Santé de Marie-Antoinette

pimprenelle a écrit:

J'ai lu je ne sais plus où (shame on me ) que Louis XVI avait souffert d'un érysipèle aussi, au temps du temple, je crois. C'est peut-être chez les Goncourt...

C'est peut-être chez Joël Félix car je l'ai récemment lu aussi

Bien à vous.

Jeune fille, la Reine semble avoir joui d'une bonne santé.
Elle a eu la chance d'attrapper ,à deux ans, une petite vérole bénigne qui n'a guère laissé de traces (à part de toutes petites que Rosalie Lamorlière repèrera).
Adultes, elle relève sans séquelles d'une rougeole.
Pendant ses années comme Dauphine et jeune Reine, Elle fait état de temps en temps , dans Ses lettres à Sa mères, d'un rhume ou d'une migraine, d'un embarras de rate ou de douleurs d'entrailles, pour lesquelles on Lui prescrit de l'ipécacuana ; Elle prend des bouillons raffraîchissants lorsqu'Elle est épuisée ; selon Mercy , son sang "fort échauffé" Lui occasionne parfois des aphtes, un sommeil irrégulier et des épisodes de constipation.
Marie-Antoinette est rarement saignée, signe de l'évolution de la prophylaxie au cours du siècle. Ses médecins songent en revanche à Lui faire prendre les eaux , et des cures de fer Lui sont prescrites alors que tous attendent impatiemmentun Dauphin pour suivre Sa fille.
En 1782, Elle se coince le pouce droit dans une porte , ce qui L'empêche d'écrire pendant quelques jopurs.
En 1783 , Elle se foule le pied et on reporte la représentation théâtrale dans laquelle Elle devait jouer.Elle a à nouveau mal à une jambe en 1787 et Bonnefoy du Plan, concierge de Trianon, Lui prépare un bain de pieds.
Juste après le 14 juillet 1789, le couple royal et le Dauphin souffrent de maux d'estomac ; ils ont guéri avant que l'on puisse croire à un empoisonnement.
La fin de la vie de Marie-Antoinette est marquée par une aggravation nette de Son état général.Elle dit être , à la Conciergerie, dans un état de crispation de nerfs. Les commentateurs constatent qu'Elle a maigri et , surtout, Elle souffre d'incessantes dysménorrhées dues peut-être à un fibrome ou à un cancer de l'utérus.

Bien à vous.

Merci pour ce résumé, Majesté !

Peut-on conclure de tous ces renseignements que Marie Antoinette était une jeune femme robuste et jouissant d'une santé équilibrée ? Je me le suis souvent demandé...

Serait-il possible qu'elle ait eu les nerfs fragiles ? Les émotions ont souvent sur elle de grandes répercussions physiques, comme le départ de Joseph II, qui provoquera une crise, ou le décès de sa mère, qui l'affectera au point qu'elle gardera la chambre.

On sait également que celui du roi l'anéantira, sans parler du massacre de la princesse de Lamballe. Il est vrai qu'on aurait le système nerveux atteint à moins ! :s:

A la conciergerie, quand elle se plaint de crispation des nerfs, Fersen consignera dans son journal que la reine a souffert d'une "convulsion généralisée". Que recouvre cette expression ?

Ainsi que celle du "sang échauffé" ? Quelle est cette affection qui suscite des aphtes ?

Quant à sa dernière maladie, nous en avons déjà discuté. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées, des plus bénignes (dysménorhées due à un affaiblissement général) jusqu'aux plus graves, en effet (cancer à un stade avancé). Le roman de Paul Belaiche Daninos ne lui laisse plus que quelques mois à vivre...

Majesté a écrit:

J'ai déjà évoqué l'érisypèle dont Marie-Antoinette a été victime en 1782, je crois , suite à une chute de cheval...

Selon Madame Lever, c'est le 2 avril 1783 qu'eut lieu la chute de cheval...
Je pensais découvrir plus de détails sur l'érysipèle qui s'en suivit dans le Journal d'une Reine, mais l'auteur n'en parle que dans sa biographie de 1991.
Quant aux symptômes de rougeurs qui attaquent la jambes et pourraient atteindre le visage, en fait , il semblerait que ce virus (car s'en est un) gagnerait le visage à cause du fait qu'on le touche après avoir touché sa jambe et donc la main se fait émissaire du mal...Or on a tout lieu de croire que Marie-Antoinette ne se soignait pas Elle-même et qu'Elle se confiait aux bons soins du Docteur Lassonne
Donc cette rumeur , dont il a été question ici, d'érysipèle gagnant le visage de Marie-Antoinette me semble un mauvais rêve

Bien à vous.

Tu crois, Majesté ? Tu penses que Madame Lever aurait inventé ça ? Il me semble plus plausible qu'elle en ait trouvé des traces dans des rapports de médecins, non ?

Même si Marie Antoinette ne se soignait pas elle-même, il est très possible qu'elle ait été en contact avec le virus présent sur sa jambe, et qu'elle se soit contaminée ensuite le visage. Ne fût-ce qu'en se grattant, si ça la démangeait.

Après tout, à l'époque, on n'avait qu'une notion très vague des voies de transmission des maladies.

Est-ce à cause de sa chute de cheval qu`elle a fait une fausse couche ?
Fleurdelys

Je crois que c'est une hypothèse, mais ce n'est pas prouvé... :s:

A la Conciergerie, le médecin des prisons (le docteur Subervielle) touché de compassion à la vue des souffrances de la Reine, avait fait des efforts pour que l'administration accordât à la Princesse un séjour moins humide et plus sain. Ne pouvant y réussir, il avait ordonné, pour rafraîchir Son sang, l'eau de poulet, tous les matins sur les neuf heures. Le vieux apothicaire Lacour, logé à deux pas de la Conciergerie, exécutait avec soin ce breuvage , et l'envoyait exactement à neuf heures, dans un flacon cacheté, que son premier garçon remettait au concierge.
Le 15 octobre 1793, jour du fatal jugement, M. Lacour, guidé par ses pressentiments et son bon cœur, eut la présence d'esprit d'envoyer son flacon quelques minutes avant huit heures. La Reine entraînée par les huissiers et la gendarmerie, était déjà sortie de Son cachot et allait monter ( à jeun ), vers la salle des audiences, lorsque l'apothicaire se présenta. Ce jeune homme supplia les satellites d'accorder quelques minutes à la Princesse, qui suspendit Sa course pour boire , à la hâte, cette dernière prise d'eau de poulet.

Bien à vous.

Ah je ne connaissais pas cette anecdote

C'est quoi de l'eau de poulet? Du jus de poulet ou juste de l'eau dans laquelle un poulet a été trempé?

Mais en effet Rosalie je crois confirme que Marie-Antoinette n'avait presque plus aucun appétit à la Conciergerie, d'ailleurs elle s'amaigrissait. Donc il est fort possible qu'elle ait subie ses audiences quasi à jeun :s:
Quand on voit avec quelle lucidité elle répondait aux questions qui lui étaient posées, on comprend que le mental peut transcender le physique

Justement, si quelqu'un pouvait nous dire ce qu'est cette eau de poulet...J'ai idée qu'il s'agit d'une sorte de bouillon de volaille...mais c'est peut-être plus pharmaceutique que ça

Bien à vous.

Oui peut-être

D'où as-tu tiré cette anecdote?

De l'ouvrage de Lafont d'Aussonne

Bien à vous.

J'ai vu la dernière fois que je suis allé à l'expo un ouvrage sur les remèdes du XVIIIe siècle. J'avoue l'avoir feuilleté mais pas acheté. Comme nous y retournons le 23 avec les ami(e)s parisiens je regarderai plus attentivement cet ouvrage. J'espère que nous aurons la réponse.
Je pense qu'il s'agit d'un consommé de volaille, c'est à dire un bouillon ou un poulet a cuit.Filtré et dégraissé, je pense que c'est de cela qu'il s'agit. Plein de vitamines, que l'on connaissait mal à l'époque. Mais fortifiant puisque de la viande (blanche en l'occurrence) avait cuit. Le remède de bouillon à base de viande est assez connu à l'époque, pour être reconstituant. Cependant une certitude est nécessaire.

Les avis divergent, sur la santé de Marie Antoinette à la conciergerie. Tout d'abord, il n'est pas inutile de rappeler qu'on n'a pas encore à ce jour pu identifier la cause de ses hémorragies.

Ensuite, Rosalie rapporte que Marie Antoinette avait bon appétit, qu'elle mangeait le plus souvent de la volaille ou de la viande blanche, avec des légumes qui lui faisaient, disait la servante, comme un second plat.

En ce qui concerne cette eau de poulet, j'ai lu que ce traitement avait été interrompu. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? C'est difficile de se faire une idée précise... Et, d'abord, qu'est-ce que ce remède ? Est-ce un fortifiant ?

D'après ce site, il s'agirait plutôt d'un purgatif. Ce ne serait pas impossible puisque, d'après Mercy, Marie Antoinette semblait sujette aux constipations. Et cela pourrait expliquer que le traitement ait été interrompu, une fois le symptôme guéri.

Du regne animal, 1°. la substance gélatineuse des jeunes animaux, telle qu'elle se trouve dans les décoctions connues dans l'art sous le nom d'eau de poulet & d'eau de veau

D'après ce témoignage, l'eau de poulet semble guérir les extinctions de voix ! Et elle paraît d'un usage si courant qu'on l'appelle "la simple eau de poulet". Merci... c'est juste pas simple pour nous !

Ici, on retrouve l'eau de poulet dans le contexte de l'appareil digestif, et de douleurs abdominales, ce qui correspond au mal dont souffrait Marie Antoinette.

Ici, on préconise l'eau de poulet en cas de choléra. Donc, toujours des symptôme gastro-entériques.

En effet cette fameuse eau de poulet semble faire des miracles

C'est tout ce que j'ai trouvé pour le moment. Vu l'ancienneté des sources et notre méconnaissance totale, on peut affirmer sans risque que le remède est tombé en désuétude. On retrouve l'eau de poulet dans un compte-rendu de 1722 :
http://membres.multimania.fr/francoismunier/Amance/Voisins/eulmcalmet.htm

Ici aussi, le remède semble s'appliquer aux voies digestives.

Tu crois que si on demande de l'eau de poulet dans une pharmacie on passe pour un fou?

"Bonjour! Je voudrais de l'eau de poulet en gellules s'il vous plait!"

Pas con ! Ils pourraient sans doute retrouver la composition !

C'était une décoction... Mais une décoction de quoi, bon sang !

pimprenelle a écrit:

Mais une décoction de quoi, bon sang !

D'un bouillon cube de poulet sans doute?


Bien à vous.

Ouais c'est ça!

Quand elle était encore Dauphine, Marie-Antoinette semble avoir dans un premier temps rejeté les corsets, si bien que selon Mercy : "qu'il n'y a pas moyen d'engager Mme la Dauphine a mettre un corps de baleines, qu'il en résulte que la taille de cette princesse se déforme visiblement et que son épaule droite se dérange [...]"

Selon Jeanne Arnaud-Bouteloup dans "Marie-Antoinette et l'art de son temps", cette légère déformation de l'épaule serait encore d'actualité en Août 1792 :

"De ce fait, ce défaut dans l'épaule droite persistera, ainsi qu'on s'en rendra compte après le 10 Août, quand on découvrira pendant le saccage des Tuileries les corsets de la reine."

Je savais que le problème de sa hanche, sa "mauvaise jambe" comme Marie-Antoinette disait, n'avait jamais guéri, par contre pour cette épaule je l'apprends. Je n'avais aussi jamais lu que les corsets de Marie-Antoinette avaient été récupérés aux Tuileries

Je connaissais cette malformation de l'épaule...Il me semble que les corsets "à la française" devaient être plus rigoureusement emprisonnant pour le corps et c'est ce qui a dérangé la nouvelle Dauphine habituée à des corps ou corsets plus souples pour courir dans les jardins viennois...
Si la chambre de la Reine à Versailles n'a pas été atteinte le 6 octobre 1789, celle des Tuileries le fut le 10 août 1792 ...les ragots ont même fait courir le bruit que Marie-Antoinette cachait des bouteilles de vin sous Son lit afin de dissiper l'attention de Ses gardiens...

Bien à vous.