Au petit matin du 02 novembre 1755, l'impératrice Marie-Thérèse ressentit les premières douleurs, annonciatrices de l'imminente venue au monde de son quinzième enfant
Pour quelques heures, elle accepta de s'installer dans l'immense chambre de parade du palais de la Hofburg, où trônait un lit d'apparat rococo tendu de velours rouge brodé d'or et d'argent
Une anecdote rapportée par l'écrivain Pierre-Antoine de La PLace affirme que la souveraine, travailleuse acharnée, insista pour signer encore quelques papiers juste après avoir perdu les eaux: "forcée de quitter la plume, elle ne tarde pas à mettre au monde une archiduchesse; mais qu'à peine l'a-t-elle vue que se faisant apporter ses expéditions, elle les signe, malgré toutes les représentations qui lui sont faites"
La petite fille, née vers 7H30 du matin, était l'avant-dernier enfant né de l'union entre Marie-Thérèse de Habsbourg et l'empereur François Ier du Saint-Empire
La nouvelle, saluée par un Te Deum et par des festivités offertes aux Viennois, fut notifiée à toutes les institutions des Etats héréditaires de l'Autriche et du Saint-Empire
La petite Marie-Antoinette était venue au monde le jour des morts, mais sa naissance fut également marquée par l'annonce à Vienne d'un tremblement de terre advenu à Lisbonne
Cette coïncidence suscita a posteriori de nombreux commentaires, comme si la future reine n'avait pu naître que sous une mauvaise étoile
En réalité, les contemporains n'avaient pas besoin d'un tel cataclysme pour avoir l'impression de vivre une ère de bouleversements inédits.
L'abbé de Verrot, historien très lu au XVIIIème siècle, considérait son époque comme celle des révolutions, et ce plusieurs décennies avant la prise de la Bastille.
LEs précédentes guerres de Succession, d'Espagne, de Pologne puis d'Autriche, avaient amené de profonds chamboulements diplomatiques, remettant en question les alliances entre Etats pérennises par les traités de Westphalie de 1648
La petite archiduchesse vit le jour entre deux conflits globaux, à l'aube d'une nouvelle ère des relations internationales
BiographieEnfance à VienneLa famille impériale (Martin van Meytens, 1754)
(Maria Antonia Josepha Johanna von Habsburg-Lothringen)Evelyne Lever nous raconte dans son livre "C'était Marie-Antoinette"Les fenêtres largement ouvertes malgré les rigueurs de la saison, comme à son habitude, l'impératrice Marie-Thérèse travaille sans relâche
Elle annote les rapports, paraphe les décrets, dicte ses ordres lorsque soudain les premières douleurs la font tressaillir
pour la quinzième fois de sa vie, cette souveraine de 38 ans qui dirige un empire s'apprête à accoucher
La nature reprend ses droits et la femme-chef d’État n'a plus qu'à attendre stoïquement sa délivrance
Mais comme Marie-Thérèse déteste perdre son temps, elle tire parti de l'incommodité du moment pour se faire arracher une dent gâtée
Cette opération expédiée, elle s'installe, suivant la coutume allemande, sur le fauteuil bas où naîtra son enfant
En toute hâte, on prévient François- Étienne de Lorraine, son époux, que la naissance est imminente
Avec son fils Joseph, ce prince assistait à la messe des morts en l'église des Augustins
Après avoir pris le soin de faire reconduire le jeune homme dans ses appartements, de peur qu'il n'entende "des choses inconvenantes", il accourt au chevet de sa femme
Le travail est laborieux, mais vers 7 heures et demie du soir, une petite fille parfaitement constituée voit le jour
Marie-Antoinette est la quinzième et avant-dernière enfant de l’empereur François III de Lorraine
(François Étienne de Lorraine, Kaiser des Heiligen Römischen Reiches 1708-1765) et de l’archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême Marie-Thérèse dite « la Grande »
(Maria Theresia von Habsburg, Kaiserin des Heiligen Römischen Reiches 1717-1780) au milieu de leurs cinq fils (Joseph l’héritier du trône, Léopold, Charles, Ferdinand et Maximilien) et de leurs huit filles (Marie-Anne, Marie-Christine, Marie-Élisabeth, Marie-Amélie, Marie-Jeanne, Jeanne-Gabrielle, Marie-Josèphe, Marie-Caroline).
L'archiduchesse, prénommé Marie-Antoinette-Josèphe-Jeanne, naît le 02 novembre 1755, au palais de la Hofburg, à Vienne (Autriche)
Baptisée le 03 novembre 1755 à Anticamera au Palais de Schoenbrunn à Vienne (Autriche)
sous les prénoms de Maria Antonia Josepha Joanna.
Ses parrain et marraine sont le roi Joseph Ier de Portugal D. José Ier o Reformador de Bragança, roi de Portugal 1714-1777) et son épouse la reine Marie Anne Victoire d'Espagne (María Ana de Borbón, reine de Portugal 1718-1781)
roi Joseph Ier de Portugal D. José I o Reformador de Bragança, roi de Portugal 1714-1777)Marie Anne Victoire d'Espagne (María Ana de Borbón, reine de Portugal 1718-1781) On apprend quelques jours plus tard qu'un tremblement de terre a ravagé Lisbonne la veille de la naissance de l'archiduchesse, jour des Défunts; d'aucuns y voient, surtout après 1793, un mauvais présage.
Elle est aussitôt confiée aux « ayas », les gouvernantes de la famille royale comme Mme de Brandeis et partage son enfance entre le palais de la Hofburg à Vienne et le château de Schönbrunn.
Son enfance est ponctuée de nombreuses rencontres, comme celle avec le tout jeune enfant prodige Mozart dans le Salon des Glaces du palais de Schönbrunn le 13 octobre 1762, ce dernier l’ayant ingénument demandée en mariage à cette occasion
Marie-Antoinette reçoit une éducation où le maintien, la danse, la musique et le paraître occupent l’essentiel de son temps, ne bénéficiant, de ce fait, d’aucune éducation politique.
Cependant, à l'âge de dix ans, elle a encore du mal à lire ainsi qu’à écrire en allemand, parle peu et difficilement le français, et très peu l’italien – trois langues qui étaient alors parlées couramment dans la famille impériale, sans compter son apprentissage des rudiments de latina. Mme de Brandeis, rendue responsable par l'impératrice du retard de la jeune princesse, est congédiée et est remplacée par Mme de Lerchenfelda, plus sévère. Maria Antonia est à cette époque une enfant espiègle, étourdie et volontiers moqueuse.
À cette époque, la cour d’Autriche possède une étiquette beaucoup moins stricte que celle de Versailles: les danses y sont moins complexes, le luxe y est moindre et la foule moins nombreuse. La jeune Maria Antonia Josepha est très proche de sa plus jeune sœur aînée, Marie-Caroline, qui deviendra reine de Naples en épousant Ferdinand Ier des Deux-Siciles.
Les filleules et filleuls de Marie-AntoinetteFilleul: Louis Joseph de Rosières de Sorans 1764-ca 1774
Filleul: Louis de Bonnefoy, baron du Charmel 1774-1861
Filleule: Antoinette Grétry 1775-1790
Filleul: Louis-Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême 1775-1844
Filleule: Antoinette Clémence Ducreux 1776-1843
Filleule: Laure Hinner 1777-1836
Filleule: Marie Louise Antoinette David de Perdreauville 1774
Filleule: Antoinette Louise Auguié 1780-1833
Filleule: Louise Antoinette de Labrousse 1780-1836
Filleul: Louis Antoine de Boucheman 1782-1801
Filleul: Antoine de Souza Coutinho 1783
Filleul: Luiz Roque de Souza Coutinho, marquês de Santa Iria 1783-1850
Filleul: Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien 1772-1804
Filleul: Antoine d'Orléans, duc de Montpensier 1775-1807
Filleul: Louis-Philippe Ier d'Orléans, roi des Français 1773-1850
Filleule: Adélaïde d'Orléans 1777-1847
Filleul: Louis Emmanuel de Guignard de Saint-Priest, Duque de Almazán 1789-1881
Marie-Antoinette sera témoin aux mariages suivants:1771: Témoin au mariage de Louis, duc d'Aumont 1736-1814 et de Antoinette Marguerite Henriette Mazade 1756-1822
1773: Témoin au mariage de Charles X de Bourbon, roi de France 1757-1836 et de Maria-Teresa di Savoia, comtesse d'Artois 1756-1805
1780: Témoin au mariage de Louis-Marthe de Gouy d'Arsy, marquis d'Arcy 1753-1794 et de Amable Hux de Bayeux 1763
1781: Témoin au mariage de Louis, marquis de Chérisey 1751-1827 et de Amélie Le Séneschal 1764-1854
1784: Témoin au mariage de Charles Odet du Mas, marquis de Paysac 1749-1821 et de Jeanne Pétronille de Burman de Valeyre +1826
Les fausses couches de Marie Antoinette:
La reine Marie-Antoinette connut deux fausses-couches: été 1779: La première intervient au début de l'été 1779. Mme Campan note:
"Peu de temps après la naissance de Madame, la reine devint grosse. Elle n'avait encore parlé de son état qu'au roi, à son médecin, et à quelques personnes honorées de sa confiance très intime, lorsque ayant levé avec force une glace de sa voiture, elle sentit qu'elle s'était blessée, et huit jours après elle fit une fausse-couche".
(Source: "Les princes du malheurs" de Philippe Delorme, pages 56-57). Reynald Secher et Yves Murat évoquent eux aussi cette fausse-couche dans "Un prince méconnu, Le dauphin Louis-Joseph, fils de Louis XVI": "La reine aurait sans doute mis un enfant au monde en 1780 mais la grossesse n'arrivera pas à terme, une fausse-couche en effet ayant mis fin à ses espoirs" (page 16). 02 novembre 1783: La seconde fausse-couche se produit le 2 novembre 1783: Marie-Antoinette est enceinte depuis l'été et écrit à son frère Joseph II en septembre
"Ma grossesse et ma santé vont à merveille".
Cependant
"dans la nuit du 1er au 2 novembre, alors que la cour réside à Fontainebleau, Marie-Antoinette est prise de douleurs et fait une fausse-couche".
On ignore le sexe de l'enfant venu au monde prématurément
(Sources: "Les princes du malheurs" de Philippe Delorme, pages 92-93;Simone Bertière évoque egalement cette fausse-couche dans "Marie-Antoinette l'insoumise" (poche, page 387).