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 12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis

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yann sinclair

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12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis Empty
MessageSujet: 12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis   12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis Icon_minitimeMer 25 Oct - 15:24

Samedi 12 octobre 1793
Primidi 21 vendémiaire an II Chanvre
12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis Basili12

L’ossuaire royal

Aujourd’hui, il n’y a plus de corps sous les gisants des rois


En 1793, après l’exhumation des restes royaux, les révolutionnaires ont jeté les cendres de 42 rois, 32 reines, 63 princes, 10 serviteurs du royaume, et d’une trentaine d’abbés ou de religieux divers, « entre des lits de chaux », dans des fosses communes de l’ancien cimetière des moines alors situé au Nord de la basilique.
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En 1817, le roi 12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis 15px-Red_crown Louis XVIII fait rechercher ses ancêtres.

Les travaux pour retirer les squelettes des deux fosses ont pris plusieurs jours et plusieurs nuits.

Mais les ossements étaient alors impossibles à identifier.

On a toutefois bien séparé ceux provenant de la fosse des Bourbons des autres.

Ils ont été placés dans un énorme cercueil.

Les restes des Valois, Les Capétiens directs, Carolingiens et Mérovingiens ont été répartis pèle mêle dans quatre cercueils noirs à fleurs de lys.

Les cercueils ont ensuite été descendus dans la crypte, dans l’ancien caveau où se trouvait jusqu ‘en 1793 le corps de Turenne, (sous l’ancienne chapelle de Notre-Dame-la-Blanche)

L'ossuaire se situe sur le plan au n° 8

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On voit le couloir d'accès qui relie le déambulatoire à la petite pièce où se trouvent les plaques avec les noms des rois.

Derrière elles se trouvent les deux ossuaires.

On y accède à partir du déambulatoire de la crypte, et juste avant l’escalier qui en sort au Nord, par un couloir de 5 mètres fermé d’une grille.

A droite et à gauche de l'entrée du couloir se trouvent cinq plaques avec les noms des illustres personnages inhumés dans la basilique.

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On aboutit alors à un petit réduit de 2 x 2 mètres, mais sous une voûte amputée.

De chaque côté se trouve de nouveau une grande plaque de marbre noir portant les noms des dizaines d’individus royaux ou princiers dont les ossements sont entassés derrière.

Elles reproduisent le contenu de trois panneaux de marbre se trouvant de part et d’autre de l’entrée du couloir.

On peut y lire (entre autres ! Car il y a des restes d’environ 170 personnes !):

1) sur la plaque de gauche:
(Rois et reines arrachés à leur sépulture les 17, 18, 19, 20, 21, 22,23, 24 octobre 1793)

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Les rois
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Dagobert, Charles VII le Chauve, Philippe II Auguste, Louis VIII le Lion, Philippe IV le Bel, Louis X le Hutin, Jean Ier le Posthume, Philippe V le Long, Charles IV le Bel, Philippe VI de Valois, Jean II le Bon, Charles VIII, Louis XII, François Ier, Henri II, François II, Charles IX, Henri III…

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Les reines
12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis 15px-Red_crown
Nanthilde, Marguerite de Provence, Jeanne de Bourgogne, Jeanne de France, Jeanne d'Évreux, Blanche de Navarre, Anne de Bretagne, Claude de France, Catherine de Médicis, Marguerite de Valois. ..

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2) Sur la plaque de droite:
(Rois et reines arrachés à leur sépulture les 12, 14, 15, 16 octobre 1793)

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Les rois
12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis 15px-Red_crown
Charles V, Charles VI, Charles VII, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV …

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Les reines
12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis 15px-Red_crown
Jeanne de Bourbon, Isabeau de Bavière, Marie d'Anjou, Marie de Médicis, Anne d'Autriche, Marie-Thérèse d'Autriche, Marie Leszczyńska …


12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis 15px-Red_crown Louis XVIII avait ordonné de bien maçonner les deux petits espaces derrières les plaques, servant d’ossuaires.

Personne n’a donc vu ce qui s’y trouve depuis 1817.

Les cinq cercueils doivent toujours y être.

Mais dans quel état … ?


La caisse aux ossements
(caveau central; sous la crypte)
[ Attention ! A ne pas confondre avec le grand ossuaire ! ]


Sous la crypte, dans le caveau central, se trouve une caisse à côté des cercueils de Louis XVI

C’est une boîte en chêne contenant des ossements royaux.

Quelle est son histoire ?

Quelle est le degré de traçabilité de ces restes royaux ?

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Intérieur de la crypte des Bourbons - état fin XIX° siècle

Les travaux de Jules Formigé les ont repoussés un niveau en dessous, dans le caveau sous la crypte.
(https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1957_num_101_1_10722)

Des dalles de marbre noir ont pris leur place.

La caisse aux ossements, que l'on voit au premier plan, entourée par le cercle noir, les a suivis.


En 1898, un employé du Musée du Louvre découvrait dans un carton poudreux toute une collection d'ossements.

Ils étaient munis d'une étiquette; la stupéfaction fut grande quand on lut successivement sur une étiquette:

- Omoplate de Hugues Capet
- fémur de Charles V
- tibia de Charles VI
- vertèbre de Charles VII
- vertèbre de Charles IX
- côte de Philippe IV le Bel
- Côte de Louis XII
- Mâchoire inférieure de Catherine de Médicis
- Tibia du Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz

D'où venait cet ossuaire, ou plutôt ce squelette démonté, dont chaque roi avait fourni son échantillon?

Le 30 mars 1893, le Figaro reproduisait une lettre adressée à M. Émilien de Nieuwerkerke, alors organisateur, au Louvre, du Musée des Souverains, datée de 1864, et contenant l'histoire de « ce squelette de la monarchie française »:

« Monsieur le Surintendant,

« Lorsque j'ai eu l'honneur de vous voir, il y a quinze jours, vous m'avez invité à vous faire une notice historique au sujet des ossements royaux qui se trouvent en ma possession; je vais être obligé d'entrer dans quelques détails, mais je tâcherai d'être aussi bref que possible. Vous m'avez dit que les ossements ne vous étaient pas inconnus et que vous aviez déjà été informé de leur existence, Je n'entreprendrai pas dès lors d'expliquer comment M.
Jacques-Philippe Ledru, ancien maire de Fontenay-aux-Roses se les était pro- curés. Il me suffira de vous faire connaître que M. Ledru avait été l'ami intime du chevalier Alexandre Lenoir, le fondateur du Musée des curiosités, dit des Petits-Augustins, lequel, créé en 1793, fut formé sous la Restauration; et que le chevalier Lenoir avait assisté, comme inspecteur, à l'exhumation des cadavres, lors de la profanation des tombes royales de Saint-Denis qui eut lieu au mois d'octobre 1793. Ce que je dois surtout vous expliquer, c'est comment les objets ont quitté le cabinet de curiosité du maire de Fontenay pour devenir ma propriété. M. Ledru est mort vers 1834 ou 1835; c'est sa veuve. Madame Ledru, née Lemaire, ma tante, qui me les a donnés en 1842 ou 1843. J'avais quinze ou seize ans, j'apprenais le dessin..., et Mme Ledru me remit les ossements en me disant qu'ils pourraient m’être utiles pour l'étude de l'Académie. Elle ne me parla aucunement de leur origine, mais elle me recommanda de les conserver soigneusement, de ne pas les donner et de les ensevelir s'ils n'étaient pas utiles.
Ce n'est que lorsque ma tante mourut, au mois d'octobre 1848, que j'appris l'importance du cadeau qu'elle m'avait fait. Comme j'assistais, quelques jours après, au dépouillement de ses nombreux papiers, j'entendis un homme d'affaires lire à haute voix une liste d'ossements dont la réunion paraissait assez étrange.
Je fus frappé du rapport qui existait entre cette liste et les objets dont j'étais possesseur. Je réclamai le papier, et aussitôt que je fus rentré chez moi, je fis une comparaison à la suite de laquelle je fus convaincu que j'avais entre mes mains une omoplate de Hugues Capet, un fémur de Charles V, un tibia de Charles VI, une vertèbre de Charles VII, une côte de Philippe le Bel, une côte de Louis XII, etc.,

« Quelques mois plus tard, je lisais dans un roman intitulé: Les mille et un fantômes, chapitre IV, un passage où l'illustre conteur parle de ces ossements qu'il avait eu l'occasion de voir, en 1831, chez M. Ledru lui-même...
Ce n'est pas sans effort, je vous en fais l'aveu, que je m'en sépare... »


Lemaire
Avenue de Neuilly , 165.


Le même M. Lemaire, qui avait écrit cette lettre à M. de Nieuverkerke et qui vivait encore, adressait la lettre suivante au Directeur de l'Intermédiaire des chercheurs et curieux:

« Neuilly, 3 juillet 1893.


« Monsieur le Directeur.

« Dans le numéro du 20 octobre 1892, de l'Intermédiaire, M. Edouard Montagne demandait, ce qu'étaient devenus les ossements royaux qui avaient appartenu à M. Ledru, oncle de M. Ledru-Rollin. Je ne répondis rien, parce que je me demandais, moi-même, alors, ce qu'ils étaient devenus. Le 3o mai dernier, j'apprenais encore par les Nouvelles de l'Intermédiaire qu'on les avait trouvés dans les greniers du musée du Louvre, et, le même jour, le Figaro reproduisait une lettre de moi à M. de Nieuwerkerke, datée de 18G4, et contenant l'histoire de ces ossements.
Tout le monde connaissant maintenant cette lettre et cette histoire dont tous les journaux ont parlé, je crois inutile de donner de nouvelles explications. Cette lettre de 1864 avait, d'ailleurs été déjà reproduite en 1883 dans L’Artiste par M. de Chennevières, dans un article intitulé : Souvenir d'un ancien Directeur des Beaux-arts.

« Aujourd'hui, on paraît généralement convaincu de leur authenticité. Dans les lignes qu'il ajoutait à ma lettre dans l'Artiste, M. de Chennevières disait que la liste qui les accompagne, sur papier à entête de la neuvième mairie de Paris, lui semblait indubitablement de l’écriture bien connue d’Alexandre Lenoir, et il ajoutait cette réflexion : Quels applaudissements de la conscience publique n'accueilleraient pas, aujourd'hui, le ministre qui rendrait à l'abbaye de Saint-Denis les ossements de nos rois.
Quelques journaux ont cependant émis des doutes et ont demandé qu'ils fussent simplement rendus à la terre à laquelle ils appartiennent.
« Pour moi, ma conviction n'a pas changé sur l'origine de cette collection, qui était connue de M. Dulort, comme l'a dit Fournier, d'Alexandre Dumas père (Les Mille et un fantômes, tome I"), de Ledru-Rollin et de M. de Nieuwerkerke lui-même, et c'est avec le plus grand étonnement que j'ai appris qu'elle n'avait pas été restituée à la Basilique de Saint-Denis, comme M. le Surintendant des beaux-arts, sous le second Empire, me l'avait promis en dernier lieu.
En résumé, si, comme le Temps vient de l'annoncer tout récemment, en donnant mon nom et mon ancienne qualité au ministère de l'intérieur, le chapitre de Saint-Denis est invité à reprendre ces ossements et qu'il y consente, c'est bien, l'affaire est terminée.

« Mais si cette restitution présente des difficultés, il restera encore la question de savoir dans quelle terre, dans quel cimetière on mettrait ces débris humains.
Dans ce cas, comme j'ai eu l'honneur de le dire, le 26 mai dernier, à M. le Directeur des musées nationaux, je croirais lui rendre service en exprimant le désir qu'on me les rendît.
Je solliciterais de M. le Préfet de la Seine l'autorisation de les déposer dans mon caveau de famille, où j'irais les rejoindre tôt ou tard.
Après avoir eu ces ossements comme modèles pour mes premières études de la charpente humaine, quand j'avais quinze ans; après les avoir conservés vingt ans comme un pieux souvenir de famille, je me sentirais encore honoré de les avoir auprès de moi dans ma dernière demeure.
« Agréez, etc.


Léon Lemaire,
Ancien Commissaire Inspecteur de l'Imprimerie et de la Librairie.


Un an après, satisfaction était enfin donnée à M. Lemaire qui pouvait lire le 10 juillet 1894, dans l'Intermédiaire des chercheurs:

« La direction des musées nationaux, déférant au vœu exprimé par M. Lemaire, dans l'Intermédiaire, décida, au mois d'août 1893, que ces ossements seraient déposés dans la Basilique de Saint-Denis. Mais le transfert définitif ne put s’effectuer, par suite de formalités administratives, que le 12 mai dernier, où M. Trawinski, secrétaire des musées nationaux, remit à M. Darcy, architecte de la Basilique, les ossements royaux provenant d Albert Lenoir et donnés par M. Lemaire »


La boîte en chêne, longue de 60 centimètres sur 40 de large, placée à côté du cercueil de Louis XVI, porte l'inscription suivante gravée sur une plaque de cuivre:

Ossements déposés dans la basilique Saint-Denis, aux termes d'une décision de M. le Ministre de l' instruction publique, des beaux-arts et des cultes, en date du 1er août 1898.

Lorsque l’architecte Formigé fit descendre la caisse et tous les cercueils dans le caveau sous la crypte,la caisse y fut également descendue.

Elle s’y trouve toujours.

Mais cette histoire appelle quelques remarques:

1°) On ne comprend pas bien, dans le récit de Lemaire et l’article de l’Intermédiaire, qui a remis quoi à qui.
Est-ce Alexandre Lenoir ou son fils Albert ?
En effet, les deux personnes sont cotées !
On a même une troisième version rapportée par G. Lenôtre à la même époque.
Ledru, fils d’un prestidigitateur de l’ancien régime, Comus, aurait bien participé lui-même au vol des reliques en 1793.
Il se serait donc dédouané en parlant de Lenoir.
Pourtant, la liste semble bien être de la main de Lenoir.

2°) Mais là surgit une grosse difficulté. Les attributions de la liste ne semblent pas fiables.
Alexandre (ou Albert ?)
Lenoir savait-il ce qu’il écrivait ?
En effet, le dernier om de la liste est celui du cardinal de Retz.
Or, le corps du cardinal n’a pas été retrouvé en 1793 !
Et ce n’était pas faute d’avoir cherché, nous raconte Dom Poirier.
En fait, le cercueil ne sera découvert que vers 1850 lors de travaux effectués par Violet-le-Duc à proximité du tombeau de François Ier.
Il est donc totalement impossible qu’Alexandre Lenoir ait possédé à partir des profanations de 1793 un morceau du corps en question.
De plus, la « mâchoire » de Catherine de Médicis présente ainsi un état qui ne cadre pas avec une relique à la traçabilité beaucoup plus assurée: la jambe de la reine, momifiée, qui se trouve au musée Tavet-Delacour de Pontoise.

Autant dire que ce document est approximatif.

On retiendra que ces ossements proviennent vraisemblablement des profanations de 1793, qu’ils s’inscrivent dans un petit trafic de reliques fait par Lenoir, mais que l’attribution individuelle de ces restes demeure douteuse.


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Dernière édition par yann sinclair le Lun 27 Aoû - 10:36, édité 6 fois
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MessageSujet: 12 octobre 1793: Basilique Saint-Denis   12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis Icon_minitimeMer 8 Aoû - 10:42


C’est au tour des corps des princes de subir la haine révolutionnaire


12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis Alexan10
Alexandre Lenoir défend les tombeaux des rois à Saint-Denis contre des révolutionnaires (1793)
Dessin aquarellé de Pierre Joseph Lafontaine
Paris, Musée Carnavalet- Musée Carnavalet / Roger-Viollet -
On reconnait au fond le tombeau de Louis XII


Du 12 au 25 octobre, les sépultures sont systématiquement violées.

Deux fosses communes creusées dans le cimetière des moines au Nord de la basilique attendent les restes royaux et princiers.

Les caveaux sont ouvert et le contenu de chaque tombe est examiné (on recherche les objets précieux, sceptres, bagues, couronnes…)

Les cadavres sont jetés dans la fosse des Valois (qui est aussi celle où Mérovingiens, Carolingiens, et Capétiens directs sont précipités) et dans la fosse des Bourbons.

12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis 2czy32b
La fosse dite des Valois est à gauche, celle des Bourbons en haut à droite
(emplacements représentés par un rectangle hachuré)


Au total, les révolutionnaires y ont jeté les restes de:
- 43 rois
- 32 reines
- 63 princes du sang
- 10 serviteurs du royaume
- et de deux douzaine d’abbés de Saint-Denis …

Soit plus de 170 corps …

On installe une fonderie devant le portail Nord pour fondre les cercueils et tout le plomb récupéré.

Un procès verbal est dressé sous la surveillance des commissaires politiques de la Convention.

Le tout est fait par une quinzaine d’ouvriers.

Des collectionneurs de curiosités descendent dans les fosses pour voir les défunts souverains et en profitent pour s’emparer de restes humains.

Comme au mois d’août, Alexandre Lenoir se rend à l’église pour faire des dessins des objets, squelettes et matériel funéraire retirés.

Lui-même n’a pas été à l’abri de la tentation de s’approprier quelques souvenirs macabres.

Il fait main basse sur un certain nombre de restes royaux.

Puis on verse de la chaux vive sur ces deux centaines de cadavres et l’on ferme les deux fosses qui devaient être oubliées à jamais.


Samedi 12 octobre 1793

Les membres composant la municipalité de Franciade, - nom que l'on donna à cette époque à la ville de Saint-Denis, - ayant donné l'ordre d'exhumer dans l'abbaye de Saint-Denis les corps des rois, des reines, des princes et princesses qui y avaient été inhumés pendant près de quinze cents ans, pour en extraire les plombs, conformément au décret rendu par la Convention nationale, les ouvriers, pressés de voir les restes d'un grand homme, s'empressèrent d'ouvrir le tombeau de Turenne.

Ce fut le premier!

Quel fut leur étonnement, lorsqu'ils eurent démoli la fermeture du petit caveau placé immédiatement au dessous du tombeau de marbre que sa famille lui avait fait ériger, et qu'ils eurent ouvert le cercueil !

Turenne fut trouvé dans un état de conservation tel, qu'il n'avait pas été déformé et que les traits de son visage n'étaient point altérés; les spectateurs, surpris, admirèrent dans ces restes glacés le vainqueur de Turkeim, et, oubliant le coup mortel dont il fut frappé à Saltzbach, chacun d'eux crut voir son âme s'agiter encore pour défendre les droits de la France.

Ce corps, nullement flétri et parfaitement conforme aux portraits et médaillons que nous possédons de ce grand capitaine, était en état de momie sèche et de couleur de bistre clair.

Sur les observations de plusieurs personnes de marque qui se trouvèrent présentes à cette opération, il fut remis au nommé Host, gardien du lieu, qui conserva cette momie dans une boîte de bois de chêne, et la déposa dans la petite sacristie de l'église, où il l'exposa pendant plus de huit mois aux regards des curieux, et ce ne fut qu'à cette dernière époque qu'il passa au Jardin des plantes, à la sollicitation du savant Desfontaines, professeur et membre de ce bel établissement.

On a ouvert ensuite le caveau des Bourbons, du côté des chapelles souterraines, et l'on a commencé par en tirer le corps de Henri IV, mort en 1610, à l'âge de 57 ans, ainsi que l'annonçait la plaque de cuivre posée sur son cercueil.

Le corps de ce prince s'est trouvé dans une telle conservation, que les traits de son visage n'étaient point altérés.

Il fut déposé dans les chapelles basses, enveloppé dans son suaire, qui était également conservé.

Chacun eut la liberté de le voir jusqu'au lundi matin 14, qu'on le porta dans le chœur, au bas des marches du sanctuaire, où il est resté jusqu'à deux heures après midi; il fut transporté de là dans le cimetière dit des Valois, puis jeté dans une grande fosse creusée dans le bas, à droite, du côté du nord, et remplie de chaux.

Ce cadavre, considéré comme momie sèche, avait le crâne scié, et contenait à la place de la cervelle, qui en avait été ôtée, de l'étoupe enduite d'une liqueur extraite d'aromates, qui répandait une odeur encore tellement forte qu'il était presque impossible de la supporter.

Un soldat qui était présent, mû par un martial enthousiasme au moment de l'ouverture du cercueil, se précipita sur le cadavre du vainqueur de la Ligue, et, après un long silence d'admiration, il tira son sabre, lui coupa une longue mèche de sa barbe, qui était encore fraîche, et s'écria en même temps, en termes énergiques et vraiment militaires: Et moi aussi je suis soldat français!

Désormais je n'aurai plus d'autre moustache.

Et, plaçant cette mèche précieuse sur sa lèvre supérieure:

Maintenant je suis sûr de vaincre les ennemis de la France, et je marche à la victoire !

Le même jour 14 octobre, après le dîner des ouvriers, vers les trois heures après midi, on continua l'extraction des autres cercueils des Bourbons, savoir:

Louis XIII, mort en 1643, âgé de 42 ans

Louis XIV, mort en 1715, âgé de 77 ans

Marie de Médicis, seconde femme de Henri IV, morte en 1642, âgée de 68 ans

Anne d'Autriche, femme de Louis XIII, morte en 1666, âgée de 64 ans

Marie-Thérèse, infante d'Espagne, épouse de Louis XIV, morte en 1683, âgée de 45 ans

Louis, dauphin, fils de Louis XIV, mort en 1711, âgé de 50 ans

Nota.
Quelques-uns de ces corps étaient bien conservés, surtout celui de Louis XIII.

Louis XIV l'était aussi; mais sa peau était noire comme de l'encre.

Les autres corps, et surtout celui du grand dauphin, étaient en putréfaction liquide.

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MessageSujet: 12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): deuxième vague de profanations des tombeaux de la nécropole de Saint-Denis   12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis Icon_minitimeMer 8 Aoû - 10:43

Samedi 12 octobre 1793
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12 au 25 octobre 1793 (du 21 vendémiaire au 4 brumaire an II)

Deuxième vague de profanations des tombeaux de la nécropole de Saint-Denis


https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9cropole_royale_de_la_basilique_de_Saint-Denis

https://fr.wikipedia.org/wiki/Profanation

12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis Arcbis11

(Monographie de l'église royale de Saint-Denis, par Ferdinand Guilhermy, Charles Fichot [archive] Éditeur Didron, 1848)
https://books.google.fr/books?id=-HMqliZaYiIC&pg=PA59&hl=fr#v=onepage&q&f=false


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MessageSujet: 12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Henri IV exhumé et décapité à Saint-Denis   12 octobre 1793 (21 vendémiaire an II): Basilique Saint-Denis Icon_minitimeMer 8 Aoû - 10:44

Samedi 12 octobre 1793
Primidi 21 vendémiaire an II Chanvre


Henri IV exhumé et décapité à Saint-Denis
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Retrouvée chez un particulier en 2008, la tête d’Henri IV a enfin été authentifiée en décembre dernier par le docteur Philippe Charlier et l’historien Jean-Pierre Babelon.

C’est en 1793 qu’elle aurait été subtilisée, au cours d’un épisode méconnu mais très symbolique en cette période révolutionnaire: l’exhumation des rois de France de leurs tombeaux de la basilique de Saint-Denis.


« Il faut démolir les tombeaux des rois de France », déclare le député Barrère devant la Convention en 1793.

Voilà une réponse toute trouvée pour contrer le sursaut royaliste qui affaiblit la France révolutionnaire, en proie aux pressions virulentes des monarchies voisines.

Inhumés à la basilique de Saint-Denis depuis l’époque mérovingienne, les rois de France vont alors être exhumés d’octobre 1793 à janvier 1794.

Henri IV est le premier sur cette liste macabre.


Le 12 octobre 1793, ouvriers et badauds se pressent dans la crypte de la basilique de Saint-Denis.

C’est là que les dépouilles embaumées des Bourbons reposent, leurs cercueils de plomb recouverts de bois sur des tréteaux de fer.

« On va chercher Henri IV en premier parce qu’on l’aime bien », raconte Serge Santos, administrateur de la basilique de Saint-Denis pour le Centre des monuments nationaux.

Parfaitement conservée, la momie d’Henri IV est alors présentée au public durant deux jours.

Les procès-verbaux de l’époque racontent l’attitude d’un soldat, pieusement recueilli devant la dépouille du roi, lui arrachant quelques dents ainsi que des mèches de cheveux comme talisman.

Louis XVIII décide d’un ossuaire commun en 1817

L’exhumation de tous les rois de France terminée, leurs restes sont ensevelis dans deux fosses communes creusées dans les jardins de la basilique.

Hypothèse désormais quasiment attestée, la tête d’Henri IV aurait été séparée du reste du corps lors de cet épisode pour le moins anarchique.

Ce n’est qu’en 1817, sous l’action de Louis XVIII, que les rois de France, à nouveau exhumés, ont pris place dans un ossuaire commun.

Ils ont toutefois retrouvé symboliquement leurs tombeaux respectifs, dont plus de 80% avaient été sauvegardés.

Des journées de l’automne 1793 est née en France la notion de patrimoine, puisqu’en 1795 le premier musée des Monuments français a vu le jour, accueillant les reliques des gisants de Saint-Denis.

 Retrouvée en 2008 chez un retraité, la tête supposée du roi Henri IV a été authentifiée par des scientifiques, apprend-on le 14 décembre 2010 d’une étude publiée par le British Medical Journal.

En 1793, le monarque avait été tiré de son cercueil lors du saccage de la basilique Saint-Denis.

Le 10 août 1792, Louis XVI est détrôné; le 11, un décret est porté contre toutes les statues rappelant le despotisme, et le jour même, sur la place Vendôme et sur la place des Victoires, l’œuvre de destruction est accomplie. Pour Henri IV, il y eut un moment d’hésitation; on craignait de s’attaquer à une idole encore populaire.

Il fallut la discréditer avant de l’abattre ; on se mit à raconter soudain que Ravaillac, en accomplissant son crime, avait voulu venger une injure personnelle, explique Mercier dans Le Nouveau Paris; on rappela qu’Henri IV était l’aïeul du roi parjure qui venait de tomber, et après vingt-quatre heures, les démolisseurs purent impunément porter la main sur lui.

« Henri IV exhumé » d'après le dessin d'un témoin oculaire, gravé au début de la Restauration

Un homme de lettres, Chamfort, naguère courtisan malgré lui, que l’envie avait converti à l’égalité jacobine, écrit le 12 août à un de ses amis, Condorcet, transfuge comme lui de l’ancien régime: « Rappelez-vous le symptôme que je vous citais de la passion française pour la royauté, ce que je prouvais par la facilité avec laquelle les danseurs jacobins, sous nos fenêtres, passaient de l’air Ça ira à l’air Vive Henri IV ! Eh bien cet air est proscrit et, au moment où je vous parle, la statue de ce roi est par terre. Rien ne m’a plus étonné dans ma vie. Je ne vous dirai plus que ceux qui voudraient la république trouveraient sur leur chemin la Henriade et les Lodoix de l’Université. Non, cela n’est plus à craindre... »

La profanation des tombes suivit de près la chute des statues.

Le 12 octobre 1793, Henri IV ouvrit la série des Bourbons arrachés à leurs cercueils.

Son corps, qui se trouvait bien conservé, fut, dit-on, placé dehors contre une pierre et livré aux outrages ; mais ici encore les hommages involontaires accompagnent les insultes.

Si une femme, d’un soufflet, le fait tomber par terre, un soldat coupe avec son sabre une mèche de sa barbe et se l’applique aux lèvres en disant: Maintenant je suis sûr de vaincre les ennemis de la France.

Durant deux jours, le cadavre resta exposé dans un passage, avant d’aller rejoindre ses descendants dans la fosse commune.

Dès lors le nom d’Henri IV devint odieux à la secte régnante que celui du dernier tyran.

On en vint à corriger par ordre dans le Misanthrope la chanson Si le roi m’avait donné, et son souvenir imprudemment invoqué dans une œuvre de polémique conduisit à la mort un pauvre avocat de province, dont les Mémoires de Beugnot nous ont conservé l’histoire.

Il se nommait Poirier et était de Chinon; il avait été envoyé à Paris par le comité révolutionnaire de sa ville natale, comme coupable d’une harangue supposée d’Henri IV à la nation, fort irrévérencieuse pour celle-ci. Beugnot, prisonnier comme lui, dut subir, le jour même où il fit sa connaissance, la lecture de l’œuvre incriminée. « Il ne me fut pas possible de dissimuler que je trouvais Henri IV d’une insolence toute royale. Tant mieux, me dit mon avocat, morbleu! tant mieux. C’est là où je vous attendais. Voilà la preuve que j’ai conservé la vérité de l’histoire, car cet Henri IV était un gaillard à poil. Vous le voyez avec son panache, sa longue épée, sa moustache; vous vous rappelez sa harangue à l’assemblée de Rouen, et je m’en rapporte à vous, pouvais-je faire autrement ? – Vous pouviez mieux faire, lui dis-je. – Et comment, s’il vous plaît ? – Vous pouviez ne pas le faire parler du tout... Nous ne voulons plus de rois, de panaches ni de moustaches ».

L’auteur ne fut pas convaincu, ou plutôt, le lendemain, à l’aube, il fit connaître à son compagnon une réponse de la nation à Henri IV, qu’il avait composée depuis sa détention. Ce n’était qu’une kyrielle d’injures, et Beugnot n’osa exprimer son jugement que d’une façon détournée, en comparant la seconde partie à la première. « En faisant parler le bon roi, vous écriviez d’abondance; ici vous sortez de votre caractère et vous parlez sans conviction ». Le vieillard fut si satisfait de ce témoignage rendu à sa foi royaliste que, lorsqu’il partit pour le tribunal révolutionnaire, il légua son œuvre à Beugnot, le laissant libre de la publier ou de la supprimer à son gré. « Je ne manquai, dit Beugnot, de profiter de l’option »

http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Au-coeur-de-l-histoire/Sons/La-profanation-des-tombes-royales-a-Saint-Denis-797529/

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