L'origine de la pratique de la tapisserie à Aubusson est incertaine. Certaines sources la font remonter à des Sarrasins qui se seraient installés sur les bords de la Creuse après la déroute de Poitiers. Cette thèse est contredite, notamment par l'Abbé Lecler :
Attribuer l'origine d'Aubusson à une troupe de Sarrasins qui, échappés aux coups de Charles-Martel en 732, se réfugièrent en ce lieu, c'est faire du roman, et non de l'histoire. Il est bon de remarquer que c'est l'expression tapis sarrasinois
, donné à un genre de tapis fabriqué à Aubusson, qui a donné lieu à cette légende. Il est à noter cependant que certains éléments relevés par d'autres auteurs, tels qu'Adrien Proust ou Adolphe Blanqui, accréditent la transmission.
Il est prouvé que des ouvriers de cette nation s'y établirent, par les réglemens du Châtelet pour la communauté des maîtres tapissiers, lesquels réglemens reconnaissent les Sarrasins pour les plus anciens de ce corps.
Vue des rives de la CreuseSelon une autre tradition, l'origine serait due au Comte de la Marche, qui aurait fait venir des drapiers flamands. Deux éléments importants accréditent cette dernière hypothèse. La technique de tissage en basse lisse est effectivement utilisée dans les deux cas et la Patronne est la même, à savoir Sainte Barbe. Nous nous bornerons à relever que des influences communes d'Orient et de Flandres sont pas à exclure. Toujours est-il que les premières oeuvres réellement attestées furent celles des frères Augeraing en 1501. On recense alors à Aubusson et à Felletin l'existence de communautés de tapissiers.
Voici une vue de
Mille-Fleurs (ou Millefleurs) tapisseries typiques de la production des XVe et XVIe siècle. Il s'agit d'oeuvres mettant en scène un personnage entouré de motifs floraux. On voit ici une Licorne, symbole de chasteté au Moyen-Age.
Pour beaucoup, le nom d'Aubusson reste associé aux
Verdures. Il s'agit de tentures à décor principalement végétal. L'intervention d'éléments fantastiques leur confère un aspect énigmatique. Voici un exemple de Tapisserie de basse-lisse à
Feuilles de Choux de la seconde moitié du XVIe siècle, en laine et soie.
Collection du Musée de la tapisserie, Aubusson.Le XVIIe siècle apporta divers bouleversement à la pratique des artisans de la Creuse. Il y eut premièrement la création de la Manufacture Royale d'Aubusson par Colbert en 1664. Malheureusement, cette reconnaissance fut suivie en 1685 par la Révocation de l'Edit de Nantes. De nombreux lissiers, qui s'étaient convertis à la Religion Réformée, furent alors contraints à l'exil en Suisse ou en Allemagne. Remarquons au passage que ce fait amena le développement de la Tapisserie dans ces régions également, notamment dans la ville d'Erlangen. Mais pour les ateliers restés en France, les temps étaient sombres, les cartons, les teintures et les tissages ayant perdu en qualité. Le XVIIIe marqua un renouveau, principalement grâce à la nomination de Jean-Joseph Dumons comme peintre du Roi à Aubusson et à l'apport d'oeuvres célèbres de Boucher, Watteau, Oudry ou Huet. Voici à titre d'exemple une tapisserie représentant
La Fable du Lion Amoureux de Jean de La Fontaine. Réalisée d'après une oeuvre de Jean-Baptiste Oudry, elle se trouve au Musée Nissim-de-Camondo à Paris.
Pour le plaisir des yeux, voici d'autres productions du XVIIIe siècle.
La beauté et l'excellence de ce travail valut à nos artisans une renommée internationale, un temps entravée par les bouleversements de la Révolution toutefois. Ayant repris un essor grâce à l'industrialisation, l'art de la Tapisserie d'Aubusson est actuellement inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO.
Sources : http://www.cite-tapisserie.fr/fr/
http://promenade34.free.fr/Documents/nostal28.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Verdure_(tapisserie)
https://www.jaimemonpatrimoine.fr/article/20161028/aubusson-et-la-tapisserie?uid_token=38b3eff8baf56627478ec76a704e9b52
madame antoine