Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 le projet d'évasion d'augeard

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levengeur

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MessageSujet: le projet d'évasion d'augeard   le projet d'évasion d'augeard Icon_minitimeMer 5 Juil - 21:56

tiré des mémoires d'augeard, secrétaire des commandements de la reine

A la réunion des états généraux, une des questions les plus brûlantes et les plus impopulaires, celle des lettres de cachet, fut solennellement abordée et résolue par le Roi. Mais les événements marchaient à pas de géant. Les journées des 5 et 6 octobre avaient laissé dans l’âme de Marie-Antoinette une indicible terreur.

" Que faire? disait-elle à Augeard.

— Fuir, Madame, fuir auprès de l’Empereur votre frère, lui raconter vos angoisses, l’intéresser à votre destinée, surtout emmenant avec vous, enlevant à la Révolution, Madame Royale, le Dauphin et vous, triple gage sans lequel elle est impuissante vis-à-vis du Roi lui-même, dont les jours sont ainsi sauvés par l'inutilité du meurtre. Les meurtriers en France ont la logique du crime, et savent très-bien que le Roi ne meurt pas tout seul et revivroit le lendemain de sa mort dans son fils sauvé par sa mère."

Ce projet d’évasion, mûrement conçu par M. Augeard, n’aboutit pas. Fut-ce la crainte du divorce ou un autre motif qui en détourna la Reine? Augeard fut lui-méme arrêté, jeté en prison, puis rendu à la liberté, dont il usa pour aller à Coblenlz, à Francfort, non pas en émigration, dit-il, mais en fuite, visitant l’Empereur Léopold, la Reine de Naples, le duc Albert, l’Electeur de Trêves, l’Electeur de Cologne et tous les princes d’Allemagne, assez mal instruits du sens et des événements de la Révolution.

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levengeur

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MessageSujet: Re: le projet d'évasion d'augeard   le projet d'évasion d'augeard Icon_minitimeMer 5 Juil - 23:58

en detail

(...) l’Empereur, votre frère, ne peut vous donner aucun secours, sa vilaine guerre avec les Turcs l’occupe ailleurs, et ces scélérats lui donnent dans ses provinces belgiques du fil à retordre; il faut absolument lui faire envisager l’affaire de la France comme la sienne propre; il seroit nécessaire qu’une personne sûre et fidèle, et en qui il aurait la plus grande confiance, se rendit à Vienne à cet effet.

— Je ne connois qu’une personne au monde capable de remplir celle mission.

— Et qui donc ?

— C’est Votre Majesté.

— Quoi! je laisserois seul le Roi?

— Je ne connois qu’un seul moyen, et il est infaillible, pour sauver les jours du Roi, les vôtres, ceux de vos enfants. Madame, et ceux de l’empire ; c’est de vous en aller avec Madame Royale et M. le Dauphin habillé en petite fille, non pas en Reine, non pas en princesse, mais en simple particulière. C’est à Voire Majesté à réfléchir dans sa sagesse sur le parti que je lui propose; mais si elle s’y détermine, il faut qu’elle ne confie son secret à qui que ce soit au monde. Le plan où on ne pourroit mettre qu’une personne dans sa confidence seroit cerlaine-
ment le meilleur; mais comme cela est impossible, il faut en chercher un où il ne faudra que deux confidents. Si Votre Majesté s’arrête à qui en exige plus de quatre, il sera impraticable, et tout sera perdu. Je supplie la Reine de me donner vingt-quatre heures pour fixer mes idées là-dessus d’une manière invariable. J’ajouterai : Les assassinats commis sur votre personne sont une excuse de la mesure que je vous conseille. Vous n’êtes pas en France Reine régnante, vous n’êtes qu’épouse du Roi régnant. A la Reine s’appartient pas la connoissance des. affaires du royaume ; elle ne doit s’en mêler que quand elle est Régente. Vous déjouerez les factieux et le duc
d’Orléans. On ne pourra plus vous accuser de vous opposer à la nouvelle constitution qu’on veut donner
à la France, et vos jours seront sauvés."

Le lebdemain je trouvai la Reine assez disposée. Elle me demanda si j’avois arrêté quelque chose. Je me permis de lui faire part de mon plan. Je crois encore, et sans aucun amour-propre, qu’on ne pouvoit en concevoir de meilleur.

"Quand Votre Majesté sera absolument décidée, j’écrirai à ma fille de revenir à Paris. Je ne lui ferai part de rien, mais je lui dirai que les parents de madame la marquise de Gimecourl, qui a une terre près des miennes, m’avoient chargé de ramener la bonne et ses deux enfants, et que nous partirions à huit heures du soir. Je me trouverai dans l’appartement de madame Thibaut, votre première femme de chambre, à sept heures et demie. A ce moment le service de M. le Dauphin est entièrement fini ; vous le ferez monter par le petit escalier dérobé qui
monte à votre appartement; on l’habillera en petite fille, de la même étoffe et de la même couleur que Madame Royale; puis vous monterez avec madame Thibaut au haut des combles, où est un escalier qui se rend à la cour des Princes. Là il se trouvera un carrosse très-simple à deux chevaux qui vous conduira à la porte de mon hôtel, et si Votre Majesté veut, je l’accompagnerai; si elle aime mieux, je l’attendrai chez moi avec ma fille.

Nous monterons ensuite dans ma voiture; la Reine se mettra sur le devant, comme une gouvernante, avec ses deux enfants, afin d’éviter toute espèce de soupçon à mes courriers, qui sont bien connus sur la route, puisqu’on m’y voit douze fois par an. Je serai muni de mon passe-port et de ma permission de poste. Apres la sortie de Paris, il faudra bien mettre ma fille dans la confidence, puisque Votre Majesté veut bien la souffrir quelquefois à son jeu, et que, par conséquent, il lui seroit impossible de ne pas reconnoître la Reine.

Nous serons à la pointe du jour à Braisne, c’est-à-dire quatre lieues au delà de Soissons, et pour lors j’exigerai de Votre .Majesté de se remettre et ses enfants sur le devant de sa voiture, de peur de donner toujours à mes gens le moindre éveil. Nous serons à Reims à neuf heures.

— Mais si j’allois y être reconnue; si nous pouvions l’éviter?

— Cela seroit facile : il faudroit dans ce cas quitter la poste à une lieue de Reims, y avoir un relais qui nous mèneroit à Saint-Thierry, maison de campagne de l’archevêque. Votre Majesté y déjeuneroit avec ses enfants, et le même relais nous mèneroit à la posle d’isle, quatre lieues au-dessus de Reims. Nous prendrions une traverse de cinq lieues, très-bonne, qui mène à la poste de Pauvre, où il n’y a que cinq ou six maisons, puis à Vouzières par la plus belle route. Pour y arriver vous ne passerez pas même par la municipalité. La Reine entrera par mon
parc pour descendre au château. Pendant qu’elle mangera un morceau, on examinera la voiture pour voir s’il n’y manque rien, et, à l’effet de ne pas perdre une minute et d’éviter de prendre la poste, on mettra en même temps mes chevaux, qui nous conduiront à un petit quart de lieue de Stenay, où sera un relais à moi. Nous n’aurons plus que quatre petites lieues pour être à la frontière, sans passer par aucune ville. Votre Majesté couchera avec ses enfants au château de la Tour, appartenant au général des dragons de la Tour, situé sur terres de l’Empire, à dix lieues de Luxembourg. Il sera expédié pendant la nuit un courrier au maréchal de Broglie pour lui demander des relais à moitié chemin et une escorte en cas d’événement.

— Je suis très-contente de ce que vous me dites. Je ne balancerois pas un moment sans le Roi; mais je ne pourrai pas me résoudre à le laisser seul : je crains trop pour ses jours.

— Vous les sauverez, Madame, car quand ils n’auroient plus la mère et les enfants à leur disposition , ils mettroient plutôt le Roi dans du coton que de lui faire le moindre mal. Ces gens-là savent que les Rois ne meurent jamais en France.

— Il faudra donc que j’avertisse le Roi et que je le mette dans la confidence?

— Certainement, Madame, il n’y a pas là-dessus le moindre doute; mais il faut que personne ne puisse dire que le Roi savoit votre départ. Et à cet effet, la veille, à sept heures et demie du soir, vous remettrez à une de vos femmes qui est de service, et qui cependant ne couche pas au château, une lettre, avec ordre de la remettre au Roi à son lever, c’est-à-dire à neuf heures. Elle pourroit être, Madame, conçue à peu près en ces termes :

"Mon très-honoré seigneur et auguste époux,

D’après les assassinats commis sur ma personne les 5 et 6 de ce mois, il m’est impossible de me dissimuler que j’ai le malheur effroyable de déplaire à vos sujets. Ils s’imaginent que je m’oppose à la constitution nouvelle qu’ils veulent donner à votre empire. Pour ôter à mon égard toute espèce de soupçon, j’aime mieux me condamner à une retraite profonde hors de vos États, où je ne rentrerai, mon très-honoré et auguste époux, que quand la tranquillité y sera rétablie et que la constitution y sera entièrement achevée."

— Vous voyez, Madame, qu’avant que le Roi ait envoyé chercher le ministre de l'intérieur, qu’avant que celui-ci ait été chercher le président de l’Assemblée pour l’introduire chez le Roi, le temps nécessaire pour la tenue d’un petit conseil, celui des débats à l'Assemblée nationale, il se passera au moins trois heures, et avant que l’on puisse envoyer le premier courrier à la suite de Votre Majesté, qui sera déjà pour lors à quarante-cinq lieues de Paris, elle n’en aura plus que quinze à faire pour être à la frontière; et encore comment pourra-t-on découvrir la vraie route de Votre Majesté? Je la supplie de vouloir bien peser dans sa sagesse tout ce que mon dévouement m’inspire pour son bonheur et celui du Roi."

Je la revis le lendemain matin, et toujours dans les dispositions de profiter de l’avis que je m’étois permis de lui donner. Elle me fit seulement des difficultés sur ce qu’elle auroit préféré que je l’eusse attendue à Buzancy avec ma fille.

"J’y consens très-volontiers, mais je supplie Votre Majesté d’observer que cela exigera plus de monde dans sa confidence; dans ce cas, il faudra que je lui remette un petit itinéraire, à cause de la
traversée de Jonchery à Saint -Thierry, de Saint- Thierry à Isle, et de celle d’Isle à Pauvre."

L’indécision où je la laissai me détermina à aller moi-même dans la rue Dauphine acheter les cartes de Cassini pour Reims et Montrnédy, que je remis le même soir avec l’itinéraire à madame Thibaut. La Reine m’avoit parlé en mal de l’évêque comte de Châlons. Ma famille avoit toujours été amie de cette maison. Je demandai à la Reine la permission de vouloir bien prendre des renseignements sur son compte. Je priai ce prélat de passer chez moi. Il se trouva que c’étoit une atrocité qui lui étoit faite , comme cela arrivoit souvent dans ce temps-là à la
cour. Je l’engageai à venir me voir à Buzancy, et je le priai de m’avertir deux jours auparavant pour lui envoyer des relais, à l’effet de lui éviter des frais de poste le plus possible, en lui indiquant une route qui lui épargneroit du chemin.

J’avois dans la tête l’affaire de la Reine, qui m’occupoit beaucoup. J’étois obligé de faire écrire par un commis l’itinéraire que je devois remettre à Sa Majesté; je l’écrivis sous le nom de l’évêque de Châlons, afin que le commis ne se doutât de rien, et aussi pour ne pas perdre de vue l’atrocité qu’on avoit faite à l’évêque, et encore pour éviter toute espèce d’inconvénient si la Reine, par hasard, le laissait dans ses poches ou dans son écritoire.

La Reine n’a changé d’avis que le 19; elle m’avoit beaucoup parlé la veille du départ du duc d’Orléans pour l’Angleterre, et de ce coquin de Laclos, son secrétaire, me disant que c’étoit une faiblesse de le laisser partir, et qu’après ses délits des 5 et 6 octobre on auroit dû l’arrêter et s’assurer de sa personne. Je lui répondis :

"Mais depuis quatre mois le trône ne vit que de faiblesses.

— Au surplus, me dit-elle, quand il sera là-bas, nous serons plus tranquilles et plus en sûreté. »

C’est peut-être parce qu’elle s’est crue plus en sûreté qu’elle a changé d’avis le lendemain. Il se peut faire aussi que, comme on parloit beaucoup dans ce temps-là de la loi du divorce, elle ait craint qu’on n’eût forcé le Roi, dont elle connoissoit la faiblesse, à la sacrifier dans le cas où elle quitteroit le royaume. Au surplus, voici ce qu’elle m’a ajouté ;

"Toute réflexion faite, je ne partirai pas : mon devoir est de mourir au.x pieds du Roi.

— Votre devoir est encore plus de le sauver. Je n’ai jamais désiré. Madame, d’être plus que je ne suis; mais dans ce moment-ci je voudrais avoir une place assez majeure et qui me donnât en même temps la force de vous persuader. Je ne suis que votre secrétaire, et fait pour exécuter vos ordres. Il viendra un temps où Votre Majesté voudra s’en aller, et elle ne le pourra pas. Je vous le répète. Madame, la maladie que le royaume essuie est bien forte : elle n’est pas à son dernier période, elle ne fera qu’augmenter de mois en mois, et il viendra un temps où
il n’y aura peut-être plus de remède.

— Je ne dis pas que je ne prendrai pas le parti que vous me proposes, mais je crois que je ne peux l’exécuter qu’avec le Roi. Au surplus, faites-moi un petit mémoire sur notre position actuelle et sur ce qui nous reste à faire.

Madame, je vais m’en occuper. »

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MessageSujet: Re: le projet d'évasion d'augeard   le projet d'évasion d'augeard Icon_minitimeJeu 6 Juil - 14:37

Elle fait la girouette, Antoinette, elle ne savait plus où donner de la tête, sans mauvais jeu de mots. le projet d'évasion d'augeard 588717

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