculateurs, ce qui n'est pas nécessairement faux, loin de là, mais que je ne peux partager totalement, parce qu'elle engobe tout le monde d'un coup d'un seul ! N'oubliez pas non plus tous les faux dévots et autres tartuffes qui pullulaient à la Cour et dont la fameuse pièce de Molière s'est fait l'écho. Rohan par exemple pour ne citer que lui, n'avait rien d'un grand chrétien... Comme vous le savez sans doute, en ce temps là, l'aîné héritait du château et de la fortune et le cadet rentrait dans les ordres. Les éclésiastiques gagnaient beaucoup d'argent, notamment certains abbés dont les abbayes étaient gigantesques et qui étaient multi-millionaires. Pas grand chose à voir avec la spiritualité... |
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| Sujet: Re: Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette Mar 13 Déc - 23:57 | |
| Tiens, je tombe juste dessus : Dans son Mme Elisabeth, Monique de Huertas parle de la cérémonie d'ouverture des Etats Généraux, et elle cite un extrait d'une lettre de Diane de Polignac "Cette cérémonie, qui devait être à la fois auguste et respectable fut, au contraire, le signal de tous les outrages faits depuis au Roi et à la religion. L'esprit sage et réfléchi de Mme Elisabeth lui faisait voir avec peine l'impunité de tous ces vils écrivains qui blâmient, critiquaient sans les connaître les opérations du gouvernement, qui sapaient tous les fondements de la religion, détruisaient tout principe de morale..." le temps est loin où Diane prônait la lecture d'Helvétius !"Je trouve, Olivia, intéressante la recherche de mouvements de fond de la société qui influe sur les individus, ce qui est vrai. Mais je concidère que les individus d'une part son libre, et ne suivent pas moutonesquement (même enrubané) les mouvements de leurs groupes sociaux, et d'autre part, qu'ils ne sont pas tous de froids et hypocrites calculateurs, qui changent de comportements comme de chemise selon leurs intérêts. Bien sûr il y en a, mais je ne pense pas que ce soit une majorité. Pour ceux qui connaissent un petit peu la sociologie, je trouve votre approche trop Durkheimienne (la société détermine les individus), préférant celle de Weber (les individus agissent en conscience, dans le contexte de la société). (désolé, mais je sors d'un cours de trois heures là dessus ). |
| | | Invité Invité
| Sujet: Sentiment religieux à la cour de Marie-Antoinette Mer 14 Déc - 9:13 | |
| - olivia a écrit:
- Le Mariage de Figaro sera joué chez Vaudreuil. Ce qui est déjà suffisamment subversif.
C'était le 26 septembre 1783 ! Marie-Antoinette était alors solidaire de l'allergie de Louis XVI à ce subversif Mariage de Figaro, mais elle est littéralement "débordée" par sa société . Vaudreuil était le plus véhément défenseur de la pièce et la fit jouer dans la maison de Gennevilliers que le duc de Fronsac lui prêtait. D'après cette lettre de Fronsac à Beaumarchais, datée du 4 septembre, Vaudreuil avait obtenu au préalable ( sans doute aux forceps ! ) l'agrément de Louis XVI: J'espère, Monsieur, que vous ne trouverez pas mauvais que je me sois chargé d'obtenir votre agrément pour que "Le mariage de Figaro" soit joué à Gennevilliers. Vous saurez que j'ai cédé pour quelques années ma plaine et ma maison de Gennevilliers à M. de Vaudreuil . M. le Comte d'Artois y vient chasser vers le 18, et Mme de Polignac avec sa société y viennent souper . Vaudreuil m'a consulté pour leur donner un spectacle, car il y a une salle assez jolie, et je lui ai dit qu'il n'y en avait pas de plus charmant que "Le mariage de Figaro", mais qu'il fallait avoir l'agrément du Roi. Nous l'avons eu et je suis accouru chez vous, que j'ai été fort étonné et fort affligé de savoir bien loin . La pièce est bien sue, comme vous savez: nous donneriez-vous votre agrément pour qu'elle fût jouée ? La Reine, écrit Mme Campan, témoigna son mécontentement à toutes les personnes qui avaient aidé l'auteur du "Mariage de Figaro" à surprendre le consentement du Roi pour la représentation de sa comédie. Ses reproches s'adressaient plus directement à M. de Vaudreuil pour l'avoir fait jouer chez lui . Le caractère violent et dominateur de l'ami de sa favorite avait fini par lui déplaire .Mme Vigée-Lebrun, amie de Vaudreuil, compte ce soir-là parmi ses invités . Voici comment elle raconte cette soirée qui s'achève sur un mémorable coup d'éclat de Beaumarchais : Le dernier spectacle qui fut donné dans la salle de Gennevilliers fut une représentation du "Mariage de Figaro" par les acteurs de la Comédie Française . Je me rappelle que Mme Sainval jouait la comtesse, mademoiselle Olivier le page, et que mademoiselle Contat était charmante dans le rôle de Suzanne . Il fallait néanmoins que Beaumarchais eût cruellement harcelé M. de Vaudreuil pour parvenir à faire jouer sur ce théâtre une pièce aussi inconvenante sous tous les rapports . Dialogues, couplets, tout était dirigé contre la Cour, dont une grande partie se trouvait là, sans parler de la présence de notre excellent prince ( le comte d'Artois, bien sûr, inséparable de Vaudreuil ) . Chacun souffrait de ce manque de mesure ( ..... hum ! ) , mais Beaumarchais n'en était pas moins ivre de bonheur : il courait de tous côtés comme un homme hors de lui-même; et comme on se plaignait de la chaleur, il ne donna pas le temps d'ouvrir les fenêtres et cassa tous les carreaux avec sa canne , ce qui fit dire après la pièce qu'il avait doublement cassé les vitres .
Quelques jours plus tard, Beamarchais a le culot de se présenter à Versailles chez Vaudreuil , qui vient à peine de se lever, pour lui proposer une affaire juteuse, un projet de finance qu'il a imaginé .... Monsieur de Beaumarchais, vous ne pouviez venir dans un moment plus favorable, lui réplique Vaudreuil, car j'ai passé une bonne nuit, j'ai bien digéré, et jamais je ne me suis mieux porté qu'aujourd'hui; si vous m'aviez fait hier une pareille proposition, je vous aurais fait jeter par la fenêtre . |
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