Le Comte Valentin Esterhazy

J'ai commencé à lire les mémoires du Comte Valentin Esterhazy, un grand ami de la reine qui a fait partie de son "cercle intime" et qui reste très discret dans les écrits.
Je précise tout de suite, pour notre amie Zoom, que je suis conscient que ces mémoires sont à prendre avec des pincettes, tant l'auteur ne doit pas être très objectif de part son rang et sa vie
D'ailleurs celui qui présente et introduit ces mémoires le précise lui même....

Mais dès le début j'y lis une information que j'avoue avoir oubliée : Choiseul aurait envoyé Esterhazy à Vienne pour qu'il montre et donne un portrait de Louis-Auguste à Antonia...je sais qu'effectivement un tel portrait lui avait été montré à Vienne, mais j'avais oublié que c'était Esterhazy l'émissaire...quelqu'un confirme?

Ce renseignement se trouve confirmé sur ce site consacré à la famille Esterhazy:

Count Balint Miklos (1740-1805), son of Balint Jozsef, was an enthusiastic partisan of the duc de Choiseul, on whose dismissal, in 1764, he resigned the command of the French regiment of which he was the colonel. It was Esterhazy who conveyed to Marie Antoinette the portrait of Louis XVI. on the occasion of their betrothal, and the close relations he maintained with her after her marriage were more than once the occasion of remonstrance on the part of Maria Theresa, who never seems to have forgotten that he was the grandson of a rebel. At the French court he stood in high favour with the comte d'Artois. He was raised to the rank of marechal de camp, and made inspector of troops in the French service in 1780. At the outbreak of the French Revolution, he was stationed at Valenciennes, where he contrived for a time to keep order, and facilitated the escape of the French emigres by way of Namur; but, in 1790, he hastened back to Paris to assist the king. At the urgent entreaty of the comte d'Artois in 1791 he quitted Paris for Coblenz, accompanied Artois to Vienna, and was sent to the court of St Petersburg the same year to enlist the sympathies of Catherine II. for the Bourbons. He received an estate from Catherine II., and although the gift was rescinded by Paul I., another was eventually granted him. He died at Grodek in Volhynia on the 23rd of July 1805.

See Memoires, ed. by E. Daudet (Fr.) (Paris, 1905), and Lettres (Paris, 1906).

http://www.1911encyclopedia.org/Esterhazy_of_Galantha

Balint traduit en Valentin ?

Ah! Merci infiniment Pim! Toujours aussi forte pour trouver des sources j'adore!
Il me semble que les historiens ne précisent pas tous ce détail...mais bon au moins ça semble confirmer la bonne foi d'Esterhazy...même si je pense qu'il n'aurait pas menti sur un truc aussi gros....

Le Comte Valentin Esterhazy, contrairement aux bourreaux des coeurs du genre Lauzun ou Besenval, était très amoureux de sa femme, de 25 ans sa cadette, et quand il était en déplacement, il lui écrivait tous les jours, en l'appelant sa "chère Fanny"....a priori il n'a pas eu de maîtresse, et Marie-Antoinette ne l'a jamais vraiment attiré, physiquement parlant.
Il parle très peu de Fersen aussi....signe que rien de notable à ce niveau

Citation :

Il parle très peu de Fersen aussi....signe que rien de notable à ce niveau

Pourtant, il servait de boîte aux lettres, et aurait partagé des confidences, si confidences il y eut, évidemment...

Citation :

... de 25 ans sa cadette

Ca aide !

Oh... que je suis mauvaise langue...

Citation :

Pourtant, il servait de boîte aux lettres, et aurait partagé des confidences, si confidences il y eut, évidemment...

Ah oui?
Comme quoi tout est relatif...car dans ses mémoires il reste plus que discrêt sur Fersen...

Citation :

Ca aide !

Oh... que je suis mauvaise langue...

Oh!!! Oh la méchante
Mais lui il semblait vraiment amoureux d'elle...et pas de son corps essentiellement

Citation :

Comme quoi tout est relatif...car dans ses mémoires il reste plus que discrêt sur Fersen...

Peut-être tout simplement, comme ceux qui étaient vraiment proches, comme Campan, par exemple, parce qu'il n'y avait rien à dire...

Citation :

Mais lui il semblait vraiment amoureux d'elle...et pas de son corps essentiellement

Oh, tu sais, à l'époque, on enrobait si joliment les sentiments...

Nan, j'te charrie... Je veux bien te croire qu'Esterhazy était très amoureux de sa femme. Il n'a d'ailleurs pas défrayé la chronique.

Citation :

Peut-être tout simplement, comme ceux qui étaient vraiment proches, comme Campan, par exemple, parce qu'il n'y avait rien à dire...

C'est ce que je pense aussi
Quand il n'y a rien de spécial à dire, on ne le dit pas....

Citation :

Nan, j'te charrie... Je veux bien te croire qu'Esterhazy était très amoureux de sa femme. Il n'a d'ailleurs pas défrayé la chronique.

Oui il lui écrivait tous les jours quand il était absent, et il l'était souvent!
Et quand il parle de Marie-Antoinette, il garde une distance certainement dûe à son rang, mais aussi au respect qu'il avait pour elle

Un détail surprenant que j'apprends en lisant ses mémoires, Esterhazy a connu une période assez dure coté finances quand il était enfant, suite à la mort de son père. Ce dernier possédait un régiment, mais il avait contracté beaucoup de dettes, et les pensions qu'il touchait du Roi n'étaient pas très élevées...donc à sa mort sa mère n'avait pas grand chose pour élever le futur Comte Esterhazy et sa soeur...
Valentin a donc été après 8 ans de galères, adoptés par une famille plus aisée...honnêtement j'étais loin de me douter de cela...

Voici le bref passage où Esterhazy parle du moment où il rencontra la future Dauphine à Vienne en 1770, pour lui montrer un portrait de Louis-Auguste (tiré de ses mémoires) :

" J'arrivais à Vienne. Admis dans la société de l'archiduchesse, j'assistais au cercle qu'elle avait chez elle tous les soirs, et au loto qu'on lui apprenait. A cet époque ont commencé les bontés dont elle n'a cessé de m'honorer toute sa vie, et dont j'ai reçu des preuves constantes jusque peu de jours avant le 10 Aôut 1792, jour affreux dont les suites cruelles seront à jamais une tache pour la France, et dont le souvenir déchirant a livré mon âme à une tristesse que le temps ne pourra jamais effacer, en m'inspirant pour ce pays une horreur qui m'empêchera à jamais d'y rentrer.[...]Quand je vis partir cette princesse pour être l'ornement du plus beau trône du monde, j'étais loin de penser qu'elle devait y trouver un échafaud."

On sent Esterhazy plein de nostalgie quand il repense à cette jeune Archiduchesse, et à ce qu'il lui est arrivé par la suite...

Merci, Chou ! Grand attachement, que Marie Antoinette lui rendait bien.

Dis donc... cercle chez elle tous les soirs, quand elle n'avait que 14 ans... ça devait être pompant !

Ah avec une Antonia jeune, fraiche et plein de joie de vivre, entourée de ses amis Autrichiens, je pense que l'ambiance devait être bonne en effet
Assez du moins pour que Esterhazy s'en souvienne

Un petit extrait des mémoires d'Esterhazy très révélateur du caractère de Marie-Antoinette, du moins s'il est authentique, d'après Esterhazy : le nouveau ministre de la guerre le Comte de Saint Germain qui n'appréciait pas Esterhazy, décida d'envoyer son régiment de hussards à Montmédy, la garnison la plus désagréable du pays selon Esterhazy. Ce dernier a donc fait part de cette décision désolante à la Reine, voici sa réponse :

"- Laissez moi faire. Vous entendrez vous même ce que je lui (Saint Germain] dirai.
Elle envoya chercher le ministre, et en le voyant, s'écria :
- Il suffit donc, monsieur, que je m'intéresse à quelqu'un pour que vous le persécutiez! Pourquoi envoyez vous le régiment d'Esterhazy à Montmédy, qui est une mauvaise garnison et où on ne met jamais des troupes à cheval? Voyez à le placer ailleurs.
- Mais, madame, objecta le ministre mourant de peur, les destinations sont faites; peut-on déplacer un ancien régiment pour en mettre un nouveau?
- Comme vous voudrez; mais que M. Esterhazy soit content, et vous viendrez m'en rendre compte."

j'adore ce ton

Je viens d'apprendre quelque chose d'intéressant en lisant les mémoires d'Esterhazy
D'après lui, il aurait hébergé une nuit le Comte d'Artois, ses enfants (le Duc d'Angoulème et le Duc de Berry), et leur gouverneur, lors de leur fuite de Versailles le 17 Juillet 1789. Et le lendemain il les aurait aidés à partir loin de Paris...
On peut donc dire que le Comte Esterhazy a aidé un futur Roi à fuir

Chou d'amour a écrit:

On peut donc dire que le Comte Esterhazy a aidé un futur Roi à fuir

Deux futurs Rois, veux-tu dire !
Il y avait, en effet , Charles X mais aussi le bref Louis XIX

Bien à vous.

Ah tu as amplement raison Majesté, j'ai oublié ce pauvre Louis XIX au temps pour moi

Portrait de l'intéressé -